La France Juive (édition populaire)/Conclusion

Victor Palmé (p. 523-530).



CONCLUSION


I


A la fin de ce livre d’histoire, que voyez-vous ? Je ne vois qu’une figure, et c’est la seule que j’ai désiré vous montrer : la figure du Christ insulté, couvert d’opprobres, décliiré par les épines, crucifié. Rien n’est changé depuis dix-huit cents ans. C’est le même mensonge, la même haine, le même peuple.

Saint Pierre, fuyant la persécution, aperçut tout à coup, sur la voie Appia, son divin Maître qui se dirigeait vers Rome en portant sa croix.

— Où allez-vous, Seigneur ? lui demanda l’apôtre.

— Je vais me faire crucifier de nouveau.

Saint Pierre comprit, et retourna à Rome.

Sur nos boulevards, qui ressemblent tant, avec leur mouvement incessant et le spectacle du luxe étalé partout, à cette voie Appia, que sillonnaient les litières de pourpre des courtisanes et les chars dorés des patriciens, il n’est pas de jour que je ne rencontre ainsi la douloureuse image du Sauveur. Il est partout, pendu aux vitrines populaires, exposé aux huées des faubourgs, outragé par la caricature et par la plume, dans ce Paris plein de Juifs aussi obstinés dans le déicide qu’au temps de Caïphe ; il est le même qu’autrefois, consolant et doux, accomplissant des miracles, cheminant avec nous à travers les rues tumultueuses.

Tel le Christ était à Jérusalem, tel il est à Paris. La Passion pour lui se reproduit sans cesse. Qui n’a rêvé, en lisant le récit de cette agonie si effroyable, de s’être trouvé sur le passage de Celui qui allait mourir pour nous, de lui épargner une souffrance, d’étancher un peu de sang qui coulait sur ce front déchiré par la couronne dérisoire, d’adresser tout au moins à la Sainte Victime un regard qui la console ? Chaque jour le Juste monte au Calvaire devant nos yeux, et la plupart le regardent passer indifférents, songent à leurs plaisirs, à leurs affaires. Quelques-uns auraient des velléités de protester ; ils se disent : a Je suis tranquille ; si je m’avoue Chrétien, toute la canaille franc-maçonnique et juive va s’acharner sur moi. »

Heureux qui a surmonté ce premier mouvement de faiblesse ! J’imagine quelle sera sa joie au jour de la Justice, quand, devant la face lumineuse du Christ, ilse rappellera le léger effort qu’il aura fait pour défendre ce Tout-Puissant auquel les cieux obéissent. Quelle minute que celle où sera mis à découvert l’immense et complexe fourmillement de toutes les pensées humaines, où tout ce qui se cache apparaîtra, quidquid latet apparebit, où le monde verra ce qu’on ne voit pas : le secret des âmes, le mobile des actions, les crimes inconnus, les infamies dissimulées, les dessous à peine soupçonnés, la grandeur des calomniés, l’abjection de ceux qui ont marché dans la vie entourés de l’estime de tous !

Heureux alors celui qui, écrasé sous le poids de ses fautes, pourra se relever et dire : « Seigneur, je ne suis point digne d’entrer dans votre maison ; mais, tel jour, quand vous passiez au milieu des outrages et que tant d’hommes se taisaient, j’ai essayé, moi, impuissant et chétif, d’alléger votre fardeau et de vous aider à porter votre croix ! »

Heureux qui pourra répéter en mourant ce que disait Veuillot :

J’espère en Jésus : sur la terre
Je n’ai pas rougi de sa loi ;
Au dernier jour, devant son Père
Il ne rougira pas de moi.

Unis au Christ, participant à ses souffrances pour participer plus tard à sa gloire, vous serez plus directement aussi, au point de vue humain, en communion avec l’âme de vos pères.

Éclairé par le présent travail, qu’il pourra compléter par ses observations personnelles, chacun se rendra mieux compte désormais de la réalité des choses.

