La Mystification fatale/Première Partie/Appendice B


Texte établi par Léandre d’André, Imprimerie André Coromilas (p. 94).


APPENDICE B


Chant du Symbole (page 18)


L’usage de chanter le symbole au lieu de le réciter, n’a commencé à se développer dans le Nord et l’Occident de l’Europe, qu’à une époque postérieure à l’invasion des Barbares. Cette innovation ne s’introduisit que plus tard encore en Italie et à Rome, car nous avons vu qu’entre autres recommandations, Léon III engageait Charlemagne à défendre le chant du symbole, vu que cet usage n’était pas pratiqué à Rome. (Fleury. l. 45 ch. 48).

Cette innovation me semble tirer son origine d’une méprise, provenant de l’ignorance dans laquelle se trouvaient alors les Barbares du Nord, relativement à la langue latine : Le verbe latin canere signifie non seulement chanter mais encore réciter (Voir le dictionnaire de Quicherat) ; il est donc très probable que lisant dans les formulaires des offices la rubrique : nunc canitur symbolum, ils aient pris ce verbe dans le sens de chanter ; trouvant ensuite le chant plus agréable que la simple récitation, ils s’attachèrent à cet usage, et n’en voulurent plus démordre.

Le comte de Maistre est curieux à entendre à ce sujet, il écrivait à un surintendant des églises luthériennes de Livonie : « Nos symboles sont vrais, et voilà pourquoi nous les chantons, car l’amour seul peut chanter et il y a toujours de l’amour dans la foi. » Ce qui implique qu’ils seraient faux, si on ne les chantait pas. Le même ajoute au reste, sans paraître y prendre garde : « Un symbole n’est point un ordre à la raison, c’est une confession d’amour. » Point du tout, un symbole est une confession de croyance, c’est pourquoi il commence par le mot credo et s’appelle aussi de ce nom. On aime parce que l’on croit d’abord fermement, loin de commencer par aimer ce que l’on ne connaît pas.