La Mission Marchand (I. Congo - Nil ; II. Fachoda)
Fayard Frères (p. 129-139).

X

ADIEU, NIL !


Le 5 décembre, le Faidherbe mouillait en face de Fachoda.

Depuis une heure il avait été signalé.

Sur la rive, officiers, tirailleurs s’étaient rassemblés pour le recevoir.

Tous les yeux suivaient avec anxiété le petit vapeur, qui apportait la réponse à la question sans cesse présente à la pensée des vaillants compagnons de Marchand.

Le bateau stoppe.

Marchand et Baratier descendent sur le rivage.

Tous les entourent.

Déjà leurs visages graves, la tristesse qui émane d’eux ont appris à tous la cruelle vérité.

Mangin murmure :

— C’est donc vrai ?

Et le commandant, inclinant la tête, prononce d’une voix sourde :

— Il faut partir !

Il faut partir… il faut partir… Ces paroles volent parmi les groupes de tirailleurs.

Les faces noires grimacent, les yeux ont des lueurs sanglantes en se fixant là-bas sur les troupes anglaises qui, de loin, regardent curieusement comment les Français accepteront l’événement.

Depuis cinq jours, ils connaissent la vérité, mais ils ont gardé le secret.

Comme l’écrivait à sa famille le jeune lieutenant Hobson : Ils avaient voulu laisser à Marchand le plaisir d’annoncer la nouvelle à ses compagnons.

Les Sénégalais ont tous leurs fusils.

Leurs mains noires se crispent sur le fût du Lebel.

On sent qu’il suffirait d’un geste pour qu’ils se ruent sur les Anglais.

Non. Il ne faut pas.

La mission doit partir correctement, sans faire de folies qui engageraient le gouvernement français.

De ce jour, on commença les préparatifs de départ.

La colonne ne regagnerait pas la France par le Nil.

C’eût été le chemin le plus direct, le plus facile, mais c’était la voie anglaise.

Non, on passerait par le Sobat, l’Abyssinie, le Harrar, Djibouti.

Par là au moins, avant d’atteindre des terres françaises, on marcherait au milieu de peuples libres du joug britannique.

Le 10, tout était prêt.

Le lendemain, tous les hommes valides s’embarqueraient sur le Faidherbe et les chalands.

Neuf personnes seulement resteraient à Fachoda, jusqu’au moment où elles seraient en mesure de gagner le Caire, Alexandrie et la France.

C’étaient des malades auxquels il eût été imprudent d’imposer de nouvelles fatigues.

L’adjudant de Prat.

Le sergent Bernard.

Sept tirailleurs, dont l’un devait mourir en route, à l’hôpital anglais d’Ondourman.

La soirée fut pénible.

Pour la dernière fois, on campait sur ce territoire conquis au prix de tant de peines.

Quelques heures encore, et l’on partirait comme une tribu d’autrefois, exilée de ses champs, de ses cabanes, par la volonté d’un puissant envahisseur.

On irait droit devant soi, en fugitifs qui attendent tout de la bienveillance de leurs hôtes de rencontre.

Jusque-là on avait poussé de l’avant en conquérants.

On prenait possession des forêts, des plaines, des fleuves au nom de la France.

Maintenant la marche triomphale était finie.

C’était la retraite sombre qui allait commencer.

Marchand et ses officiers étaient groupés sur le rempart. Ils regardaient le ciel indigo parsemé d’étoiles, et peut-être ils songeaient qu’au milieu des constellations, ils auraient voulu voir luire éclatant un astre momentanément éclipsé, l’étoile de la France.

Car au fond du cœur de tous les énergiques, de tous les fiers, de tous les nobles esprits de notre race, sommeillent les vieilles traditions gauloises.

Elles sortent de leur torpeur aux jours de tristesse.

Et alors nous levons les yeux et nos âmes, dédaigneuses de la terre, montent aux étoiles puiser dans leur clarté les énergies de l’avenir.

Pas une parole n’était prononcée.

À quoi bon ?

