La Virginité de Mademoiselle Thulette/13

Albin Michel (p. 261-278).



CHAPITRE XIII


François Bergeron commença par dévisager Edvard Kolding avec une insistance extraordinaire ; il enveloppa d’un regard envieux la tête blonde, le front pâle que des boucles courtes découvraient dans son étroitesse aristocratique, les yeux bleu-clair étrangement lumineux, l’ovale délicat du visage ; et, malgré sa sourde hostilité, le philosophe subit la séduction de cette jeunesse dont une mélancolie inusitée, qui s’accentuait aux commissures des lèvres, idéalisait encore la grâce.

Il renouvela l’éternel vœu de Faust : « Mes trente ans de gloire, en échange de cette figure !… » Comme on sent l’inanité d’être un vieil Immortel, en face d’un gamin victorieux !

Puis, écartant l’obsession des regrets stériles, il ne voulut se rappeler que le but de son voyage.

Edvard, surpris et presque intimidé de cet examen, attendait que son visiteur entamât l’entretien.

Bergeron s’y décida. Il dit :

— Nous ne sommes pas des inconnus, l’un pour l’autre… Ma filleule a dû vous parler de moi, Monsieur ?

Bien qu’ahuri par ce début, le comte Kolding, sans en rien laisser paraître, répondit avec une courtoisie respectueuse :

— Monsieur, je ne crois pas avoir l’honneur de vous connaître autrement que je connais Bjoernson, Bergson ou Henri de Régnier : c’est-à-dire en lecteur…

— C’est déjà quelque chose, fit, avec un sourire ambigu, Bergeron qui s’amusait de voir ce Scandinave installer, avec une hâte imméritée, son Bjoernson national parmi « le beau collège des Princes du chant sublime ».

— Quant à votre filleule, poursuivit le jeune homme, je n’ai pas l’honneur de la connaître ; c’est pourquoi je me demande si vous ne vous méprenez pas ; c’est bien à moi, le comte Edvard Kolding que vous avez à faire ?

— Précisément, Monsieur.

Et François Bergeron expliqua en souriant :

— Je suis le parrain de Mlle Thérèse de Tresmes.

Du coup, la déférence du comte Kolding s’évanouit comme annihilée par un truc de cinéma. Sans dissimuler l’exaspération qui venait soudain de l’envahir, il répliqua d’un air excédé :

— Ah ! pour l’amour de Dieu, qu’on me laisse enfin tranquille avec cette histoire !

— Vous êtes vif, jeune homme, pour un Septentrional ; constata doucement le philosophe.

Cette phrase rappela Edvard aux bienséances. Considérant les cheveux blancs qui garnissaient, en nombre insuffisant, le crâne de son illustre interlocuteur, il reprit avec plus de calme :

— Excusez-moi… Je vous demande pardon… Mais vous comptez sans doute me répéter pour la troisième fois ce que je viens de m’entendre dire, sur deux modes différents, par Mme de Tresmes et par ma mère… Alors, je vous supplie de m’épargner cette réédition puisqu’elle ne m’apprendrait rien, même si vous aviez découvert une troisième manière de me prouver que mon mariage avec Fanny Thulette est impossible.

François Bergeron rétorqua, sans paraître déconcerté par l’humeur d’Edvard :

— Au contraire, si vous n’étiez pas parti… comme le premier coup de matines… je vous aurais annoncé déjà que rien ne s’oppose à ce mariage.

Il ajouta, énigmatique :

— En ce qui concerne l’honorabilité de Mademoiselle Thulette, tout au moins…

Il prit un temps et précisa :

— …Si vous êtes toujours décidé à l’épouser, quand vous m’aurez écouté jusqu’au bout.

Edvard, intrigué, devient si attentif que ses sourcils prirent la forme de plains-cintres romans.

