La Légende des sexes, poëmes hystériques/Le Crâne

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LE CRÂNE

Envoi d’une teste de mort à une jeune artiste.



C y, dure boëte à cervelle.
L’ame, par perthuis des yeux ronds,
Dévallant vers sphère nouvelle,
Yssit du monde où nous entrons.

Se fut maulvaise ou se fut bonne,
Point ne le sçais et rien n’en dis :
Maulvaise, que Dieu lui pardonne ;
Bonne, la boute ès paradis.

Mais seur, chez vous, aura martyre
Et chauldes tortures d’Enfer,
Ce dit chief viril de Satyre
Qu’esmorcha l’appetit du ver.


Crasne de masle ! Vuide teste !
Las ! Mains souëfes t’arresseront ;
Ongles rondis se feront feste
De s’esbaudir emmi ton front.

Ardera ta cervelle absente
Au tact errant des detz rosés,
De ne pouvoir, sans qu’elle y sente,
Lui vestir les bras de baisers.

Et la nuyct, la véant ès plumes,
Sise en chair et blanche de pel.
Tes vielz os, prins de ruyts posthumes,
Pourbondiront dans leur tumbel !