Traduction par E. La Chesnais.
Société du Mercure de France (p. 333-347).


CHAPITRE IV

LE SAC DE SHOREBY


Il n’y avait plus un ennemi à portée de flèche, et Dick, jetant un coup d’œil attristé autour de lui sur ce qui restait de ses braves compagnons, commença à apprécier le prix de la victoire. Il était lui-même, à présent que le danger était passé, si raide et si meurtri, si contusionné, entaillé et brisé, et surtout si complètement éreinté par les fatigues désespérées et sans trêve du combat, qu’il semblait incapable d’un nouvel effort.

Mais ce n’était pas encore le moment du repos. Shoreby avait été prise d’assaut, et, quoique ville ouverte et nullement responsable de la résistance, il était évident que ces rudes combattants ne seraient pas moins rudes, le combat fini, et que le plus horrible aspect de la guerre allait se faire voir. Richard de Gloucester n’était pas un capitaine à protéger les citoyens contre sa soldatesque furieuse, et même en eût-il eu le désir, on pouvait se demander s’il en aurait eu le pouvoir.

Il fallait donc que Dick se mît en quête de Joanna pour la protéger ; et, pour cela, il regarda autour de lui les figures de ses hommes. Il mit à part les trois ou quatre qui lui parurent devoir être les plus obéissants et les plus sobres, et, leur promettant une riche récompense et une recommandation spéciale pour le duc, il les conduisit par la place au marché, vide alors de cavaliers, dans les rues au delà. Partout de petits combats, en pleine rue, depuis deux hommes jusqu’à une douzaine ; çà et là une maison était assiégée ; les défenseurs jetaient les escabeaux et les tables sur la tête des assaillants. La neige était couverte d’armes et de corps, mais, sauf ces combats partiels, les rues étaient désertes, et les maisons, les unes grandes ouvertes, d’autres, fermées et barricadées, avaient, la plupart, cessé de répandre la fumée de leur foyer.

Dick, côtoyant ces escarmouches, conduisit vivement ses hommes dans la direction de l’église de l’abbaye ; mais, quand il déboucha dans la rue principale, un cri d’horreur s’échappa de ses lèvres. La grande maison de Sir Daniel avait été prise d’assaut. Les portes pendaient en morceaux hors des gonds et une double poussée entrait et sortait continuellement, cherchant et emportant du butin. Pourtant, dans les étages supérieurs on résistait encore aux pillards ; car, juste au moment où Dick arrivait en vue de la maison, une fenêtre fut brisée de l’intérieur, et un pauvre diable en rouge foncé et bleu, qui criait et se débattait, fut passé par l’ouverture et lancé dans la rue.

Une terreur épouvantable s’empara de Dick. Il courut en avant comme un possédé, et violemment dépassa tous les autres, monta sans s’arrêter à la chambre du troisième étage où il s’était naguère séparé de Joanna. C’était un vrai naufrage ; les meubles avaient été renversés, les armoires forcées, et, à un endroit, un coin de la tenture traînait parmi la braise et la cendre.

Dick, presque sans y penser, piétina l’étoffe qui commençait à brûler, puis resta comme pétrifié. Sir Daniel, Sir Olivier, Joanna, tous étaient partis ; mais massacrés dans la déroute ou échappés, vie sauve, de Shoreby, qui pouvait le dire ?

Il arrêta par la tunique un archer qui passait.

— Camarade, demanda-t-il, étiez vous ici quand la maison a été prise ?

— Lâchez, dit l’archer. Lâchez, la peste ! ou je frappe.

— Écoutez, répliqua Richard, ou bien, à nous deux. Arrêtez et répondez. Mais l’homme, enhardi par la boisson et la bataille, d’une main frappa Dick sur l’épaule, tandis que, de l’autre, il tirait sur son vêtement. Là-dessus, la colère du jeune homme éclata. Il saisit l’individu fortement dans ses bras et l’écrasa contre les plaques de sa poitrine de mailles comme un enfant ; puis le tenant à bout de bras, il lui ordonna de parler s’il aimait la vie.

