La Typographie/La correction

L. Boulanger (55p. 18-21).

LA CORRECTION


Le tableau reproduit ici du protocole des corrections adopté dans toutes les imprimeries, donnera une idée de la diversité des corrections ; diversité qui s’explique d’autant mieux que l’ouvrier levant sa lettre avec la plus grande

Illustration
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rapidité, puisque son salaire est proportionné au travail qu’il accomplit, il en résulte, à moins d’une habileté exceptionnelle,

des fautes de toute nature, comme lettres substituées, qu’on appelle des coquilles, lettres ou mots à retourner, lignes oubliées (bourdons), doubles emplois (doublons), petites ou grandes capitales oubliées, mots à mettre en italique, mots à séparer ou à rapprocher, lettres d’un autre œil à remplacer, et bien d’autres, ainsi qu’on le verra par le protocole.

Chaque compositeur corrige lui-même les paquets qu’il a composés. Ce travail se fait sur la galée, où chaque paquet est replacé, au moyen d’une petite pince avec laquelle on

Pince pour la correction.


extrait du bloc les caractères qui doivent être remplacés par d’autres. Ces corrections faites, l’ouvrier donne une nouvelle épreuve qu’on appelle épreuves en seconde et n’a plus à s’occuper de son paquet ; il sera corrigé de nouveau, par des ouvriers spéciaux qui prennent le nom de corrigeurs et qui travaillent comme on dit, à la conscience, c’est-à-dire à l’heure ou à la journée.

Comme outils spéciaux le corrigeur a, soit une galée à pieds sur laquelle il dépose d’avance toutes les lettres nouvelles


Boîte à corrections.


qui doivent entrer dans les corrections à faire, soit une espèce de casseau appelé boîte à corrections, qui est infiniment plus commode, surtout lorsqu’il s’agit d’aller corriger à la presse.

La nouvelle épreuve, avant d’être revue par le correcteur en seconde, est envoyée à l’auteur pour qu’il y fasse les remaniements qu’il juge à propos, le correcteur la relit ensuite et la fait passer aux corrigeurs.

Cette deuxième correction terminée, le metteur peut s’occuper de sa mise en page.

Déjà, s’il s’agit d’un journal et nous en parlerons d’abord comme du travail, sinon le plus délicat, du moins le plus difficile, puisqu’il doit être exécuté rapidement ; déjà il a préparé ses interlignes, coupé ses filets, composé ses titres, et sitôt qu’il a pu rassembler tous ses paquets, il commence à mettre en pages.