Tous n’éprouvaient-ils pas la même angoisse. Tous ne sentaient-ils pas, dans un même frisson, passer les dernières heures françaises de ce coin de terre, de ce large fleuve dont les eaux inconscientes coulaient vers l’Égypte anglaise.

Et soudain des pas sonnèrent dans le silence.

Un officier britannique, conduit par un tirailleur, s’approchait.

Sa silhouette raide se dessinait dans la nuit bleue.

D’un geste, le Sénégalais désigna le commandant qui s’était retourné et regardait.

L’Anglais s’approcha de lui, salua correctement et, sans parier, tendit un pli au chef de la mission Congo-Nil.

À la lueur d’une allumette bougie, Marchand lut.

La missive était écrite de la main de Jackson-Bey, gouverneur pour le Royaume-Uni de moudirieh de Fachoda.

Averti que la mission quitterait le pays le lendemain, le major proposait au commandant d’amener les forces anglaises auprès du drapeau français pour lui rendre les derniers honneurs.

Avec un crayon que lui présenta le capitaine Germain, Marchand traça sur le papier :

« Je vous remercie de votre courtoisie, mais, vous le comprendrez, le deuil s’accorde mal avec les manifestations bruyantes. »

Et le messager, chargé de cette réponse si digne dans son laconisme, s’éloigna.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

L’aube du 11 décembre éclaire le paysage.

Six heures à peine.

Le Faidherbe est sous pression.

De sa cheminée noire s’échappent, par bouffées, des fumées blanches.

Autour du moudirieh ruiné, sur lequel un vent assez fort fait claquer le pavillon de France, les tirailleurs sont rangés, l’arme au pied.

Au loin, curieux mais non hostiles, les Anglais massés observent.

Le commandant Marchand arrive, suivi de ses officiers.

Un instant il s’arrête, contemple longuement le drapeau, puis il a un geste de résignation douloureuse.

Il lève la main.

Aussitôt les clairons sonnent.

Un sous-officier va à la perche qui sert de hampe au drapeau.

Un silence profond, puis un léger grincement.

C’est la poulie de drisse qui commence à tourner.

Et lentement, lentement, le pavillon descend.

Le voici à la portée du sous-officier.

Celui-ci le plie religieusement.

De toutes les poitrines s’échappe un soupir rauque ; sur toutes les joues il y a des larmes.

C’est fini.

Les couleurs de France ne se mireront plus dans les eaux du Nil.

Et, alors, une sorte de hâte s’empare de tous. Les escouades se disloquent, marchent vers le rivage.

On embarque, abrégeant les adieux des malades qui restent là, à Fachoda.

À huit heures, tout le monde est à bord, tout est paré.

La sirène du Faidherbe lance un signal. Cela est lugubre.

On dirait un sanglot qui court sur les eaux, s’éloigne, s’éteint.

La flottille s’ébranle.

Elle défile devant les maisons blanches que, quatre mois plus tôt, on a saluées comme le terme du voyage.

Comme on était heureux ce jour-là… et que cela est loin.

On a dépassé les dernières habitations.

Sur la berge, le bataillon du major Jackson est aligné.

Il présente les armes.

Et les bateaux s’éloignent toujours[1]

Le lendemain, 12 décembre, les derniers Français quittaient à leur tour Fachoda. Ils revenaient vers la patrie, conduits par l’adjudant de Prat qui a raconté ainsi leur retour :


france ! espoir !

« Dès que la flottille a eu disparu, le commandant anglais a pris possession de l’ancienne citadelle de Fachoda que les Français avaient eu le temps de fortifier et de mettre en état de défense. On aurait pu résister sérieusement. Le drapeau anglais fut aussitôt hissé à côté du drapeau égyptien, sans aucun éclat, sans aucune cérémonie.

Il est évident que les Anglais ont voulu ménager l’amour-propre et aussi la douleur des malades qui étaient laissés à Fachoda. En un mot, les soldats anglais se sont montrés très corrects, il convient de leur rendre cette justice. L’occasion en est si rare.

