La Verdure dorée/Rouges coquelicots que le soir amoncelle

La Verdure doréeÉditions Émile-Paul frères (p. 181).

CXII


Rouges coquelicots que le soir amoncelle,
Nuages, vais-je encor donner ma voix à celle
Qui sur mon désespoir pose ses escarpins
Et dédaigne mes vers et les ciels que je peins ?
Des cygnes au lavoir glissent comme des strophes ;
Le paysage dort sous de jaunes étoiles
Et le ruisseau d’eau froide où je trempe la main
Reflète les ormeaux qui bordent le chemin,
Les osiers gris et verts et les feuillages roses.
Je veux la voir pleurer devant ces simples choses.
Palpiter, et goûter la secrète beauté
De ce pré qui bleuit, de ce saule argenté
Qui tremble, de ce soir sur la molle vallée
Où monte au ciel désert une lune exilée.