La Trace du serpent/Livre 4/Chapitre 01
LIVRE QUATRIÈME
NAPOLÉON LE GRAND.
CHAPITRE Ier.
LE PETIT GARÇON DE SLOPPERTON.
Huit années s’étaient écoulées depuis le procès de Richard Marwood. Comment ces huit années avaient-elles été employées par Dick le Diable ?
Dans une petite chambre de quelques pieds carrés, dans l’asile réservé aux fous du Comté, à quatorze milles de la ville de Slopperton, n’ayant pour toute société humaine que celle d’un vieux gardien sourd et renfrogné et d’un petit garçon, son aide. Pendant huit monotones années, avoir la même nourriture, les mêmes heures où cette nourriture doit être prise, les mêmes règles et le même ordre dans toutes les actions de sa vie inactive. Pensez à cela, et ayez pitié de cet homme surnommé Dick le Diable, qui fut autrefois la créature la plus étourdie et la plus gaie d’un cercle de gais et étourdis compagnons. Pensez à cette promenade quotidienne dans une grande cour carrée et dallée, promenade solitaire, car on ne lui permet même pas la compagnie des autres fous, crainte que la folie qui l’a poussé à commettre un crime abominable ne se déclare de nouveau, et mette en danger la vie de ceux qui l’entourent. Huit longues années pendant lesquelles il a compté chaque pierre du pavé, chaque fente et chaque brèche de chacune de ces pierres. Il connaît la forme de toutes les ombres qui tombent sur le mur blanchi à la chaux, et peut dire l’heure qui leur correspond. Il sait qu’à un certain moment de la soirée, pendant l’été, les ombres des barreaux de fer de la croisée produisent de longues lignes noires en travers des carreaux du pavé, et montent, montent, divisant le mur comme s’il était formé de panneaux, jusqu’à ce qu’elles se rencontrent, et absorbant dans leur réunion la lumière mourante, l’entourent et l’absorbent aussi, lui, pour le laisser encore une fois dans les ténèbres. Il sait aussi qu’à un certain moment de la matinée, pendant l’hiver, ces mêmes ombres sont les premiers indices du jour naissant, que, de l’épaisse obscurité de la nuit sombre, elles jaillissent sur le mur en bandes séparées par le jour matinal, froid et brillant, n’éclairant seulement que pour faire ressortir la noirceur de l’ombre. Il a été quelquefois assez fou et assez malheureux pour prier que ces ombres se produisissent différemment, que l’ordre même de la nature pût être renversé, afin de rompre cette froide et mortelle monotonie. Il a quelquefois prié pour que, en levant les yeux, il pût apercevoir une grande lueur dans le ciel et apprendre que le monde touchait à sa fin. Combien de fois aussi il a prié pour mourir, serait chose difficile à dire : ce fut pendant un temps son unique prière. Il arriva un moment où il ne pria plus. Il lui était permis, par intervalles, de voir sa mère ; mais ces visites, quoiqu’il comptât les jours, les heures et les minutes qui s’écoulaient entre elles, le laissaient plus accablé que jamais. Elle apportait avec elle, dans sa prison solitaire, tant de souvenirs d’un passé joyeux de liberté, de bonheur de famille, bonheur que dans sa folle jeunesse il avait fait de son mieux pour détruire ; tant de souvenirs aussi de cet âge insouciant, de ses bons compagnons, de ses amis dévoués, qu’elle laissait après elle, et les tristesses d’un sombre désespoir beaucoup plus terribles que la plus terrible mort. Elle lui représentait le monde extérieur, car elle était la seule créature attachée à lui qui passât jamais le seuil de sa prison. L’aumônier de l’asile, le docteur, les gardiens et les fonctionnaires appartenant à l’asile, tous étaient des parties ou des matériaux de cette grande prison de pierre, de brique et de mortier, et aussi incapables de le plaindre, de l’écouter ou de le comprendre que les pierres, les briques et le mortier eux-mêmes. La routine est la règle de cette vaste prison ; et si ce malheureux, ce criminel insensé ne peut vivre avec les règles et la discipline, il doit mourir en les suivant, et être enterré d’après elles ; et lorsqu’il aura ainsi débarrassé la place, sa petite chambre no 35 sera prête pour quelque autre, aussi méchant, aussi dangereux et aussi infortuné que lui.
