La France Juive (édition populaire)/Livre 6/Chapitre 2

Victor Palmé (p. 418-438).


CHAPITRE DEUXIÈME

LES JUIFS


La haine de l’enfant. — Le sacrifice sanglant. — Les témoignages de l’histoire. — Un livre de rabbin converti. — Le culte de Moloch. — Absence d’indépendance chez les savants français. — Les Juifs à l’Académie des Inscriptions, — L’hérédité. — Outrages des Juifs contre le culte catholique. — Hendlé. — Isaïe Levaillant. — Les témoins juifs devant les tribunaux. — Moïse, Lisbonne et Camille Dreyfus. — Hérold. — Edouard Lockroy.


I


Hypocrite chez les Francs-Maçons et les Protestants, exagérée surtout par cette servilité qui pousse certains hommes à se mettre toujours du côté du plus fort, la persécution religieuse prend, avec les Juifs, un caractère d’âpreté tout particulier. Rien pour eux n’est changé : ils haïssent le Christ en 1886 comme ils le haïssaient du temps de Tibère Auguste, ils le couvrent des mêmes outrages. Fouetter le Crucifix le Vendredi-Saint, profaner les hosties, souiller les saintes images : telle est la grande joie du Juif au Moyen Age, telle est sa grande joie aujourd’hui. Jadis il s’attaquait au corps des enfants ; aujourd’hui c’est à leur âme qu’il en veut avec l’enseignement athée ; il saignait jadis, maintenant il empoisonne : lequel vaut mieux ?

En constatant la persistance de ces sentiments de haine chez les Juifs, il est impossible de ne point parler de ce sacrifice sanglant, cette accusation mille fois prouvée, et contre laquelle ils se défendent toujours, avec l’aplomb qui les caractérise.

Les Juifs ont toujours prétendu que les faits de cet ordre étaient des actes de férocité individuelle, et non l’accomplissement d’un précepte liturgique. Là encore la science allemande, plus indépendante que la nôtre, les a convaincus de mensonge. Le docteur Justus, dans une brochure publiée à Paderbonne, Judens spiegel, écrit :

« Les livres théologiques des Juifs se partagent en deux catégories, à savoir Peschath et Kabbala. A la première classe appartiennent le Talmud et le Schulchan. Or, d’après le Schulchan Aruch, ce n’est pas un péché si un Juif tue un chrétien (Loi 50 et 81). Dans le Talmud publié à Amsterdam en 1646, il est ordonné aux Juifs d’exterminer les disciples du Nazaréen (Sanhédrin Pireck X, Cheleck et Aboda, Sarah Pireck I).

« Quelques pages plus loin on lit :

« Il est étonnant que le sang des Klipoth, c’est-à-dire, des filles non juives, soit cependant un sacrifice si agréable au Ciel. C’est au point que verser le sang d’une jeune fille non juive est un sacrifice aussi saint que celui des plus précieux parfums, en même temps qu’un moyen de se réconcilier avec Dieu et d’attirer ses bénédictions. »

La question, du reste, a été élucidée complètement dans un livre fort curieux : Réfutation de la religion des Juifs et de leurs rites par démonstration du Vieux et du Nouveau Testament. L’auteur est un Juif, né au siècle dernier, et de rabbin devenu moine.

Le dessous de la vie du Moyen Age apparaît là de la plus saisissante façon. On se rend compte de mille points obscurs, du secret impénétrable dont les Juifs s’entouraient, de la défiance persistante dont ils étaient l’objet et qu’un nouveau crime venait ranimer au moment où elle commençait à s’effacer, de détails incompréhensibles de certains procès de sorcellerie. Une fois de plus s’évanouit la légende sotte qu’on veut nous faire accepter, l’éternelle mystification d’hommes très méchants, habillés en Inquisiteurs, persécutant un Juif qui est le modèle de toutes les vertus. Nous pénétrons dans l’antre de l’alchimiste se livrant à d’étranges mixtures, demandant du sang pour ses opérations à ceux qui s’adressent à lui, sous prétexte de découvrir la pierre philosophale, l’anima mundi, et, en réalité, pour accomplir un rite monstrueux, écho des abominables mystères d’Astaroth.

Ce qu’on adore dans le ghetto, ce n’est pas le dieu de Moïse ; c’est l’affreux Moloch phénicien, auquel il faut, comme victimes humaines, des enfants et des vierges.

