La Pensée (Gilkin)

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La NuitLibrairie Fischbacher (Collection des poètes français de l’étranger) (p. 100).
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LA PENSÉE



L’ange noir m’a tendu la coupe d’onyx noir
Où bout sinistrement la liqueur cérébrale.
J’ai versé la mort dans ma bouche sépulcrale :
Ô charme des terreurs ! Splendeurs du désespoir !

Pensée, âcre poison, rongeur des énergies,
Qui détruis le bonheur, l’amour et la santé,
Tu dissous tout espoir et toute volonté
Dans les cœurs altérés de tes sombres magies.

Quelle odeur de cadavre en cet horrible vin !
— J’ai vu. J’ai lu. J’ai su. Je sais que tout est vain.
Tous les plaisirs pour moi meurent avant de naître.

Qu’importent les printemps à mon âme d’hiver
Qui ne peut plus jouir et ne veut plus connaître
Et qui préfère aux fleurs l’acier d’un revolver !