Bergeron s’en aperçut : de sa voix persuasive — sa voix de conférencier habitué à tenir l’auditoire sous le charme — il expliqua :

— L’affection paternelle que m’inspire ma filleule Thérèse me porte à suivre avec assiduité les événements qui jalonnent la route blanche de son existence. J’ai su, en détail, tout ce qui s’est passé ces derniers mois : de Paris, j’assistais en pensée, avec le recul nécessaire, à la comédie dont vous êtes le jeune premier, si j’ose m’exprimer ainsi. Ne vous étonnez donc point si j’ai pu, sans vous connaître personnellement, vous analyser, vous…

— Je ne m’étonne pas, fit Edvard, souriant malgré lui, vous avez tellement l’habitude de disséquer les cerveaux !

— Hum ! cerveau… cerveau… objecta l’académicien subitement rembruni vous parlez en matérialiste renforcé !

— Du tout, cher Maître, mais le docte et reposant enseignement cartésien du collège, si je ne me trompe, disait l’esprit et le cerveau solidaires…

Bergeron soupira ; sa peau mate rosit ; d’un index agacé, il tourmenta sa courte moustache en accent circonflexe. Il aurait voulu confondre ce parallélisme psycho-physique dont l’ingénuité confondait : « équivalence » et « solidarité ». Mais le temps lui manquait pour développer de victorieux distinguo ; il dit seulement :

— L’écrou aussi est solidaire de la machine, cher Monsieur, oseriez-vous en conclure que la machine ait son équivalent dans l’écrou ?

Edvard faillit répondre que l’entretien s’éloignait fort de sa base. Mais il garda le silence, enfantinement flatté qu’un philosophe de cette envergure prît la peine d’étudier spécialement son caractère et convaincu, dès lors, que Bergeron ne pouvait manquer de lui dire des choses fort intéressantes.

Nous aimons les variations dont nous sommes le thème. Nous lirions un livre avec passion, fût-il cochonné par un galfâtre de cinéma comme Diamant-Berger, si nous avions des raisons de croire que ce minus habens s’est inspiré de nous pour dépeindre ses héros. Jamais une conversation ne nous semble trop longue si l’interlocuteur s’espace sur un sujet touchant notre petite personnalité, car notre égoïsme est un paon qui ne se lasse pas de déployer l’éventail postérieur de sa vanité devant l’objectif enregistrant son image.

C’est pourquoi Edvard, bien que résolu à quitter la vie, cédait au désir inconscient de prolonger cette dernière heure, où quelqu’un s’occupait de lui. Le goût de la gloriole est le dernier dont on se dépouille, a remarqué Tacite au livre VI des Annales (Est-ce bien au livre sixième) ?

Bergeron reprit :

— Un de nos collègues à qui l’on ne saurait refuser un jugement éclairé, encore qu’il assiste trop rarement à nos séances, disait naguère : « Si, tout à coup, la société se retournait comme un gant et qu’on en vît le dedans, nous tomberions tous évanouis de dégoût et d’effroi »… Cette pensée de M. Anatole France est juste en son pessimisme ; l’est-elle autant dans les conséquences qu’elle imagine ? Je ne crois pas que tous s’évanouiraient de dégoût…

— Au contraire, approuva le comte Kolding, à demi-voix.

— Les vices clandestins, les corruptions cachées, l’inconnu pervers et tentateur de l’ombre, le cynisme qu’on devine au fond d’un regard, la pensée infâme qui s’abrite sous un front poli, les immondices qui se trouvent de l’autre côté du mur, les dessous inquiétants que recouvre une jupe bien baissée de femme pudique, la scène licencieuse qui se passe chez le voisin derrière les rideaux blancs d’une fenêtre fermée, sont-ce pas là des ferments d’excitation raffinée pour certains esprits curieux ?

Edvard sourit, sans répondre à son interlocuteur qui poursuivit :

— Si l’on dévoile tout à coup ces horreurs, est-ce bien un sentiment de répulsion et d’effroi qui se peindra dans les yeux des spectateurs ? Je suppose, moi, que quelques-uns prendront un sensible plaisir à voir le dedans du gant… Qu’en pensez-vous, jeune homme ?