L’existence de l’ancien Israël, d’ailleurs, fut-elle autre chose qu’une lutte perpétuelle entre le Molochisme et le Jéhovisme ? Moloch, dont le symbole est le taureau d’airain de Carthage, qu’on fait à certains jours rougir au feu et qu’on bourre de chair humaine, est la divinité sémitique par excellence. C’est vers lui et vers Baal, dont le symbole est un âne, que les Juifs sont sans cesse attirés par l’attraction de la race. C’est lui que Manassé et les autres l’ois prévaricateurs installent dans le Temple profané ; c’est à lui qu’on offre d’effroyables sacrifices sur les hauts lieux. C’est contre lui que les Prophètes s’élèvent, sans se lasser, avec une énergie dans l’indignation, une violence dans le langage, qui retentissent encore à travers les siècles. Ils bravent la mort pour combattre l’idolâtrie ; ils annoncent les châtiments prochains ; ils vont, dans leur zèle intrépide, renverser les faux dieux, les images impudiques et barbares. Il n’est pas une page de la Bible qui ne témoigne de ces efforts pour défendre l’idée du vrai Dieu contre les superstitions corruptrices des peuples voisins.


II


En dehors des pays reculés, nos Juifs modernes sont-ils encore fidèles à ces pratiques ? Je ne le pense pas, sans être éloigné de croire que certains cas isolés se produisent de temps en temps, et viennent grossir le chiffre de ces crimes ignorés, de ces disparitions énigmatiques sur lesquelles on ne veut pas faire la lumière.

Le sacrifice sanglant, nous le répétons, s’il procède de l’aversion du Juif pour le goy, s’il fut encouragé par quelques livres de Kabbale, peut-être même par quelques passages du Talmud, n’a rien de commun avec la loi mosaïque ; il représente une crise, une phase de la vie de cet étrange peuple, qui changea si souvent d’orientation, qui eut la phase guerrière et patriotique dans sa défense contre les Romains, la phase conspiratrice au treizième et au quatorzième siècle avec les Templiers, la phase ténébreuse et sanguinaire après l’insuccès de ces tentatives, la phase de recueillement pendant le seizième et le dix-septième siècle, la phase franco-maçonnique au dix-huitième siècle, la phase socialiste, financière, cosmopolite au dix-neuvième siècle.

En tout cas, la haine du Christ, du Chrétien, du Crucifix, du religieux, est restée aussi vive qu’autrefois.

Quoi qu’il en soit, cette haine héréditaire fait comprendre ce qui se passe sous nos yeux et qui serait absolument incompréhensible autrement. Le déchaînement d’invectives, de grossièretés, de violences, contre le Christ, la Vierge, l’Église, le Clergé, ne répond effectivement à aucun sentiment réel de la population : il est absolument factice, il est organisé par les Juifs avec l’habileté qu’ils mettent à organiser autour d’une affaire financière, grâce à leurs journaux, un courant de fausse opinion publique. Nous avons vu l’opération se faire sous nos yeux. Il y a dix ans, même après la Commune, vingt mille hommes suivaient le cortège funèbre du Frère Philippe, et les ouvriers les moins religieux parlaient avec affection et respect des bons Frères qui les avaient élevés et avaient fait d’eux d’honnêtes gens.

J’ajoute que, si elle était l’expression sincère de l’état d’esprit général, une telle explosion de haine serait un fait qui se produirait pour la première fois dans l’histoire, dans de telles conditions. Les peuples, même devenus indifférents, tiennent à la religion de leurs ancêtres par les liens du souvenir. Longtemps après la venue du Christ, les Romains restaient encore attachés à leurs Pénates, à leur dieu Terme, au Génie du lieu, qui avaient été associés à l’existence de la famille. Le Baptême, la première Communion, le Mariage à l’église, sont des dates chères encore à l’immense majorité des Parisiens eux-mêmes, de ceux-là dont la foi est la plus tiède.

Certaines abbayes d’autrefois, avec leurs vastes domaines et leurs riches revenus, pouvaient exciter l’envie. Les congrégations, à l’heure actuelle, sont toutes pauvres ; ce qui suffit à faire vivre des milliers d’êtres humains, n’est rien à côté de ce que possède pour lui seul un de nos grands banquiers juifs d’aujourd’hui.

Est-ce donc le sort du pauvre desservant de campagne, du curé même, qui justifie ces colères ? Assis au confessionnal pendant de longues heures, ou debout à l’autel dans une église souvent glaciale, toujours prêt à aller consoler ceux qui l’appellent et qui habitent parfois à deux ou trois lieues du presbytère, il se met en route, quelque temps qu’il fasse : ni le soleil l’été, ni la neige l’hiver ne l’arrêtent. Pour cela, il touche quelquefois huit cents francs, douze ou quinze cents francs au plus. Quel petit remisier juif accepterait une telle tâche pour un tel salaire ?

