La Verdure dorée/Je dirai pour l’instruction des biographes

LXXXV


Je dirai pour l’instruction des biographes
Que ton corsage avait quarante-deux agrafes,
Que dans tes bras toute la nuit j’étais inclus,
Que c’était le bon temps, que je ne quittais plus
Ta chambre qu’embaumait un pot d’héliotrope.
Duhamel animait son héroïque Anthrope,
Pellerin habitait Pontcharra et Carco
49, quai de Bourbon, Paris. Jusqu’au
Matin, je caressais tes jambes et ta gorge.
Tu lisais Chantecler et le Maître de Forge ;
Tu ignorais Laforgue estimant qu’avec art
Écrivaient seulement Botrel et Jean Aicard.
Mais au bord du Viaur embelli de ses rêves,
Frêne, pâle et barbu, méditait sur les Sèves,
Et Deubel, revêtu des velours cramoisis,
Publiant au Beffroi ses Poèmes choisis,
Déchaînait dans les airs le tumulte des cuivres.

Et j’aimais beaucoup moins tes lèvres que mes livres.