La Transylvanie et ses habitants/Chapitre 28


La Transylvanie et ses habitants
Imprimeurs-unis (Tome IIp. 217-241).
chapitre XXVII.
Bonyha. — Héviz. — Küküllövár. — Bethlen-Szent-Miklós. — Le compte Nicolas Bethlen. — Ses Mémoires. — De quelques ouvrages écrits en français par des Hongrois. — Les Français de l’Orient.

L’hospitalité hongroise est proverbiale. Le temps n’est plus où un seigneur fameux guettait les passants du haut de son habitation, et les forçait de venir s’arrêter chez lui. Mais il est encore exact de dire, aujourd’hui comme au temps passé, qu’on voyage en Hongrie sans connaître les auberges. Il m’est souvent arrivé en Transylvanie, où les mœurs hongroises se conserveront plus long-temps, d’user malgré moi de cette hospitalité d’une façon fort naturelle, disait-on, mais qui me semblait toujours quelque peu indiscrète. Je raconterai à ce sujet mon entrée à Bonyha.

J’étais parti un peu tard de Vásárhely, dont ce village est assez éloigné, en sorte que je n’y arrivai que fort avant dans la nuit. Je croyais bonnement qu’il ne m’était plus permis à cette heure indue de me présenter chez le seigneur, et je donnai ordre qu’on me conduisit dans l'auberge, quelque mauvaise qu’elle fût. Après avoir manifesté ainsi mes intentions, je m’enfonçai dans la voiture, ne doutant pas que je serais ponctuellement obéi. Mais le drôle qui m’avait écouté connaissait son métier de serviteur hongrois. Il pensa probablement que je perdais la raison et trouva plus sensé d’agir comme il l’entendrait. En conséquence il alla réveiller les domestiques du château, qui savaient aussi leur rôle, et fit ouvrir les portes, pendant que je sommeillais le plus innocemment du monde. Quand je me réveillai je trouvai une chambre prête et un souper servi. Le lendemain les maîtres du logis apprirent que pendant la nuit il était venu deux hôtes, dont un leur était parfaitement inconnu.

Bonyha, l’un des domaines des Bethlen, contient deux châteaux du 16e siècle. Celui où j’entrai de nuit, au pas, et presque de force, comme un prisonnier d’autrefois, a conservé ses tours et ses fossés intacts. En 1709 le prince Rakotzi y assiégeait encore un colonel autrichien.

Qui pourrait raconter les luttes qui se sont engagées dans ces défilés ? Les forteresses s’y élevaient pour ainsi dire d’elles-mêmes. Çà et là le sol est couvert de ruines : ailleurs on ne reconnaît plus aucune trace. C’est d’abord le château de Bolya, puis celui de Radnoth, puis Bodola, Also Rákos, et tant d’autres dont on retrouve les noms dans les chroniques. Les lieux en apparence les plus insignifiants ont également leur histoire. Le petit village de Nien, par exemple, que l’on traverse sans y porter attention, fut un des points où les Mongols se retranchèrent dans la grande invasion de 1243.

Il faut noter encore Héviz, qui s’est élevé sur les ruines d’une colonie romaine. On y a trouvé des restes de constructions, beaucoup d’armes et de monnaies. Les inscriptions qui ont été découvertes, ainsi que le voisinage de plusieurs sources chaudes, donnent à croire que là était située la Colonia Aquarum Vivarum. Le nom hongrois Hév viz, qui signifie « eau chaude », rappelle l’ancienne dénomination.

Le château de Küküllövár, situé sur la rivière qui donne son nom au comitat, remonte au 14e siècle. Il consiste, suivant la règle, en un édifice carré flanqué de bastions et ceint d’un fossé. Non loin de là s’élevait jadis un fort, dont le souvenir seul est resté, et qui précéda le château actuel. Küküllövár prit de l’importance sous Louis Ier. L’historien Bonfinio a consigné le nom du gouverneur qui y commandait en 1352, Pierre Veres. Deux siècles après, le roi Mathias le donnait au prince de Moldavie avec la forteresse de Csicso, dont j’aurai bientôt occasion de parler.

De tous les édifices historiques qui peuplent cette partie de la Transylvanie, celui qui devait intéresser le plus un Français, c’était, sans contredit, le château de Bethlen-Szent-Miklós. Jusqu’au 17e siècle il n’y avait là sans doute qu’un bon vieux donjon garni de tours, qui servait d’habitation aux seigneurs. Un jour une part de la propriété tombe entre les mains d’un jeune homme, le comte Nicolas Bethlen, qui revenait de France. Celui-ci, en dépit des usages, construit une maison ouverte, avec de beaux jardins, au grand scandale de tous. Mais laissons-le raconter lui-même cette révolution.

