La Vie littéraire/1/Le Prince de Bismarck

La Vie littéraire/1
La Vie littéraireCalmann-Lévy1re série (p. 132-144).

LE PRINCE DE BISMARCK[1]

Ce matin, à six heures, le ciel est sombre. Tandis qu’une lourde pluie, lancée par le vent, sonne la charge contre les vitres, la tempête souffle dans les cheminées comme dans d’énormes flûtes mélancoliques, et courbe sur l’avenue un grand peuplier qui semble ainsi l’arc de Nemrod. Les jeunes feuilles des tilleuls ont froid et n’osent s’ouvrir. Les oiseaux se taisent. À vrai dire, c’est un temps qui convient à mes pensées. J’ai dévoré hier une biographie du prince de Bismarck, écrite avec beaucoup de talent par Mme Marie Dronsart ; j’en reste oppressé, et voici que j’ai dans l’âme autant de souffles et de nuées qu’en chasse devant moi le ciel agité. Otto de Bismarck ! Quel homme ! quelle destinée !

Il est né, on le sait, au cœur de la Prusse, sur cette vaste plaine de sable où règnent de rudes et longs hivers, et qui nourrit de sombres forêts. Il est junker, c’est-à-dire gentilhomme campagnard, issu d’une longue lignée de cavaliers, grands chasseurs, grands buveurs, fortes têtes. L’un d’eux, Rulo, fut excommunié en 1309 pour avoir ouvert une école laïque. Le fils de celui-là fut un grand politique. On grava sur sa tombe cette simple épitaphe : Nicolaus de Bismarck, miles. Soldats, ils le sont tous. Ils sont cuirassiers, dragons, carabiniers. Au reste, aussi aptes à négocier qu’à se battre. Avec une main de fer, ils ont l’esprit délié. Ils sont violents et rusés. Ce double caractère se retrouve dans le plus grand d’entre eux. Otto de Bismarck montra dès la jeunesse un esprit indomptable. Envoyé par son père en 1832 à l’Université de Gœttingue, il n’était pas arrivé depuis vingt-quatre heures qu’il avait déjà fait mille extravagances. Cité devant le recteur, il se présenta dans un costume désordonné, en compagnie d’un dogue féroce et démuselé. À Berlin, où il alla ensuite, il n’entendit aucun professeur et ne suivit pas même le cours de droit de l’illustre Savigny. Il passait son temps à boire, à fumer et à se battre au sabre. Il lui arriva de se battre vingt-huit fois en trois semestres. Chaque fois, il toucha son adversaire et ne reçut lui-même qu’une seule blessure, dont il porte encore une cicatrice à la joue. C’est à ce jeu qu’il prit en lui-même une confiance insolente. Il est soldat comme ses aïeux ; mais c’est, comme eux, pour commander, non pour obéir. Entré, en 1838, dans les cuirassiers de la garde, il ne put supporter la discipline. Un de ses chefs lui fit faire antichambre. « J’étais, venu lui dit M. de Bismarck, pour vous demander un congé. Mais, pendant cette longue heure, j’ai réfléchi. Je vous offre ma démission. » Il porte dans la vie publique la même impatience, que l’âge n’a pas calmée. En 1863, à la Chambre, rappelé à l’ordre par le président, il répond : « Je n’ai pas l’honneur d’être membre de cette Assemblée ; je n’ai pas fait votre règlement ; je n’ai pas pris part à l’élection de votre président ; je ne suis donc pas soumis aux règles disciplinaires de la Chambre. Le pouvoir de M. le Président a pour limite la place que j’occupe ici. Je ne reconnais d’autorité supérieure à la mienne que celle de Sa Majesté le roi… Je parle ici en vertu, non pas de votre règlement, mais de l’autorité que Sa Majesté m’a conférée et du paragraphe de la Constitution qui prescrit que les ministres, en tout temps, devront obtenir la parole, s’ils la demandent, et être écoutés. »

À ce moment, des murmures s’élèvent dans l’Assemblée. Il les domine :

— Vous n’avez pas le droit de m’interrompre.