Le bruit qui circula d’abord dans l’asile fut, qu’ayant été reconnu coupable d’avoir commis un meurtre, il pourrait, très-vraisemblablement, trouver nécessaire, dans sa disposition particulière d’esprit, d’assassiner quiconque se rencontrerait sur son chemin, chaque matin avant déjeuner. La surveillance exercée sur lui fut, en conséquence, très-sévère. Dans les premiers jours il fut plutôt connu dans l’asile comme ayant joué un rôle célèbre dans le public ; et les gardiens, quoique un peu timides pour s’approcher de lui en personne, étaient extrêmement enchantés de l’observer par une petite ouverture ovale percée dans le panneau supérieur de la porte de sa cellule. Ils amenaient aussi certains visiteurs qui venaient perfectionner leur intelligence en faisant une visite à l’hôpital des fous et désiraient jouir de la vue spéciale et particulière de cet assassin condamné, et généralement cela leur faisait gagner un shilling de pourboire comme extra. Les fous eux-mêmes eurent vent de sa présence. Un gentleman qui se disait empereur de l’Océan allemand et de la machine hydraulique de Chelsea, était très-tourmenté de le voir ; il avait reçu une dépêche de son ministre de la police qui l’informait que le prisonnier avait les cheveux rouges, et il désirait confirmer ce renseignement ou donner congé au ministre.
Une autre personne très-respectable, dont le procès était pendant devant la Chambre des Communes, et qui prenait des notes, à ce sujet, tous les jours sur une ardoise avec un morceau de crayon qu’il portait attaché à sa boutonnière avec un anneau, et qui lui servait aussi de cure-dent. Il confiait son ardoise & un gardien qui la faisait passer au télégraphe électrique pour être posée sur le bureau de la chambre et retournée au propriétaire, nettoyée, dans une demi-heure, ce qui était toujours fait à la minute ; celui-là soupirait aussi après une présentation au pauvre Dick, car Maria Martin lui était apparu pendant tout le chemin de Red Barn pour lui dire que le prisonnier était son cousin germain par le mariage de son oncle avec la troisième fille de la septième femme de Henri VIII, et il faisait observer qu’il n’était que naturel et convenable que des parents aussi proches nouassent entre eux des relations intimes.
Une dame, qui se déclarait être la fille unique du Pape par son union secrète avec une jeune femme de haut rang, héritière d’un gentleman, associé à un commerce de muffins quelque part dans Drury Lane, tomba amoureuse sur le champ de Richard, à la seule description de sa personne, et supplia un des gardiens de lui faire savoir qu’elle connaissait un passage souterrain qui conduisait directement de l’asile à la boutique d’un boulanger dans Little Russel Street, Covent Garden ; d’une longueur de quelque cent cinquante milles, passage construit par Guillaume le Conquérant pour la commodité de ses visites à la belle Rosamonde quand le temps était mauvais et que, s’il consentait à unir sa destinée à la sienne, ils pourraient s’échapper par ce passage et s’établir dans le commerce des muffins, à moins cependant que Sa Sainteté à la triple couronne ne les invitât à se rendre au Vatican, ce qui, peut-être dans les circonstances actuelles, n’était guère probable.
Mais quoique un événement, qui partout ailleurs eût seulement fait sensation pendant neuf jours, pût, dans la triste monotonie d’un endroit comme celui-ci en causer une pendant plus de neuf semaines, encore devait-il être oublié à la fin. Aussi Richard finit-il par être oublié de tous, excepté de sa mère au cœur brisé, du gardien et du petit garçon qui servait d’aide à celui-ci.
Ayant pour hallucination particulière l’idée qu’il était l’empereur Napoléon Ier, il se trouvait être naturellement une médiocre rareté dans un séjour où chaque misérable créature se figurait être quelqu’un ou quelque chose qu’elle n’était pas, où hommes et femmes tournaient autour de rêves incohérents, dont les sujets n’existaient plus que dans la mort, où des êtres humains, autrefois élégants et bien doués, trouvaient une extravagante et imbécile félicité dans des couronnes de paille et des décorations de papiers et de chiffons ; et, chose plus triste que tout le reste, c’était la conscience des misères qui les avait conduits à cet état. Les premiers jours il appela sa petite chambre le rocher de Sainte-Hélène et son gardien Sir Hudson Love. Il se tenait volontiers les bras croisés derrière le dos et les yeux fixés sur le sol dans l’attitude familière du général français. Son beau visage, avec sa pâleur livide, ses yeux fixes et sombres et ses cheveux noirs, coupés courts suivant les règles et la discipline de l’asile, lui donnaient un air de ressemblance avec les portraits de l’empereur, ressemblance dont il s’écartait seulement par sa taille élevée. Mais il devint plus calme de jour en jour et à la fin il ne parlait plus que pour répondre aux questions qu’on lui adressait et cela pendant huit longues années.
Dans l’automne de la huitième année, il tomba malade. Une étrange maladie, qui pouvait à peine être appelée peut-être une maladie, mais plutôt la fin suprême de sa dernière lueur d’espérance et son abandon complet au désespoir. C’était bien là le nom de la maladie sous laquelle fléchit à la fin l’esprit fier et courageux de Dick le Diable. Le désespoir, une curieuse maladie, qui ne peut être guérie par les règles et la discipline, quelques salutaires qu’elles puissent être ; qui ne peut être guérie même par le régime de la pension, qui passait pour être un moyen tout puissant, capable de rétablir quiconque en était favorisé, ni certainement par le docteur de l’asile, qui trouvait le cas de Richard difficile à expliquer, et plus particulièrement difficile alors qu’il n’y avait aucune altération physique à combattre. C’était une maladie physique, parce que le malade devenait chaque jour plus abattu, perdait l’appétit, et ne voulait plus bouger de son lit ; mais c’était la maladie de l’esprit agissant sur le corps, et la guérison de ce dernier ne pouvait être effectuée que par la guérison du premier.