Au fond, l’immense majorité de la nation est sympathique à ces braves gens, que les Juifs seuls haïssent vraiment.

Il est peu de jours où quelque scandale ne se produise dans une église, avec l’appui tacite de l’autorité. J’ai vu le jour de Noël, à Saint-Pierre du Gros-Caillou, pendant la messe de minuit, des individus au type sémitique se livrer à de grossières plaisanteries dans l’église, en présence des gardiens de la paix, qui ne bougeaient pas.

Remarquez que depuis des siècles aucune attaque de ce genre n’est venue du côté des catholiques. Il n’y a, point d’exemple que l’un de nous ait insulté un rabbin, ait pénétré dans une synagogue pour troubler les cérémonies, ait manqué de respect aux choses que les autres vénèrent.

Dans l’âme généreuse et large de l’Aryen, la tolérence est une vertu naturelle. Il faut l’exciter bien longtemps, pour le décider à user de son droit de légitime défense.


III


Mais ceci n’est qu’un très petit côté de la persécution juive ; la bonne, la vraie, est celle qui est exercée par les Juifs qui disposent de l’autorité et de l’opinion, les lamdamine, les lettrés, ministres, sénateurs, députés, journalistes. Partout vous rencontrez un de ceux-là, toutes les fois qu’il s’agit de faire du mal.

C’est un Juif autrichien, Hendlé, devenu préfet de Saône-et-Loire, qui, nous l’avons vu déjà, s’entend avec un Juif nommé Schnerb, directeur de la Sûreté générale, et autrefois rédacteur en chef d’un journal pornographique, pour organiser la destruction des croix à Montceau-les-Mines, faire condamner quelques-uns de nos ouvriers français, et permettre ainsi l’introduction en France d’un plus grand nombre de ses coreligionnaires étrangers.

Hendlé reçut de l’avancement, comme il convenait, et alla continuer le cours de ses exploits dans la Seine-Inférieure. A Dieppe, il fut un moment gêné. Il existait là une école tenue par des religieuses qui jouissaient de l’affection de la population tout entière. La municipalité s’opposait résolument à ce qu’on chassât les Sœurs.

Plutôt que de consentir à cette infamie, M. Levert et ses adjoints donnèrent leur démission, et furent immédiatement réélus à l’unanimité par le conseil municipal. Hendlé ne pouvait employer le fameux argument : « l voix du peuple, la volonté générale » ; il se rappelle alors les articles qu’il a publiés jadis dans les Archives israélites sur les Juifs en Pologne, il se dit qu’on peut imiter les Russes et tout se permettre en pays conquis : il crochette les portes de l’école, et jette les religieuses dans la rue.

Exalté par ce triomphe, il devient furieux quand il retrouve devant lui ce Crucifix qu’il hait tant. Un jour, cependant, il se heurte à un homme résolu, comme il y en a malheureusement trop peu à notre époque. Pour remplacer un crucifix enlevé, M. Auge, maire d’Hermanville, vient lui-même acheter à Dieppe un magnifique Christ, et, le 7 octobre 1882, le fait placer avec l’inscription suivante :


Ce Christ a été posé à l’école communale d’Hermanville à la suite d’une souscription faite par le maire, le conseil municipal et toute la population à l’unanimité.


Hendlé et ses agents écument, ils menacent de faire fermer l’école ; le maire regarde bien en face ces misérables, et leur dit froidement : « Ce Christ est dans notre école, et il y restera : c’est la volonté de mes administrés. Si vous y touchez, je fais sonner le tocsin, et alors gare ! »

Il n’en fallait pas plus, on le devine, pour donner à des Juifs une panique épouvantable. Le préfet Hendlé s’en fut épancher en blasphémant, dans les cafés de la ville, sa rage de n’avoir pu toucher au Christ.

Ce qui surpasse, ce qui donne l’idée du degré où les caractères sont descendus, c’est de voir une femme, qui a du sang royal dans les veines, la duchesse de Chartres, aller rendre visite, avant son départ de Rouen, à la femme d’un Hendlé, du représentant du gouvernement qui vient de chasser son mari de l’armée, aller présenter ses hommages à cette fée Carabosse, qui a pour le Christ plus de haine encore que le préfet républicain lui-même !

