P.-V. Stock (p. 75-86).

X

PRÉPARATIFS DU COUP D’ÉTAT


La version courante sur le 14 juillet se réduit à peu près à ceci : — L’Assemblée nationale siégeait. Fin juin, après deux mois de pourparlers et d’hésitations, les trois ordres se trouvaient enfin réunis. Le pouvoir échappait des mains de la Cour. Alors celle-ci se mit à préparer un coup d’État. Les troupes furent appelées et massées autour de Versailles ; elles devaient disperser l’Assemblée et mettre Paris à la raison.

Le 11 juillet — continue la version courante — la Cour se décide à agir : Necker est renvoyé du ministère, et exilé. Paris l’apprend le 12, et des citoyens font un cortège qui traverse les rues, portant une statue du ministre renvoyé. Au Palais-Royal, Camille Desmoulins lance l’appel aux armes. Les faubourgs se soulèvent et forgent 50.000 piques en 36 heures ; le 14, le peuple marche sur la Bastille, qui bientôt baisse ses ponts et se rend… La Révolution a remporté sa première victoire.

Telle est la version usuelle, que l’on répète dans les fêtes de la République. Cependant elle n’est exacte qu’à demi. Vraie dans le sec énoncé des principaux faits, elle ne dit pas ce qu’il faut dire sur le rôle du peuple dans le soulèvement, ni sur les vrais rapports entre les deux éléments du mouvement : le peuple et la bourgeoisie. Car, dans le soulèvement de Paris, aux environs du 14 juillet, il y eut, comme dans toute la Révolution, deux courants séparés, d’origine diverse : le mouvement politique de la bourgeoisie et le mouvement populaire. Les deux se donnaient la main à certains moments, aux grandes journées de la Révolution, pour une alliance temporaire, et remportaient les grandes victoires sur l’ancien régime. Mais la bourgeoisie se méfiait toujours de son allié du jour — le peuple. C’est aussi ce qui se produisit en juillet 1789. L’alliance fut conclue à contrecœur par la bourgeoisie, et celle-ci s’empressa aussi, dès le lendemain du 14, et même pendant le mouvement, de s’organiser pour tenir en bride le peuple révolté.

Depuis l’affaire Réveillon, le peuple de Paris, affamé et voyant le pain lui manquer de plus en plus, cherchait à se soulever. Mais, ne se sentant pas appuyé, même par ceux de la bourgeoisie que la lutte contre l’autorité royale avait mis en vedette, il ne faisait que ronger son frein. Mais voici que le parti de la Cour, réuni autour de la reine et des princes, se décide à frapper un grand coup pour en finir avec l’Assemblée et la fermentation populaire à Paris. Ils massent les troupes, dont ils excitent l’attachement au roi et à la reine ; ils préparent ouvertement un coup d’État contre l’Assemblée et contre Paris. Alors, l’Assemblée, se sentant menacée, laisse faire ceux de ses membres et de ses amis à Paris qui voulaient « l’appel au peuple », c’est-à-dire l’appel à l’insurrection populaire. Et comme le peuple des faubourgs ne demande pas mieux, il répond à l’appel. Il n’attend pas le renvoi de Necker, mais il commence à se soulever, déjà le 8 juillet et même le 27 juin. Alors la bourgeoisie en profite et, poussant le peuple à l’insurrection ouverte, elle le laisse s’armer, en même temps qu’elle s’arme elle-même pour maîtriser le flot populaire et l’empêcher d’aller « trop loin ». L’insurrection montant toujours, la poussée populaire s’empare — contre la volonté des bourgeois – de la Bastille, emblème et appui du pouvoir royal ; sur quoi la bourgeoisie, ayant entre temps organisé sa milice, s’empresse de faire rentrer les « hommes à piques » dans l’ordre.

C’est ce double mouvement qu’il s’agit de raconter.

