Librairie Universelle (p. 67-68).


LIVRE QUATRIÈME

QU’Y A-T-IL DE VRAI DANS CETTE OPINION COMMUNE QUE LES VICISSITUDES DE LA LUTTE ENTRE LES RACES AVAIENT DONNÉ LA POSSESSION DE L’ÉDEN ALGÉRIEN À DES BARBARES ?


À des barbares indignes de l’occuper. À des barbares ethniquement et religieusement incapables de jamais l’occuper en civilisés.

Et c’est toute la question des influences ethniques, religieuses, de l’évolution des races, de leurs transformations, de leurs adaptations possibles ou impossibles aux conditions nouvelles que le progrès des sciences et des mœurs impose à la vie internationale.

C’est d’abord, en comparant avec ce qu’étaient les autres peuples, de spécifier ce qu’il convient d’entendre par le mot barbarie pour en caractériser l’état des habitants de l’Algérie avant la conquête française.

Puis c’est d’étudier si leur origine sémitique et leur religion coranique les rendent essentiellement, absolument inaptes aux transformations qu’exigent les civilisations nouvelles.

Question fort importante et qui, suivant qu’on la résout, force le dominateur à traiter l’indigène en sujet ou en citoyen.

On l’a résolue dans le sens de la barbarie, de l’infériorité essentielle du sémite musulman. On a cru qu’il était jadis un barbare et qu’il en est encore un, qu’il en sera toujours un. Mon étude m’a montré le contraire.

Je le dirai dans un prochain volume consacré à la question indigène.

Je tiens à traiter cette question avec tous les développements et toutes les preuves nécessaires. Et cela ne me serait point possible ici, où j’ai voulu montrer surtout ce qui intéresse plus directement le Français, l’Européen en Algérie.