Isaïe Levaillant, ancien élève rabbin, jadis associé avec Cyrien Girerd pour l’affaire du faux petit papier trouvé dans un wagon, est un autre type de Juif. Chez lui, l’atavisme juif se produit d’une façon toute particulière : il est resté, sous l’habit du préfet, le « Juif sordide et chassieux » dont parle Saint-Victor, et que Rembrandt a dessinés ! souvent dans le pittoresque de ses haillons crasseux. Le président du Conseil général du département de la Nièvre, qu’il quitta pour Annecy, disait de lui en pleine séance : « On ne peut se faire une idée de l’état de malpropreté et de puanteur dans lequel le préfet Levaillant a laissé notre préfecture[1]. »

Au prétoire, nous retrouvons le Juif fidèle à sa haine pour le Christ.

Un Juif, nommé Moïse, refuse une première fois de prêter serment devant le Christ. Un autre Juif, ancien condamné de la Commune, Lisbonne[2], imite cet exemple. Il faut voir comme le président est poli ; il prend le récalcitrant par la douceur : « Voyons, Monsieur Lisbonne, soyez donc indulgent pour notre Christ : il nous est bien difficile de faire disparaître ce tableau pour vous. »

Avec Camille Dreyfus, même mise en scène. Chacun sait ce que c’est que ce Camille Dreyfus, et sur quel fumier a poussé cette fleur vénéneuse de ghetto : condamné pour avoir insulté un prêtre, ainsi qu’il s’en vantait dans une circulaire aux électeurs du Gros-Caillou, ce Dreyfus n’en a pas moins reçu de Wilson une croix qu’il déshonore.

L’impression de répulsion qu’il inspire en venant insulter devant ce tribunal, la religion de la majorité, l’enchante loin de l’humilier. Pourvu qu’il y ait du bruit autour de son nom, le Juif ne s’occupe guère de savoir si ce bruit est un applaudissement ou une huée ; il confond la famosité malsaine avec la belle gloire, il préfère même la famosité : elle rapporte. Effectivement, quand quelqu’un a un mauvais coup à proposer, il sait où aller.

Regardez, au point de vue physiologique, comme le Dreyfus se carre devant le tribunal : il se panade, dirait La Fontaine ; il piaffe, écrirait Saint-Simon ; il est tout fier d’être en scène. On dit : « C’est Dreyfus ; vous savez bien, Dreyfus, l’homme de paille de Wilson pour les jolies négociations que vous connaissez ; Dreyfus, l’agent de la Compagnie du gaz. » Dreyfus est heureux, il sourit ; la névrose vaniteuse de cette race, née pour le cabotinage, s’épanouit en liberté.


IV


Ces faits, d’ailleurs, mettent bien en relief ce qu’on pourrait appeler le goujatisme constitutionnel du Juif. Un Chrétien serait incapable d’une manifestation de ce genre[3]. Prenez un grand seigneur, un paysan, un ouvrier de souche vraiment française : vous retrouverez chez tous, dans des conditions diverses, cette distinction de sentiments, ce don inné de la sociabilité qui caractérise l’Aryen, cette préoccupation de se faire respecter, mais de ne pas choquer son prochain. Rien de semblable chez le Juif : dès qu’il le peut, il s’étale, il attire l’attention sur lui, il gêne les autres.

Ce qu’il convient d’observer encore, c’est l’importance que prennent ces scrupules dès qu’il s’agit du Juif[4]. La Cour de cassation en délibère, on change la loi qui déplait. « Attenter à la liberté de conscience ! Monsieur, y songez-vous ? » Je me suis toujours demandé en quoi pouvait bien être la liberté de conscience du Juif, qui est l’objet de tant de sollicitude : est-elle donc en émeraude sans tache, en diamant ? Ce qui est certain, c’est qu’elle est d’une autre espèce que la nôtre. Les catholiques, les religieux ont subi des atteintes autrement cruelles à leur conscience ; ils n’ont jamais pu seulement arriver à un tribunal : on les a arrêtés en route, et la Cour de cassation n’a jamais statué sur leur cas.

Cherchez, dans l’histoire des peuples vaincus, une race qu’on ait mise aussi complètement en dehors du droit commun, et je vous défie de m’en citer une.

Partout où l’attaque contre la religion prend un caractère particulièrement répulsif et odieux, vous rencontrez le Juif allemand. Hérold, en se portant candidat en 1869 dans l’Ardèche, protestait en vain contre l’opinion publique qui affirmait son origine juive : sa figure démentait énergiquement son discours. Sans doute il appartenait à la classe des Juifs interlopes qui ne pratiquent aucune religion ; mais il suffit d’examiner le type pour connaître la vérité.