Nous avons vu que la séance royale du 23 juin avait pour objet de déclarer aux États-Généraux qu’ils n’étaient pas la puissance qu’ils voulaient être : que le pouvoir absolu du roi restait ; que les États-Généraux n’avaient rien à y changer[1] et que les deux ordres privilégiés, la noblesse et le clergé, établiraient eux-mêmes quelles concessions ils jugeraient utiles de faire pour une répartition plus juste des impôts. Les bienfaits qui allaient être accordés au peuple viendraient alors du roi en personne, et ces bienfaits seraient : l’abolition de la corvée (déjà faite en grande partie), de la mainmorte et du franc-fief, la restriction du droit de chasse, la substitution d’un enrôlement régulier au tirage de la milice ; la suppression du mot taille ; et l’organisation des pouvoirs provinciaux. Tout cela d’ailleurs à l’état de vaines promesses, ou bien même de simples titres de réformes ; car tout le contenu de ces réformes, toute la substance de ces changements, devaient encore être trouvés ; et comment pouvait-on les trouver sans porter la hache sur les privilèges des deux ordres supérieurs ? Mais le point le plus important du discours royal, — puisque toute la révolution allait bientôt pivoter sur ce sujet, — c’était la déclaration du roi concernant l’inviolabilité des droits féodaux. Il déclarait propriétés absolument et à jamais inviolables, les dîmes, les cens, les rentes et les droits seigneuriaux et féodaux ! Avec cette promesse, le roi mettait évidemment la noblesse de son côté, contre le Tiers. Mais, faire une promesse de cette étendue, c’était circonscrire d’avance la Révolution, de façon à la rendre impuissante à réformer quoi que ce fût dans les finances de l’État et dans toute l’organisation intérieure de la France. C’était maintenir en entier la vieille France, l’ancien régime. Et l’on verra plus tard que dans tout le corps de la Révolution, la royauté et le maintien des droits féodaux — la vieille forme politique et la vieille forme économique — vont être associés dans l’esprit de la nation.

Il faut dire que la manœuvre de la Cour réussit jusqu’à un certain point. Après la séance royale, la noblesse fit une ovation au roi, et surtout à la reine, au château, et il n’y eut le lendemain que 47 nobles qui se réunirent aux deux autres ordres. Ce ne fut que quelques jours plus tard, lorsque le bruit se répandit que cent mille Parisiens marchaient contre Versailles, — c’est-à-dire au milieu de la consternation générale qui régnait au château à la réception de cette nouvelle, et sur un ordre du roi, confirmé par la reine en pleurs (car la noblesse ne comptait plus sur le roi), que le gros des nobles vint rejoindre le clergé et les messieurs du Tiers. Et encore ! Ils dissimulaient à peine leur espoir de voir sous peu ces rebelles dispersés par la force.

Cependant toutes les manœuvres de la Cour, toutes ses conspirations et même les propos tenus par tel ou tel prince ou noble, tout se savait bientôt chez les révolutionnaires ; tout était rapporté à Paris par mille canaux secrets, qu’on n’avait pas négligé d’établir, et les rumeurs venues de Versailles servaient à alimenter la fermentation dans la capitale. Il arrive des moments où les puissants ne peuvent plus compter même sur leurs domestiques, et cela arriva à Versailles. Ainsi, pendant que la noblesse se réjouissait du petit succès obtenu à la séance royale, quelques révolutionnaires de la bourgeoisie fondaient à Versailles même un club, le club Breton, qui devint bientôt un grand centre de ralliement, et plus tard fut le club des Jacobins – et dans ce club les domestiques même du roi et de la reine venaient rapporter ce qui se disait à huis-clos à la Cour. Quelques députés de Bretagne, entre autres Le Chapelier, Glezen, Lanjuinais, furent les fondateurs de ce Club Breton ; et Mirabeau, le duc d’Aiguillon, Sieyès, Barnave, Pétion, l’abbé Grégoire et Robespierre en firent partie.

