La Guirlande des dunes/Les Villages de la Côte

Toute la Flandre
Deman (La Guirlande des dunesp. 41-43).

Les Villages de la Côte


Soleil, quand tu descends étendre
Sur terre, après l’hiver,
Tes tabliers de lumière qui bouge,
Tu ravives, en Flandre,
Tout au long de la mer,
Les plus beaux pignons blancs et les plus beaux toits rouges.


Un ciel aux nuages mouvants
Promène au-dessus d’eux son aventure ;
Ils reposent dans la verdure
Fraîche de pluie et sonore de vent ;

Ils se tassent là-bas où vont les attelages,
Où les sommets des hauts clochers
Hissent leurs coqs empanachés
Qui sont l’orgueil des vieux villages.


Les toits rouges sont les ailes des logis blancs
Ils recouvrent le travail lent
Et les soucis des simples gens ;
La paix lumineuse et fleurie
Règne autour d’eux sur les prairies ;
Des vols de pigeons clairs battent le ciel,
Des ruches d’abeilles font leur miel
Et les troupeaux vaguent parmi les herbes,
Le corps revêtu d’ombre et de clarté superbes.

 
Dès le malin,
Les toits rouges aux tuiles allumées
Se couronnent de futile fumée ;
Midi les éblouit de feux dans le lointain,
Même le soir, lorsque les dunes
Se rendorment l’autre après l’une,
Avec leurs ombres, à leurs pieds,
Ils rayonnent encor dans l’air pacifié,

Jusqu’au moment où les flammes vermeilles
Des vacillants et pauvres lumignons,
Au long du mur, où sèchent les oignons,
S’éveillent.