La Verdure dorée/J’ai laissé de mon cœur tout le long du chemin

XXVIII


J’ai laissé de mon cœur tout le long du chemin
Comme les brebis de leur laine,
Et j’espérais toujours qu’un tiède lendemain
M’ouvrirait une herbeuse plaine.

Et toujours sous mes pas l’ortie et les galets ;
Car c’est en vain que tu annonces,
Après l’orage, Espoir, les matins étoilés,
Et la luzerne après les ronces.

Mais tu le sais, bélier fourbu, qu’il faut marcher
Vers un but secret et suprême,
Toi qui raillais la fin, la route et le berger,
Et le destin comme toi-même.