Depuis que les États-Généraux s’étaient réunis à Versailles, la plus grande animation régnait à Paris. Le Palais-Royal, avec son jardin et ses cafés, était devenu un club en plein air, où dix mille personnes de toutes conditions venaient se communiquer les nouvelles, discuter les brochures du jour, se retremper dans la foule pour l’action future, se connaître, s’entendre. Tous les bruits, toutes les nouvelles recueillies à Versailles par le club Breton étaient immédiatement communiquées à ce club houleux de la foule parisienne. De là elles se répandaient dans les faubourgs, et si parfois la légende s’y ajoutait, chemin faisant, à la réalité, elle était, comme c’est souvent le cas pour les légendes populaires, plus vraie même que la vérité, puisqu’elle prenait les devants, faisait ressortir sous une forme légendaire les motifs secrets des actions et, par intuition, jugeait souvent les hommes et les choses plus justement que les sages. Qui donc, mieux que les masses inconnues des faubourgs, jugea Marie-Antoinette, la Polignac, le roi fourbe et les princes ? Qui donc les devina mieux que le peuple ?

Dès le lendemain de la séance royale, la grande cité respirait déjà la révolte. L’Hôtel de Ville adressait ses félicitations à l’Assemblée, et le Palais-Royal lui envoyait une adresse rédigée dans un langage guerrier. Pour le peuple, affamé, méprisé jusque-là, le triomphe de l’Assemblée renfermait une lueur d’espoir, et l’insurrection représentait à ses yeux le seul moyen de se procurer le pain qui lui manquait. Alors que la disette devenait de plus en plus sévère et que même les mauvaises farines, jaunes et brûlées, que l’on réservait pour les pauvres, manquaient continuellement, le peuple savait qu’à Paris et dans ses alentours il y avait assez de pain pour nourrir tout le monde, — et les pauvres se disaient que sans une insurrection, les accapareurs ne cesseraient jamais d’affamer le peuple.

Cependant, à mesure que les pauvres grondaient plus fort dans les sombres carrefours, la bourgeoisie parisienne et les représentants du peuple à Versailles redoutaient l’émeute de plus en plus. Plutôt le roi et la Cour, que le peuple en révolte[2] ! Le jour même de la réunion des trois ordres, le 27 juin, après la première victoire du Tiers, Mirabeau, qui jusqu’alors en appelait au peuple, s’en sépara nettement et parla pour en séparer les représentants. Il les avertit de se garder des « auxiliaires séditieux ». C’est déjà, on le voit, le programme futur de la Gironde qui se dessine à l’Assemblée. Mirabeau veut que celle-ci contribue « au maintien de l’ordre, à la tranquillité publique, à l’autorité des lois et de leurs ministres ». Il va même plus loin. Il veut qu’elle se rallie au roi, car celui-ci veut le bien ; s’il lui arrivait de faire le mal, c’est qu’il était trompé et mal conseillé !

Sur quoi, l’Assemblée d’applaudir. — « La vérité, dit très bien Louis Blanc, est que, loin de prétendre à renverser le trône, la bourgeoisie cherchait déjà à s’en faire un abri. Renié par la noblesse, ce fut au sein des Communes, un instant si raides, que Louis XVI compta ses serviteurs les plus fidèles et les plus alarmés. Il cessait d’être le roi des gentilshommes, il devenait le roi des propriétaires. »

Ce vice primordial de la Révolution pèsera sur elle — nous allons le voir — tout le temps, jusqu’à la réaction.

Mais la misère grandissait de jour en jour dans la capitale. Necker avait bien pris des mesures pour parer aux dangers d’une disette. Il avait suspendu, le 7 septembre 1788, l’exportation des blés et il protégeait l’importation par des primes ; soixante-dix millions furent dépensés pour acheter des blés à l’étranger. Il donnait en même temps une grande publicité à l’arrêt du Conseil du roi, du 23 avril 1789, qui permettait aux juges et aux officiers de police de visiter les greniers des particuliers, d’inventorier leurs grains, et d’envoyer, en cas de nécessité, ces grains au marché. Mais l’exécution de ces mesures était confiée aux vieilles autorités – et c’est tout dire ! Maintenant, le gouvernement donnait des primes à ceux qui apportaient du blé à Paris ; mais le blé importé était réexporté en cachette, pour être réimporté pour toucher la prime une seconde fois. Dans les provinces, les accapareurs achetaient le blé en vue de ces spéculations : on achetait même sur pied la prochaine récolte.

