La France Juive (édition populaire)/Livre 6/Chapitre 1

Victor Palmé (p. 395-417).


CHAPITRE PREMIER

LES FRANCS-MAÇONS


La guerre aux catholiques. — Les droits de la pensée libre. — Caractère spécial de la persécution actuelle. — Origine juive de la Franc-Maçonnerie. — Une allégorie transparente. — Le Temple de Salomon. — La Franc-Maçonnerie d’adoption. — Des couplets folichons. — Cousin, président du Suprême Conseil. — L’homme de paille de Rothschild. — Faiblesse coupable de certains catholiques. — Comment se recrute la Maçonnerie. — Le signe de détresse. — Tirard et la conversion. — Les légèretés d’un Lowton. — Les mines d’or de l’Uruguay. — Un Tuileur de premier ordre. — Un enterrement maçonnique. — Guillot, ou le Sage de la Grèce. — Un coup de maillet de Vénérable. — Les vertus du maire de Brest. — Un ministre de commerce agréable.


I


Quels sont les instigateurs, les instruments et les complices de la persécution qui a commencé par l’expulsion de saints religieux, qui s’est ensuite attaquée à l’âme de l’enfant, qui a enlevé enfin au malheureux agonisant dans un hôpital sa dernière consolation et sa suprême espérance, qui s’est efforcée, en un mot, par tous les moyens, d’avilir et de dégrader la France ? Comment cette campagne a-t-elle été entreprise et poursuivie ? Telle est l’étude que nous nous proposons dans ce sixième livre.

La libre pensée elle-même n’est point en cause ici. Que d’heures charmantes nous avons passées avec de brillants esprits, fermés à ces croyances qui sont l’enchantement et la joie de notre vie ! Combien de temps avons-nous été nous-même, en admirant le rôle social du Christianisme, à ne pas admettre le côté divin de ses dogmes, à vivre en dehors de l’Église ? Il a plu à Dieu, dans sa miséricorde infinie, d’appeler par son nom le pauvre écrivain, d’exercer sur lui cette pression irrésistible et douce à laquelle on ne résiste pas, de lui frapper amicalement sur l’épaule, oserai-je dire sans crainte d’être irrespectueux, car ce Christ qui est le maître du ciel et de la terre, est en réalité le plus sûr et le plus fidèle des amis. C’est à nous à remercier et à bénir, mais sans attaquer ceux qui, tout en ne partageant pas nos convictions, n’attentent pas à nos droits de citoyens, d’hommes et de Français.

Que de grandes intelligences soient restées fermées à une telle lumière, cela surpasse l’imagination ; cela est cependant.

Pair d’Angleterre, beau, riche, comblé des dons les plus rares, Byron blasphème le Dieu qui lui a accordé tous ces bienfaits.

Travailleur infatigable, probe dans sa vie, pur dans ses mœurs, Proudhon ne veut pas croire qu’une autre existence le récompensera de ces vertus là-haut, et c’est à Satan qu’il adresse un hymne d’amour.

Delacroix, l’admirable auteur de tant de peintures religieuses, se détourne sur son lit de mort pour ne pas entendre le son des cloches ; il aime mieux s’enfoncer dans le noir que d’aller regarder combien les figures qu’il a rendues à demi visibles par son pinceau, sont plus belles encore que son génie n’a pu les concevoir.

Avant d’être touché par la grâce, combien d’années Littré, si honnête, si droit cependant, n’a-t-il pas lutté contre l’évidence ?

Prenez Jules Soury parmi les philosophes contemporains. Dans son Bréviaire du matérialisme, qui est un chef-d’œuvre de critique et d’érudition, il a apporté, selon moi, les meilleurs arguments à la Religion, en constatant que depuis cinq mille ans la philosophie est toujours au même cran, qu’elle répète toujours la même chose, qu’elle tourne dans le même cercle, qu’elle n’a pu rien expliquer ; il a démontré que Darwin n’avait fait que reprendre les théories de l’adaptation à Anaximandre, qui lui-même copiait Anaxagore, lequel plagiait Empédocle. L’auteur n’en est pas plus chrétien pour cela. Cet homme, qui est un travailleur vaillant, lui aussi, admet volontiers, avec Schopenhauer, que la vie est un mauvais tour que nous a joué le grand Inconscient.

Encore une fois, nous n’avons ni à juger les cœurs ni à sonder les reins. Remueurs de paroles, constructeurs de systèmes, génies perdus par l’ironie ou obscurcis par l’orgueil, libres penseurs de toutes les nuances, n’ont rien à voir avec les misérables qui jettent un vieillard hors de son domicile parce qu’il ne pense pas comme eux, ou qui volent le pain d’un prêtre indigent. Littré, même avant sa conversion ; Vacherot, ont protesté avec dégoût contre ces infamies ; demandez à Jules Soury comment il juge des hommes comme les Constans, les Gazot, les Goblet, et vous verrez ce qu’il vous répondra.