C’est ainsi que Richard, étendu sur son étroite couchette, observait les ombres sur le mur nu et les nuages qui passaient dans le pan de ciel qu’il pouvait apercevoir à travers la croisée grillée en face de son lit, et cela durant les longs jours brillants de soleil et les nuits éclairées par la lune, pendant le mois de septembre.
Une triste après-midi, qu’il regardait le ciel, il vit s’avancer un nuage noir et à sa suite un plus noir encore, puis une foule de sombres compagnons aux formes bizarres ; il tomba ensuite une telle averse, qu’il ne se souvenait pas en avoir vu une semblable tout le temps de sa captivité. Mais cette forte ondée n’était que le commencement d’un temps effroyablement pluvieux, qui dura trois semaines, à la fin desquelles le pays d’alentour fut inondé de tous les côtés, et Richard entendit dire d’autre part à son gardien que la rivière en dehors de la prison, qui coulait habituellement à vingt pieds du mur d’un côté de la grande cour, était gonflée à un tel degré, qu’elle baignait la maçonnerie du mur à une considérable hauteur.
Le jour où Richard entendit cela, il entendit un autre dialogue qui avait lieu en dehors de sa chambre. Il était couché sur son lit, méditant sur l’amertume de sa destinée, comme il l’avait fait tant de fois, et pendant tant de jours, jusqu’à ce qu’il fût devenu comme il l’était l’esclave des lugubres habitudes de son esprit, et forcé de parcourir le même terrain toujours et toujours, qu’il le voulût ou non. Il était donc couché quand il entendit le gardien dire :
« Je pense que cette maussade petite brute devrait prendre sur elle d’aller mieux en un moment comme celui-ci, où je ne puis avoir un gamin par amitié ou pour argent ; l’administration donne seulement pour cela trois shillings par semaine qui veuille venir ici prendre soin de lui. »
Richard comprit que ce lui faisait allusion à sa personne. Le docteur avait ordonné que le petit garçon restât dans sa chambre pendant la nuit depuis sa maladie, et cette présence avait été quelquefois pour lui une consolation dans l’insipide monotonie de son existence, en observant les efforts de l’enfant pour rester éveillé et ses parties clandestines de billes sous le lit, quand il pensait que Richard ne le regardait pas, ou en l’écoutant ronfler dans son sommeil.
« Les enfants, voyez-vous, autant c’est hardi quand ça veut courir partout, ou risquer de se briser la tête, quand c’est leur plaisir, autant ils font une plaisanterie de traverser la voie du chemin de fer quand une machine à grande vitesse va arriver, et s’amusent entre eux pendant une heure avec deux pence de poudre et une chandelle allumée, autant ça les ennuie de rester seuls pendant des nuits avec lui, dit le gardien.
— Mais il est assez inoffensif, n’est-ce pas ? demanda l’autre.
— Inoffensif ! Que Dieu le bénisse, ce pauvre innocent ! Excepté qu’il m’a appelé sir Mugton Slow lorsqu’il est arrivé d’une façon tout à fait injurieuse et qu’il a exécuté une danse comique, dont la principale beauté consistait à frapper la partie postérieure de sa tête, étendant son autre main devant lui sans montrer personne, pas plus qu’avec sa main derrière lui, qui était occupée à donner ensuite une légère tape sous son coude, et à secouer de ses doigts quelque chose qui n’y existait pas, en marchant dessus d’un air de mépris, ce qu’il disait être la mode française pour le menuet, si dansé dans la haute société, que la police était obligée d’intervenir, crainte que la noblesse ne se passionnât trop pour cet amusement. »
Une minute ou deux après cette conversation, le gardien entra dans la chambre de Richard avec la tasse de bouillon réglementaire ; une panacée, comme on le supposait, pour tous les maux, depuis les dépôts à la tête jusqu’au rhumatisme. Comme après avoir déposé la tasse, il se disposait à partir, Richard lui adressa la parole.
« Le petit garçon est parti, alors ?
— Oui, monsieur. »
Le gardien le traitait avec un grand respect, car il avait été magnifiquement rémunéré par mistress Marwood à chacune de ses visites pendant les huit années de l’emprisonnement de son fils.
« Oui, monsieur, il est parti. La place n’était pas assez amusante pour lui, s’il vous plaît. Je l’aurais amusé, si j’avais été l’administration : n’avait-il pas les corridors pour courir et une demi-heure chaque soir pour se divertir dans la cour ? Il est entré au service d’un médecin ; il dit que cela l’amusera de porter des remèdes pour les faire prendre aux autres et d’épier la mine qu’ils feront en les avalant.
