La Légende des sexes, poëmes hystériques/Symphonie


SYMPHONIE



T on corps est une symphonie
De parfums qui chantent en chœur.
Et dont la troublante harmonie
M’emplit d’extase et de langueur :

Ils s’envolent comme des trilles,
Perlant la gamme des plaisirs,
Et rhythmant du front aux chevilles
Une sonate de désirs.

Quand ta bouche s’ouvre et se mouille,
On dirait que tu bois du ciel ;
Et pour mes lèvres qu’elle fouille,
Ta langue a le goût blond du miel.


Ta salive sent les dragées,
Lorsque dans nos baisers mordants
J’aspire par longues gorgées
Ton âme qui vient sur tes dents.

Ta nuque a des senteurs fragrantes,
Et tes lourds cheveux, sous ma main,
Ont les souplesses odorantes
Du chèvrefeuille et du jasmin.

Ta peau fleure l’iris et l’ambre
Dont elle imprègne les coussins,
Et le mystère de ta chambre
S’embaume aux chaleurs de tes seins.

Sous tes bras de Junon antique
Tu couves des ferments salins
Dont la tiédeur aromatique
Flotte autour des duvets câlins.

Et ta corolle, demi-close
Sous ton ventre de satin clair,
Exhale un relent moite et rose
Dont l’âcreté nage dans l’air.