En réalité, la lutte contre les croyances de la majorité des Français a été, non une revendication de la libre pensés, mais la persécution de trois religions voulant en opprimer une autre. Si les Juifs, confondus avec les Francs-Maçons, se distinguèrent par une haine spéciale contre Celui qu’ils avaient crucifié ; s’ils furent à la tête du mouvement ; si, grâce à leurs journaux, ils répandirent à profusion les calomnies les plus ignobles, ils furent puissamment aidés par les Protestants, qui, eux aussi, par un illogisme singulier, en voulaient au Christ, parce qu’ils se sentaient coupables envers lui.

Il nous est donc nécessaire de nous arrêter quelque temps sur la Maçonnerie, de mettre en relief le caractère sémitique de l’institution, et de préciser la forme particulière qu’elle a prise de nos jours.


II


L’origine juive de la Maçonnerie est manifeste, et les Juifs ne peuvent même pas être accusés de beaucoup de dissimulation dans cette circonstance. Jamais but plus clair, en effet, ne fut indiqué sous une plus transparente allégorie. Il a fallu toute l’ingénuité des Aryens, pour ne pas comprendre qu’en les conviant à s’unir pour renverser l’ancienne société et reconstruire le Temple de Salomon, on les conviait à assurer le triomphe d’Israël.

Ouvrez n’importe quel rituel, et tout vous parle de la Judée. Kadosch, le plus haut grade, veut dire saint en hébreu. Le chandelier à sept branches, l’arche d’alliance, la table en bois d’acacia, rien ne manque à cette reconstitution figurative du Temple. L’année maçonnique est à peu près réglée sur l’année juive : l’almanach israélite porte 5446e année de la Création ; l’almanach maçonnique, 5884e année. Les mois maçonniques sont les mois juifs : adar, veadar, nisan, iyar, sivan, tammouz, ab, eloul, tischri, heschvan, kislev, tebeth, schebat.

Nous n’avons qu’à ouvrir l’Annuaire des quatre obédiences françaises, avec éphémérides maçonniques, du F.*. Pierre Malvezin, pour y voir que le F.*. Hébrard, directeur du Temps, est né le 1er janvier 1834, dans le 11e mois maçonnique, c’est-à-dire, dans le mois de tebeth ; le F.*. Compayré est venu après lui, le 3 de ce même mois ; le F.*. Jules Claretie est né le 3 du mois de kislev, qui correspond au 3 décembre.

N’est-ce pas honteux à un homme comme Jules Claretie, qui est un travailleur, qui a un talent, non point éclatant, sans doute, mais sérieux, de s’affilier, pour avoir quelques réclames de plus, à cette bande malfaisante, qui tend partout des pièges à nos pauvres prêtres ?

Vous me direz que cela, après avoir été utile dans les journaux au F.*. Claretie et avoir fait de lui un directeur du Théâtre-Français, ne l’empêchera pas d’être de l’Académie ; au contraire. Les catholiques voteront pour l’ancien rédacteur du Temps, au lieu d’accorder leurs voix à quelque brave homme qui aura essayé de défendre la foi des ancêtres. N’importe ! à la place de Claretie, je rougirais de me trouver sur de pareilles éphémérides, en compagnie du F.*. Lyon-Allemand, né le 7 du mois d’ab, et du F.*. Cazot, né le 11 du mois de schebat.

La phrase fameuse qu’échangent entre eux les initiés, et que M. Andrieux a tournée en ridicule : « L’acacia m’est connu», se rattache également aux plus lointaines traditions juives. D’après l’Écriture sainte, cet arbre était considéré comme sacré parmi les Hébreux ; sur l’ordre de Moïse, le tabernacle, l’arche d’alliance et tous les ustensiles religieux furent composés de ce bois.

Regardez, si vous le voulez, les gravures d’un ancien rituel de hauts grades, vous reconnaîtrez tous les symboles de l’ancienne Loi. Vous y verrez Moïse et Elle sortant d’un nuage de feu, tandis que sur une banderole on lit : Rends la liberté aux captifs. Les mots de passe sont Judas et Benjamin. Il n’est question que d’Adonaï, de la fontaine de Siloé, de Zorobabel, qui vient demander, lui aussi, qu’on rende la liberté aux captifs et qu’on leur permette d’aller rebâtir le Temple de leur Dieu.

Dans la Maçonnerie d’adoption vous démêlez également l’influence juive. La Maçonnerie d’adoption, on le sait, est la Maçonnerie des femmes[1]. Les réceptions sont de vraies fêtes de la Bonne Déesse ; on y chante parfois des cantiques ou chansons qui, pour employer une expression empruntée par Octave Feuillet aux Goncourt, feraient rougir un singe. Citons, comme un échantillon innocent, ces couplets simplement gaillards :


ÉVA. — Cantique

 
On nous dit de l’Angleterre
Que tout son vocabulaire
Dans Goddam se renfermait
______(Prononcez Goddem) ;
Mais dans la Maçonnerie,
Un mot a plus de magie.
Ce mot, qui ne l’aimerait ?
Éva, Éva, Éva ! (bis).
Un vrai Maçon ne sera
Jamais sourd à ce mot-là !