L’interpellé rougit légèrement, puis, sans quitter du regard les yeux du philosophe, des yeux de myosotis singulièrement mobiles, à la fois acérés et rêveurs, il répondit galamment :

— Je pense que l’on a raison de considérer François Bergeron comme le plus subtile psychologue de notre temps.

L’académicien esquissa un geste vague de remerciement et se rapprocha de son auditeur au cas duquel il allait s’intéresser, maintenant, d’une façon plus précise :

— En amour, l’attrait consiste surtout dans la saveur inédite d’un assaisonnement ignoré. Être le premier amant d’une femme, c’est manger d’un plat qu’il a fallu accommoder soi-même ; or, il en est du cœur comme de l’estomac, les jeunes gens préfèrent la cuisine de restaurant tant qu’ils ne sont point dyspepsiques. Une femme habile, savante, initiée, une femme de vingt-sept ans, par exemple, se pare pour eux d’irrésistibles charmes ; rien de plus naturel. Une jeune fille a trop d’inexpérience pour que l’amoureux distingué par elle puisse en concevoir de l’orgueil. La jeune fille cède à l’amour. La femme choisit l’amant. La première, naïve, n’apporte qu’un seul triomphe à la vanité de l’homme. La seconde, avertie, délaisse à votre profit tous ses autres adorateurs ; elle possède d’innombrables séductions ; sa science, ses souvenirs, les orages de sa vie, les ardeurs de sa passion, autant de voluptés !

— Hé ! je le sais bien, je le sais trop, s’écria le comte Kolding avec une vivacité douloureuse.

— Vous trouvez que je ressasse du banal ? demanda le conférencier, ému de cette juvénile impatience.

— Mon Dieu, n… non…

— Que j’enfonce des portes ouvertes ?

— Pas précisément, mais…

— Croyez-moi, il faut savoir, à l’occasion, remettre en cause ce qui n’est plus en cause.

— Cependant…

— Ne protestez pas, jeune homme, c’est la pure doctrine de Florence qui entend rouvrir des périodes de tâtonnement closes depuis longtemps…

— Rouvrez, cher Maître, rouvrez, fit Edvard, avec résignation.

— Je n’abuserai pas de votre permission et je dirai seulement que cette femme de 27 ans, avertie, peut parfois, en réalité, être une jeune fille ?…

— Vous en avez vu ? interrompit le fiancé de Mademoiselle Thulette, passionnément.

— « Et ai-je vu Shelley lui-même » cita finement le polyglotte Bergeron, pour qui Browning ne représentait pas uniquement le propagateur du revolver.

— Parlez, parlez vite !

— Ah ! vous ne trouvez plus que je me perds dans les généralités vagues ? que je m’enlise dans les lieux communs ?

— Continuez, de grâce !

— Soit, je continue… Il peut arriver qu’une enfant, née foncièrement honnête, grandisse dans un milieu interlope, y perde son ignorance sans perdre sa pureté, y laisse ses illusions sans laisser son innocence. Elle traverse ce monde taré, comme un ange passe au milieu des lépreux, sans une souillure pour sa chair de neige. Bourgeoise vertueuse, elle a passé sa première jeunesse, sans doute, à rater piteusement des mariages que sa situation fausse et la position douteuse de son père rendaient irréalisables. Tout en souhaitant passionnément un époux, elle n’a pas su retenir un homme d’honneur. Mais elle dissimule son humiliation. Elle n’avoue pas son idéal prosaïque d’existence conjugale. Elle préfère usurper la réputation d’une femme galante. Elle fait croire à ses aventures. Elle devient le fanfaron du vice. En agissant différemment, elle craindrait de perdre son prestige, et elle a raison… Car, sans la science de l’amour, quel charme de plus possède, à trente ans, une fille vierge comparée à la jeune vierge de vingt ans ?… Comment peut-elle espérer encore qu’un homme la délivrera du célibat ? Devant l’ignorance égale de ces deux candidates quel homme hésiterait à choisir celle qui rachète, au moins, la maladresse de son inexpérience par l’attrait de son adolescence en fleur ?


