Éditions Albert Lévesque (p. 7-8).

AVERTISSEMENT DE L’ÉDITEUR


Cet ouvrage inaugure une série que nous avons intitulée, à dessein, « Les Romans Sociaux ».

Le genre littéraire, couramment appelé roman, est exploité sous diverses formes, depuis le roman pur jusqu’à la biographie romancée, y compris le roman historique, le roman d’aventures, le roman policier, le roman réaliste, le roman de mœurs, le roman à thèse, etc., etc. Henri Brémond s’essayait naguère à expliquer la poésie pure et Bernard Grasset, à flageller les déformations du roman ou ses dérivatifs.

Nous n’entreprendrons pas ici le procès du roman dans ses multiples variétés. Nous voulons simplement souligner les motifs qui nous ont entraînés à inaugurer notre série « Les Romans Sociaux ». Les écrivains canadiens-français ont surtout écrit jusqu’ici des romans pour propager des idées, pour développer une thèse et la vulgariser, pour faire aimer une œuvre et s’en faire les apôtres. Ce genre, quoique un peu bâtard, doit-il subsister ou se heurter à des portes closes ? Sans doute, au strict point de vue littéraire et artistique, est-ce un dérivé qui dégénère parfois en abus. Mais la littérature d’un peuple ne doit-elle contenir que des œuvres d’art pur et simple ? Nous ne le croyons pas. Les œuvres utilitaires, marquées d’une teinte apostolique, ont le droit de vivre aussi bien que les œuvres documentaires, scientifiques, techniques ou simplement artistiques.

La série « Les Romans Sociaux » contiendra des ouvrages plutôt destinés à propager des idées, à développer une thèse, à servir une cause, à vulgariser le bien moral qu’à enrichir le patrimoine de la littérature pure, qu’à illustrer le beau artistique.

La critique littéraire est priée de tenir compte du dessein des auteurs qui présenteront leur ouvrage sous le signe de cette série, en les analysant en fonction de la fin qu’ils poursuivent.

ALBERT LÉVESQUE,
éditeur.