— Je vous demande grâce, soupira l’archer ; si j’avais pu croire que vous étiez si en colère je me serais bien gardé de vous fâcher. Oui, j’étais ici.

— Connaissez-vous Sir Daniel ? continua Dick.

— Oui, je le connais bien, répliqua l’homme.

— Était-il dans la maison ?

— Oui, Monsieur, il y était, répondit l’archer. Mais au moment même où nous entrions par la porte de la cour il sortit à cheval par le jardin.

— Seul ? cria Dick.

— Il y avait peut-être une vingtaine de lances avec lui, dit l’homme.

— Des lances, pas de femmes alors ? demanda Shelton.

— Ma foi, je n’en ai pas vu, dit l’archer. Mais il n’y en avait pas dans la maison, si c’est là ce que vous cherchez.

— Je vous remercie, dit Dick. Voici une pièce pour votre peine. Mais il eut beau chercher dans son escarcelle, Dick n’y trouva rien. Demandez après moi demain, ajouta-t-il, Richard Shelt… Sir Richard Shelton, corrigea-t-il, et je vous ferai donner une jolie récompense.

Et alors une idée vint à Dick. Il descendit rapidement dans la cour, traversa le jardin en courant de toutes ses forces, et arriva à la porte de l’église. Elle était grande ouverte ; à l’intérieur, il n’y avait pas une place qui ne fourmillât de bourgeois fugitifs entourés de leur famille et chargés de ce qu’ils avaient de plus précieux, et au grand autel les prêtres, en grand costume, imploraient la grâce de Dieu. Au moment même où Dick entra, le chœur se mit à tonner sous la voûte.

Il se hâta entre les groupes de réfugiés et arriva à la porte de l’escalier qui conduisait au clocher. Là un homme d’église de haute taille le devança et l’arrêta.

— Où allez-vous, mon fils ? demanda-t-il sévèrement.

— Mon père, répondit Dick, je suis ici en mission de guerre ; ne m’arrêtez pas, je commande ici pour Monseigneur de Gloucester.

— Pour Monseigneur de Gloucester ? répéta le prêtre. La bataille a-t-elle donc si mal tourné ?

— La bataille, Père, est finie, Lancastre en fuite, lord Risingham… Dieu ait son âme !… Et maintenant, avec votre permission, je continue mes affaires. Et, poussant de côté le prêtre qui parut stupéfait de ces nouvelles, Dick, d’un coup, ouvrit la porte et franchit les marches quatre à quatre sans arrêt et sans faux pas jusqu’à la plate-forme.

La tour de l’église de Shoreby ne commandait pas seulement la ville, étendue comme un plan, mais dominait au loin, des deux côtés, la mer et la terre. Il était maintenant près de midi, le jour extrêmement brillant, la neige éblouissante. Et, en regardant autour de lui, Dick pouvait mesurer les conséquences de la bataille.

Le grondement confus d’un tumulte montait jusqu’à lui des rues, et de temps en temps, mais très rarement, le choc de l’acier. Pas un vaisseau, pas même une barque n’était restée au port ; mais la mer était pointillée de voiles et de bateaux à rames chargés de fugitifs. À terre aussi la surface des prairies neigeuses était rompue par des bandes de cavaliers, les uns se frayaient leur chemin vers la lisière de la forêt ; les autres, ceux d’York sans aucun doute, s’interposaient vigoureusement, et les ramenaient vers la ville. Sur tout le terrain découvert gisait un nombre prodigieux d’hommes tombés et de chevaux nettement détachés sur la neige.

Pour achever le tableau, ceux des soldats à pied qui n’avaient pas encore trouvé place sur un bateau, livraient encore un combat à l’arc sur le port, couverts par les tavernes de la côte. Il y avait aussi dans ce quartier une ou deux maisons incendiées, et la fumée s’élevait haut dans la froide lumière du soleil, et s’éloignait vers la mer en replis énormes.

