La Femme et le Féminisme avant la Révolution/II/1

Éditions Ernest Leroux (p. 355--).

CHAPITRE PREMIER
LES ÉCRIVAINS DEVANT LE PROBLÈME FÉMININ
i. Place tenue par la question féminine dans la littérature. — ii. Diverses façons de l’envisager. — iii. L’école de Voltaire et l’école de Rousseau.
i. La question féminine dans la littérature

Le xviiie siècle qui est, par excellence, le siècle où les écrivains ont montré le plus d’ardeur généreuse pour signaler et combattre toutes les injustices, mettre d’accord les lois avec la raison, et par de justes réformes des institutions et des mœurs, par l’élimination des préjugés de classe ou de religion, par l’utilisation complète des aptitudes de chacun, établir une société favorisant le progrès collectif et le bonheur de chacun, le xviiie siècle n’a pu manquer d’être sollicité par le problème féminin.

Car, dès cette époque, le problème féminin existe avec une partie au moins des éléments dont il se composera au siècle suivant, La femme commence à s’émanciper en rompant l’autorité maritale et en prenant une place chaque jour plus grande dans tous ou presque tous les domaines de l’activité sociale. Mais la loi civile et la loi religieuse la tiennent toujours pour un être inférieur et ce préjugé du sexe est une entrave pour des centaines et des milliers de femmes qui sont dans la nécessité de gagner leur vie. L’insuffisance de l’instruction générale ou professionnelle, les barrières placées devant la plupart des métiers ou professions condamnent une grande partie de la population féminine à la misère. Le pouvoir masculin ne se justifie plus, comme aux siècles passés, par la protection qu’il étend sur la femme et la subsistance qu’il lui assure. De brillantes individualités surgissent dans presque tous les milieux, montrant que la femme compte par elle-même et non plus seulement comme la compagne de l’homme. Dans ces conditions, pourquoi ne pas assurer à la femme la place qui lui revient légitimement dans la société, pourquoi ne pas la mettre à même de contribuer plus largement qu’elle ne le fait au perfectionnement social, tout en réalisant son bonheur individuel ? Pourquoi ne pas chercher la nouvelle formule capable de concilier, mieux que la loi du Christ et les Institutes, les droits de la femme et ses devoirs, ses légitimes aspirations à plus d’indépendance et l’obligation primordiale d’être épouse et mère ?

Comme les autres questions sociales, la question féminine s’imposera donc aux écrivains.

C’est là une grande nouveauté. Au xviie siècle, en effet, la question ne se posait même pas. Ne considérant que la femme de la haute société mieux que la femme, abstraction faite de sa condition sociale, les écrivains du xviie siècle n’envisageaient les rapports des sexes que sous leur aspect passionnel, et les remarques que les plus grands penseurs, La Bruyère, La Rochefoucauld, font sur les femmes, relèvent de la psychologie amoureuse. Seul, Molière a vu dans la question féminine une question sociale.

Au xviiie siècle, les écrivains commencèrent à descendre de leur tour d’ivoire pour apercevoir, non plus seulement la grande dame habitante du fabuleux pays du Tendre, mais toutes les autres femmes dans l’infinie variété de leur condition, se pencher sur les infortunes de la femme du peuple, jusqu’alors ignorées, et à tenir pour nécessaire la révision des rapports économiques et sociaux entre les deux sexes.

Il n’est pour ainsi dire pas un auteur du xviiie siècle, romancier, historien, mémorialiste, sociologue ou philosophe, que le problème féminin n’ait, sous l’un ou l’autre de ses aspects, obsédé. Aucun ne consacre un grand ouvrage aux femmes, mais tous se trouvent amenés à faire à propos d’histoire, de psychologie ou de l’observation des mœurs contemporaines, des réflexions plus ou moins profondes, des remarques plus ou moins justes sur les femmes.

Les plus grands donnent l’exemple. L’universel Voltaire ne se contente pas de condenser sa philosophie féministe dans les articles Homme et Femme, Adultère et Divorce, du Dictionnaire philosophique. Discussion sur la capacité politique des femmes à propos de la loi Salique dans l’Essai sur les mœurs, plaidoyer pour les femmes savantes dans l’épître à Mme  du Chatelet et dans celles de ses lettres adressées à maintes correspondantes, nombreuses études sur la question des filles-mères et la maternité dans ses Mélanges de politique et de législation, création de curieux type d’émancipées, comme l’Amenaïde, de Tancrède, telles sont les plus intéressantes contributions apportées par Voltaire à la passionnante étude. Ceci sans compter les innombrables réflexions, parfois profondes, parfois simples boutades, souvent d’ailleurs contradictoires, qu’il a semées ça et là au gré de la fantaisie.

