La Grande Encyclopédie, inventaire raisonné des sciences, des lettres, et des arts/Benoît (saint) d’aniane


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BENOÎT (Saint) d’Aniane, réformateur de la discipline monastique, fils d’Aigulfe, comte de Maguelone, né vers 750, mort en 821. Elevé auprès du roi Pepin, il suivit en Italie son fils Charlemagne ; mais ayant été exposé à un grand danger, en sauvant son frère, il abandonna le monde et se retira, en 774, à l’abbaye de Saint-Seine en Bourgogne. Il y édifia les moines par ses austérités ; puis comme le régime de ce monastère lui semblait trop relâché, il s’en alla dans le Languedoc, son pays natal, et s’établit comme hermite prés du ruisseau d’Aniane, affluent de l’Hérault. Il y acquit une réputation de sainteté qui attira près de lui de nombreux disciples. Vers 782, il leur fit construire une église et un monastère contenant plus de trois cents religieux. Comme la règle bénédictine était devenue, à cette époque, le type commun de toutes les constitutions monastiques, Benoît en conserva le nom, mais en y introduisant des dispositions qui en modifiaient et en austérisaient sensiblement le caractère. Cette discipline fut adoptée par la plupart des autres couvents du Languedoc et de la Gascogne. — Vers 815, Louis le Débonnaire confia à Benoît l’inspection de toutes les communautés monastiques de l’empire ; désirant l’avoir prés de lui, il fonda dans les environs d’Aix-la-Chapelle l’abbaye d’Inda, dont il lui donna la direction. Ce fut de là que Benoît entreprit pour le nord et l’est de l’empire la réforme qu’il avait fait prévaloir dans le midi. En 847 (suivant nous, 816), il fit adopter, dans une assemblée d’abbés tenue à Aix-la-Chapelle, une règle qu’il avait rédigée en 80 articles. L’empereur la sanctionna sous le titre de : Capitulare de vita et conversation monachorum (V. l’édition des capitulaires, de Boretuis).C’était la règle de saint Benoît complétée par quelques pratiques minutieuses. Nous attribuons à l’influence de Benoît d’Aniane toutes les réglementations monastiques ou semi-monastiques décrétées à Aix-la-Chapelle, de 809 à 817 (V. Aix-la-Chapelle [Conciles de]). — Après la mort de Benoît d’Aniane, les mesures de centralisation et de surveillance qui avaient été concentrées sur sa personne firent défaut, et le monachisme retomba dans l’individualisme des couvents (V. Benoît de Nursie [Ordre de saint]). — Ecrits de Benoît : un recueil d’anciennes règles monastiques de l’Orient et de l’Occident reproduit par Lucas Holstenius dans son Codex regularum monasticarum et canonicarum (Rome, 1664, 3 vol. in-4 ; édit. Brockie, Augsbourg, 1759, 6 vol. in-fol.) ; une Concordia regularum, déstinée à démontrer que toutes les règles s’accor-


dent avec celle de saint Benoît ou, plus exactement, que cette dernière règle est conforme aux principes développés par les pères de la vie monastique en Orient. Cet ouvrage a été publié sous les soins de D. Ménard (Paris, 1638). Quatre opuscules contre Félix d’Urgel et son hérésie. insérés par Baluze dans ses Miscellanea (édit. Mansi ; Lucques, 1761, 4 vol. in-fol.). Pour ce qui concerne l’hérésie de Félix, V. le mot Adoptianisme (t. I, p. 614), — l’Eglise célèbre la fête de saint Benoît d’Aniane le 12 févr. E.-H. VOLLEY.

Bibl. : Ardon, S. Benedicti Anianensis vita. Dans Mabillon, Acta Sanctorum ordinis S. Benedicti ; Venise, 1733, t. IV. — Mabillon, même ouvrage, prœf. sœc., IV. — Bollandistes, 12 fév. — Histoire littéraire de la France : Paris,1738, t. IV. — Nicolai, Der heilige Benedict, Gründer von Aniane und Cornelimünster ; Cologne, 1865.