C’est un Juif d’autrefois, un de ces Juifs comme on en voit dans les vieilles images, toujours inquiets, toujours tremblant d’être pris et pendus entre deux chiens, toujours cherchant quelque petit enfant à égorger dans une cérémonie sacrilège. C’est le frénétique que vous savez, insultant les sœurs, empilant les Crucifix dans les tombereaux, s’entourant de Juifs immondes.

Si l’examen attentif et serré de ces types est souvent pénible pour nous autres écrivains, il faut le considérer comme une manière de rançon payée pour les joies intellectuelles, si élevées et si pures, que nous éprouvons à un si haut degré, en pénétrant par l’analyse dans l’intimité d’esprits d’élite comme les Vauvenargues, les Joubert, les Chénier, les Maurice de Guérin, en vivant dans le commerce de tant d’âmes tendres et fières presque inconnues de la foule.

Ce grand problème de l’hérédité du mal est d’ailleurs des plus passionnants.

Il y a évidemment des êtres qui en dehors même du péché de nos premiers parents, qui nous est commun à tous, portent le poids d’une de ces déchéances ancestrales que Bourdaloue a appelées :

« Un second péché originel ».

Chez certains individus, comme chez Lockroy, un élément de Juiverie se greffe sur un héritage sanglant de Jacobin de 93, et constitue un très singulier mélange.

Fils d’un Juif italien, Simon, qui fut longtemps comédien sous le nom de Lockroy, et qui, d’après Vapereau, est né à Turin, le député de la Seine, l’ennemi des Frères des Écoles chrétiennes, descend de Jullien (de la Drôme), qui joua un si triste rôle pendant la Révolution.

Il a publié lui-même chez Calmann Lévy, sous ce titre : Journal d’une bourgeoise pendant la Révolution, les impressions de sa grand’mère, dont il a eu la pudeur, du reste, de ne donner que les initiales. En ceci il a eu raison, car on ne peut rien imaginer de plus odieux que ce Journal.

C’est une vraie lécheuse de guillotine que cette Philaminte bourgeoise. On devine une âme gonflée de rancune et d’envie, à la façon dont cette mégère applaudit à tous les crimes, au massacre de vieillards dans les prisons, aux exécutions populaires. Laide sans doute et mal élevée, elle hait d’une haine de servante cette reine qui fut la triomphante de Versailles par l’élégance et le charme plus que par le rang. Elle est fermée à tout sentiment généreux ; elle prélude aux ignominies d’Hébert ; elle insulte cette mère qui est au Temple, cette Chrétienne sublime qui, prête à monter à l’échafaud, employait ses derniers instants, dans le cachot de la Conciergerie, à recommander le pardon aux siens ; elle l’appelle Médicis, elle prétend que devant ses gardes elle faisait réciter à son fils des vers qui se terminaient ainsi :

Et, d’un peuple rebelle abhorrant la noirceur,
Il faut, mon fils, apprendre à lui percer le cœur.

Elle sait qu’elle ment. Que lui importe ? c’est avec ces mensonges qu’on fait tomber les têtes. La bonne nature tient à jouir, jusqu’au bout, de l’agonie de sa victime ; la hyène veut du moins sentir le sang, puisqu’elle ne peut pas le boire.

Un matin d’octobre, un artiste s’installe, une plume et du papier à la main, à une fenêtre de la rue Saint-Honoré. Une femme est à ses côtés, riant, coquetant, étalant ses grâces horribles ; soudain un éclair de joie passe dans les yeux de cette femme : une rumeur a couru dans la plèbe qui attend sa proie ; une charrette apparaît, elle porte à l’échafaud celle qui fut la reine de France. La Furie cependant ne peut dissimuler un mouvement de dépit. Marie-Antoinette est plus majestueuse encore qu’à Versailles. Brisée ce jour-là par une de ces indispositions qui anéantissent les femmes, sous le faix de douleurs qui semblent au-dessus du courage humain, l’infortunée trouve encore la force d’être calme, jusqu’à l’heure, heureusement proche, où, touchant au terme de sa longue agonie, elle criera au bourreau : « Dépêchez-vous ! »

L’artiste était David[5], la femme était Mme Jullien.

