La Vénus des aveugles/Chanson pour mon ombre

Pour les autres éditions de ce texte, voir À mon ombre.

La Vénus des AveuglesAlphonse Lemerre, éditeur (p. 89-90).

CHANSON POUR MON OMBRE



Droite et longue comme un cyprès,
Mon ombre suit, à pas de louve,
Mes pas que l’aube désapprouve.
Mon ombre marche à pas de louve,
Droite et longue comme un cyprès.

Elle me suit comme un reproche,
— Malaise des mauvais matins
Qui se courbe sous les destins,
Se ressouvient et se rapproche… —
À travers les mauvais matins,
L’ombre me suit, comme un reproche…

Mon ombre suit, comme un remords,
La trace de mes pas d’ermite,
De mes pas dont la crainte hésite,
Vers l’allée où gîtent les Morts…
Mon ombre suit mes pas d’ermite,
Implacable comme un remords.