Heureux le Maçon fidèle
Qui peut consacrer son zèle
À la beauté qu’il chérit !
Mais bien plus heureux encore,
Quand d’une sœur qu’il adore
Le tendre regard lui dit :
Éva ! etc.

Ignorant notre langage,
Mondor, au déclin de l’âge,
Épouse une jeune sœur.
La pauvre petite femme,
Qui le croit Maçon dans l’àme,
A beau dire avec ferveur :
Éva, Éva, Éval (bis.)
Vieux profane est et sera
Toujours sourd à ce mot-là.


III


L’association maçonnique a été un cadre dans lequel sont entrées beaucoup de catégories d’hommes qui se sont reconnus là, à une sorte de médiocrité malfaisante commune : les gogos, les vaniteux, les pervers, trop craintifs pour agir tout seuls, et qu’un esprit de garantie personnelle portait à ne s’aventurer qu’à bon escient.

Gouvernée par des maîtres invisibles et que nul ne soupçonne, la Franc-Maçonnerie fut une sorte de Judaïsme ouvert, une espèce d’appartement de garçon, de bureau, d’agence, où les Juifs fraternisèrent avec des gens qu’ils n’auraient pas voulu recevoir chez eux. Abrité derrière cette machine de guerre qui le cachait, le Juif put accomplir le mal sans être responsable, en attestant Abraham qu’il était partisan de la tolérance.

Après avoir eu la précaution de mettre d’abord à sa tête des personnalités dont on exploitait l’ambition et qui donnaient le change à l’opinion, la Franc-Maçonnerie, une fois assurée du succès, a cherché des instruments qui lui appartinssent absolument, en les choisissant parmi les êtres qui, par leur nullité intellectuelle et morale, n’offrent pas assez de relief pour qu’on s’attaque à eux.

Prenez Cousin, qui fut président du Suprême Conseil jusqu’au convent d’octobre 1885. Il était, en apparence, l’homme le plus puissant de France ; en réalité, c’est un mince personnage, très humble serviteur et homme de paille des Rothschild. Administrateur du Panama, inspecteur délégué du chemin de fer du Nord, chargé du service central de l’exploitation, riche de cent cinquante mille livres de rente, marié à une femme qui a une fortune au moins égale, intéressé par les Rothschild dans toutes les belles affaires de ce temps, il n’en est pas moins un de ces figurants subalternes de la vie contemporaine que Paris, pourtant si curieux, connaît à peine.

C’est à la fois un timide et un dément de vanité, qui finira, d’après toutes les probabilités, par la folie complète. Petit employé, il faisait déjà déborder un foulard rouge de la poche de sa redingote, pour laisser croire qu’il était décoré. Une fois rentré chez lui, il ne quitte plus le grand cordon maçonnique, le tablier, les emblèmes, les bijoux. En dehors de son titre de président, il s’affuble, dans le calendrier maçonnique, du sobriquet baroque de : Garant d’amitié du Grand Orient de Hongrie, O.*. de Buda-Pesth.

Craintif et insolent en même temps, il rampe devant les Rothschild, et fait peser un joug de fer sur ses employés, qui le détestent cordialement. Avec sa figure blafarde, ses yeux inquiets, c’est l’incarnation complète du bureaucrate sinistre. Avec cela il a des qualités : il est classificateur, paperassier habile. Les Rothschild ont compris le parti qu’on en pouvait tirer, et lui ont passé au cou ce cordon moiré qu’il aimait tant.

Tout le mouvement de la Maçonnerie : intrigues, dénonciations contre d’honnêtes Chrétiens, démarches pour priver un brave homme de sa place, enlèvements d’enfants, poursuites à l’aide de faux témoignages contre des ecclésiastiques, ce qu’on ne sait pas, ce qu’on ne se dit qu’entre affidés très sûrs — tout cela est venu pendant de longues années aboutir au chemin de fer du Nord.

Cousin classe tout avec une méthode imperturbable : il met les pièces dans un dossier, puis le dossier dans un carton, et le carton dans un secrétaire garni d’une serrure de sûreté. C’est le Crime en manches de lustrine, la Sainte-Vehme siégeant sur un rond de cuir ; c’est Cagliostro dans le faux col de Joseph Prudhomme et dans la lévite de Pet-de-Loup. C’est la malfaisance aimée pour elle-même. Quel intérêt, je vous le demande, peut avoir cet homme dix fois millionnaire à détruire ces croyances qui aident les déshérités à supporter la vie ?


IV


Le Franc-Maçon non juif, le Franc-Maçon instrumentaire personnifie un type particulier ; il correspond à une nature d’esprit spéciale, il semble qu’on naisse ainsi. Ce n’est ni l’insurgé, ni le niveleur, farouche qui rêve de fonder sur des ruines une société meilleure ; ce n’est pas le socialiste poursuivant de séduisantes et dangereuses utopies. Non : c’est un bourgeois, mais un bourgeois particulièrement vil et bas.