Qu’il s’amuse à observer la société parisienne de son temps en tendant derrière elle, comme toile de fond, le décor des Mille et une Nuits, ou qu’en historien et en juriste, il tâche de pénétrer dans ses plus mystérieux arcanes l’esprit des lois, Montesquieu trouve devant lui le problème féminin. Avant les Goncourt, il voit dans la la femme de son époque la raison d’être de toutes choses, l’instrument de toutes les élévations et de toutes les disgrâces, le personnage indispensable à toutes les intrigues, le ressort caché de la monarchie absolue et du despotisme. Et l’histoire lui fournit, sans l’étonner ou l’indigner, vingt exemples de gouvernement féminin.

Pour Jean-Jacques Rousseau, nul de ses ouvrages, à l’exception du Contrat social, où la femme ne règne. Elle domine les Confessions et la Nouvelle Héloïse, où s’agitent, avec la question éternelle de la liberté du cœur féminin, le problème des rapports familiaux et sociaux de l’homme et de la femme et du rôle de la femme dans la famille. Une partie très importante de l’Émile, consacrée à son idéale compagne Sophie, traite ex professo de l’éducation féminine et du rôle social de la femme. Les Discours sur l’inégalité, sur les Sciences et les Arts envisagent sous d’autres aspects à l’influence littéraire, sociale, intellectuelle de la femme. La correspondance contient sur les mêmes sujets maint aperçu.

Diderot traite la question féministe dans un important opuscule : sa critique de l’Essai sur les femmes de Thomas, l’un des meilleurs plaidoyers que l’on ait écrit pour les femmes. Le Voyage de Bougainville contient d’intéressantes réflexions sur l’assujettissement féminin. Les autres œuvres ne présentent que de courtes saillies.

Par contre, combien de réflexions judicieuses et neuves dans l’ouvrage d’Helvétius : De l’Esprit ! Celui-ci est nettement féministe et l’on pourrait y découvrir l’origine de bien des théories modernes. La réponse de d’Alembert à la lettre de Rousseau Sur les Spectacles est imprégnée du même esprit.

À la fin du siècle, Condorcet écrivit une magistrale étude : l’Essai sur la Constitution et les fonctions des assemblées provinciales, d’où sortira, en 1790, l’un des plus importants manifestes féministe : l’Admission des femmes au droit de cité.

Parcourons les écrits des auteurs de moindre envergure, les observateurs des mœurs de leur temps, comme Mercier ou le marquis d’Argenson. Nous voyons, surtout chez le premier, se poser la question féministe à chaque pas. L’un, observant les mœurs et les usages de la capitale, est frappé de l’importance du rôle de la femme et de l’injustice de la législation ; l’autre, dans ses Mémoires, dans ses écrits restés inédits[1], combat pour la liberté du cœur, pour la réforme du mariage, pour les femmes qui ont eu des faiblesses et exige pour elles du respect.

Naturellement, la question féministe préoccupe les moralistes, du chapelain du roi, Jean-Philippe de Varennes, qui, dans son ouvrage, De l’homme, rompt les lances en faveur du beau sexe, à Restif de la Bretonne, dont une bonne partie des ouvrages moraux ou prétendus tels[2] sont consacrés à l’étude de tel ou tel aspect de cette question.

Moins connus, Mlle  de Chanterolles[3], M. de Cerfvol[4] ont cependant, dans des ouvrages qui ne manquent pas de valeur, parlé du caractère de la femme, du mariage, de la place des femmes dans la société, en fort bons termes.

L’Apologie des femmes est, nous l’avons vu, un véritable genre littéraire, depuis Christine de Pisan. Il est copieusement représenté encore au xviiie siècle. Hommes et femmes rivalisent d’ardeur et de zèle à défendre le sexe.