Le détachement des malades, au nombre de neuf — un tirailleur est mort en route — parti le 12 décembre à bord de la canonnière égyptienne Nasser, arriva le 18 à Ondourman. C’est là que l’adjudant de Prat apprit la mort du brave tirailleur qui, ne pouvant continuer le voyage, avait été reçu à l’hôpital anglais.

Avec une profonde émotion l’adjudant de Prat a raconté ce douloureux incident, a fait à ce propos l’éloge de ces braves tirailleurs sénégalais qui ont montré, dans les circonstances les plus pénibles de l’expédition, le courage le plus remarquable.

Très grands sont les services rendus par eux. Aussi, officiers et sous-officiers ne les traitaient pas en subalternes, mais en camarades, en amis. Ils ont réellement conscience de la grandeur du pavillon français, qu’ils aiment déjà autant que nous-mêmes.

Le détachement séjourna jusqu’au 22 à Ondourman où il fut reçu par le major de la garnison, qui lui montra beaucoup d’égards. Les officiers et sous-officiers anglais avaient préparé plusieurs réceptions. Dans l’une, d’elles, la Marseillaise fut chantée par les soldats anglais en l’honneur de leurs hôtes.

Le 23, on partit à bord du bateau postal Akasich pour Atbara ; où l’on arriva le 25. Le chemin de fer transporta le détachement à travers le désert de la Nubie, et le 27, il arrivait à Ouadi-Alfa.

Le 28, les rapatriés quittaient Chel-Al et arrivaient, le 29, au Caire. En passant à Louqsor, l’adjudant de Prat trouva un télégramme du ministre de France au Caire, l’invitant à y faire un séjour. L’adjudant profita de cette invitation, car le détachement était très fatigué. Les soldats français furent très bien traités par M. Pagnon, un de nos compatriotes, directeur de l’hôtel de Louqsor, qui les entoura de soins, et par M. Legrain, inspecteur des antiquités.

Le détachement arriva ainsi, le 3 janvier, au Caire, complètement rétabli et remis de ses fatigues.

Les huit hommes atteignent enfin la Méditerranée.

Ils s’embarquent sur l’Orénoque, sont accueillis à Marseille par des ovations enthousiastes.

Peu après, l’adjudant de Prat épousait la douce fiancée qui l’avait attendu pendant son long voyage.

Il donnait ainsi raison au sous-officier, dont nous avons transcrit le journal dans le premier volume de la mission Marchand (Congo-Nil) et qui disait :

— Je pense à Louise, mon capitaine a dans son portefeuille un portrait de femme. Le Congo-Nil, c’est donc une mission d’amoureux.

Eh oui ! petit sous-off, l’amour, le vrai, celui que ressentent les braves gens comme toi, cet amour est encore du dévouement, et il sied bien à ceux qui savent jouer leur existence pour l’honneur.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Cependant la flottille de Marchand gagnait le Sobat.

La traversée du pays jusqu’à Djibouti a été racontée par les officiers de la mission ; rien n’est plus consolant que de répéter leurs paroles.

Le 20, décembre, le Faidherbe s’engage dans le Baro ; le bois est rare, la navigation difficile : des bancs, du sable, des seuils rocheux ; on talonne à chaque instant. Toute la journée du 6 janvier est employée à aveugler une voie d’eau ; l’arrière du Faidherbe a donné sur une roche ; nouvelle avarie le lendemain. Le bateau marche encore une heure ou deux ; mais le fleuve devient impraticable ; l’eau est basse et les rapides par trop nombreux. Marchand se décide à abandonner ses embarcations et à gagner par terre la frontière d’Éthiopie.

On parlemente avec le chef des Yambas, Ouriette ; ce chef a déjà reçu des cadeaux de la mission de Bonchamps ; il connaît la générosité des blancs et espère tout d’une caravane si bien approvisionnée. Il fournit des porteurs. On lui confie la flottille ; le vapeur, les chalands, les baleinières ; il doit surveiller tout particulièrement le vieux serviteur, le Faidherbe.