Déjà tout près de la limite des bois et à peu près dans la direction de Holywood, un groupe de cavaliers en fuite fixa particulièrement l’attention de la jeune sentinelle sur la tour. Ce corps était assez nombreux ; nulle part sur le champ de bataille n’étaient groupés tant d’hommes de Lancastre ; aussi ils avaient laissé sur la neige un large sillage décoloré, et Dick pouvait suivre leur trace pas à pas, depuis l’endroit où ils avaient quitté la ville.

Pendant que Dick les surveillait, ils avaient gagné sans opposition les premiers arbres de la forêt dépouillée, ils s’écartèrent un peu de leur direction, le soleil tomba un instant en plein sur leur troupe au moment où le bois sombre lui faisait fond.

— Rouge sombre et bleu, s’écria Dick, j’en jurerais… Rouge sombre et bleu !

L’instant d’après, il descendait l’escalier.

Il avait maintenant à chercher le duc de Gloucester, qui seul dans le désordre des troupes pouvait lui fournir assez d’hommes. Le combat dans la ville même était maintenant fini, et, pendant que Dick courait çà et là cherchant le chef, les rues étaient pleines de soldats errants, les uns chargés de plus de butin qu’il n’en fallait pour les faire chanceler, d’autres, ivres, criant.

Aucun d’eux, quand il le leur demandait, ne pouvait rien lui apprendre sur le duc, et enfin ce fut par pur hasard que Dick le trouva en selle dirigeant les opérations pour déloger les archers du côté du port.

— Sir Richard Shelton, bien rencontré, dit-il, je vous dois une chose que j’estime peu, ma vie ; et une que je ne pourrai jamais vous payer : cette victoire. Catesby, si j’avais dix capitaines comme Sir Richard, je marcherais droit sur Londres. Et maintenant, Monsieur, demandez votre récompense.

— Librement, Monseigneur, dit Dick, librement et hautement. Un homme a échappé, contre qui j’ai quelque ressentiment, et il a pris avec lui quelqu’un, à qui je dois amour et service. Donnez-moi donc cinquante lances, que je puisse le poursuivre. Et, quelque obligation que votre gracieuseté se plaise à reconnaître, elle sera quitte.

— Comment l’appelez-vous ? demanda le duc.

— Sir Daniel Brackley, répondit Richard.

— Sus à lui, le double traître, cria Gloucester. Ceci n’est pas une récompense, Sir Richard, c’est un nouveau service offert, et, si vous m’apportez sa tête, une nouvelle dette sur ma conscience. Catesby, donnez-lui ses lances, et vous, Monsieur, pensez en attendant au plaisir, honneur ou profit que je vous dois.

À ce moment, les derniers combattants d’York emportèrent une des tavernes près du rivage, l’envahirent de trois côtés, et en chassèrent les défenseurs ou les firent prisonniers.

Dick le bossu, heureux de ce fait d’armes, rapprocha son cheval et appela pour voir les prisonniers. Ils étaient quatre ou cinq, dans le nombre, deux hommes de Lord Shoreby, et un de Lord Risingham, et, en dernier, mais non le moindre aux yeux de Dick, un vieux marin grisonnant, grand, au pas traînant, un peu gris, avec un chien qui sautait en gémissant à ses talons.

Le jeune duc, pendant un moment, les passa en revue sévèrement.

— Bien, dit-il, qu’on les pende.

Et il se retourna de l’autre côté pour surveiller la suite du combat.

— Monseigneur, dit Dick, s’il vous plaît, j’ai trouvé ma récompense. Accordez-moi la vie et la liberté de ce vieux marin.

Gloucester se tourna, et regarda l’orateur en face.

— Sir Richard, dit-il, je ne fais pas la guerre avec des plumes de paon, mais des flèches d’acier. Mes ennemis, je les tue, sans excuse ni grâce. Car, pensez-y, dans ce royaume d’Angleterre, tellement bouleversé, il n’y a pas un de mes hommes qui n’ait frère ou ami dans l’autre parti. Si donc je commençais à accorder de tels pardons, il me faudrait bientôt rengainer.