Quatre femmes : Mme  de Puisieulx, Mme  Galien, Mme  Gacon-Dufour, Mme  de Coicy publient de fort intéressantes brochures, dont la dernière surtout est remarquable et amorce le féminisme économique[5]. Mlle  Archambault soutient, dans le Mercure de France, sa cause contre les attaques masculines. Mais les hommes, eux aussi, ainsi que maint auteur du xviie siècle, et Poulain de la Barre en particulier, leur ont donné l’exemple, descendent dans l’arène. Thomas, qui fut le protégé de Mme  Geoffrin, présente, en 1772, à l’Académie française l’Essai sur le caractère et les mœurs des femmes d’après les différents siècles. Boudier de Villemert écrit l’Ami des femmes et la Philosophie du beau sexe. L’un et l’autre de ces ouvrages furent lus avec intérêt (le dernier tira sept éditions), et passionnément commentés. Celui de Thomas suscita mainte critique et attira l’attention des écrivains les plus marquants. Il est d’ailleurs la plus intéressante étude historique que l’on eut écrite jusqu’à cette époque sur l’évolution du caractère et de la condition des femmes.

Nous ne citons que les plus remarquables des apologies. Mais il en est beaucoup d’autres et l’on ne se contente pas d’en écrire de nouvelles, on réédite les anciennes, telle celle de Cornélius Agrippa[6].

À côté des apologies prennent place les études sur les femmes célèbres présentées soit sous forme de dictionnaire[7], soit sous forme ouvrages historiques proprement dits[8].

Les grandes reines de l’antiquité et de l’histoire moderne, les femmes de lettres, les religieuses déploient devant le public en une très complète galerie[9]. Tel auteur peu connu, mais dont les conceptions sur le rôle des femmes sont fort neuves, prend texte d’une histoire des amazones pour développer, avec talent, ses idées féministes[10].

La question féministe est également portée à la scène. Non, à part l’exception signalée pour Voltaire, dans les tragédies qui sont mortes, mais dans la comédie qui évolue suivant de près les mœurs et l’esprit du siècle. Le théâtre de Marivaux est, a-t-on dit, féministe. La femme en effet y tient une très grande place et elle y apparaît comme elle l’est à son époque, lorsque le sort l’a fait naître dans les classes élevées : fine, positive et presque maîtresse de ses actions. Beaumarchais, qui ne reste indifférent à aucune des grandes questions qui s’agitent de son temps est, lui aussi, féministe, et une profonde boutade du Mariage de Figaro le montre.

Les pièces de Nivelle de la Chaussée, de Destouches, d’Allainval, de Saurin, mettent à la scène la question du mariage : affection, amour et communauté de vie des deux époux ou indifférence conforme aux usages mondains. Liberté de la femme ou assujettissement[11].

Un Révérend Père de la Compagnie de Jésus, le P. Caffiaux, publie sa Défense du beaux sexe, mémoire historique, philosophique et politique pour servir d’apologie aux femmes[12].

L’ouvrage, peu original, est une compilation de la plupart des apologies et, en particulier, un démarquage de Poulain de la Barre, mais il aborde d’une manière assez complète tous les aspects du problème féminin. Féministe intégral, le P. Caffiaux revendique l’égalité des femmes dans les domaines littéraire, familial, social. Il est curieux et significatif de voir un Père Jésuite prendre pareillement position.

Enfin, comme il est naturel, les femmes de lettres conscientes de leur valeur, et contrairement à une George Sand, par exemple, la portant à l’actif de tout leur sexe, ont maintes fois déploré l’assujettissement des femmes, cherché à prouver leur égalité intellectuelle ou, tout au moins, discuté sur la liberté du cœur. Quelques-unes, Mme  de Puisieulx, Mme  Dupin se lancent dans de vraies apologies auxquelles leur situation mondaine assure un grand retentissement. En général, la vraie femme de lettres, qui est en même temps une femme du monde, a la discrétion de ne pas écrire d’apologie. Mais dans ses lettres, dans ses mémoires, dans ses romans, dans ses tragédies, comme les Amazones de Mme  du Bocage, ses convictions apparaissent à chaque instant.

Dans les Avis d’une mère à son fils de Mme  de Lambert, dans les Lettres péruviennes de Mme  de Graffigny comme dans les romans et les études de Mme  Riccoboni, de Mme  Belot, de Mme  de Robert, mainte idée est lancée qui fera plus tard son chemin. Il faut convenir d’ailleurs que, peu hardies la plupart du temps, sinon dans leurs principes, du moins dans leurs conclusions, toutes ou presque, même Mlle  Archambault qui soutient, en 1736, une polémique large et animée avec le chevalier de L…, restent dans le domaine psychologique et littéraire et s’élèvent assez rarement jusqu’aux considérations sociales et économiques qui font, pour nous, l’intérêt de la question.