François Bergeron fit une pause destinée à ponctuer son raisonnement.

Mais Edvard, en proie à une émotion inouïe, supplia d’une voix ardente :

— Achevez, monsieur, achevez, je vous en prie !… Ne prolongez pas mon incertitude… Si ce que je crois comprendre est la vérité, comment l’avez-vous sue ?… Êtes-vous absolument certain de ce que vous avancez ?… Une preuve ?… Parlez, de grâce !…

Bergeron savoura l’angoisse qu’exprimait le visage du jeune homme. Il y voyait la réussite de son projet. Abandonnant les généralités exposées en langage académique, il lança son argument suprême :

— Eh ! Parbleu, monsieur. Mademoiselle Thulette s’est payé votre tête !

Ce disant, il pensait : « En France, on tue l’amour par l’amour-propre. J’espère bien que mon Norvégien sera aussi susceptible qu’un Français sur ce chapitre. »

Et il développa :

— La preuve de ce que j’avance ? Mais la voici, monsieur : claire, limpide, irréfutable… Il y a quatre mois, revenant d’un voyage en Italie, je descendis à l’Hôtel Thulette. Le matin de mon départ, mademoiselle Fanny se fit annoncer chez moi, força presque ma porte, et se présenta par ces paroles inattendues : « Vous êtes un grand philosophe, j’ai besoin d’un conseil en face d’un cas de conscience que ne peut résoudre ma propre logique. Mais mon secret est embarrassant et scabreux ; si j’ose me confesser, c’est que vous allez repartir tout à l’heure et que je ne vous reverrai jamais plus… » Puis elle me fit l’aveu de ce que je viens de vous dire à propos de la fille de vingt-sept ans contrainte au rôle de femme pour rester séduisante… Vous me demandiez des preuves… Ah ! Monsieur, si vous l’aviez entendue déplorer sa fâcheuse virginité, vous n’eussiez pas douté de sa véracité une minute. Elle me confia : « Je suis aimée d’un chérubin naïf et vicieux qui me croit perversement experte ; ébloui par ma renommée d’intrigues tapageuses, il est assez épris pour m’épouser… Mais si je lui avoue l’inconsistance de cette légende, n’en ressentira-t-il pas de la déception, puisque c’est une femme équivoque, hélas, qu’il croit aimer en ma personne ? Que dois-je faire, monsieur ? » Car c’était là le conseil qu’elle sollicitait de moi. Ah ! Nous autres écrivains, nous recevons parfois d’étranges confidences de lectrices… Ignorant qu’elle était la rivale de ma filleule, j’engageai mademoiselle Thulette à persévérer dans cette tactique de libertinage affecté… Et voilà, jeune homme, comment vous fûtes trompé !… Vous avez cru supplanter le rajah de Mysore, détrôner le prince Jaime, battre le record des milliardaires… Mensonges que tout cela ! Mirage de la Riviéra !… Vous avez été tout simplement berné par une adroite personne lasse de son célibat forcé et aussi intacte, je m’en porte garant, que la plus vierge des pucelles bourgeoises qui posèrent devant Memling pour la châsse de Sainte-Ursule.

— C’est vrai… Oui, c’est vrai ! murmura Edvard.