« La mission, avançant péniblement sur la rive droite du Baro, arrive, le 23 janvier, au pied des contreforts éthiopiens qui dominent les terres basses, les vallées de la Djouba et du Baro. Le 24 au soir, Marchand entre à Bouré, le premier poste abyssin qui garde la plaine. La colonne avait marché prodigieusement vite, si vite que les docteurs français de Couvalette et Chabaneix, qui faisaient de rudes étapes depuis trente-cinq jours, arrivent juste à temps pour recevoir le commandant. On s’embrasse, on se félicite, et l’émotion étreint tous les cœurs, en songeant à ce qu’on laisse derrière soi, après avoir tant souffert pour le conquérir !

La mission a passé une quinzaine de jours à Bouré, pour organiser sa caravane et elle fut reçue en grande pompe à Gore par Dedjaz Tessamma. Tous les chefs et tous les guerriers avaient revêtu leurs costumes d’apparat. Rien ne saurait donner une idée exacte de la large hospitalité offerte par le dedjaz éthiopien qui sera bientôt certainement nommé ras par Ménélick.

Tous les officiers de la mission se montrent émus, au souvenir des témoignages d’amitié qui leur furent si généreusement prodigués. Le commandant Marchand reçut, comme présents, un magnifique cheval gris-clair tout harnaché d’argent et les insignes du plus haut commandement militaire en Éthiopie, la lance d’honneur et le bouclier d’or. Chacun des officiers français reçut deux mules richement harnachées.

Tessamma offrit également des bêtes de somme pour le transport des bagages.

Le commandant Marchand donna en échange les canons de la flottille française, ce qui ravit le dedjaz.

Les vivres offerts par les chefs éthiopiens étaient si abondants, que les troupes de la mission ne parvenaient jamais à les consommer. Sur tout le parcours des territoires placés sous l’autorité de Tessamma, les Français trouvèrent, au bout de chaque étape, des baraquements construits à neuf pour leur coucher. Les boissons étaient aussi abondantes que les comestibles, le tetche (hydromel), était versé à discrétion.

Entre Gore et Addis-Abbaba, la marche de la colonne fut une suite continuelle d’ovations enthousiastes, les dames abyssines étaient les premières à acclamer nos officiers.

La campagne du Tigré étant terminée et le ras Mangacha Johannes ayant fait sa soumission, le Négus pensait être en sa capitale pour souhaiter la bienvenue et féliciter les braves de Fachoda ; mais l’armée abyssine marche lentement ; l’empereur n’était pas rendu, le 10 mars, quand Marchand fit son entrée à Addis. Le gouverneur de la ville, le vieux ras Dargué, le ras des ras, oncle de l’empereur, envoie son armée sur la route pour rendre les honneurs à la mission. Les Abyssins accourent en foule et veulent voir les blancs « qui marchent depuis trois années », la poignée de Français qui a battu les Derviches. — Toute la colonie française est là, notre ministre en tête ; sur toutes les figures on sent la vraie sympathie, la fierté aussi, car on a droit d’être fier quand on a pour frères de tels héros !

— Le ministre salue la mission au nom de la France ; l’émotion redouble quand une toute mignonne fillette, Yvonne Savouré, chargée d’exprimer au commandant les sentiments de la colonie, s’avance avec une gerbe de fleurs… Mais elle a oublié totalement son compliment et sauve la situation en sautant au cou de Marchand, qui embrasse Yvonne et sa mère. Puis viennent les présentations : M. Ilg, le ministre de Ménélik ; le général Vlanof, envoyé de Russie ; le capitaine Ciccodicola, ministre d’Italie, nous souhaitent la bienvenue et, très courtoisement, le lieutenant Harrighton, l’agent anglais, présente aussi ses félicitations à ses camarades de l’armée française.

L’empereur ne rentra de l’expédition faite dans le nord de ses États qu’aux premiers jours d’avril. Dès le lendemain, Ménélick reçut la mission en grande cérémonie, l’audience solennelle eut lieu dans la grande salle du palais, malgré le deuil récent de la Cour.

La compagnie des tirailleurs sénégalais manœuvra devant Ménélick aux applaudissements de tous les chefs éthiopiens assistant à cette parade. Le commandant Marchand obtint plusieurs audiences privées.