La littérature féministe (si l’on prend ce mot dans son sens le plus large) est donc extrêmement abondante, quoique d’inégale valeur[13].

ii. Divers courants d’idées

Chacun aborde d’ailleurs la question féminine avec son tempérament, ses tendances propres et lui donne la solution en rapport avec son système du monde et son caractère. Et, suivant ces idées et ce caractère, les solutions qu’il apporte sont bien différentes.

Un juriste comme Montesquieu, esprit extrêmement positif et réaliste, regarde ce qui est, constate que, dans le passé et dans le présent, les femmes ont gouverné familles et empires et, sans se lancer dans le domaine de la théorie, sans se déclarer formellement pour l’émancipation, suggère au lecteur la conviction que seule cette émancipation résoudra nombre de contradictions.

Voltaire, indigné des injustices sociales, les combat avec autant de véhémence, lorsque la femme en est victime, que lorsqu’elles atteignent les dissidents religieux persécutés. Et son libre esprit arrive à concevoir l’idée de l’égalité foncière des sexes conditionnée par l’égalité des aptitudes intellectuelles. Pendant les années où dure sa liaison avec Mme  du Chatelet, Voltaire est vraiment féministe. Après la mort de son amie, ses convictions s’estompent un peu et, tout en restant l’ami généreux des faibles, il ne trouvera plus la netteté de ses affirmations antérieures. Il ne pourra s’empêcher, dans certains de ses articles, du Dictionnaire philosophique, par exemple, de faire quelques concessions aux préjugés courants.

S’il n’a pas employé toute sa force, toute sa verve, ni surtout beaucoup de méthode, à détruire le préjugé des sexes, il était réservé à son disciple Condorcet de tirer de ses principes la conclusion logique : théoricien avant tout, ne voulant considérer les choses que sous le rapport du juste et de l’injuste, Condorcet, lui, pousse ses principes, qui sont ceux de Voltaire, à leurs dernières conséquences. Et il est le seul à détruire de fond en comble le préjugé des sexes pour établir sur ses ruines une nouvelle société.

Helvétius, pour qui tout se ramène à une évolution produite par le jeu des forces naturelles et parfois le coup de pouce de la volonté humaine mari d’ailleurs d’une femme intelligente et pratiquement émancipée, ne peut se résoudre à voir aucune différence de nature entre l’esprit masculin et l’esprit féminin, aucune inégalité d’aptitude entre l’homme et la femme. Les inégalités actuelles viennent de l’effet d’une cause contingente : l’infériorité de l’instruction féminine ; que cette cause cesse, les effets cesseront aussi.

Chez la plupart des apologistes de la femme, chez tous ceux qui veulent son émancipation intellectuelle, économique, sociale, voire politique, on retrouvera plus ou moins fortement exprimées, plus ou moins modifiées, suivant les tempéraments individuels, les idées de Montesquieu, de Voltaire, de Condorcet ou d’Helvétius. Parfois, mais comme nous le verrons, plus rarement, apparaîtront d’autres idées : nécessité de réformer la société pour donner à tous et à toutes un travail rémunérateur, remplacement du mariage périmé par une forme nouvelle d’union entre les sexes qui facilite le développement de la population.

Rousseau est le chef d’une autre école. Sur la nature, les aptitudes, le rôle de la femme, comme sur presque toutes les autres questions, ses idées sont en opposition formelle avec les idées des autres philosophes.

Misanthrope, Rousseau est par conséquent misogyne. C’est aux femmes, à l’influence excessive qu’elles ont prise dans les sociétés civilisés, qu’il impute toutes les corruptions du monde. Apôtre de l’état de nature, son idéal est le retour à cette simplicité primitive où la malice des femmes et la faiblesse de l’homme n’avaient pas encore délié de ses chaînes le sexe destiné à obéir. Egoïste, et ayant trouvé parmi les femmes de passionnées admiratrices, tant d’auxiliaires précieuses, dont les complaisances ou les soins l’ont si largement aidé à élaborer ses œuvres, il considère la personnalité féminine comme ne se réalisant pleinement que par celle de l’homme. Isolée, la femme n’est rien et elle ne peut faire seule sa destinée.