— Et vous ne pouvez vous procurer un autre petit garçon pour venir ici ?
— Mais, vous voyez, monsieur, les petits garçons de cet endroit ne semblent pas envier la place. Aussi ai-je obtenu de l’administration des ordres pour insérer un avis dans un des journaux de Slopperton, et je vais aller m’en occuper cette après-midi. Ainsi, vous aurez du changement dans votre service, peut-être, monsieur, avant la fin de la semaine. »
Rien ne pouvait mieux prouver l’extrême tristesse et la désolation de l’existence de Richard ; le seul fait de l’arrivée probable d’un enfant étranger pour veiller sur lui, lui paraissait un événement important. Il ne pouvait s’empêcher, quoique se moquant lui-même de sa folie, de faire des suppositions sur l’aspect probable de cet enfant. Serait-il grand ou petit, robuste ou frêle ? quelle serait la couleur de ses yeux et de ses cheveux ? sa voix serait-elle sonore ou criarde, ou bien aurait-il cette voix particulière et incertaine, commune aux enfants trop précoces, sonore un instant et criarde une minute après, mais qui est toujours dans l’un des tons extrêmes, quand vous vous attendez à l’entendre dans l’autre ?
Mais ces préoccupations faisaient naturellement partie de sa folie, car il n’est pas à supposer, je présume, qu’un long régime de séquestration cellulaire puisse produire une altération quelconque dans l’esprit d’un homme sain ; car, s’il en était ainsi, la justice humaine et les législateurs n’infligeraient jamais un si terrible châtiment à une créature d’une nature semblable à la leur, et pas plus sujette qu’eux à l’erreur.
Ainsi donc Richard, couché sur son petit lit, pendant les longs jours pluvieux, attend le départ de son ancien compagnon et l’arrivée du nouveau. Le crépuscule du troisième jour arrive et il est encore dans la même position, regardant la croisée grillée et comptant les gouttes d’eau qui tombent des gouttières, car pour l’instant la violence de la pluie s’est calmée. Il comprend que c’est une soirée d’automne, mais il n’a pas vu la chute d’une seule feuille jaunie ou la couleur fanée d’une fleur d’automne ; il comprend que c’est la fin de septembre, parce que son gardien le lui a dit et que, lorsque sa fenêtre est ouverte, il peut entendre quelquefois, dans le lointain, amortis par l’atmosphère pluvieuse, aussi bien que par la distance, les coups de fusil répétés de quelques chasseurs. À ce bruit, il pense aux septembres d’autrefois quand, avec un écervelé comme lui, il faisait une escapade de quinze jours pour chasser dans le comté, battait les buissons ou foulait les grandes herbes des prairies pour faire enlever dans l’air transparent des volées de petites créatures emplumées. Il se souvient des joyeuses courses à pied, des auberges sur le bord de la route, des jolies filles de comptoir et de la bourse en commun ; il voit encore la fumée bleue des deux courtes pipes d’écume tourbillonnant dans le ciel gris du matin ; il entend les joyeux éclats de rire de deux cœurs heureux, résonnant dans l’air froid de l’aube ; il se rappelle les rencontres des terribles gardes-chasses, aux principes si féroces et aux consciences si timorées, qui ne voulaient pas laisser endormir leur vigilance même pour une demi-couronne ; il se rappelle les soirées pleines de gaieté dans les grandes cuisines des vieilles auberges, où l’on buvait des quantités inouïes de bonne vieille ale et où l’on chantait des chansons comiques avec des chœurs si bien attaqués que, pour ne pas y participer, il fallait être accablé d’une grande fatigue, ou être passé de la plus folle gaieté à un singulier degré de soudaine mélancolie ; qu’on dût être définitivement conduit à finir la soirée dans les larmes ou même sous la table. Il se souvient de tout cela et il se demande (étant fou, il est naturel qu’il s’adresse cette question), s’il est bien ce même individu qui était autrefois le compagnon le plus spirituel, le plus beau, le plus généreux, le meilleur, baptisé il y a longtemps sous des flots de champagne, dans une rivière de vieux vin du Rhin, de Moselle et de Bourgogne, sous le nom de Dick le Diable.
Mais un événement vient interrompre ces tristes souvenirs dans l’obscurité grandissante, car bientôt Richard entend tirer le verrou de sa porte et la voix du gardien disant :
« Là, entre, et ne dis à la personne que tu arrives. Je vais venir avec son souper et sa lampe, et je t’apprendrai alors de ce que tu as à faire. »
Richard, naturellement, regarda dans la direction de la porte, car il comprit que ce devait être l’enfant étranger.