«… Mon père ne m’eut pas plus tôt abandonné ma part dans cette terre, que je formai le dessein d’y bâtir un château de plaisance dans le goût des Français, et dont j’avais formé le dessein étant en France, sans savoir cependant où je le placerais. Je fis donc construire un grand corps de logis de pierre, avec un vestibule dans le milieu et deux appartements aux deux côtés, avec un grand jardin que je fis dessiner en face ; et, comme le terrain me le permettait, je fis creuser des fossés tout autour remplis de l’eau que je tirai du ruisseau qui séparait le terrain de mon oncle d’avec le mien ; enfin, la situation de ce château se trouva si heureuse, que, de quelque côté que l’on fût, on jouissait d’une vue assez agréable et fort diversifiée. J’avais aussi pratiqué une avant-cour pour mettre les offices et les écuries dans la même enceinte des fossés. Le tout fut bien contrôlé par nos Transylvains, à qui une pareille façon de bâtir était très inconnue, leur maxime au contraire étant plutôt de se tenir clos et couverts que de se pratiquer des vues agréables et satisfaisantes.

» Ils jouissaient néanmoins avec plaisir du fruit de mes travaux lorsqu’ils venaient passer quelques jours chez moi, où je ne leur épargnais ni la bonne chère ni l’abondance du vin, aux conditions cependant que j’avais établies, que tout le monde jouirait d’une parfaite liberté. J’avais à la vérité beaucoup de part à cette condition que j’avais imposée, beaucoup plus convenable à mon tempérament et à mon inclination, qui s’était bien fortifiée pendant mon séjour en France, où j’avais goûté la manière de tenir table, beaucoup plus gracieuse que celle de Transylvanie. Je procurais aussi à ma nouvelle épouse le plus souvent qu’il m’était possible la visite des dames les plus voisines, qu’elle régalait aussi familièrement et aussi souvent qu’elle en trouvait l’occasion. Cette façon de vivre fut aussi bien contrôlée que tout le reste dans les commencements, les nobles de Transylvanie tenant ordinairement leurs femmes très renfermées et ne les occupant qu’à l’économie de leurs maisons et de leurs biens, de façon que l’on disait communément dans le pays que mon château et ma manière de vivre étaient l’école des Français. Quelques uns néanmoins de nos principaux seigneurs s’y accoutumèrent insensiblement et firent de même ; ce qui formait entre nous une société plus intime, et que nous préférions à toutes les autres. »

Le château du comte Bethlen est resté tel qu’il l’a élevé, à l’extérieur du moins. J’aurais aimé me promener dans les chambres où se tenait l’école des Français, et retrouver à quatre cents lieues de mon pays un reflet de l’ancienne France. Mais, habitué aux désenchantements, je me contentai de faire à distance le tour de Szent-Miklós. Bien m’en prit. On me dit au retour qu’un propriétaire ingénieux y mettait son foin. Je n’eus d’autre consolation que de voir plus loin quelques sièges en cuir de Hongrie, qui faisaient autrefois partie de l’ameublement, et qui sans doute avaient été fabriqués d’après des modèles de Versailles.

Cet aimable novateur, qui introduisit en Hongrie les mœurs françaises, mérite bien une mention de notre part. D’ailleurs, j’ai plus d’une fois cité ses Mémoires. Il est juste de parler de lui et de son livre.

Le comte Nicolas Bethlen naquit à cette époque où les Turcs et les Impériaux se disputaient avec le plus d’ardeur la possession de la Transylvanie. Ses premières années s’écoulèrent dans un château fortifié, où il reçut l’éducation qu’on donnait alors aux gentilshommes hongrois. Il apprit le latin, l’allemand et le turc, et se perfectionna dans le manîment des armes et l’exercice du cheval. Il fut nécessairement engagé dans les troubles qui désolèrent son pays, ce qui ne l’empêcha pas de se prendre d’une fort belle passion pour la princesse de Transylvanie. Il l’avait connue et aimée avant qu’elle montât sur le trône, et s’était flatté de l’espoir d’obtenir sa main. Le sort voulut que la princesse se remariât plusieurs fois, et qu’au moment de ses veuvages notre amoureux fût toujours éloigné d’elle, en sorte qu’il arrivait régulièrement quand un nouveau mariage était consommé. La dame trouvait chaque fois de fort belles excuses, et, soit amour propre, soit indulgence, elles semblaient assez raisonnables à celui qui les écoutait. Malgré son peu de succès, le jeune Bethlen remplissait consciencieusement tous ses devoirs de chevalier et bravait pour elle toutes sortes de dangers, en amant bien épris. Ainsi, lorsqu’il apprend le meurtre du prince Bartsay, le voilà qui part hardiment pour porter à la veuve ses tendres consolations, sans songer que le pays est inondé de Tatars.