Jamais on ne vit imposture pareille à la prétendue philanthropie qu’affectent les Francs-Maçons. Ils n’ont pu fonder une œuvre charitable sérieuse, le Monde maçonnique l’avoue lui-même :


Toutes les fois que nous voulons entrer dans le domaine de la création d’établissements de bienfaisance et de secours, nous échouons pitoyablement.

L’Orphelinat général maçonnique nous en fournit une preuve de plus. Si nos adversaires, les cléricaux, pouvaient mesurer l’inanité de nos efforts dans la voie de la bienfaisance pratique, ils trouveraient un beau thème à nous couvrir de ridicule.

En comparant la situation du seul établissement créé par nous, comptant à l’heure qu’il est vingt-deux années d’existence, à la foule d’institutions au moyen desquelles l’Église distribue à un peuple de clients des secours de toute nature, nos ennemis pourraient véritablement nous prendre en pitié.

Nous faisons des vœux pour que le rapport de la sous-commission des finances, dont le F. Leven est président, ne leur tombe pas sous les yeux. Il importe à l’honneur de la Libre Pensée que la Franc-Maçonnerie ne fasse pas rire d’elle.


Ce qui caractérise précisément la Maçonnerie, c’est un sentiment inconnu jusqu’à elle, un sentiment vraiment diabolique : la haine du pauvre. « N’introduisez jamais dans l’ordre, dit le F.*. Beurnouville, que des hommes qui peuvent vous présenter la main et non vous la tendre ». Pour le F.*. Ragon, la pauvreté, « c’est la lèpre hideuse de la Maçonnerie en France ».

Le Franc-Maçon a le culte et l’amour de la force, comme le Juif ; il est toujours avec ce qui réussit.

Ces éternels suiveurs de fortune se sont mis naturellement à la remorque du prince de Bismarck. Bismarck avait intérêt à détruire chez nous cet idéal de foi qui, faisant mépriser la mort, rend les nations invincibles ; la Franc-Maçonnerie s’offrit pour accomplir cette besogne, et l’accomplit presque pour rien, par besoin de servir, par la pente naturelle qui la porte à tout ce qui répond à une sorte de domesticité haineuse, qui est son fait.

Cette adoration perpétuelle pour ce qui est fort et riche, s’applique à tout. Entrez dans une loge maçonnique, vous n’entendrez jamais personne demander qu’on touche aux milliards des Juifs.

L’ennemi auquel ces vaillants s’attaquent, c’est le Frère des Écoles chrétiennes ou la Petite Sœur des pauvres, le faible, en un mot. Contre eux ils sont terribles, ils écrivent des planches contre eux, ils tuilent, ils se grattent frénétiquement dans la main, ils épuisent le répertoire de leurs attouchements obscènes.

C’est Ranc, un Imitateur d’Osiris, qui, le 17 juillet 1879, exhiba dans sa loge une sorte de carte des établissements religieux à piller. C’est Constans qui, le 17 août 1880, après la première exécution des décrets, reçut une palme de la Parfaite Harmonie, qui aurait mieux fait de demander à Barcelone quelques renseignements sur ce malheureux Puig y Puyg, si cruellement dépouillé par l’ancien ministre de l’Intérieur.

Nous voyons encore ce Constans, qui aurait tant de raisons de se cacher, se mettre en évidence dans une fête d’adoption donnée, le 27 juin 1885, dans un restaurant du bois de Boulogne.

Cette fois, spectacle écœurant même pour les moins difficiles, des enfants sont mêlés à ces farces odieuses. Les pauvres petits acteurs condamnés à figurer dans ces saturnales ont le visage couvert d’un voile de mousseline blanche, portant en lettres jaunes une inscription différente. Sur l’un on lit le mot fanatisme ; sur l’autre : ignorance ; sur un troisième : misère. Après d’interminables discours, on enlève solennellement ces voiles.

Constans déclara hautement que c’était la Maçonnenerie qui avait imposé l’expulsion des religieux au, gouvernement.


C’est dans la Franc-Maçonnerie, où je suis entré il y a| trente-deux ans, que j’ai entendu dire pour la première fois que le cléricalisme était l’ennemi commun.

Je suis de ceux qui n’ont pas craint de se compromettre pour le combattre ouvertement ; mais à quoi cela aurait-il servi, si, comme cela se voit aujourd’hui, les robes noires] expulsées peuvent impunément revenir prendre leurs places primitives ?