Jullien, terrorisé par cette gracieuse compagne, vota la mort de Louis XVI, en assurant qu’il avait toujours haï le roi et que « son humanité éclairée, ayant écouté la voix de la justice, lui ordonnait de prononcer la mort. »

Le fils chassait de race. Qu’on se figure Gilles ou Abadie investis de l’autorité d’un proconsul, et l’on aura l’idée de ce que fut Jullien fils : « Rien, dit le Dictionnaire biographique des hommes marquants de la fin du dix-huitième siècle, ne peut rendre son exaltation fanatique, son goût pour les supplices et son idolâtrie pour la guillotine qu’il appelait « le purgatif des royalistes ». On l’envoya à dix-neuf ans remplacer à Bordeaux, Tallien et Ysabeau, que l’on trouvait trop tièdes ; et ce gamin féroce justifia les espérances du Comité de Salut public. On l’entendit un jour, raconte Prudhomme, s’écrier dans la Société populaire que « si le lait était la nourriture des vieillards, le sang était celle des enfants de la liberté qui reposent sur un lit de cadavres ».

Les lettres que cet éphèbe sanguinaire, qu’on appelait l’espion morveux de Robespierre, écrivait à son maitre figurent dans les Papiers saisis chez Robespierre.

Quelques-unes sont des chefs-d’œuvre de précoce perfidie. Ce tigre était aussi mouton. Il éprouve un irrésistible besoin de dénoncer : il dénonce Bordeaux, qu’il nomme « un foyer de négociantisme et d’égoïsme » ; il dénonce Ysabeau, « qui mange du pain blanc tandis que le peuple se nourrit de fèves » ; il dénonce même Carrier, « qui vit dans un sérail, entouré d’insolentes sultanes et d’épaulettiers qui lui servent d’eunuques ».

Avec cela il était folâtre. Il demandait des subventions pour le théâtre de Bordeaux ; ce précurseur de Turquet voulait régénérer la nation par les ballets : « Comme j’ai vu les incalculables effets de ce genre de fêtes, disait-il, j’ai cru salutaire de l’offrir, au moins sur la scène, à toute la France, et j’ai composé un petit divertissement patriotique : les Engagements de citoyennes. »


IV


C’est par ce côté badin que Lookroy tient de la famille. Après avoir traversé les petits journaux à la suite de Wolff, il a passé par le théâtre Déjazet, avant de monter sur le théâtre de la politique. C’est le persécuteur vaudevilliste. Saint-Simon disait de Pussort qu’il avait « une mine de chat fâché ». Lockroy, quand il a réussi à attirer l’attention sur lui, a une mine de chat content, de chat qui fait ses ordures dans de la braise. L’œil est à signal, comme celui des joueurs de bonneteau ; il y a de l’inquiétude du camelot, qui amasse la foule sans cesser d’être aux aguets, dans cette petite physionomie éveillée, sournoise et méchante.

Il est malin. Il l’a prouvé sous la Commune. Il était fort embarrassé de son attitude à Paris. Approuvant les actes du gouvernement insurrectionnel, mais redoutant prudemment de s’associer à un mouvement qu’il savait devoir échouer, il trouva à cette situation un dénouement plus habile que celui du Zouave est en bas. Il profita des circonstances pour aller faire une promenade champêtre et voir si les lilas poussaient du côté de Clamart ; des amis obligeants le firent enlever par une patrouille et remettre en liberté quand la Commune fut terminée.

Le bon peuple de Paris resta convaincu que ce pur serait mort pour lui, et depuis ce temps le regarde comme un bon, ce qu’on appelle un républicain numéro un.

Aux dernières élections, ce Paillasse trouva moyen d’être inscrit sur toutes les listes. Hier il était Ministre du Commerce ! aujourd’hui il est Ministre de l’Instruction publique, Grand Maître de l’Université !


Le grand titre de Lockroy, auprès de la Franc-Maçonnerie, a été de s’introduire dans la famille de Victor Hugo, et d’y monter la garde, pour empêcher que celui qui avait été un si grand poète religieux, ne retourne au Christ. L’affaire a été admirablement menée. On prit l’aïeul par l’amour qu’il avait pour ses petits-enfants. Quelle douleur ce dut être pour le poète de voir ce vilain moineau installé ainsi dans le nid de l’aigle ! Qui saurait exprimer l’intensité du regard plein d’une hostilité sourde que le vieillard, d’une si magnifique bonhomie envers tous, lançait parfois sur Lockroy imperturbablement assis dans son rôle de père nourricier, immobile dans une posture à la fois arrogante et très basse ? Toute l’horreur de cette vie commune se lisait dans ce regard.