Or, comme son dernier jeune compagnon comptait un certain nombre de printemps, sans parler d’un même nombre d’hivers enregistrés sur des mains crevassées d’engelures, les yeux de Richard se portèrent vers la porte ouverte, à une hauteur du sol ordinairement atteinte par un garçon de quinze ans, et Richard ne vit rien. En conséquence, il abaissa son regard, et à une élévation à peu près voisine de celle qu’aurait pu avoir le bouton le plus bas du gilet de son dernier compagnon, il aperçut la petite, pâle et chétive figure d’un très-pâle et très-chétif petit garçon.
Ce chétif petit garçon resta debout, frottant son petit pied droit contre le petit fuseau de sa jambe gauche, et regardant attentivement Richard. Dire que son visage mince avait beaucoup d’expression, serait dire très-peu ; car l’expression régnait dans tous les traits de sa physionomie.
Résolution, réflexion, énergie, force de volonté et vivacité d’esprit, tout cela était écrit en lignes incontestables sur cette figure pâle et rétrécie ; ses traits étaient remarquablement réguliers et n’avaient rien de commun avec les traits ordinaires d’un enfant de son âge et de sa classe ; son petit nez était parfaitement aquilin ; sa bouche pleine de décision eût pu appartenir à un premier ministre ayant du sang des Plantagenets dans les veines ; ses yeux d’un gris-bleu, étaient petits et un peu trop rapprochés, mais le feu qui les illuminait était celui d’une intelligence merveilleuse dans un être aussi jeune.
Richard, quoique étourdi et paresseux, n’avait jamais été dépourvu du goût des choses intellectuelles, et dans les bons jours passés, il s’était occupé de l’étude de plus d’une science, et avait adopté et rejeté plus d’une vérité. Il y avait en lui du physionomiste, et un seul coup d’œil jeté sur le visage du petit garçon lui fit voir suffisamment de quoi exciter sa surprise et son intérêt.
« Ainsi, dit-il, vous êtes le nouveau petit garçon ; asseyez-vous. » Il lui montra, en parlant, un petit escabeau de bois près du lit.
« Asseyez-vous, et habituez-vous au logis. »
L’enfant obéit, et s’assit sans hésiter à côté de l’oreiller de Richard, mais l’escabeau était si bas et il était si petit, que Richard dut changer de position pour pouvoir plonger ses yeux sur lui par-dessus les bords de son lit. Quant à se faire au logis, les petits yeux gris se promenèrent sur les quatre murs blanchis, puis ils se fixèrent sur les barreaux de la croisée avec une telle attention, qu’il sembla à Richard que l’enfant calculait l’épaisseur et la force de résistance de chaque barre de fer, avec l’exactitude d’un mathématicien.
« Quel est votre nom, mon garçon ? » demanda Richard.
Il s’était toujours fait aimer de ses inférieurs, par ses manières, alliant la noble réserve d’un haut et puissant monarque, à la bonté familière d’un prince populaire.
« Slosh, monsieur, répondit l’enfant, en faisant un grand effort pour retirer ses yeux de dessus les barreaux de fer et les tourner sur Richard.
— Slosh… un nom curieux. Votre nom de famille, j’imagine.
— Mon nom de famille et mon prénom en même temps, monsieur : Slosh par abréviation de Sloshy.
— Mais vous n’avez pas de nom de famille, alors ?
— Non, monsieur ; enfant trouvé, monsieur.
— Un enfant trouvé, mon ami ; et on vous appelle Sloshy, mais c’est le nom de la rivière qui traverse Slopperton.
— Oui, monsieur, trouvé dans la vase de la rivière, quand je n’avais que trois mois, monsieur.
— Vous avez été trouvé dans la rivière, pauvre enfant !… et par qui ?
— Par la personne qui m’a adopté, monsieur.
— Et cette personne ? demanda Richard.
— Est employée dans la police active, monsieur ; agent. »
Ce seul mot opéra un changement subit dans les manières de Richard, il se leva sur son coude, regarda attentivement l’enfant et lui demanda d’un air empressé.
« Cet agent, quel est son nom ? Mais, non, murmura-t-il, je ne dois pas même connaître le nom de cet homme. Attendez, dites-moi, vous connaissez peut-être quelques-uns des individus de la police active de Slopperton, en dehors de votre père ?
— Je connais la boule de chacun d’eux, et c’est un beau régiment, qui fait honneur au pays, et est très-heureux de son sort.
— Connaîtriez-vous, par hasard, parmi eux, un homme muet ?
— Seigneur Dieu, monsieur, c’est lui !
— Qui ? lui ?