Se tournant vers le député Laguerre, l’orateur ajoute :

… Mais j’espère que de plus jeunes que moi les expulseront une bonne fois pour toujours !…


La grande force de la Maçonnerie, réside dans le concours que lui apportent, les gens médiocres d’intelligence et faciles de conscience, qu’elle réussit depuis quelques années à caser dans tous les postes importants. Sévère pour l’homme condamné, la Maçonnerie aime l’homme véreux, l’agent d’affaires, le financier louche, le déclassé qui a besoin d’elle, et qui par conséquent est pour elle un instrument docile. Des pleutres comme Ferry ou comme Tirard, par exemple, sont les grands hommes francs-maçonniques. Ils sont soutenus, protégés, repêchés.

Prenez la liste de tous les hommes en vue, adeptes de la Franc-Maçonnerie, et vous y verrez figurer tous les noms d’hommes compromis dans de douteuses affaires, dans des virements suspects, flétris par leur propre parti : les Constans, les Oazot, les Ferry, les Floquet, les Bouteillier, les Paul Bert, les Baïhaut.


V


La Franc-Maçonnerie, en effet, n’abandonne les siens qu’à la dernière extrémité. Voyez, par exemple, Tirard. Il est chargé, comme ministre des finances, de cette opération de la conversion du 5 0/0 en 4 1/2, qui demandait avant tout de la discrétion.

Que fit Tirard ? Il fit cyniquement un coup : il reçut ostensiblement M. Dugué de la Fauconnerie, et l’autorisa à déclarer que l’opération n’aurait pas lieu, alors qu’il savait qu’elle était déjà décidée. On rafla ainsi une quinzaine de millions.

Dans la séance du 26 avril 1883, M. Oscar de Vallée monte à la Tribune du Sénat, flétrit ces prévarications. Le rigide magistrat retrouve l’accent des anciens jours, son doigt désigne le coupable assis au banc des ministres. Cette parole d’un honnête homme produit une émotion profonde. Même composées en majorité de gens pour lesquels la vertu n’est qu’un mot, les Assemblées prises en masses sont accessibles à certains courants.

Un frisson passe dans la salle, quand, s’adressant au Garde des sceaux, qui baisse la tête, l’orateur lui dit : « Vous êtes le maître de l’action publique ; pourquoi ne la mettez-vous pas en mouvement ? Il y a des coupables : cherchez-les et punissez-les ! »

Il est peu vraisemblable, évidemment, que Martin Feuillée, qui a eu probablement sa part de gâteau, commence une instruction contre lui-même ; mais les foules, je le répète, sont toujours promptes aux impressions, et tout le monde se demande si Tirard ne va pas avoir le sort de Teste.

Le Vénérable de la loge l’École mutuelle était pâle comme un mort ; il fit sans doute le signe de détresse en élevant les deux mains croisées au-dessus de sa tète. Soudain, des bancs de la gauche partent des vociférations, des cris confus, des interruptions assourdissantes. On veut empêcher à tout prix M. Oscar de Vallée de poursuivre sa courageuse harangue. Les Maçons descendent au bas des gradins, pour mieux insulter celui qui dévoile les scandales d’un des leurs. On distingue, parmi les plus exaltés, Deschanel et Laurent Pichat, de la Clémente Amitié ; le Juif Millaud, de la Fraternité progressive ; Testelin, de l'Étoile du Nord, qui croit qu’on parle une langue étrangère lorsqu’on parle de probité ; Tolaîn, de la Prévoyance, toujours prêt lorsqu’il s’agit de se faire noter d’infamie.

Les clameurs couvrent la voix de l’homme probe, qui est réduit à se taire. Martin Feuillée s’essuie le front, Le F.*. Tirard est encore une fois sauvé.

C’est le Benjamin des loges, d’ailleurs, un vrai Lowton, que cet ancien bijoutier en faux.

Il se jette toujours dans des aventures qui ne sont pas propres, et, une fois en mauvais cas, il essaye de se tirer d’affaire par des dénégations puériles. Il s’était associé avec quelques camarades désireux d’enlever quelques millions aux malheureux Français, et l’on avait mis son nom à un prospectus, qui était, ma foi, fort alléchant :


La paix et la tranquillité dont jouit depuis longtemps la République de l’Uruguay, et l’appui garanti du Président et des principaux membres du gouvernement de cette République, sont pour notre Société des gages certains de sécurité.

Les communications entre la mine Santa-Ernestina et Montevideo sont faciles, le climat est tempéré et sain, la main-d’œuvre bon marché. Toutes ces circonstances, jointes à la richesse exceptionnelle, bien constatée, du quartz aurifère à exploiter, nous ont permis de trouver, dans nos relations et parmi nos amis, un chiffre déjà important de souscriptions.


Le banquier allemand Isaac Kolisch, qui s’était chargé de l’émission, adressait aux actionnaires les appels les plus pressants, et, par un raffinement d’habileté qui manque rarement son effet, il faisait entendre qu’il fallait souscrire sans bruit, si l’on voulait être admis dans ce qu’il appelait a un petit cercle d’initiés ».


Monsieur,

Après avoir parcouru la note ci-jointe, vous aurez acquis la conviction qu’il s’agit d’une affaire vraiment exceptionnelle, et vous comprendrez facilement pourquoi il m’a été impossible d’en donner les détails dans la circulaire de ma maison.