— Possible, Monseigneur ; pourtant, j’aurai l’audace, au risque de votre disgrâce, de rappeler la promesse de Votre Seigneurie, répliqua Dick.

Richard de Gloucester rougit.

— Pensez-y bien, dit-il durement, je n’aime pas la pitié ni ceux qui s’apitoient. Vous avez aujourd’hui jeté les fondations d’une grande fortune. Si vous exigez ma promesse, l’engagement est pris, je céderai. Mais, par la gloire de Dieu, ici meurt votre faveur.

— Je la perdrai donc, dit Dick.

— Donnez-lui son matelot, dit le duc ; et, faisant faire volte-face à son cheval, il tourna le dos au jeune Shelton.

Dick n’était ni content ni affligé. Il avait déjà trop vu le jeune duc à l’œuvre pour faire grand fond sur son affection ; l’origine de sa faveur était trop frivole et la croissance en avait été trop rapide pour lui inspirer grande confiance. Il ne craignait qu’une chose… que ce chef vindicatif révoquât l’offre des lances. Mais en cela il ne rendait pas justice à l’honneur de Gloucester (comme celui-ci le comprenait) ni, surtout, à sa fermeté. S’il avait une fois jugé que Dick était l’homme voulu pour poursuivre Sir Daniel, il n’était pas homme à changer ; et il le prouva bientôt en disant à Casteby de se hâter, que le paladin attendait.

Dans l’intervalle, Dick se tourna vers le vieux marin, qui avait paru aussi indifférent à sa condamnation qu’à sa libération ultérieure.

— Arblaster, dit Dick, je vous ai fait du tort ; mais maintenant, par la croix, je pense avoir payé ma dette.

Mais le vieux capitaine le regardait d’un air hébété et ne disait mot.

— Allons, continua Dick, une vie est une vie, vieux malin, ça vaut mieux que des bateaux et de la liqueur. Dites que vous me pardonnez ; car si votre vie n’est rien pour vous, elle m’a coûté le commencement de ma fortune. Allons, je l’ai payée cher ; ne soyez pas si têtu.

— Si j’avais eu mon bateau, dit Arblaster, je serais parti à l’abri en haute mer… moi et mon homme Tom, mais vous m’avez pris mon bateau, compère, et je suis un mendiant ; et, quant à mon homme Tom, un gredin en rouge l’a abattu d’un coup : « Peste » il a dit, et il n’a plus parlé. « Peste », a été son dernier mot, et sa pauvre âme a passé. Il ne naviguera plus, mon Tom.

Dick fut saisi de vains remords et de pitié ; il chercha à prendre la main du capitaine, mais Arblaster l’évita.

— Non, dit-il, laissez. Vous avez joué au diable avec moi, que cela vous suffise.

Les mots s’arrêtèrent dans la gorge de Richard, il vit à travers ses larmes, le pauvre vieux, hébété par la boisson et le chagrin, s’en aller en chancelant, tête baissée, par la neige, son chien, sans qu’il y prit garde, gémissant sur ses talons ; et, pour la première fois, Dick commença à comprendre le jeu terrible que nous jouons dans la vie, et comment aucune réparation ne peut changer une chose une fois faite ni y remédier.

Mais il n’eut pas le temps de s’abandonner aux vains regrets. Catesby avait maintenant réuni les cavaliers, et, chevauchant vers Dick, il descendit de son cheval et le lui offrit.

— Ce matin, dit-il, j’étais un peu jaloux de votre faveur. Elle n’a pas eu une longue croissance. Et maintenant, Sir Richard, c’est tout à fait de bon cœur que je vous offre ce cheval… pour partir avec.

— Supportez-moi encore un instant, répliqua Dick. Cette faveur… sur quoi était-elle fondée ?

— Sur votre nom, répliqua Catesby, c’est la principale superstition de Monseigneur. Si je m’appelais Richard, je serais comte demain.