En 1865, ministre, il garde l’humeur batailleuse d’un étudiant. En pleine Chambre, il propose à un brave homme de savant, M. de Virchow, d’aller ensemble dans un pré se couper la gorge.

L’âge même n’a pas raison de sa violence. Si le seul maître qu’il reconnaisse, le souverain, lui résiste, il contient mal sa colère. Un jour, en sortant du cabinet de l’empereur, il tire la porte de telle façon, que le bouton lui reste dans la main. Il le lance dans la pièce voisine contre un vase de porcelaine qui se brise avec fracas. Alors il pousse un soupir de soulagement et murmure :

— Maintenant, ça va mieux !

Tour à tour, la violence sauvage de son humeur le retient au milieu des hommes pour les conduire ou les combattre et le pousse dans la solitude des bois, des champs paternels, que son âme démesurée emplit toute. À Varzin, il pratique sincèrement la vie rustique. Il a besoin d’air et d’espace. Il fallut longtemps à ses muscles puissants des exercices terribles. C’est un cavalier digne des vieux centaures de l’Elbe dont il descend. Son père, le voyant à cheval, disait :

— Il est tout comme Pluvinel.

Mais, à la vérité, le maître classique qui enseigna l’équitation française à Louis XIII n’aurait jamais avoué pour son élève ce chevaucheur furieux qui crève sa bête et mène, à travers plantations, taillis et fondrières, le train du cavalier fantôme.

Comme ses pères, M. de Bismarck est grand chasseur. Quarante ans il poursuivit le cerf, l’élan, le moufflon, le daim, l’ours, le chamois, le renard et le loup. Il a goûté plus qu’aucun autre gentilhomme campagnard cette joie de détruire qui ajoute, dit-on, à la joie de vivre, et qui entretient en santé les rudes veneurs. Il y a peu de temps, sentant son déclin et la vanité de l’effort, une image familière lui vint à l’esprit ; son œuvre politique lui apparut comme un long hallali, et il se compara lui-même à « un chasseur épuisé de fatigue ». Il nage comme il chasse. Il se plonge dans l’eau des fleuves, des lacs et des océans avec délices. Il semble que la mer soit la grande volupté de ce géant chaste. Il lui donne les noms de belle et de charmante. « J’attends avec impatience, écrit-il un jour, le moment de presser son sein mouvant sur mon cœur. » Il a pour sa terre un amour de propriétaire campagnard.