Mille détails négligés revenaient à sa mémoire, corroborant les déclarations du philosophe. Il comprenait maintenant quelle pudeur de novice se déguisait sous la coquette résistance de Fanny, résistance qui lui semblait instinctive et involontaire, par moment ; ainsi ce jour où elle avait crié : « Ah ! si vous saviez ce que signifie mon attitude… J’aurais tant de joie à me donner entièrement ! »

Il se rappelait ses dernières paroles, tout à l’heure : « Quoi qu’on vous dise, je suis digne de vous, digne de mon bonheur ; j’ai le droit de le défendre ! »

Désormais, il saisissait le véritable sens de ces mots qu’elle lui avait chuchotés passionnément : « Vous êtes le premier homme qui reçoive mon aveu d’amour. » Libéré de l’odieux étouffement qui les écrasait, ses poumons jouaient librement, s’emplissaient d’air et de joie soulagée, comme s’il eût respiré du nitrate d’anyle.

Ne le sachant pas si bien convaincu, Bergeron insista :

— Si c’est vrai, Monsieur ?… Tenez, je vais commettre une indélicatesse, mais tant pis, mon intention m’excuse… Lisez cette lettre ; après une preuve pareille !…

Et tirant un papier de son portefeuille, le perfide confident mit sous les yeux du comte Kolding certaine missive mauve qui se terminait par ces mots :

« Cher Maître, c’est une vieille fille qui vous soumet ce sujet de méditation, une vieille fille qui va se marier grâce à vos conseils et qui désire savoir, avant de la perdre, quel titre mérite exactement sa virginité insoupçonnée et réelle… »

— Sans cette lettre, expliqua-t-il, sans cette lettre indiscutablement probante, jamais je n’eusse osé me montrer si affirmatif, car… hélas… quand on songe à l’ignorance où l’on demeure souvent de celui avec lequel on a inséparablement vécu, je veux dire de soi-même, on est pris de peur à l’idée de poser la reconstruction d’un caractère sur le sable mouvant du…

La fougue d’Edvard ne permit pas à Bergeron d’achever son harmonieuse période : serrant les mains minuscules et merveilleusement soignées de l’académicien, avec la vibrante reconnaissance d’un homme extrait des ruines sous lesquelles il agonisait, le rescapé s’écria :

— Monsieur, vous m’avez sauvé la vie !… Et je vous certifie que mon exclamation n’a rien d’hyperbolique, étant données les circonstances qui ont précédé votre entrée chez moi. Je ne veux pas approfondir les raisons qui ont dicté votre acte… Venez, Monsieur, venez !

Edvard entraînait Bergeron hors de la pièce ; il le poussait dans l’ascenseur.

— Ah çà ! où me conduisez-vous ? demanda l’académicien vaguement inquiet.

— À l’Hôtel de Paris.

Cette indication le rassura : sans doute, Edvard se rendait chez Mme de Tresmes. Au surplus, le vieillard n’aurait pu se dégager facilement tant son guide lui serrait le bras d’une poigne énergique. Il se résigna donc à suivre Edvard de bonne grâce pour ne point sembler emmené de force.

Sans perdre une seconde, Edvard courut à l’appartement qu’occupait sa mère et, introduisant Bergeron auprès de la comtesse Kolding, il annonça :

— Ma mère, je vous présente M. François Bergeron, membre de l’Académie française, qui vient ratifier, par son témoignage, les paroles que je vais prononcer…

Après quoi, solennel et radieux, il déclara :

— Ma mère, la femme que j’ai choisie est pure comme votre fille et notre chère Frédérique peut embrasser sa sœur sans rougir !

La comtesse Kolding reconnut sa propre phrase ; elle se souvint de sa promesse et répondit :

— Alors, Edvard, je vous autorise à me faire connaître votre fiancée…

Cependant que Bergeron, déconfit, comprenant (mais un peu tard) que des événements survenus entre temps avaient renversé l’effet de sa révélation, profitait de l’inattention de ses hôtes pour s’esquiver à l’anglaise non sans se donner cette explication in petto : « Le succès n’est qu’une question d’heure ; il suffit que notre pendule retarde de cinq minutes pour que nous rations le moment psychologique… Je suis arrivé trop tard. »