Que se passa-t-il au lit de mort ? On ne le saura jamais exactement. Les dernières heures de ce souverain de l’intelligence furent entourées d’autant de mystère que celles d’un souverain de droit divin.

Le fameux testament, publié avant les funérailles, ne me paraît pas de la main de Victor Hugo.

Louis XIV avait pour secrétaire de la main le président de la Cour des comptes, Toussaint Rose. Rose, qui fut membre de l’Académie en remplacement du silencieux Conrart, avait la même écriture que le roi, et il écrivait les lettres qui, d’après l’étiquette, devaient être autographes. Personne n’ignore dans le monde littéraire, que M. Richard Lesclide remplissait les mêmes fonctions près de Victor Hugo, et que les autographes authentiques du maître sont excessivement rares pour la dernière période de sa vie. Victor Hugo, évidemment, n’aurait pas suffi à son écrasant labeur, s’il lui avait fallu écrire cinquante lettres par jour, pour annoncer aux gens qu’« ils avaient le Verbe en eux », et qu’il « pressait cordialement leurs mains loyales ».

Ce Lesclide, aposté dans la maison par Lockroy, était un Juif de Bordeaux, un Juif de l’espèce gaie, qui pintait vigoureusement au dîner, mais qui n’était pas désagréable.

Ainsi entouré, Victor Hugo n’avait plus guère le moyen de manifester une opinion libre. Il est moralement certain, pour moi, qu’il a demandé un prêtre, et bien des témoignages matériels tendraient à confirmer cette conviction. Il est démontré, en tout cas, que Lockroy a intercepté la lettre, remplie d’une si évangélique charité, de l’archevêque de Paris, et qu’elle n’a pas été remise au malade.

Ce qu’il faut toujours regarder, c’est le ton que prennent ces gens-là dans ces questions. Je ne songerai jamais à m’étonner qu’un Israélite fasse demander un rabbin pour le consoler à ses derniers moments ; j’ajoute même que, s’il m’en priait, j’irais le chercher moi-même et que je payerais le fiacre au besoin. Voulez-vous savoir comment Germain Sée qualifie la possibilité même d’un acte pareil ? « Mon cher ami, écrit-il à son complice Lockroy, si vous avez lu le Monde d’hier, vous y trouverez une monstruosité sur le désir qu’aurait manifesté le Maître de se confier à un prêtre. »

Je vous demande en quoi il serait monstrueux qu’un homme qui a dû ses plus belles inspirations à la religion chrétienne, qui a célébré Jésus, l’Église, la prière en vers immortels, eût le désir, avant de quitter la terre, de causer avec le ministre d’un Dieu qui a été le sien.

Lockroy est plus insolent encore. Les rédacteurs du Monde, voulant espérer quand même que l’âme du poète était sauvée, avaient demandé simplement et très convenablement si Victor Hugo n’avait pas souhaité voir un prêtre. « Les drôles qui rédigent un journal religieux appelé le Monde » : voilà sur quel ton Lockroy commence sa réponse.

Lockroy est sûr de ce qu’il fait en écrivant ceci. Il est de ceux qui ont reçu le plus de corrections dans leur vie, et qui les ont reçues le plus patiemment. Il avait fait tout jeune l’apprentissage des humiliations» en voyant son père, moyennant quelques feux modestes, se livrer à des pitreries ou tendre le dos pour amuser la foule au théâtre.

Avec les journalistes catholiques, Lockroy prend sa revanche. Il y a là des officiers, d’anciens zouaves pontificaux, qui ont été héroïques sur les champs de bataille, et dont la vue seule ferait cacher Lockroy soua la table ; retenus par les défenses de l’Église, ils laissent ce malheureux les insulter sans lui envoyer de témoins.

Les camarades de Lockroy tirent de là, naturellement, des conséquences absolument fausses. Je vous citerai Louis-Stanislas Meunier. J’ai lu de lui des articles où retentissait parfois, à travers les blasphèmes, une note vibrante et originale, où l’on trouvait une peinture sincère de nos misères sociales, que la France doit à la Révolution. Voyez, cependant, ce qu’il a écrit à ce sujet :


Quel derrière, mes amis, que celui du cléricalisme ! Comme cette rotondité charnue semble destinée admirablement aux coups de bottes ! Voyez comme le pied s’y enfonce bien ! Cela fait : ploc ! Un plaisir, vraiment. C’est gras, huileux, malsain. » Et pour bouquet, la lettre de Lockroy : « Les drôles qui rédigent un journal religieux intitulé le Monde… » En avez-vous assez, dites. Demandez, faites-vous servir ! Voulez-vous des gifles ?