En 1870, il disait un matin, à Versailles : « J’ai eu cette nuit, pour la première fois depuis longtemps, deux heures de bon sommeil réparateur. Ordinairement je reste éveillé, l’esprit rempli de toutes sortes de pensées et d’inquiétudes ; puis Varzin se présente tout à coup, parfaitement distinct, jusque dans les plus petits détails, comme un grand tableau avec toutes ses couleurs. Les arbres verts, les rayons de soleil sur l’écorce lisse, le ciel bleu au dessus. Impossible, malgré mes efforts, d’échapper à cette obsession… » Aujourd’hui, dit-on, le prince de l’empire n’est jamais si heureux que lorsqu’il parcourt ce rustique domaine « en grandes bottes bien graissées ». Il goûte la campagne en homme pratique, se préoccupant des gelées, des bœufs malades, des moutons morts ou mal nourris, des mauvais chemins, de la rareté des fourrages, de la paille, des pommes de terre, du fumier ; il aime aussi la nature pour le mystère infini qui est en elle. Il a le sentiment de la beauté des choses. En 1862, pendant le séjour à jamais funeste qu’il fit en France, il visita la Touraine. En revenant de Chambord, il écrivit à la princesse de Bismarck : « Tu ne peux te faire une idée, d’après les échantillons de bruyère que je t’envoie, du violet rosé que revêt dans ce pays ma fleur préférée. C’est la seule qui fleurisse dans le jardin royal, comme l’hirondelle est la seule créature vivante qui habite le château. Il est trop solitaire pour le moineau. » Chez lui, la machine animale est d’une force prodigieuse ; elle est aussi d’une capacité et d’une exigence peu communes. M. de Bismarck est un des plus grands buveurs de son temps. Bière, vin de Champagne, vin de Bourgogne, vin de Bordeaux, tout lui est bon. Il étonna les cuirassiers de Brandebourg en vidant d’un trait le hanap du régiment, qui contenait une bouteille. Un jour, à la chasse, il avala d’une haleine ce que contenait de champagne une énorme corne de cerf percée des deux bouts. Étant à Bordeaux, en 1862, il fit grand honneur aux crus du Médoc et puis s’en vanta justement. « J’ai bu, écrivit-il, du laffitte, du pichon, du mouton, du latour, du margaux, du saint-julien, du brame, du laroze, de l’armaillac et autres vins. Nous avons à l’ombre 30 degrés et au soleil 55, mais on ne pense pas à cela quand on a du bon vin dans le corps. » S’il boit beaucoup, il mange à l’avenant. Pendant la guerre de 1870-71, sa table ne cesse d’être abondamment fournie en pâtés, venaisons et poitrines d’oie fumées. « Nous avons toujours été grands mangeurs dans la famille, disait-il devant ces victuailles. S’il faut que je travaille bien, il faut que je sois bien nourri. Je ne peux faire une bonne paix si l’on ne me donne pas de quoi bien manger et bien boire. »

Par un contraste qui fait sa force, cet homme violent, aux appétits impérieux, sait quand il veut se contenir et feindre. Il sait boire, il sait tout aussi bien faire boire les autres. Il aimait les cartes dans sa jeunesse, mais il cessa de jouer après son mariage. « Cela ne convenait pas à un père de famille. » Le jeu ne fut plus pour lui qu’un moyen de tromper son monde. M. Busch nous a conservé à ce sujet un intéressant propos de table : « Dans l’été de 1865, pendant que je négociais la convention de Gastein avec Blome, le diplomate autrichien, je me livrai au quinze avec une folie apparente, qui stupéfia la galerie. Mais je savais très bien ce que je faisais. Blome avait entendu dire que ce jeu fournissait la meilleure occasion de découvrir la nature vraie d’un homme, et il voulait l’expérimenter sur moi. « Ah ! c’est ainsi, pensai-je. Eh bien, voilà pour vous ! » Et je perdis quelques centaines de thalers, que j’aurais vraiment pu réclamer, comme ayant été dépensés au service de Sa Majesté. J’avais mis Blome sur une fausse piste ; il me prit pour un casse-cou et s’égara. »

Sa puissance de travail est prodigieuse et ne peut être comparée qu’à celle de Napoléon. M. de Bismarck trouve, au milieu des grandes affaires, le temps de lire. En 1866, le 2 juillet, la veille de Sadowa, il visita le champ de bataille de Sichrow, couvert de cadavres, de chevaux éventrés, d’armes et de caissons. Au retour, il écrivit à la comtesse : « Envoyez-moi un pistolet d’arçon et un roman français. » Il sait par cœur Shakespeare et Gœthe. Il a une connaissance approfondie de l’histoire universelle. Il sent la musique, surtout celle de Beethoven. Il lui arriva d’emprunter au poème du Freyschütz un de ses effets oratoires les plus heureux. C’était en 1848. Les libéraux offraient à Frédéric-Guillaume IV la couronne impériale. L’altier junker, leur ennemi, s’écria : « C’est le radicalisme qui apporte au roi ce cadeau. Tôt ou tard, le radicalisme se dressera devant le roi, réclamera sa récompense et, montrant l’emblème de l’aigle sur le drapeau impérial, il lui dira : « Pensais-tu que cette aigle fût un don gratuit ? » Ces paroles sont exactement celles que prononce le diable quand il réclame l’âme de Max pour prix des balles enchantées.

