La Verdure dorée/Ni les roses, ni l’air morose que tu siffles

LXV

À J. Aurélien Coulan.


Ni les roses, ni l’air morose que tu siffles
Sous les ifs en gardant ces chèvres et ces buffles
Au crépuscule, vieux berger, joueur de flûte,
Sous la lune que frôle un ibis insolite,

Ni le soir calme, ni ces palmes immobiles,
Ni les astres montant comme de lentes bulles,
Rien ne me distraira de la source où se mire
Son blanc visage au vert de la fraîche ramure.

Et dussé-je mener par les aubes allègres
Le troupeau jaune et noir des tigres et des zèbres
Ou cueillir sur les monts la branche souveraine,

Que j’entendrais sa voix douce sur les fanfares
Et que son souvenir embaumerait mon rêve
Comme une rose à mes couronnes triomphales.