Tous les officiers de la mission ont obtenu un grade dans l’ordre impérial d’Ethiopie, selon les règles hiérarchiques habituelles.

La mission quitta Addis-Abbaba le 8 avril.

Au nom de l’empereur, le dedjaz Tessamma avait conféré au commandant Marchand le droit de haute et basse justice sur tous les sujets éthiopiens rencontrés entre Gore et Addis-Abbaba.

À Baltohi, à 70 kilomètres de la capitale, Ménélick fit appeler au téléphone le commandant et lui conféra à nouveau les droits souverains qu’il avait reçus du dedjaz.

La colonne partit du Harrar le 3 mai. Elle se trouvait déjà très loin de la ville, quand le commandant fut avisé que l’empereur Ménélick désirait communiquer avec lui, une dernière fois, par le téléphone. Le chef de la mission n’hésita pas à rebrousser chemin et il fit, pendant la nuit, une étape à cheval de soixante-dix kilomètres pour rejoindre ses troupes à Guildessa. Atto Marcha, chef des douanes éthiopiennes à Guildessa, offrit une escorte d’honneur pour traverser le désert de Dalle-Malle. Il avait réuni une centaine de chameaux pour le transport complémentaire des vivres et des bagages, de manière à ne pas surcharger les mules données par Tessamma.

À Dayago, sur les confins du désert, une pluie diluvienne surprit la caravane. Toutes les rivières débordaient ; un torrent se gonfla en quelques minutes à tel point qu’il fallut s’arrêter sur la rive.

Les indigènes, selon la tradition orientale, ont vu une intervention du ciel dans cette abondance de pluie. Leur respect pour le commandant Marchand prit un caractère religieux, et ils vinrent en foule lui présenter leurs hommages.

À Djibouti, le commandant Marchand devait trouver le croiseur Le D’Assas envoyé par le gouvernement pour le transporter en France.

Le lieutenant de vaisseau Ridoux, l’un des plus brillants officiers de notre marine, commandait le navire.

On sait le retour, les acclamations du peuple tout entier et ce cri, le plus éclatant hommage qui puisse être rendu à un homme :

— Vive la France ! Vive Marchand ! Vive l’honneur !

Oui, vaillants à l’âme sans peur, vaillants pétris d’honneur et de désintéressement, vous qui reveniez avec la tristesse de la retraite, le cœur de toute une nation s’offrant à vous, présent sublime et douloureux d’une époque de détresse, ce cœur a dû vous consoler.

Vous avez retrouvé ce peuple, toujours le même, enthousiaste et généreux, et sa voix a dû vous rendre l’espoir des destinées futures !

Vous vous êtes dit peut-être ;

— La première partie de la guerre africaine est terminée, mais ce n’est là qu’une étape dans l’histoire débutante du Continent noir.

Que la nation, qui veut la France grande, demande que l’on se prépare aux conflits de l’avenir.

Que l’armée coloniale soit formée, mise en état d’agir.

Que notre infériorité navale soit compensée par la construction de torpilleurs sous-marins Goubet, grâce auxquels les géants des flottes ennemies seront repoussés bien loin de nos côtes métropolitaines ou coloniales[2].

Que l’on aime la patrie, enfin, d’une tendresse assez grande, assez absolue pour mettre l’intérêt français au-dessus des mesquins appétits personnels.

Comme vous qui venez de prêcher d’exemple, je crois à l’avenir du plus brave et du plus loyal des peuples, et pour conclure, je réunis, prière fervente, ces deux mots que votre admirable épopée fait monter de tous les cœurs vers les lèvres de Gaule :

FRANCE, ESPOIR



  1. Nous avons adopté ici la version officielle ; mais d’après divers documents, les choses se seraient passées très différemment. Notre souci d’exactitude nous fait un devoir de placer ici cette simple observation.
  2. Une flotte de 200 torpilleurs Goubet annihilerait la puissance maritime anglaise et 200 Goubets conteraient 25 millions, juste le prix d’un seul cuirassé.