« Je n’étais pas encore informé de la marche de ces barbares, dit-il, lorsque dans ma retraite j’appris le cruel assassinat de l’infortuné Bartsay ; ce qui me détermina sur-le-champ à voler au secours de la princesse, sans en rien communiquer à mon père. Je partis précipitamment, accompagné seulement d’un gentilhomme de nos voisins, nommé Patko, et fort attaché à notre maison. Nous nous mîmes en chemin sans autre escorte, en quoi j’avoue qu’il y avait beaucoup d’imprudence, puisque du lieu d’où nous partions pour nous rendre auprès de cette princesse il y avait près de huit lieues de Transylvanie, qui en valent près de vingt de celles de France.

» Nous passâmes par une ville hongroise assez grande et fort peuplée, mais qui n’est ni entourée de murailles ni fortifiée, comme le reste des villes de la Transylvanie hongroise. Nous y fîmes repaître nos chevaux, et nous en partîmes pour nous rendre à Bistricz, d’où nous espérions nous rendre de bonne heure au château de Görgény. Mais ma mauvaise étoile nous fit tomber dans un gros de Tatars qui commençaient à faire leurs courses de ce côté là. Nous nous en vîmes entourée en un instant, sans pouvoir nous échapper d’aucun côté. Ces barbares, nous ayant liés et garottés sur nos chevaux, nous emmenèrent vers le coucher du soleil dans une profonde forêt, qu’ils avaient choisie pour leur retraite pendant la nuit ; nous fûmes obligés de les suivre avec toute la tristesse qu’il est facile de concevoir. Lorsque nous fûmes arrivés, ils nous lièrent dos à dos, Patko et moi, de doubles cordes qu’ils portent ordinairement pour s’assurer de leurs captifs ; et, outre celles qui nous serraient très fort les bras, ils nous en mirent d’autres au dessus des genoux qui ne nous serraient pas moins, en sorte que nous ne pouvions nous remuer d’aucune façon.

» Dans ce triste état nous vîmes nos Tatars égorger un bœuf qu’ils avaient pris dans la campagne, et, après l’avoir dépouillé de sa peau, ils le coupèrent par morceaux qu’ils distribuèrent entre eux ; et, ayant fait de grands feux, ils en firent rôtir la viande sur les charbons. Quand elle fut à moitié cuite, ils la mangèrent sans pain et sans sauce, et se rafraîchirent avec de l’eau dont ils avaient fait provision dans de grosses bouteilles de bois, enduites de cire par dedans, et qu’ils portent toujours avec eux à l’arçon de leurs selles. Ces honnêtes gens eurent la bonté de nous offrir de leurs mets ; mais notre triste situation nous avait totalement ôté l’appétit, et d’ailleurs ce n’était pas là notre manière de vivre. Quant à leurs chevaux, ils leur ôtent la selle et la bride, et les laissent en liberté paître l’herbe qu’ils peuvent trouver ou les feuilles d’arbres qu’ils rencontrent. Quand ils eurent donc fini leur repas, ils s’accroupirent autour de leurs feux dans la posture que les enfants tiennent, à ce que l’on dit, dans le sein de leurs mères, et s’endormirent d’un profond sommeil. Ce spectacle, joint à l’horreur d’une nuit très obscure, le lieu dans lequel il se passait, et notre malheureuse situation, nous avaient fait garder un profond silence, et nous mettaient hors d’état de penser à ce que nous allions devenir.