S. Exe. M. Tirard, ministre de l’Agriculture et du Commerce, ayant accepté la présidence de la Société, et plusieurs autres personnages aussi haut placés y étant intéressés, toute l’affaire a été traitée et conclue sans aucune publicité, comme il convient a des affaires vraiment bonnes, réservées à un petit cercle d’initiés.


Dans une réponse adressée au Français, qui avait reproduit cette circulaire, Tirard protesta ; il déclara qu’il était complètement étranger à cette affaire, et qu’il n’en avait jamais entendu parler.

Les journaux de toute nuance partagèrent l’indignation de Tirard, et l’approuvèrent d’avance des mesures qu’il allait prendre contre les financiers assez osés pour se servir ainsi du nom, non seulement d’un homme, d’un député, mais d’un ministre de la République.

Chose bizarre ! Tirard ne bougea pas plus que s’il avait été pétrifié. On commençait à trouver que cette âme d’Excellence était vraiment trop excellente, lorsque le pot aux roses découvert exhala un parfum qui ne ressemblait pas précisément à ceux de l’Arabie.

Quand le banquier eut levé le pied, en emportant ce qui restait du fonds social, les actionnaires apprirent avec stupéfaction que la mine n’avait jamais contenu une parcelle d’or. Un ingénieur, envoyé pour faire une enquête, avait très franchement constaté cette absence absolue de tout minerai. Au lieu d’annoncer loyalement ce résultat, les administrateurs, comme le raconte le Parlement, avaient caché le rapport et fait porter le capital social à 15 millions par l’émission de dix mille actions nouvelles.

Le Vénérable Tirard, l’intègre ministre, « avait vu la grande lumière du 3e appartement ».

« On devrait le nommer Tuileur », dit un Franc-Maçon fameux pour avoir affirmé dans une distribution de prix que Brutus avait été vainqueur à Philippes : « jamais, depuis le Honduras, des actionnaires n’ont reçu une tuile pareille. » Floquet, qui fait des mots, dit avec admiration : Ce ministre est un fameux Tirard de carottes !


VI


L’appui donné par la Franc-Maçonnerie à ses membres, dans des circonstances critiques, explique donc suffisamment, sans qu’il soit besoin de chercher là un élément mystérieux, le nombre de recrues qu’elle fait.

En province, certains hommes, banquiers, notaires, officiers ministériels, qui, sans la Maçonnerie, auraient été au bagne dès le début de leur carrière, se sont soutenus jusqu’à la mort, ont fini même, sinon entourés de l’estime publique, du moins officiellement honorés. Il y a dans ce genre des existences véritablement curieuses.

L’histoire du F.*. Guillot est épique, et peut être donnée comme spécimen.

Ce Guillot, notaire, maire de Trévoux, chevalier de la Légion d’honneur, membre du Conseil général, président de la commission départementale, haut dignitaire de la Maçonnerie, était le grand électeur du département. Quand il mourut, au mois de mai 1883, ce fut un deuil général chez les républicains.

A côté du préfet de l’Ain, Stehelin, du sous-préfet de Trévoux, Daval, du sous-préfet de Belley, Brun, on vit derrière le cercueil tout le personnel obligatoire et laïque, les membres du conseil municipal de Trévoux, la commission des hospices, la société de secours mutuels, la compagnie des pompiers, l’école laïque, de nombreux maires et conseillers municipaux des communes voisines, des fonctionnaires de diverses administrations.

On prononça sur sa tombe des discours dignes d’un homme qui aurait sauvé la Patrie. Daval, le sous-préfet, fut d’un lyrisme invraisemblable. Il serait dommage de ne point citer quelques fragments de cette harangue, qui donne bien l’idée de la littérature républicaine :


Messieurs,

C’est au nom de M. le Préfet de l’Ain et au mien que je prends la parole au bord de cette tombe, où nous réunit une peine commune.

L’homme que nous accompagnons à l’endroit où l' on dort, était de ceux qui ont pour cortège la douleur publique. La ville de Trévoux pleure en François Guillot un administrateur hors de pair ; le Conseil général de l’Ain, l’un de ses membres les plus actifs et les plus éminents ; la République, l’un de ses plus dévoués partisans.

On dit d’un soldat tué devant l’ennemi : mort au champ d’honneur ; de celui qui est dans cette tombe nous pouvons dire : mort à la peine. C’est qu’à la vérité cette vie si bien remplie se résume en deux mots : travail, bienfaisance. Quel vide il laisse parmi nous ! quelle perte nous venons de faire ! Quel est donc le « faucheur aveugle » qui porté ainsi la main sur le meilleur des nôtres ? Où trouver un pareil dévouement aux intérêts de la démocratie ?

Et cependant quel désintéressement dans l’accomplissement de cette tâche ! quelle noblesse dans les mobiles ! Remplir son devoir fut son unique et constante préoccupation.

