La bête du Gévaudan/Préface

Librairie Floury (p. préface).



PRÉFACE



La bête du Gévaudan, un peu dans tous les milieux, est généralement
regardée comme un mythe fabuleux, et son histoire comme une légende fantastique, capable, tout au plus, d’intéresser les petits enfants.

L’égide mystérieuse qui semblait la protéger contre les balles, cette facilité qu’elle avait de se dérober aux battues, ces nombreux méfaits commis en si peu de temps, en des lieux éloignés l’un de l’autre, la terreur superstitieuse qui l’environnait, et les descriptions fantaisistes qui se répétaient et s’imprimaient, avaient fait d’elle un monstre extraordinaire dont les traditions, à travers les années écoulées, ont dénaturé davantage encore la personnalité.

D’autre part, le roman et le drame s’en sont emparés et lui ont donné un caractère d’invraisemblance difficile à faire disparaître.

Pourtant, hélas ! aucune réalité ne fut plus vivante et plus tristement constatée ! Les registres des paroisses, les correspondances diverses, les documents les plus authentiques attestent, de la manière la plus irréfragable, la vérité de son existence.

N’y avait-il qu’une seule Bête ; ou faut-il croire à la pluralité d’animaux malfaisants qui firent à cette période une sinistre illustration ?

Nous ne préjugeons en rien la question : au lecteur de se prononcer après avoir parcouru ces courtes pages, s’il les juge dignes de quelque intérêt.

Nous remercions cordialement les personnes qui nous ont donné en communication des documents ou des gravures et dont les noms sont cités en leur lieu, et, plus particulièrement M. André Mellerio, pour le concours précieux que nous a donné sa compétence dans l’iconographie des gravures, par quoi est illustré ce petit volume.


François Fabre.