— Le père, monsieur ; celui qui m’a trouvé et m’a adopté. J’ai un message pour vous, monsieur, du père, et j’allais vous le communiquer, mais j’ai pensé que je pouvais un peu regarder autour de moi auparavant ; mais, attendez… Oh ! mon Dieu, le gentleman a un accès, il s’est évanoui. Holà ! dit-il, courant vers la porte et appelant d’une voix perçante. Venez ouvrir par ici ; voulez-vous apporter une lumière. Le gentleman s’est évanoui, il est comme mort et il n’y a pas ici une goutte d’eau pour lui jeter sur la figure. »
Le prisonnier, en effet, s’était renversé sur son lit, privé de sentiment. Pendant huit longues années il avait conservé dans son cœur une lueur d’espoir, quoique faible, qu’il recevrait un jour quelque témoignage du souvenir de l’homme qui avait pris une part étrange dans la crise dramatique de sa vie. Ce rayon de lumière s’était dernièrement éteint avec tous les autres rayons qui avaient autrefois éclairé sa triste existence, mais dans le moment même où tout espoir était abandonné, ce témoignage, si ardemment attendu, tombait sur lui si soudainement, que le choc était trop violent pour son esprit bouleversé et pour son corps affaibli.
Quand Richard se remit de sa défaillance, il se trouva seul avec le petit garçon de Slopperton. Il fut assez surpris de la position du jeune personnage, qui avait placé l’escabeau de bois sur la petite table carrée en bois de sapin à côté du lit, et s’était assis sur ce siège, comme dans une chaire improvisée, ayant de cette élévation la vue complète du visage de Richard, sur lequel ses deux petits yeux gris étaient attentivement fixés, avec le même air réfléchi qu’il avait eu en regardant les barreaux de fer.
« Allons, maintenant, dit-il, avec le ton encourageant d’une garde-malade expérimentée, allons, maintenant, nous ne devons pas nous permettre de telles absences, parce que justement nous entendons parler de nos amis ; parce que, voyez-vous, si nous allons ainsi, nos amis ne pourront rien faire de bon pour nous, tout excellentes que puissent être leurs intentions.
— Vous m’avez dit que vous aviez un message pour moi, dit Richard d’une voix faible mais inquiète.
— Oui, et il n’est pas long, le voici, répondit le jeune homme du haut de sa chaire ; puis il continua ayant complètement l’air de citer les paroles du texte : Relevez votre bec…
— Relevez quoi ? murmura Richard.
— Votre bec. Relevez votre bec, ce sont ses propres paroles ; et comme il n’a pas encore appris à faire un mauvais dîner de ses propres paroles il n’est pas probable qu’il veuille reprendre celles-ci pour les manger. Il m’a dit, sur ses doigts, bien entendu, « Dis à ce gentleman de relever son bec, et de s’en reposer pour tout le reste sur toi, car tu es une édition en miniature de tout ce qui peut trancher les difficultés, comme jamais couteau ne saurait le faire, ou alors je dirais que je t’ai élevé pour rien qui vaille. »
Ce discours était tant soit peu vague, aussi n’était-il pas extraordinaire que Richard n’en éprouvât pas immédiatement une grande consolation. Cependant, malgré lui, il en trouvait une considérable dans la présence de cet enfant, quoique il eût presque du mépris pour lui-même, d’attacher la moindre importance aux paroles d’un bambin à peine âgé de huit ans. Certainement ce bambin de huit ans avait une finesse qui eût été presque remarquable dans un homme du monde de cinquante, et Richard ne pouvait s’empêcher de penser qu’il avait pris ses grades dans quelque autre hémisphère et avait été jeté dans celui-ci, petit de taille, mais complètement développé sous le rapport de la sagacité ; il lui semblait encore qu’un homme intelligent et achevé avait été réduit aux dimensions de ce petit garçon, pour le rendre plus pénétrant, comme l’on fait bouillir un quart de jus de viande pour le concentrer en une pinte, afin d’avoir des potages plus consommés.
Mais n’importe d’où il venait et ce qu’il était, l’enfant se trouvait là, déclamant du haut de sa chaire et présentant à Richard la tasse de bouillon qui composait son souper.
« Maintenant, ce que vous avez de mieux à faire, dit-il, c’est de vous bien porter ; car jusqu’à ce que vous alliez bien, et que vous soyez assez fort, il n’y a pas la moindre probabilité de pouvoir changer d’appartement, à moins que vous ne teniez à garder le même, ce qui n’est peut-être pas très-vraisemblable. »
Richard le regarda avec un étonnement qu’il ne put contenir.
« Me regarder, ne vous guérira pas, dit son jeune compagnon, avec un manque de respect amical, quand même vous prendriez le modèle de ma figure à pouvoir la dessiner même dans l’obscurité. Ce que vous avez de mieux à faire, c’est de manger votre souper, et demain nous verrons ce que nous pouvons faire pour vous par rapport au vin de Porto ; car si vous n’êtes pas fort et bien portant avant que la rivière qui baigne le mur en dehors ne soit baissée, il est probable qu’il s’écoulera du temps avant que vous puissiez voir le côté extérieur du mur en question. »
Richard saisit fortement le petit bras de l’enfant, avec une étreinte qui, en dépit de son état de faiblesse, avait, une vigueur fiévreuse, qui fit presque tomber son jeune compagnon de son échafaudage.
