La Jeune Lune/Le marchand


LE MARCHAND


Maman, imaginons que tu vas rester à la maison et que moi je voyagerai à travers des pays inconnus.

Mon bateau est au port tout appareillé et complètement chargé.

Et maintenant réfléchis bien, petite mère, avant de me dire ce que tu voudrais que je te rapporte à mon retour.


Maman, veux-tu avoir de l’or, de l’or à profusion ?

Là-bas sur les rives des fleuves d’or, les champs sont pleins de moissons d’or.

Dans l’ombre de la forêt, les fleurs d’or du champa tombent sur le sol.

Je les ramasserai toutes pour toi dans des centaines de corbeilles.


Maman, désires-tu des perles aussi grosses que les gouttes de pluie de l’automne ?

Je naviguerai jusqu’aux rivages de l’île des perles.

Là-bas, au petit jour, sur les fleurs de la prairie tremblent des perles légères et des perles tombent goutte à goutte sur le gazon ; l’écume des vagues capricieuses s’éparpille en perles sur le sable de la grève.


Je rapporterai à mon frère une paire de chevaux ailés pour voler parmi les nuages.

À mon père j’offrirai une plume magique qui écrira toute seule, à son insu.

Pour toi, mère, il faut que je me procure l’écrin et le joyau qui ont coûté à sept rois leurs royaumes.