» Patko cependant, qui connaissait bien mieux que moi le caractère de ces barbares, puisqu’il avait été pendant trois ans parmi eux et du nombre de leurs prisonniers, dans la déroute du prince Rákótzi en Pologne, et conduit en Crimée, rompit enfin le silence, et me dit lorsqu’il les vit endormis : « Ces Tatars vont dormir pendant quatre ou cinq heures sans s’éveiller ; ce profond sommeil leur étant procuré par la grande fatigue qu’ils essuient pendant la journée. Si j’avais un couteau, continua-t-il, je vous mettrais bientôt en liberté. Je lui dis que je n’en avais point. J’en ai bien deux, me répondit-il, dans une gaîne que j’ai mise dans une de mes bottines ; mais je ne puis y atteindre, garrotté comme nous sommes. »

» C’est la coutume de tous les cavaliers hongrois de porter, passée dans leur ceinture, une double gaîne où ils mettent deux couteaux et une fourchette à deux fourchons, dont ils se servent très adroitement pour couper leurs viandes quand ils sont à table. Patko, qui était plus grand et plus gros que moi, ne pouvant pas atteindre jusqu’à sa bottine pour en tirer cette gaîne, me pria d’essayer si je ne pourrais pas la tirer de mon côté. Je fis donc des efforts malgré la douleur que me causaient les cordes dont j’étais lié, et qui étaient, comme je viens de le dire, fort serrées. Enfin, supportant cette douleur avec toute la constance dont je fus capable, je parvins à porter ma main jusque dans sa bottine, et je fus assez heureux pour en tirer cette gaîne fortunée avec les couteaux qui devaient bientôt nous procurer notre liberté. Patko prit bien vite un des couteaux, dont il coupa aussitôt nos liens. Cette opération ne fut pas plus tôt faite, que je crus qu’il ne songerait, aussi bien que moi, qu’à prendre la fuite au plus vite ; mais ayant aperçu une épée longue et fort raide, que nos Tatars portent d’ordinaire sous leur cuisse lorsqu’ils sont à cheval, et dont ils se servent pour frapper par derrière leurs ennemis, quand ils les peuvent joindre, il la saisit, et, sans m’en rien dire, il en perça le dos du Tatar qui nous avait pris, et lui porta le coup avec tant de violence, qu’il le traversa d’outre en outre, et le cloua, pour ainsi dire, contre terre.

» Je vous avoue que cette action me fit frémir, et j’en tremble encore toutes les fois que je me la rappelle : mais il me dit que ces barbares dormaient d’un si profond sommeil, que rien ne pouvait les éveiller. Il est sûr que celui-là ne se réveilla jamais ; Patko prit son sabre, et une manière de gibecière qui y est ordinairement attachée. Ces espèces de gibecière sont communément divisées en deux parties : dans l’une ils serrent deux chemises et deux cravates, et dans l’autre ils mettent de la viande froide, qui est le plus souvent une poule entière, enveloppée dans une serviette. Outre cela ils ont toujours une longue boîte de fer-blanc, où sont plusieurs séparations, et où ils mettent leurs provisions de sel et de toutes sortes d’épices, dont ils assaisonnent leurs viandes, qu’ils aiment extrêmement relevées, ce qui les provoque à boire souvent et largement, lorsqu’ils se trouvent à portée de le faire. Patko s’étant donc muni de toutes ces choses, nous ne songeâmes plus qu’à sortir de la forêt où nous étions. Un beau clair de lune qui survint favorisa notre retraite si heureusement, qu’après deux heures de marche nous nous trouvâmes dans une plaine qui nous aida beaucoup à nous orienter, aussi bien que l’aurore, que nous vîmes paraître. Nous nous déterminâmes à prendre un chemin que nous crûmes être celui de la ville de Bistritz, où nous aurions été hors de danger. Mais le sort ne nous fut pas assez favorable pour nous permettre de nous y rendre.

» Nous n’avions pas marché encore dans cette plaine pendant une heure, que nous entendîmes le bruit que faisaient les Tatars en sortant de la forêt, ce qui nous donna une frayeur trop bien fondée par l’impuissance où nous étions de trouver un asyle. Il fallut cependant faire de nécessité vertu, et chercher notre salut dans un grand étang qui se trouvait sur notre chemin. Nous résolûmes d’y entrer, et nous nous enfonçâmes dans l’eau jusqu’au cou, à l’abri des roseaux qui nous entouraient, n’ayant précisément que la tête hors de l’eau : encore Patko nous la couvrit-il avec des roseaux qu’il coupa, afin que nous ne fussions pas aperçus. Cette précaution était d’autant plus nécessaire, que les Tatars vinrent abreuver leurs chevaux, après quoi ils allèrent faire leurs courses, et nous donnèrent le temps de respirer.