« Ne me parlez jamais d’une chose aussi folle, dit-il, dans le désordre de son agitation.
— Que Dieu vous bénisse, dit l’enfant ; votre esprit ne voit que des choses folles. Nos habitudes sont plus sérieuses, mais ce que vous avez à faire, c’est de dormir, et non de vous tourmenter ; et comme je vous l’ai déjà dit, et comme je vous le répète, quand vous serez bien portant et fort, nous penserons à changer d’appartement. Nous prendrons pour prétexte que la vue du dehors est trop animée, et que lemur blanchi nous fatigue les yeux. »
Pour la première fois depuis de nombreuses nuits, Richard dormit parfaitement, et en ouvrant les yeux le matin du jour suivant, sa première pensée fut de se convaincre que l’arrivée du petit garçon de Slopperton n’était pas un rêve extravagant, enfanté dans son cerveau dérangé. Mais non, l’enfant était là ; qu’il se fût endormi dans sa chaire ou qu’il n’eût jamais quitté Richard des yeux de toute la nuit, il était là, ayant les yeux exactement fixés sur sa figure, comme ils l’avaient été la soirée précédente.
« Eh bien, je déclare que vous êtes bien mieux depuis la bonne nuit que vous venez de passer, dit-il, en se frottant les mains, tandis qu’il examine Richard ; et nous sommes disposés à déjeuner aussitôt que nous le pourrons, ce qui ne tardera pas, à en juger d’après le bruit des bottes ferrées de notre gardien qui descend le passage avec son bidon à la main. »
Ce renseignement vague fut confirmé par le bruit extérieur dans le corridor de pierre, qui retentissait comme si une grosse paire de bottes à la Blucher voyageait de compagnie avec un bidon et une cuiller à café.
« Chut ! dit l’enfant, levant son doigt en signe d’avertissement, restez sombre. »
Richard ne savait pas positivement ce que voulait dire restez sombre ; mais comme, mentalement et physiquement, il s’était résigné sans effort à suivre la direction de son petit compagnon, il resta parfaitement calme, et ne prononça aucune parole.
Pour obéir à ce jeune guide il mangea aussi son déjeuner, jusqu’à la dernière bouchée de la portion réglementaire de pain et jusqu’à la dernière cuillerée de la ration réglementaire de café, y compris même, le marc (qui dominant dans ce liquide, formait une espèce de dépôt au fond du bidon, communément appelé par les pensionnaires de l’asile, l’épais) car, comme le dit l’enfant, ce marc est fortifiant. Le déjeuner terminé, le médecin de l’asile arriva, dans le cours de sa ronde matinale, pour faire sa visite à la cellule de Richard. Sa science était à bout, il n’avait pu parvenir à trouver un traitement pour l’étrange maladie dont le prisonnier était atteint. Un des caractères principaux de la maladie de ce jeune homme, ayant été la perte complète d’appétit et l’absence presque absolue de sommeil, lors donc qu’il apprit que son malade avait bien mangé à souper, bien dormi toute la nuit, et finissait à peine d’absorber son déjeuner réglementaire ; il dit :
« Allons, allons, nous sommes mieux, puisque notre indisposition se dessine ; nous avons l’esprit tranquille aussi, n’est-ce pas ? Nous ne nous tourmentons pas de Moscou, et ne nous rendons pas malheureux pour Waterloo, je l’espère ? »
Le docteur de l’asile était un charmant homme, réjoui et bon vivant, qui s’accommodait des fantaisies de ses malades, toutes bizarres qu’elles pussent être, et quoique la moitié des rois de l’histoire d’Angleterre fussent représentés dans l’établissement, il passait pour ne jamais oublier le respect dû à un monarque, quelque familier que pût être celui-ci. Aussi était-il généralement aimé, et avait-il reçu plusieurs ordres du Bain et de la Jarretière, sous la forme de chiffons rouges et de morceaux de papiers, et des titres nombreux expédiés au moyen de vieux papiers roulés et de lambeaux de journal, qui eussent pu lui servir à s’établir magnifiquement, s’il eût eu seulement quelques bouteilles et une poupée noire pour enseigne. Il savait que la folie de Richard consistait à se croire l’aigle enchaîné du rocher battu par la mer, et pensait lui faire plaisir en se prêtant à son hallucination.
Richard le regarda avec un air plein de tristesse.
« Je ne pense plus à Moscou, monsieur, dit-il d’une voix grave : les éléments m’ont vaincu, et ils furent plus forts qu’Annibal ; mais à Waterloo, ce qui a brisé mon cœur, a été non la défaite, mais la disgrâce. »
Il détourna la tête en parlant, et se coucha en silence, tournant le dos à l’excellent docteur.
