La Vie nouvelle/Commentaires/Chapitre XXXII


La Vita Nuova (La Vie nouvelle) (1292)
Traduction par Maxime Durand-Fardel.
Fasquelle (p. 190-192).


CHAPITRE XXXII


Gli occhi dolenti per pietà del core

Afin que cette canzone garde mieux son caractère de veuve, après qu’elle sera terminée, j’en marquerai les divisions avant de l’écrire, et je ferai ainsi désormais[1].

Je dis que cette triste canzone a trois parties : la première en est la préface ; dans la seconde, je parle de ma Dame ; dans la troisième, c’est à la canzone que j’adresse mes plaintes. La seconde commence à : Béatrice s’en est allée… La troisième à : Ô ma pieuse canzone….

La première se divise en trois. Dans la première division, je dis pourquoi je me mets à parler. Dans la seconde, je dis à qui je veux parler. Dans la troisième, je dis de qui je veux parler. La seconde commence à : et comme je me souviens… la troisième à : je dirai ensuite… Quand je dis plus loin : Béatrice s’en est allée… je parle d’elle, et je fais là deux parties.

Je dis d’abord la raison pour laquelle elle fut enlevée ; après je dis comment les autres ont pleuré son départ ; et je commence cette partie par : s’est séparée… Cette partie se divise en trois : dans la première, je dis ceux qui ne la pleurent pas. Dans la seconde, je dis ceux qui la pleurent. Dans la troisième, je parle de ma propre condition. La seconde commence à : mais tristesse et douleur… La troisième à : Je ressens les angoisses…

Quand je dis ensuite : Ô ma plaintive canzone… je m’adresse à ma canzone en lui désignant les femmes qu’elle doit aller trouver et près de qui elle doit rester.



  1. Malgré cette déclaration, je continue de renvoyer ces divisions aux Commentaires, afin de ne pas interrompre le récit et les accens poétiques qui en font partie.