La Légende dorée/La Quinquagésime

La Légende dorée (1261-1266)
Traduction par T. de Wyzewa.
Perrin et Cie (p. 122-123).
XXXI


LA QUINQUAGÉSIME


La quinquagésime a été instituée comme complément, comme signe, et comme représentation.

1o Nous devrions jeûner pendant quarante jours, à la ressemblance du Christ, et en réalité nous ne jeûnons que pendant trente-six jours, car les dimanches sont libres de jeûnes. Et les dimanches sont libres de jeûnes tant à cause de la joie de la résurrection qu’à cause de l’exemple du Christ, qui, le jour de sa résurrection, a mangé deux fois, à savoir avec les disciples d’Emmaüs, et avec ses disciples réunis à Jérusalem, quand il est entré chez eux toutes portes fermées. En compensation de ces quatre jours, perdus pour le jeûne, l’Église a institué les quatre derniers jours de la quinquagésime, puis le clergé, voulant donner au peuple l’exemple de la sainteté, a résolu de jeûner encore pendant les deux jours précédant ceux-là ; et ainsi s’est trouvée constituée une semaine entière de jeûne, que le pape Télesphore a sanctionnée, comme le dit saint Ambroise, sous le nom de quinquagésime.

2o La quinquagésime signifie le temps de la rémission des péchés ; car, tous les cinquante ans, avait lieu une année de jubilé, où les dettes étaient remises, où les esclaves étaient libérés, et où tous rentraient en possession de leurs biens.

3o Enfin la quinquagésime représente l’état de béatitude. Car, tous les cinquante ans, les esclaves étaient libérés ; cinquante jours après l’immolation de l’agneau, la loi fut donnée ; et c’est cinquante jours après Pâques qu’est descendu l’Esprit-Saint.

L’épître et l’évangile de la quinquagésime nous enseignent que trois choses sont nécessaires, pour que l’œuvre de la pénitence soit parfaite : 1o la charité, qui nous est recommandée par l’épître ; 2o le souvenir de la passion du Seigneur, et, 3o la foi, qui nous sont recommandés dans l’évangile, par le récit du miracle de l’aveugle guéri.