« Pas de reproches sur sir Hudson Lowe, j’espère ? dit l’homme de l’art, on vous donne tout ce que vous désirez, général ? »
Le bon docteur, avait si bien pris l’habitude de complaire à ses malades, qu’il avait toujours leurs titres sur le bout de la langue, et suivait parfaitement en cela les traces du Pinnock de Goldsmith.
Le général ne répondant pas à la question, le docteur porta les yeux du prisonnier à l’enfant, qui, par considération pour l’homme de l’art, descendit de sa chaire, et se tint debout, tirant une très-petite mèche de cheveux, avec un geste qui voulait représenter un salut.
« Demande-t-il quelque chose ? dit le docteur.
— Ne demande-t-il pas ? dit l’enfant, répondant à une question par une autre. Il n’a fait autre chose que de toujours demander une goutte de vin. Il dit qu’il se sent une espèce de faiblesse, que le vin seul pourrait guérir.
— Il en aura, alors, dit le docteur ; un peu de vin de Porto légèrement ferré lui fera plus de bien que toute autre chose, et assurez-vous par vos yeux qu’il le prend. Je lui ai donné il y a quelque temps du quinquina, et cela a si peu réussi à lui donner des forces, que quelquefois je me mets à douter qu’il l’ait pris. S’est-il plaint de quelqu’autre chose ?
— Oui, monsieur, dit l’enfant, regardant avec attention son questionneur, et semblant peser chaque mot avant de le prononcer. Il y a une chose que j’ai pu saisir dans ce qu’il dit quand il se parle à lui-même, et cela lui arrive terriblement souvent, une chose qui tourmente horriblement son esprit, mais je ne suppose pas qu’il soit, au reste, bien utile de la mentionner ici. »
Il s’arrêta, hésitant, et regardant anxieusement le docteur.
« Mais pourquoi pas, mon garçon ?
— Parce que, voyez-vous, monsieur, ce après quoi il soupire si ardemment est contre les règlements de l’asile ; au moins contre ceux que l’administration met en vigueur pour les individus dans sa position.
— Mais qu’est-ce donc, mon brave ami ; dis-moi ce qu’il désire ? dit le médecin.
— Vraiment, c’est une singulière envie, j’ose le dire, monsieur. Mais il fait allusion en parlant des autres… Il hésita, comme arrêté par un sentiment de délicatesse envers Richard et substitua le mot « pensionnaires. » Et il dit, que s’il pouvait seulement lui être permis de se mêler à eux de temps en temps, il serait heureux, aussi heureux qu’un roi. Mais naturellement, comme je le lui disais quand vous êtes entré, monsieur, c’est contre les règlements de la maison, et par conséquent impossible. La raison de cela, c’est que les règlements d’ici étant comme ceux des Médos et des Péruviens (il voulait sans doute dire des Mèdes et des Perses) ; on ne peut les enfreindre.
— Je ne suis pas de cet avis, dit l’excellent docteur. Ainsi, général, ajouta-t-il, en se tournant du côté de Richard, qui alors restait couché les yeux fixés sur lui, d’un air tout à fait inquiet, ainsi, général, vous désireriez vous mêler dehors à la société de vos amis de la maison.
— Cela me ferait plaisir, en vérité, monsieur. »
Le regard profond et ardent avec lequel Richard examinait le visage du docteur, ne ressemblait nullement à celui d’un fou.
« C’est bien, alors, dit le médecin. (C’était le plus accompli des docteurs que j’eusse jamais rencontré, toujours un excepté et c’était un Irlandais qui était un ange descendu sur terre). C’est bien, alors, nous devons nous occuper de vous faire accorder cette faveur ; mais je vous avertis, général, que vous trouverez là le prince Régent, et je ne répondrais pas que vous ne puissiez rencontrer lord Castlereagh, et cela pourrait être pour vous chose désagréable, n’est-ce pas, général ?
— Non, non, monsieur ; n’ayez aucune crainte. La différence dans les opinions politiques ne saurait jamais…
— Intervenir dans les relations privées. Un noble sentiment, général, et que vous avez éprouvé, j’ose le dire, quand vous avez ordonné la mort du duc d’Enghien. Très-bien, vous vous mêlerez à la société des autres pensionnaires demain matin ; je parlerai à ce sujet au conseil cette après-midi ; c’est aujourd’hui justement jour de réunion. Vous trouverez George IV, un charmant compagnon ; il est venu ici parce qu’il avait la manie de vouloir prendre aux autres tout ce qui tombait sous sa main : il appelait cela prélever des taxes. Bonjour, je vais vous envoyer immédiatement du vin de Porto, et on vous en donnera deux verres par jour ; ainsi donc, bon courage, général.
— Parfait, dit le petit garçon de Slopperton, comme le docteur fermait la porte derrière lui ; voilà un médecin qui est une vraie brique, et tout ce que je puis dire, c’est de répéter ses dernières paroles, qui devraient être imprimées en lettres d’or, hautes d’un pied, paroles qui sont : bon courage, général. »