La Verdure dorée/Une pie de neige et d’ébène

La Verdure doréeÉditions Émile-Paul frères (p. 145-146).

XC


Une pie de neige et d’ébène
Ou, si l’on veut, de craie et de charbon,
Tandis que je songe à ma peine
S’envole et vole au vert vallon.

L’eau fredonne sous mes semelles
Et je m’endors dans l’herbe du talus.
Voici des jours et des semaines
Que pour moi tu ne souris plus.

Tu dois pleurer dans cette ville
Comme, la nuit, je pleure loin de toi…
Le vent (qui sait ?) souffle, et ravive
Les girouettes sur le toit

Rouge de cette maisonnette
En fleurs où nous nous sommes tant aimés ;
Mais les roses de la tonnelle
Refleuriront-elles jamais

Pour moi qui, près de la rivière
Que frôle et griffe un bleu martin-pêcheur,
En attendant que l’oubli vienne
Avec son calme et sa fraîcheur


Compose un poème inutile
En écoutant les blancs et bleus remous
De l’eau qui chante sous la digue
Et qui caresse les cailloux.