Il n’ambitionnait que l’estime de ses concitoyens ; cette estime eût été sa seule récompense, s’il n’eût obtenu cette croix de la Légion d’honneur que je vois briller sur son cercueil.

Laissez-moi, à ce propos, vous dire un fait qui m’est personnel : C’était en 1878, quand M. le Préfet de l’Ain me demanda de lui désigner le plus digne de recevoir l’étoile de l’honneur. J’eus la bonne fortune de jeter les yeux sur Guillot, alors que personne, jusqu’à ce jour, n’en avait eu l’idée.

Quand j’appris que le décret qui le nommait chevalier de la Légion d’honneur était signé, je lui portai cette bonne nouvelle. Saisi d’une grande émotion, il me dit d’une voix entrecoupée par les sanglots : « Ai-je donc mérité la croix ? » Et il me serra en pleurant dans ses bras.

Le souvenir de cette scène, ai-je besoin de vous le dire, Messieurs ? restera profondément gravé dans ma mémoire tit dans mon cœur.

Quant à vous, Messieurs, qui entourez cette tombe, vous avez raison de verser des larmes. De longtemps vous n’aurez à pleurer un pareil homme de bien : car, si François Guillot eût vécu dans l’antiquité, la Grèce l’aurait mis au rang de ses Sages.

Adieu, cher ami ! adieu, Guillot !


M. Ducher, conseiller général, eut l’oraison funèbre presque aussi éloquente.

Messieurs,

Il m’a paru que nous ne pouvions pas laisser la terre se refermer sur l’homme de bien que nous accompagnons aujourd’hui au seuil du néant, sans qu’une voix se fît entendre sur sa tombe au nom du Conseil général de l’Ain, où M. François Guillot tenait une si digne et si large place.

Permettez-moi donc, Messieurs, à moi, le plus humble entre tous, de redire à la population éplorée de cette ville que si la perte qu’elle fait en ce jour est immense autant que difficile, j’allais presque dire impossible à réparer, vous n’êtes pas, loin de là ! seuls à la ressentir.

Ah ! c’est que notre collègue, notre ami Guillot, n’était pas seulement un citoyen éclairé, intègre et dévoué ; il n’était pas seulement un père de famille bon, aimé et respecté des siens ; il n’était pas seulement le premier magistrat d’une cité : M. Guillot était le conseiller, le protecteur, l’ami de tous, du petit comme du grand, du pauvre comme du riche ; son action bienfaisante et généreuse ne connaissait pas de limites : elle s’étendait non seulement sur sa ville d’adoption, sur son canton, sur l’arrondissement de Trévoux tout entier, mais encore sur ceux qui, de tous les points du département, venaient auprès de lui, sûrs d’y trouver un accueil bienveillant, un appui désintéressé.

Adieu, Guillot, notre excellent et regretté collègue, adieu !  !  !


Quant à Bollet, premier adjoint, il fut court, mais ferme ; il s’écria avec conviction :


Il n’est plus, cet administrateur intègre autant qu’habile, dans lequel notre pays plaçait sa plus entière confiance, ses plus chères espérances : car, si Guillot n’est pas mort à la fleur de l’âge, du moins il a succombé dans le plein exercice de ses grandes facultés.

Il n’est plus, cet homme équitable qui eut le mérite si rare de réduire ses ennemis au silence, de les forcer à l’admiration par l’excès de ses bienfaits.

Il n’est plus, cet ami dévoué, infatigable à servir les intérêts des autres, peu soucieux d’ailleurs de ce qui le regardait personnellement.

Mais, Messieurs, s’il ne reste rien de cette nature vigoureuse qui a lutté jusqu’au dernier souffle pour la cause de La justice, la mémoire de cet homme de cœur est impérissable. Il restera pour nous le modèle de toutes les vertus civiques.

Messieurs, unissons nos larmes à celles de la famille de ce serviteur de l’humanité : ce sera peut-être un adoucissement au chagrin de ses enfants abîmés dans la douleur !


VII


Il n’est pas de douleur éternelle. Les habitants du pays essuyèrent leurs larmes, et vinrent demander des nouvelles de leurs fonds, qu’avait dû faire fructifier un si bon Maçon.

Hélas ! le maillet maçonnique leur porta un coup de massue, et ils n’eurent point envie de pousser le triple houzé, qui est le cri d’enthousiasme des Fils de la Veuve.

Le sous-préfet Daval avait eu raison. La perte était considérable, plus considérable qu’on ne le pensait. Le, Vénérable était un vulgaire faussaire, un simple escroc ; il avait dévoré jusqu’au dernier sou, sans bruit, dans les obscures débauches de la vie de province, l’argent qui lui avait été confié.

