La Source et origine des cons sauvages/02
LE PROLOGUE
De l’Autheur.
Oy conſiderant les profits & dommage
de ſe marier ou non, & par
vne ſtudieuſe & ingenieuſe curioſité, longuement
ambigueuz & douteux, lequel
on deuoit faire ou laiſſer, ie ma’lay aduiſer
d’vne aſpre & difficile demande, autresfois
menée entre aucuns Gentilshommes
eſtudiant trop douteux, & faiſans difficulté,
ſi en ſe mariant ſeroit conuenable
de prendre vne vefue, dont en ſourdit vne
groſſe queſtion non accouſtumée. Et pour
ſatis-faire à ceux qui eſtoient en cette
Foreſt des Cons, eſtimant & penſant
qu’en multitude de nopces, eſt requis
grand nombre de Cons & d’autant que les
mariages des vns, n’y les eſpoux, n’y les eſpouſes,
ne reſſemblent iamais les vns aux autres,
pour cette cauſe & raiſon, ie veux dire
& conclure ſelon les differentes nopces
& eſpouſes, les Cons ſont auſſi differens.
Et pour auoir cognoiſſance de la diſtinction
& difference d’iceux, de leurs facheries
& delectations : & pour enſeigner à tous hommes, l’eſlection ou reprobation
d’iceux, afin qu’ils puiſſent fuir &
euiter tant de miſerables maladies & inconueniens
qui s’enſuyuent. Et pour ce
qu’en liſant ce petit Traicté, aucuns ſe
pourroient eſbahir comment i’ay tant
voulu peyner à magnifier les mariages des
vefues, qui s’appellent ſecondes nopces,
& les Legiſtes en ce cas vſent d’vn terme
qui s’appelle Con voler. C’eſt une choſe
bien ſauuage, que de voir un Con voler,
toutesfois pour ces conuolemens les ſecondes
nopces ſont reprouuées du Droict
Ciuil : & ſemble proprement que les Loix
Imperialles tiennent pour profanes, & excommuniées
les femmes qui ſe marient
deux fois. Car quand elles ſont mariées
premierement, & que lon vient au depucelage,
que nos Ançiens appellent defloration,
leurs mariz ne peuuent auoir
auec elles parfaicte delectation voluptueuſe
coniugalle, pource que ces tendre
fillettes, & qui iamais n’auallerent pillules
incarnatiues, quand ce vient à les incorporer
ne ſçauent qu’elle font, & eſt vn labeur
ineſtimable, que de les froter & eſtriller,
iuſques à ce qu’elles ſoyent domeſtiqeument
appriuoiſées, à hardiment exercer l’acte de generation : Mais la gaillarde
vefue, qui a gouſté & ſouuentes-fois ſauouré
le ſupoſitoire barbarique puis a demeuré
quelque temps ſan en vſer, quand
ce vient aux ſecondes nopces à recommencer,
pour gratifier ſon ſecond mary,
auſſi pour en prendre vn bon repas ſans
peché, dont elle en à longuement ieûné,
outre ce à apris en ſes premieres nopces,
elle fait quelques geſtes dauantage de
ſouppleſſe de corps, plus allegre qu’elle
n’auoit accouſtumé. Or le titre de la
queſtion ſur laquelle ce preſent Traicté
ſe fonde eſt tel car vne ieune femme vefue
qui en ſes premieres nopces, aura porté
vn enfant auſſi grand qu’vn homme, &
puis des petits en après, perdant ſon mary
elle demeurera cinq ou ſix ans en vefuage
ſans beſongner du meſtier de Nature, à
ſçauoir mon s’il eſt poſſible que le Con
luy puiſſe bonnement tourner en ſi
louable diſpoſition, qu’elle ſente douleur
& ledict Con luy cuiſe quand lon recommencera
à labourer. Pour la deciſion de
ceſte queſtion tant ardente, & pour ſatis-faire
aux deſir des Dames & Demoiſelles,
& honorables vefues, i’ay eu conference
auec beaucoup de venerables & ançiennes prelattes & pudiques matrones,
expertes en tels ſecrets, auec leſquelles
la diſputation à pluſieurs fois duré aſſez
longuement, pour mieux inueſtiguer
le fonds de la matrice ſubtile, en fin la reſolution
fut telle, comme cy apres entendrez
vers la fin de ce preſent Traicté, lequel
à l’honneur du deuot ſexe feminin.
Dont nous prions affectueuſement, & afin
que tous nobles eſprits hommes & femmes,
& autre des eſtats deſquels il appartiendra :
entendent plus diſtinctement & facillement
le contenu d’iceluy, ſeparé & diuisé
par chapitres, comme cy deſſous eſt
ordonné, vous ſuppliant, mes tres-honorez
Lecteurs, prendre en gré mon petit
labeur.