Sa parole est rude et savoureuse. Elle abonde en images pittoresques et en expressions créées. Un jour, il parle d’un débat sincère à la tribune. « C’est, dit-il, la politique en caleçon de bain. » Il vante Lassalle, dont l’esprit lui plaisait. « Je l’aurais voulu pour voisin de campagne. » Il s’entretient avec un socialiste éloquent et entêté : « J’ai trouvé une borne fontaine de phrases. »

Je partage, pour ma part, le goût que M. J.-J. Weiss trouve à la savoureuse éloquence du chancelier. Ce n’est pas, si vous voulez, un bel orateur. — Il manque tout à fait de rhétorique. Mais il a, ce qui vaut mieux, l’image soudaine et l’expression vivante. Voici un exemple, pris entre mille, de cette causerie imagée qui lui est naturelle.

C’était au début de la session de 1884-1885. Plusieurs députés avaient déposé une proposition tendant à allouer aux membres du Reichstag une indemnité pécuniaire, à l’exemple de la France, où les députés comme les sénateurs reçoivent, on le sait, un traitement. C’est là une disposition démocratique. Comme telle, elle devait déplaire à M. de Bismarck, qui y fit en effet le plus mauvais accueil. Il la considéra comme inspirée par les socialistes du Parlement et, non content de la combattre, il se donna la satisfaction de combattre ceux de qui elle semblait émaner.

Il leur reprocha d’attaquer tous les systèmes de gouvernement sans avoir eux-mêmes un système à proposer. « Ils étaient six avant les élections, dit-il. Ils sont douze aujourd’hui. J’espère bien qu’ils seront dix-huit à la prochaine législature et qu’ils s’estimeront assez nombreux alors pour porter leur Eldorado sur le bureau de la Chambre. Alors on connaîtra l’inanité de ce qu’ils veulent et ils perdront leurs partisans. En attendant ils ont encore le voile du prophète — de ce prophète dont le visage était si affreux, qu’il ne le montrait à personne. Comme lui, ils se gardent de soulever le voile. » Cette image du prophète voilé, dont il a fait usage plusieurs fois, est frappante. Elle ne lui appartient pas, il est vrai. Elle est tirée d’un poème de Thomas Moore (the veiled prophet). C’est un emprunt. Mais de telles citations, amenées aussi naturellement, relèvent la pensée et donnent au discours une force inattendue.

Ce qu’est M. de Bismarck, on le voit. Ce qu’il a dit, on l’a entendu. Ce qu’il a fait, on le sait trop. Mais que pense-t-il ? que croit-il ? Quelle idée se fait-il de lui-même, de la vie et de la destinée de l’homme ? Personne peut-être ne le sait. Et ce serait pourtant une chose curieuse à connaître que la philosophie du prince de Bismarck.

On a dit que cet esprit si fort confessait la foi religieuse de la multitude, et que même il y mêlait des superstitions antiques et grossières : que, par exemple, il tenait pour funestes certains jours et certaines dates. Il s’en est défendu. « Je prendrai place, a-t-il dit, à une table de treize convives aussi souvent qu’il vous plaira, et je m’occupe des affaires les plus importantes le vendredi ou le 13 du mois, si c’est nécessaire. » Soit ! À cet égard, il a l’esprit libre. Par contre, il avoue avoir été frappé d’une terreur superstitieuse quand le roi lui conféra le titre de comte. C’est une vieille croyance, en Poméranie, que toutes les familles qui reçoivent ce titre s’éteignent promptement. « Je pourrais en citer dix ou douze, disait longtemps après M. de Bismarck ; je fis donc tout pour l’éviter ; il fallut bien enfin me soumettre. Mais je ne suis pas sans inquiétude, même maintenant. »