Voici ce qu’écrivait à ce sujet le Salut public, de Lyon :


Les faux sont innombrables. La manière de procéder de Guillot était, en effet, fort simple. Un prêteur apportait à l’étude ses deniers, destinés à un placement hypothécaire ; Guillot empochait le capital, fabriquait une fausse obligation signée du nom d’un faux emprunteur, et payait exactement les intérêts à l’aide des capitaux que de nouvelles dupes apportaient à l’étude. Rien de plus simple, vous le voyez. Il est bien entendu que je vous signale le procédé le plus ordinairement employé ; mais Guillot, suivant les circonstances, savait varier son répertoire et faire passer l’argent de la poche d’autrui dans la sienne sur des airs nouveaux.

Ce qui, à mon avis, est le plus digne de remarque en cette affaire, c’est que Guillot ait pu procéder ainsi depuis de longues années, sans être inquiété ni découvert. Ce fait prouve, de la part de sa clientèle, une confiance aveugle, qui s’attachait à un homme comblé d’honneurs par la République. Il ne faut pas oublier, en effet, qu’il y en a encore beaucoup pour qui les honneurs républicains signifient quelque chose. C’est bête, mais c’est comme ça !

Le passif, qui est considérable, constitue un véritable krach pour le canton de Trévoux : capitaux perdus et dissipés, procès nombreux et dispendieux.


Ce qui est inouï, en effet, c’est l’impunité dont jouissait Guillot, l’appui constant qu’il trouva, grâce à la Maçonnerie, dans le monde officiel, parfaitement au courant de sa situation.

Guillot cependant n’était qu’un enfant à côté de Bellamy. Protestant et Franc-Maçon, chef du parti opportuniste dans le Finistère, conseiller général, maire de Brest, chevalier de la Légion d’honneur, Bellamy est un type complet, presque une figure. Gambetta, qui allait à l’improbité comme le fer va à l’aimant, en fit son ami, et, pendant de longues années, Bellamy fut, comme Guillot, le grand électeur du département.

Même quand il fut impossible de dissimuler ses détournements, les députés républicains le protégèrent longtemps contre toutes les poursuites.

Le nombre des abus de confiance et des vols de Bellamy est incroyable, et le chiffre avoué des détournements, 800, 000 francs, est manifestement au-dessous de la vérité. Bellamy semblait avoir une préférence pour le vol aux pauvres, qui est une spécialité républicaine.

Bellamy n’en fut pas moins acquitté par le jury.

Pour le moment, les francs-maçons sont les maîtres, et le R. P. Delaporte a pu écrire très justement : « L’œuvre est tellement avancée, qu’humainement parlant son succès définitif est aussi proche que certain. Où est la force humaine qui pourrait lutter contre la Maçonnerie, maîtresse des gouvernements, de la presse, et, par les Juifs, qui la servent à condition de s’imposer à elle, de la finance, c’est-à-dire, de toute la vie industrielle et commerciale des nations ? »

Ces quelques vues sur la Maçonnerie, d’ailleurs, n’ont d’autre prétention que d’être un croquis, un essai, comme on s’exprimait autrefois. Nous n’avons pas, est-il nécessaire de le répéter ? prétendu étudier à fond cette institution complexe et variable dans ses formes, que nous avons déjà rencontrée à plusieurs reprises sur notre route : car, semblable à ces canaux souterrains qui serpentent sous la ville visible, elle chemine sans cesse sous la grande histoire.

Ce que nous nous efforçons de faire, c’est d’aider les esprits attentifs à bien décomposer ce mouvement, à saisir exactement le fonctionnement de ces institutions mises en branle par toutes les haines, servies par tous les mauvais instincts, et s’attaquant à des catholiques, c’est-à-dire, à des gens infiniment mieux organisés pour faire le bien que pour résister au mal, vivant dans un ordre d’idées tout différent de celui où vivent les hommes qui les attaquent, n’ayant aucune vision distincte même du caractère de leurs ennemis.

  1. César Moreau, dans l'Univers Maçonnique, raconte notamment la réception d’une dame Huet, qui est d’un folâtre achevé.
      La réunion est ouverte dans le jardin Climat d’Asie, par le très cher frère de Bellincourt, Vénérable, et par la charmante soeur Delamotte-Bertin, grande maîtresse, éclairée sur le climat d’Afrique et d’Amérique par les très aimables et très intéressantes sœurs Cotolendi et Bordeaux, grande inspectrice et dépositaire.
      La grande maîtresse, revêtue de ses ornements, explique à l’apprentie maçonne la signification des emblèmes, et l’on chante :

    Elle l’instruisit de nos lois,
    De nos rites, de nos mystères :
    Elle lui dit que tous les Frères,
    Dociles toujours à la voix
    D'un sexe aimable et fait pour plaire.
    Faisaient leur devoir par cinq fois.
    . . . . . . . . . . .

    En ce même temps chaque Frère
    Crut à coup sûr s’apercevoir
    Que ces cinq coups n’étonnaient guère
    La jeune récipiendaire,
    Qui pensait que, pour la beauté,
    C’était le moins, en vérité,
    Que tout bon Franc-Maçon dût faire.