La Vie nouvelle/Commentaires/Chapitre XL


La Vita Nuova (La Vie nouvelle) (1292)
Traduction par Maxime Durand-Fardel.
Fasquelle (p. 203-204).


CHAPITRE XL


J’ai dit lasso (hélas) dans ce sens que je me sentais honteux de ce que mes yeux s’étaient ainsi égarés. Il n’y a pas de division à établir dans ce sonnet, le sens en étant très clair.

Que faut-il donc penser en définitive de cet épisode de la dame à la fenêtre ? Le repentir que le Poète témoigne « du désir dont il s’est lâchement laissé posséder » ne permet aucun doute sur le caractère qu’on doit lui assigner. Mais ce n’est là, je le répète, qu’un épisode, comme d’autres qui sont apparus dans le courant du poème. Il a définitivement rejeté tout désir coupable, « volendo che cotal desiderio malvagio e vana tentazione siano distrutti ». Il ne s’occupera plus d’elle, mais seulement de cette femme bénie « dont il dira des choses qui n’ont été dites d’aucune autre femme ».

En effet, plus tard apparaîtra une nouvelle image qui viendra encore s’élever à son tour entre lui et l’image de Béatrice. Mais cette fois elle sera uniquement symbolique : ce sera la Philosophie. Ici nous quittons la vie et ses réalités pour entrer dans le domaine de la fantaisie pure. Et de même que Béatrice avait été l’héroïne de la Vita nuova, la Philosophie sera l’héroïne de Il Convito, en attendant que la Donna gentile recouvre plus tard son empire dans le monde céleste.