C’est alors qu’apparut le vrai caractère de l’Assemblée nationale. Elle avait été admirable, sans doute, lors du serment du Jeu de Paume, mais elle resta bourgeoise, avant tout, envers le peuple. Le 4 juillet, sur la présentation du rapport du Comité des subsistances, l’Assemblée discuta les mesures à prendre pour garantir le pain et le travail au peuple. On parla des heures entières, on fit proposition sur proposition. Pétion proposa un emprunt, d’autres proposèrent d’autoriser les assemblées provinciales à prendre les mesures nécessaires – mais on ne décida rien, on n’entreprit rien : on se borna à plaindre le peuple. Et lorsqu’un des membres souleva la question des accapareurs et en dénonça quelques-uns, il eut toute l’Assemblée contre lui. Deux jours plus tard, le 6 juillet, Bouche annonça que l’on en connaissait les coupables et qu’une dénonciation formelle serait faite le lendemain. « Un effroi général s’empara de l’Assemblée, » dit Gorsas, dans le Courrier de Versailles et de Paris, qu’il venait de fonder. Mais vint le lendemain, et pas un mot de plus ne fut prononcé sur le sujet. On étouffa l’affaire entre deux séances. — Pourquoi ? De peur — les événements vont le prouver — de révélations compromettantes.

En tout cas l’Assemblée craignait tellement la révolte populaire que lorsqu’il y eut émeute à Paris le 30 juin, à la suite de l’arrestation de onze gardes-françaises qui avaient refusé de charger leurs fusils à cartouches, l’Assemblée vota une adresse au roi, conçue en termes aussi serviles que possible, et protesta de son « profond attachement à l’autorité royale »[3].

Pour que le roi eût consenti à donner à la bourgeoisie la moindre part dans le gouvernement, elle se ralliait autour de lui et l’aidait de toute sa puissance d’organisation à maîtriser le peuple. Mais — et que ceci serve d’avertissement dans les révolutions à venir — il y a dans la vie des individus, des partis et aussi des institutions, une logique qu’il n’est de la volonté de personne de changer. Le despotisme royal ne pouvait pas pactiser avec la bourgeoisie qui lui demandait sa part du pouvoir. Logiquement, fatalement, il devait la combattre, et une fois la bataille engagée, il devait succomber et céder sa place au gouvernement représentatif, — forme qui convient le mieux à la bourgeoisie. Il ne pouvait pas, non plus, sans trahir son appui naturel, la noblesse, pactiser avec la démocratie populaire, et il fit de son mieux pour défendre les nobles et leurs privilèges, — quitte à se voir trahi plus tard par ces mêmes privilégiés de naissance.

Cependant, des informations concernant les conspirations de la Cour parvenaient de tous les côtés aux partisans du duc d’Orléans, qui se réunissaient à Montrouge, ainsi qu’aux révolutionnaires qui fréquentaient le club Breton. Les troupes se concentraient à Versailles et sur la route de Versailles à Paris. À Paris même, elles prenaient possession des points les plus importants dans la direction de Versailles. On parlait de 35.000 hommes, répartis sur cet espace, auxquels 20.000 hommes allaient s’ajouter dans quelques jours. Les princes et la reine se concertaient entre eux pour dissoudre l’Assemblée, écraser Paris en cas d’insurrection, arrêter et tuer, non seulement les principaux meneurs et le duc d’Orléans, mais aussi ceux des membres de l’Assemblée, tels que Mirabeau, Mounier, Lally-Tolendal, qui voulaient faire de Louis XVI un roi constitutionnel. Douze membres, disait plus tard Lafayette, devaient être immolés. Le baron de Breteuil et le maréchal de Broglie avaient été appelés pour mettre ce projet à exécution — l’un et l’autre tout prêts à agir. — « S’il faut brûler Paris, disait le premier, on brûlera Paris ». Quant au maréchal de Broglie, il avait écrit au prince de Condé qu’une salve de canons aurait bientôt « dissipé ces argumentateurs, et remis la puissance absolue qui s’éteint, à la place de l’esprit républicain qui se forme[4]. »

