La Vie du Bouddha (Herold)/Partie III/Chapitre 14

L’Édition d’art (p. 245-246).



XIV


Le Maître vieillissait. Étant à Râjagriha, il réunit de nombreux moines, et il leur parla longuement :

« Moines, n’oubliez pas les règles de vie que je vous ai données. Gardez-les précieusement. Vous vous assemblerez deux fois dans le mois, et vous vous confesserez vos fautes les uns aux autres. Si vous sentez que vous avez mal agi, et si vous ne l’avouez pas, vous serez coupables de mensonge. Avouez vos fautes : après l’aveu, vous aurez le repos et la paix. Quatre fautes, vous le savez, sont, pour un moine, les pires de toutes : avoir des rapports intimes avec une femme ; s’approprier, par le vol, un objet, quel qu’il soit ; tuer un être humain ou provoquer un meurtre ; prétendre posséder une puissance surhumaine, alors qu’on sait qu’on ne la possède pas. Qui commet une de ces quatre fautes doit être chassé de la communauté. N’échangez pas avec les femmes des paroles futiles, ne les poussez pas à la débauche. Ne portez point contre vos frères des accusations fausses. N’essayez point de semer le trouble dans la communauté. Ne cherchez pas à éviter les réprimandes. Ne mentez jamais. N’injuriez personne. Gardez précieusement, ô moines, toutes les règles de vie que je vous ai données. »

Il dit encore :

« La gravité est le domaine de l’immortalité, la frivolité le domaine de la mort. Ceux qui sont graves ne meurent pas, ceux qui sont frivoles sont toujours morts. Aussi le sage se plaît-il à être grave. Les sages atteignent le bien suprême, le nirvâna. Qui a de l’énergie, qui a de la mémoire, qui pense honnêtement, qui agit avec réflexion, qui est continent, qui vit dans la loi, qui est grave voit grandir sa gloire. C’est la frivolité que suivent les sots, les pauvres d’esprit ; mais la gravité, les sages la gardent comme un avare son trésor. Un moine qui se plaît à être grave, qui sait tout le danger d’être frivole, secoue la loi mauvaise comme le vent fait des feuilles ; il brise tous les liens qui l’attachent au monde, il est tout proche du nirvâna. Debout sur la terrasse de la sagesse, libre de toute misère, l’homme grave qui a vaincu la frivolité regarde la foule misérable, comme, du sommet de la montagne, on regarde ceux de la plaine. »