Traduction par Anonyme.
au Palais-Royal (p. v-vii).


AVANT-PROPOS



Comment, dit la vénérable matrone, faudra-t-il dévoiler ainsi les chastes droits d’Hyménée et les ravissements du lit conjugal ?

Taisez-vous, critiques atrabilaires, ce n’est pas pour vous qu’on a imprimé ce petit traité.

Vous qui avez passé la grande climatérique des joies égayantes de la nature, vous n’êtes pas absolument les personnes pour l’instruction et l’amusement desquelles on a écrit ces dialogues.

Pour qui donc ? va-t-on s’écrier.

Pour la jeune et naïve nymphe, qui est résolue de sacrifier sa virginité sur l’autel du dieu de l’Amour, pendant que le sang de la jeunesse coule dans ses veines et lui empourpre les joues d’un beau carmin.

C’est seulement à celle-là qu’on a dédié ce petit traité, afin qu’elle soit capable de juger dans la première nuit de son mariage si on lui rend l’hommage qu’elle a le droit d’exiger de son époux, et dont plusieurs sont injustement privées dans l’embrassement d’un débauché affaibli par les plaisirs, à cause de leur simplicité et de leur ignorance.

L’éditeur, loin de croire honteux d’instruire la jeune fille sans expérience dans les mystères de Vénus, est d’avis qu’on empêcherait beaucoup de divorces désagréables et beaucoup de querelles domestiques, si les dames avaient la faculté d’expérimenter la virilité de leurs époux avant le mariage.