Mais surtout, c’est la différence fondamentale entre Rousseau et les écrivains de son temps, Rousseau reste chrétien. Et ses idées essentielles sur la femme sont des idées chrétiennes : l’infériorité native de la femme en vertu des éternels desseins du Créateur et dans le plan harmonieux de l’univers ; la constitution du couple, être unique dont l’homme doit être la tête et l’âme dirigeante, la femme le corps passif ; l’organisation de la famille fondée sur l’exclusive autorité du père.

Donc, pas d’autres destinées pour la femme que le mariage et, dans le mariage, la soumission la plus complète à la loi de l’homme. Rousseau qui, sur tant de points fut novateur, reste donc, sur celui-ci, traditionaliste. Cependant, l’importance qu’il attache au sentiment, source de toute bonté et de toute joie, le prestige que prennent à ses yeux romantiques les grandes passions, l’admiration qu’il éprouve justement pour la vie de famille, que la femme fera plus que l’homme à son image, tempèrent la rigueur de ses principes et la virulence de ses anathèmes. On pourrait trouver chez lui, nous le verrons, un certain féminisme romantique dont les articles essentiels sont la liberté du cœur et l’exaltation du rôle de la mère qui passera chez Boissel et chez les saint-simoniens.

N’importe, en face des Voltaire, des Montesquieu, des Helvétius, suivis par tous les apologistes masculins et féminins de la femme, Rousseau apparaît bien comme le leader de l’antiféminisme. Mais il est un chef d’école dont les idées auront moins de retentissement de son vivant même qu’après sa mort. Avant la Révolution, seuls quelques romanciers philosophes, tels Restif de la Bretonne, suivent Rousseau et développent en les exagérant fortement, voire en les poussant jusqu’à l’absurde, ses conclusions. Elles seront articles de foi pendant la Révolution. En ce qui regarde leur conception des droits et des devoirs de la femme, la plupart des hommes politiques de la Révolution, Prudhomme aussi bien que Chaumette et Robespierre, sont des disciples de Rousseau. C’est ce qui expliquera la défaveur marquée avec laquelle ils accueilleront les tentatives d’émancipation féminine.

Les idées de Voltaire, Montesquieu, Helvétius, au contraire, après avoir rencontré une assez grande faveur de leur temps, s’éclipsent à la fin du siècle ; elles reparaîtront très fortes au xixe siècle et formeront la base des théories de Stuart Mill et de tous les féministes anglais et français.

Nous savons maintenant dans quelle mesure les écrivains du xviiie siècle se sont intéressés à la question féministe, nous voyons de quelle manière ceux des écrivains, et ils sont nombreux, qui s’y intéressent, l’envisagent, et comment les solutions générales qu’il donnent sont en rapport avec leur tempérament et leur système philosophique, nous avons déterminé les grands courants d’idées. Voyons maintenant quelles solutions particulières ils apportent à chacun des problèmes particuliers dont se compose la question féministe.

  1. Pensées pour servir à la réformation de l’État.
  2. Le Gynographe, le Pornographe, les Contemporaines.
  3. Aspect philosophique. Paris, 1772.
  4. Gamalogie.
  5. Mme  de Puisieulx. La femme n’est pas inférieure à l’homme. — Mme  Galien. Apologie des femmes. — Mme  Gacon-Dufour. Mémoire pour le sexe féminin. — Mme  de Coicy. Les femmes comme il convient de les voir.
  6. Gueudeville. De la précellence du sexe féminin.
  7. Dictionnaire des femmes célèbres ; Histoire littéraire des femmes françaises, par l’abbé de la Porte.
  8. Robert de Bury. Les femmes célèbres.
  9. Galerie des femmes célèbres. — Alletz. L’esprit des femmes célèbres.
  10. Abbé Guison. Histoire des amazones.
  11. Allainval. L’école des bourgeois (1718). — Destouches. L’ingrat (1712) ; le philosophe marié ou le mari honteux de l’être (1727). — La Chaussée. Le préjugé à la mode (1735). — Saurin. Les mœurs du temps (1761).
  12. 3 vol., Amsterdam, 1759.
  13. Dans la Bibliographie, nous avons donné les titres de tous les ouvrages que nous avons eu entre nos mains.