Non, les hommes qui ont fait si grandes la France et l’Espagne du Passé, n’ont été ni des scélérats ni des imbéciles ; les mesures qu’ils ont prises n’ont pas été des fantaisies de tyrans en délire, mais elles ont correspondu à des nécessités évidentes, à des périls qui se manifestaient aux yeux de tous. Le Chrétien n’a pas voulu qu’on jetât, comme aujourd’hui, le Christ aux gémonies ; l’Aryen n’a pas voulu subir l’oppression du Sémite, être condamné à travailler pour l’enrichir. Une race, c’est-à-dire, une réunion d’individus pensant de même, un ensemble représentant un certain nombre de sentiments, de croyances, d’aspirations, d’aptitudes, de traditions, s’est défendue contre une race qui représentait des sentiments, des croyances, des aspirations, des aptitudes, des traditions absolument contraires…

Sans doute, une telle démonstration semble n’avoir plus guère qu’un intérêt doctrinal devant le résultat accompli. L’examen de ces questions assurera, du moins je le souhaite, le croyant dans sa foi, en lui montrant que tout se tient dans cet ordre, et que l’amour de la Patrie et l’amour de Dieu ne font qu’un.

La vérité complète, cependant, ne se révélera qu’à la clarté horrible des dernières catastrophes. C’est lorsqu’il erre sous la pluie, à la lueur des éclairs, dans la lande inhospitalière, que le roi Lear songe, pour la première fois, aux petits et aux déshérités, et qu’il s’écrie : « Pauvres indigents tout nus que vous êtes, têtes inabritées, estomacs inassouvis, comment, sous vos guenilles trouées, vous défendez-vous contre des temps pareils ? Ah ! j’ai trop peu pris souci de tout cela ! » C’est dans le grondement de la tempête que les privilégiés, les insouciants des classes dirigeantes songeront, sous l’aiguillon de leur propre angoisse, aux âmes qu’ils auraient pu sauver.

Mon livre, j’en ai peur, ne sera bien compris que lorsque sera venu ce grand soir dont parlent mystérieusement les sociétés secrètes dirigées par les Juifs, ce grand soir qui doit envelopper des ombres de la mort et plonger dans le silence de la solitude les ruines de ce qui aura été la France.

Alors les jouisseurs d’aujourd’hui iront traîner les grandes routes avec des souliers usés, comme les émigrés d’autrefois.

Combien elle est parlante, cette gravure populaire qui représente une famille d’émigrés ! Le père est là, hâve, courbé, étreint au cœur par le malheur des siens ; la mère tient par la main un petit qui se soutient à peine. Sur le seuil d’une chaumière d’Allemagne, assis sur un banc ombragé de verdure, un paysan regarde passer ces vagabonds, et sur le visage des proscrits on lit ce sentiment : « Que cet homme est heureux ! il a un chez lui, un foyer, un toit. »


II


Si les journaux conservateurs n’étaient pas, pour la plupart, aux mains des Juifs, c’est cette lamentable histoire de l’émigration qu’ils devraient raconter à leurs lecteurs, au lieu de leur parler de bals et de toilettes.

Qu’elle paya cher ses vices, cette société du dix-huitième siècle, aussi imprévoyante et aussi frivole que la nôtre ! C’est à l’étranger qu’on a bien la sensation de ce que dut être cette existence de l’exil. Certaines villes, certains hôtels enveloppent l’âme de je ne sais quel froid particulier.

Je me vois encore dans cet hôtel de la Cigogne, à Bâle, qui fut un rendez-vous d’émigrés, prenant le café dans un petit jardin maussade, en tête à tête avec la cigogne, vivante enseigne du lieu, qui vous tient compagnie. Les murailles de la vieille demeure, le silence de la ville aux portes cochères solennelles et toujours closes, la vue même de ce Rhin qui coule sans bruit, emplissent l’âme de mélancolie. Si l’on est triste ici, pense-t-on, quand on y vient en touriste, avec de l’argent dans ses poches, que serait-ce si l’on était là pauvre, exilé ? Quel métier faire ? où s’adresser ? Nulle part on ne trouve, dans ces cités fermées, l’accueil affable et chaud de ce Paris où les pavés eux-mêmes rient à l’étranger, où la meilleure place est pour lui…

Il y eut des poèmes de douleurs déchirantes dans ces chambres à carreaux rouges, à rideaux fanés, aux trois chaises de crin, que les Mémoires nous dépeignent, et où des femmes comme Mme d’Argouges ou Mme de Talmont arrivaient parfois en sabots, sans linge. Souvent même on n’avait pas de chambre. La princesse de Condé, errante, couchait sur le plancher et se nourrissait de pommes de terre à l’eau.