Il ne paraît pas que ce soit là une pure plaisanterie. On dit aussi qu’il vit des fantômes dans un vieux château du Brandebourg. Quant à sa croyance en Dieu, elle semble profonde. La foi chrétienne a même arraché à ce superbe des accents d’humilité. N’a-t-il pas écrit publiquement : « Je suis du grand nombre des pécheurs auxquels manque la gloire de Dieu. Je n’en espère pas moins, comme eux, que, dans sa grâce, il ne voudra pas me retirer le bâton de l’humble foi, à l’aide duquel je cherche ma voie au milieu des doutes et des dangers de mon état. » Je ne suis pas tenté de suspecter outre mesure la sincérité du sentiment qu’expriment ces paroles piétistes. Il n’est pas surprenant que M. de Bismarck soit un esprit religieux, puisqu’il joint à beaucoup d’imagination un dégoût instinctif des sciences naturelles et positives. De tout temps, il a volontiers consulté « la Bible et le Ciel étoilé », et fait comme un autre son roman de l’idéal.

On le dit triste, et je l’en félicite. Il méprise les hommes, et pourtant leur inimitié lui pèse. Il s’écrie amèrement : « J’ai été haï de beaucoup et aimé d’un petit nombre (1866). — Il n’y a pas d’homme si bien détesté que moi de la Garonne à la Néva (1874). » Il sait qu’en Prusse même, il serait maudit si la victoire n’avait assuré ses desseins. « Que nous soyons vaincus, disait-il avant Sadowa, et les femmes de Berlin me lapideront à coups de torchons mouillés. »

Pour comble de misère, cet homme qui a tant agi ne découvre plus, à la réflexion, de raisons d’agir en ce monde. Il ne trouve même plus un sens possible à la vie. « Que la volonté de Dieu soit faite ! écrit-il en 1856. Tout n’est ici-bas qu’une question de temps ; les races et les individus, la folie et la sagesse, la paix et la guerre vont et viennent comme les vagues, et la mer demeure. Il n’y a sur la terre qu’hypocrisie et jonglerie ! Que ce masque de chair nous soit arraché par la fièvre ou par une balle, il faut qu’il tombe tôt ou tard ; alors apparaîtra entre un Prussien et un Autrichien une ressemblance qui rendra très difficile de les distinguer l’un de l’autre. »

Vingt ans plus tard, dans une heure intime et solennelle, il sentit lui monter au cœur l’épouvante et l’horreur de son œuvre. C’était à Varzin. Le jour tombait. Le prince, selon son habitude, était assis après son dîner, près du poêle, dans le grand salon où se dresse la statue de Rauch : la Victoire distribuant des couronnes. Après un long silence, pendant lequel il jetait de temps à autre des pommes de pin dans le feu et regardait droit devant lui, il commença tout à coup à se plaindre de ce que son activité politique ne lui avait valu que peu de satisfaction et encore moins d’amis. Personne ne l’aimait pour ce qu’il avait accompli. Il n’avait fait par là le bonheur de personne, ni de lui-même, ni de sa famille, ni de qui que ce fût.

Quelqu’un lui suggéra qu’il avait fait celui d’une grande nation.

— Oui ; mais le malheur de combien ? répondit-il. Sans moi, trois grandes guerres n’auraient pas eu lieu, quatre-vingt mille hommes n’auraient pas péri ; des pères, des mères, des frères, des sœurs, des veuves ne seraient pas plongés dans le deuil. J’ai réglé tout cela avec mon créateur ; mais je n’ai récolté que peu ou pas de joie de toutes mes œuvres.

Jamais M. de Bismarck ne s’était montré si grand que ce soir-là.



  1. Le Prince de Bismarck, sa vie et son œuvre, par madame Marie Dronsart, 1 vol. in-18, Calmann Lévy, éditeur.