Et qu’on ne croie pas, comme l’ont prétendu quelques historiens réactionnaires, que ce n’étaient que des racontars. La lettre de la duchesse de Polignac, que l’on trouva plus tard, adressée le 12 juillet au prévôt des marchands, Flesselles, et dans laquelle toutes les personnes en vue étaient désignées sous des noms de convention, prouve assez le complot ourdi par la Cour pour le 16 juillet. S’il pouvait encore y avoir le moindre doute à ce sujet, les paroles adressées le 10 juillet à Dumouriez, à Caen, par la duchesse de Beuvron, en présence de plus de soixante nobles triomphants, suffiraient pour le démontrer.

— « Eh bien ! Dumouriez, disait la duchesse, vous ne savez pas la grande nouvelle ? Votre ami Necker est chassé ; pour le coup, le roi remonte sur le trône, l’Assemblée est renversée ; vos amis, les quarante-sept, sont, peut-être, à l’heure qu’il est, à la Bastille, avec Mirabeau, Target et une centaine de ces insolents du Tiers ; et sûrement le maréchal de Broglie est dans Paris avec trente mille hommes. » (Mémoires de Dumouriez, t. II, p. 35). La duchesse se trompait : Necker ne fut renvoyé que le 11, et Broglie se garda d’entrer dans Paris.

Mais que faisait alors l’Assemblée ? Elle faisait ce qu’ont toujours fait, et feront toutes les Assemblées. Elle ne prenait aucune décision.

Le jour même où le peuple de Paris commençait à se soulever, c’est-à-dire le 8 juillet, l’Assemblée ne chargeait nul autre que Mirabeau, son tribun, de rédiger une humble supplique au roi ; et, tout en priant Louis XVI de renvoyer les soldats, l’Assemblée remplissait sa supplique d’adulations. Elle lui parlait d’un peuple qui chérissait son roi, qui bénissait le ciel du don qu’il lui avait fait dans son amour ! Et ces mêmes paroles, ces mêmes adulations, seront encore, plus d’une fois, adressées au roi par les représentants du peuple dans le cours de la Révolution !

C’est que la Révolution resterait incomprise si l’on n’y remarquait pas les efforts, sans cesse renouvelés, des classes possédantes pour tirer à elles la royauté et de s’en faire un bouclier contre le peuple. Tous les drames de 1793 dans la Convention sont déjà en germe dans cette supplique de l’Assemblée nationale, signée quelques jours avant le 14 juillet.

  1. Le projet primitif de Necker attribuait à l’Assemblée le droit de pousser la Révolution jusqu’à l’établissement d’une charte, imitée de l’anglais, dit Louis Blanc : « On se hâta d’excepter de toute délibération commune la forme de constitution à donner aux prochains États Généraux. » (Histoire de la Révolution française, édition in-4o, t. I, p.120.)
  2. Ceux qui font aujourd’hui les discours anniversaires de la Révolution préfèrent se taire sur ce sujet délicat et nous parlent d’une unanimité touchante qui aurait existé entre le peuple et ses représentants. Mais Louis Blanc avait déjà très bien souligné les peurs de la bourgeoisie aux approches du 14 juillet, et les recherches modernes ne font que confirmer ce point de vue. Les faits que je mentionne ici, concernant les journées du 2 au 12 juillet, montrent aussi que l’insurrection du peuple de Paris suivit, jusqu’au 12, sa ligne de conduite, indépendante des bourgeois du Tiers.
  3. « L’Assemblée nationale gémit des troubles qui en ce moment agitent Paris… Il sera fait au roi une députation pour le supplier de vouloir bien employer, pour le rétablissement de l’ordre, les moyens infaillibles de la clémence et de la bonté qui sont si naturelles à son cœur, et de la confiance que son bon peuple méritera toujours. »
  4. Louis Blanc, Histoire de la Révolution française.