Une des triomphantes de Versailles vend sa dernière robe pour payer l’enterrement de son mari, et reste seule avec ses deux enfants. Mme de Montmorency se fait porteuse de pain pour nourrir sa mère ; d’autres savonnent, vont en journée. Le comte de Secillon s’établit maître de danse, et croit reconnaître un jour un de ses amis, le baron de Pontgibaud, portant la balle de colporteur. — « Je ne m’appelle plus Pontgibaud, répond celui-ci ; je m’appelle Labrosse. » Et il resta Labrosse jusqu’à la Restauration.

A Londres, Mme de Gontaud fabrique de petits objets de laine à raison de deux sous par heure. Chateaubriand est obligé de mettre sa table sur son grabat, en guise de couverture, pour ne pas mourir de froid ; après être resté deux jours sans manger, il s’évanouit, et il allait expirer d’inanition, lorsque le journaliste Pelletier vint lui rendre visite, par hasard, et l’emmena se bourrer de rosbif.

C’est lorsqu’ils seront aux prises avec l’exil et la pauvreté, que les compagnons de plaisir des Rothschild et des Ephrussi comprendront le prix de cette Patrie qu’ils n’auront rien fait pour défendre. C’est alors seulement qu’ils récapituleront tout ce qu’il était possible de tenter pour résister, pour empêcher cette société de périr.

L’épreuve, en effet, sera rude pour ces efféminés et ces oisifs. Ils n’auront ni la belle humeur, ni l’indestructible santé, ni l’intarissable esprit des grands seigneurs d’autrefois ; ils n’auront point la force de tempérament de ces Polonais que j’ai vus accepter les plus modestes emplois, parfois vivre avec rien, rester couchés toute une journée, quand le pain manquait, et se contenter d’une tasse de thé.

Saint Paul l’a dit : « Il faut espérer contre toute espérance. » Espérons encore, que malgré tant de présages contraires, cette destinée sera épargnée à ceux qui l’auront méritée ! Peut-être, au dernier moment, le courage endormi se réveillera-t-il chez quelques-uns ? peut-être un de ces officiers qie l’on voyait, la moustache cirée, humer tranquillement leur absinthe meurtrière, après avoir, le matin, aidé à expulser quelques vieux prêtres, sentira un jour le rouge lui monter au visage, et, repoussant son verre à demi plein, s’écriera : « Mieux vaut la mort qu’une telle honte ! » La parole de celui qui parlera le premier s’achèvera, on n’en peut douter, dans une acclamation formidable. Toute la France suivra le chef qui sera un justicier, et qui, au lieu de frapper sur les malheureux ouvriers français, comme les hommes de 1871, frappera sur les Juifs cousus d’or, et dira aux pauvres attroupés autour de ce Pactole s’échappant du Sémite décousu : « Si vous avez besoin, ramassez ! »

Pour moi, je le répète, je n’ai prétendu entreprendre qu’une œuvre de bonne volonté, montrer par quel oblique et cauteleux ennemi la France avait été envahie, corrompue, abêtie, au point de briser de ses propres mains tout ce qui l’avait faite jadis puissante, respectée et heureuse. Ai-je rédigé notre testament ? ai-je préparé notre renaissance ? Je l’ignore. J’ai accompli mon devoir, en tout cas, en répondant par des insultes aux insultes sans nombre que la presse juive prodigue aux Chrétiens. En proclamant la Vérité, j’ai obéi à l’appel impérieux de ma conscience, liberavi animam meam