La Femme et la démocratie de nos temps/28

CHAPITRE XXVIII.


Et tout de suite, comme une conséquence de ce qui précède, attaquons la majorité. Le peuple est un mauvais électeur, l’expérience le fait trop connaître : nous avons vu qu’aux États-Unis on trouve des hommes de mérite parmi les gouvernés et qu’on n’en trouve point parmi les gouvernans ; que le peuple fait de mauvais choix, et qu’il n’aimait pas ses grands hommes. Sans doute ce peuple, mal conduit depuis qu’il est formé, manque plus qu’un autre de caractère ; mais si le peuple romain, le modèle des peuples et le mieux instruit, montra long-temps sa sagesse par ses suffrages, il finit par s’égarer. Caton, opposé à l’achat que les candidats faisaient des voix, ne put obtenir le consulat, puni par le peuple qu’il voulait sauver.

Certes il est impossible de penser que la foule inculte sera le vrai juge. Qu’elle soit consultée sur différens objets qui la touchent directement, qu’elle nomme ses députés ; mais le pouvoir d’en haut, mais l’aristocratie doit partir d’ailleurs.