M. Meunier n’ignore pas, cependant qu’au premier geste de ceux qu’il attaque, Lockroy s’enfuirait comme il s’est enfui éperdu, au mois de juillet 1885, de la salle des concerts de la rue de Lyon, lorsque quelques électeurs, moins naïfs que les autres, l’ont couvert de huées en traitant son discours de « boniment ». Plus soucieux de la vérité, le rédacteur du Cri du Peuple, tout en employant la comparaison qu’il paraît affectionner, aurait pu, au contraire, au point de vue même de ses idées antireligieuses, tirer un argument en apparence spécieux contre la prévoyance du maître de l’univers, de ce fait qu’un homme comme Lockroy, qui était destiné à recevoir un nombre de coups de pied et de claques véritablement exceptionnel, n’ait eu en naissant que deux fesses et deux joues, comme le commun des mortels, réservé à des émotions moins violentes[6].

  1. Isaie Levaillant a reçu de l’avancement : il a été nommé directeur de la Sûreté générale, poste important au point de vue de l’espionnage, et que les Juifs tiennent à voir occupé par l’un d’entre eux. Schnerb, nous l’avons vu, avait précédé là Isaïe Levaillant.
  2. Ce Lisbonne, tour à tour comédien, homme d’affaires et colonel de la Commune, est encore un type très intéressant pour nos études. Après avoir essayé d’ouvrir un établissement où les consommateurs auraient été servis par des religieuses, il a fondé la Taverne du bagne, puis l’Auberge des reines, où les filles de service ont le costume des souveraines illustres dans l’histoire par leur beauté ou leurs malheurs. Nous retrouvons là ce besoin impérieux chez le Juif de souiller, d’avilir, de tourner en ridicule tout ce qui a été grand dans le Passé. C’est chez lui une véritable monomanie du genre stercoraire, sur laquelle il tente une opération commerciale avantageuse.
      Au fond, Lisbonne c’est Ludovic Halévy communard, comme Ludovic Halévy c’est Lisbonne académique. Tous deux ont orienté leur vie d’une façon différente, mais en réalité l’œuvre est la même.
  3. En Prusse cependant, où l’on est moins endurant que nous, on refuse de prêter serment devant les magistrats juifs. C’est un prédicateur de grand mérite et de haute vertu, M. Hapke, qui a pris cette initiative.
      A Esseg, dans le comtat d’Agram, un courageux citoyen, nommé Bartholovicz, suivit cet exemple au mois de juillet 1883. Frappé d’une amende de 100 florins, il alla en appel ; l’arrêt fut cassé, et il fut décidé que le serment aurait lieu devant un juge catholique.
      Si les Français agissaient de même, les Moïse et les Dreyfus renonceraient vite à leurs fantaisies.
  4. Tout officier suspect de cléricalisme est impitoyablement dénoncé par les journaux juifs, tandis que le ministre de la Guerre veille avec soin, grâce à l’intervention de l' Alliance Israélite, à ce que des congés soient accordés, au moment des fêtes juives, aux soldats de cette religion qui se trouvent sous les drapeaux. Voilà ce qu’on appelle l’égalité !
    M. Baudry d’Asson a eu l’idée de relever la moyenne des traitements des pasteurs des différents cultes ; elle est instructive :
    Moyenne des traitements du clergé catholique. Fr.   922
    — des muftis musulmans 1.600
    — des pasteurs protestants 2.111
    — des rabbins israélites 2.522
  5. Ce dessin faisait partie de la collection Hennin à la Bibliothèque nationale. Au-dessus, on lit cette note de la main de M, Hennin : « Portrait de Marie-Antoinette, reine de France, conduite au supplice, dessiné à la plume par David, spectateur du convoi et placé à une fenêtre avec la citoyenne Jullien, femme du représentant Jullien. Copié sur l’original existant dans la collection Soulavie. »
  6. Si M. Meunier veut voir comment des hommes comme moi, qui n’ont pas à remonter bien loin dans leurs ancêtres pour y trouver des ouvriers chrétiens, traitent des Turlupins comme Lockroy, qui n’ont parmi les leurs que des bouffons et des assassins, il n’a qu’à lire, dans le Monde du 10 janvier, l’article intitulé Bobèche. Ce n’est pas ce que j’ai fait de mieux littérairement, car c’est un de ces articles qu’on écrit plutôt avec le pied qu’avec la main ; mais enfin, à moins de laisser la botte dans la partie en litige, il est impossible d’être plus net.