— Bien, Monsieur, je vous remercie, répliqua Dick. Et, puisqu’il est invraisemblable que je suive de telles grandes fortunes, je vous dis adieu. Je ne prétendrai pas qu’il m’ait été désagréable de me croire sur le chemin de la fortune, mais je ne prétendrai pas non plus être trop chagrin d’en être quitte ! Autorité et richesse sont de bonnes choses, certes ; mais un mot tout bas… votre duc c’est un terrible gars.

Catesby rit.

— Oui, dit-il, il est vrai que celui qui marche derrière Dick le Bossu s’engagera loin. Eh bien, Dieu nous garde tous du mal ! Faites vite.

Là-dessus, Dick se mit à la tête de ses hommes et donna l’ordre de partir.

Il traversa la ville, suivant tout droit le chemin qu’il croyait être celui de Sir Daniel, guettant tout signe qui pouvait lui indiquer s’il ne se trompait pas.

Les rues étaient jonchées des morts et des blessés, dont le sort, dans l’âpre gelée, était de beaucoup le plus digne de pitié. Les vainqueurs allaient et venaient de maison en maison, pillaient et massacraient, parfois chantaient en chœur.

De différents quartiers, sur sa route, des bruits de violences furieuses arrivaient aux oreilles du jeune Shelton ; tantôt des coups de marteau de forgeron sur une porte barricadée, tantôt de lamentables cris de femmes.

Le cœur de Dick venait de s’éveiller. Il venait de voir les cruelles conséquences de sa propre conduite ; et la pensée de toute la somme de misères qui était en ce moment créée dans la ville de Shoreby le remplissait de désespoir.

Enfin il atteignit les faubourgs, et là, en effet, il vit droit devant lui, le même large sentier battu sur la neige qu’il avait remarqué du haut de l’église. Il alla donc plus vite ; mais tout en chevauchant, son œil attentif examinait les hommes tombés et les chevaux couchés au bord du chemin. Beaucoup de ceux-ci, cela le rassurait, portaient les couleurs de Sir Daniel et il reconnut même la figure de quelques-uns qui étaient couchés sur le dos.

Environ à mi-chemin entre la ville et la forêt, ceux qu’il poursuivait avaient visiblement été attaqués par des archers, car les cadavres se rapprochaient beaucoup, chacun traversé d’une flèche. Et là, Dick découvrit parmi les autres le corps d’un très jeune homme, dont les traits lui rappelaient une ressemblance familière.

Il arrêta sa troupe, descendit de cheval et souleva la tête du garçon. Ce faisant, le chapeau tomba et une masse de longs cheveux bruns se déroula. En même temps les yeux s’ouvrirent.

— Ah ! le chasseur de lions ! dit une voix faible. Elle est plus loin. Courez… Courez vite.

Et la jeune dame s’évanouit de nouveau.

Un des hommes de Dick apporta un flacon d’un fort cordial, avec lequel Dick réussit à lui faire reprendre connaissance. Alors il prit l’amie de Joanna sur l’arçon de sa selle et continua son chemin vers la forêt.

— Pourquoi me prenez-vous ? dit la jeune fille, vous retardez votre marche.

— Non, Mistress Risingham, répliqua Dick, Shoreby est plein de sang, d’ivresse et de désordre, ici vous êtes en sûreté. Calmez-vous.

— Je ne veux pas être obligée par quelqu’un de votre faction, cria-t-elle, mettez-moi à terre.

— Madame, vous ne savez ce que vous dites, répliqua Dick, vous êtes blessée.

— Je ne le suis pas, dit-elle, c’est mon cheval qui a été tué.

Peu importe, répliqua Richard, vous êtes ici au milieu d’une plaine de neige et entourée d’ennemis : que vous le vouliez ou non, je vous emporte avec moi. Je suis heureux d’avoir cette occasion, car ainsi je paierai un peu de notre dette.

Pendant un moment, elle ne dit rien, puis brusquement elle demanda.

— Mon oncle ?

— Lord Risingham ? répliqua Dick, je voudrais avoir de bonnes nouvelles à vous en donner, Madame ; mais je n’en ai pas. Je l’ai vu une fois dans la bataille, une seule fois. Ayons bon espoir.