» Lorsque nous les eûmes perdus de vue, nous sortîmes de notre humide retraite si mouillés et si morfondus, que je n’aurais pas pu faire un pas, sans la crainte que j’avais de retomber entre leurs mains. Nous prîmes un chemin sans savoir où il devait nous conduire ; mais heureusement il nous mena droit au château de Bethlen, qui appartenait à un de mes oncles. Ce château, qui est assez commode, a quelques fortifications capables d’empêcher les Tatars d’en approcher. À peine y fus-je rendu, que la fièvre me prit très violemment : la fatigue que je venais d’essuyer n’y avait pas peu contribué, aussi bien que le froid que j’avais souffert dans l’étang qui nous avait si heureusement servi d’asyle, et l’épuisement de mes forces, ayant été plus de vingt-quatre heures sans manger. Patko plus robuste que moi, en fut quitte à bien meilleur marché : car il se mit à boire et à manger copieusement, et se refit en très peu de temps de toutes ses fatigues. »

Tout ceci n’est rien encore. Le péril auquel Bethlen s’était exposé devait exciter l’intérêt de la princesse, qui peut-être eût été touchée. Mais dès qu’il se trouve en lieu de sûreté, une brutale maladie vient le saisir et le retient prisonnier six mois durant Dans cet intervalle, la belle veuve, qui ne prenait pas au sérieux cette passion de jeune homme, avait épousé le comte Zolyomi. La nouvelle de ce mariage faillit mettre la vie de notre amoureux en danger. Dès qu’il eut repris courage, il résolut de quitter la Transylvanie. Son père approuva ce projet, qui fut aussitôt exécuté. Nous allons suivre notre héros en France ; mais commençons par dire que pendant le voyage l’inflexible Page:Auguste de Gérando - La Transylvanie et ses habitants, 1845, Tome II.djvu/246 Page:Auguste de Gérando - La Transylvanie et ses habitants, 1845, Tome II.djvu/247 Page:Auguste de Gérando - La Transylvanie et ses habitants, 1845, Tome II.djvu/248 Page:Auguste de Gérando - La Transylvanie et ses habitants, 1845, Tome II.djvu/249 Page:Auguste de Gérando - La Transylvanie et ses habitants, 1845, Tome II.djvu/250 Page:Auguste de Gérando - La Transylvanie et ses habitants, 1845, Tome II.djvu/251 Page:Auguste de Gérando - La Transylvanie et ses habitants, 1845, Tome II.djvu/252 Page:Auguste de Gérando - La Transylvanie et ses habitants, 1845, Tome II.djvu/253 Page:Auguste de Gérando - La Transylvanie et ses habitants, 1845, Tome II.djvu/254 Page:Auguste de Gérando - La Transylvanie et ses habitants, 1845, Tome II.djvu/255 Page:Auguste de Gérando - La Transylvanie et ses habitants, 1845, Tome II.djvu/256 origines et la diversité des situations, de signaler les analogies de caractère qui rapprochent les deux peuples. Il suffit de dire que cette ressemblance est consacrée par les Hongrois, qui s’appelaient eux-mêmes, au temps de Louis XIV, les Français de l’Orient. Si on ouvre les deux histoires, on retrouve souvent les mêmes faits et les mêmes hommes. Les batailles françaises et hongroises se gagnent et se perdent de la même manière. C’est toujours la furia francese. Ici la gendarmerie, là les hussards : Ravenne et Szent Imre, Pavie et Mohács. Saint Étienne et Mathias Corvin ne sont autres que saint Louis et Henri IV : les uns cherchant, sous l’inspiration de la religion, des institutions qui devancent leur époque ; les autres résumant aux yeux du peuple, qui a gardé leur mémoire, le génie et la bonté alliés à la joyeuse bravoure nationale. Hunyade, les Zrinyi, les héros hongrois, ce sont nos aïeux des croisades et les défenseurs de Rhodes ; même dévoûment à la même cause, mêmes luttes, souvent même mort. L’histoire des Français est contenue dans cette phrase de Napoléon : « La France a acheté le progrès et la paix du monde par ses trésors, par ses angoisses, par la vie de ses fils épars sur tous les champs de bataille. La France a été le Christ des nations ». L’histoire des Hongrois finit brusquement à Mohács, comme celle d’un héros tué à vingt ans ; mais l’héroïsme s’y lit à chaque page. C’est un de ces peuples généreux qui vivent pour les grandes causes.