La Fameuse comédienne/Variantes

Anonyme, préface et notes
(p. 63-66).

VARIANTES.

Nous ne donnons que les moins insignifiantes, et encore est-ce pour l’acquit de notre conscience. On a lu notre avis sur les éditions de ce livre : celle de 1688 présente, selon nous, le véritable texte ; les autres contiennent plus ou moins d’absurdités. Nous en avons admis quelques-unes ; elles rendront juges nos lecteurs du mérite relatif de chaque version. Quant aux menues variantes de chaque édition sur la précédente, nous n’avons pu les reproduire, quand elles n’affectaient point le sens : le nombre en est trop grand, l’importance nulle. Car, je le répète, elles n’améliorent jamais la phrase. Changer pour changer, c’est-à-dire tirer, à peu de frais plusieurs moutures du même sac, tel est le but visible des éditeurs successifs.

Page 3, ligne 1. Le Libraire au Lecteur. L’édition de 1688 est la seule qui contienne cet Avis.

P. 7, l. 22. « de l’attirer » (t688), « de l’engager » (s. 1. n. d.), « de s’engager » (1690 et 1697). Ge sont les éditions 1688 et s. l. n.d. qui disent la vérité.

P. 8, l. 20, 21. Après « eut été son père » (s. 1. n. d.), et « conneu d’autre » (1688) : « Elle luy faisoit mille petites caresses que son âge luy permettait ; et il est seur que la Guérin, quoyque laide, a esté une personne fort touchante quand elle vouloit plaire. » (1690, 1697, s. l. n. d.).

P. 10, l. 24. De « qui estoit le premier rolle » à « Heroïne du Theatre, » est supprimé dans l’édition s. l. n, d. Cette omission est, à nos yeux, une preuve de plus que l’édition—faite à Paris, selon toute apparence — est postérieure à celle de 1697. En 1715, par exemple, ceux qui avaient souvenir de Madame Duparc étaient rares.

P. 17. l. 11. « Chapelle, qui croyoit... » ( 1690, 1607, s. l. n. d.) atténue sottement l’idée de l’auteur.

P. 19, l. 2. De « et, comme tous mes efforts » à « sans doute entendeu parler » (p. 19, l. 14), est omis dans les éditions 1690, 1697 et s. l. n. d.

P. 22, l. 10. De « mais, comme son cœur ne pouvoit estre sans occupation » à « fit promettre à Baron qu’il ne verroit plus le Duc » : le premier et le second alinéas sont écourtés et adoucis dans l’édition s. l. n. d. ; le troisième n’y figure point.

P. 28, l. 30. Après « dignement » : « Tout le monde sait la difficulté que l’on fit de l’enterrer, et qu’il fallut des ordres absolus pour vaincre la résolution de son curé, qui ne fit pas encore les choses de trop bonne grâce. » (s. 1. n. d.).

P. 29, l. 4. La Laurillière (1690), La Taurillière (1697), La Torillière (s. l. n. d.) : le remanieur de 1690 ne savait même pas le nom du célèbre comédien, et l’on a supposé que c’était La Fontaine !

P. 29, l. 15 … « pour son Opéra, la réduisit elle-même et sa (1697) la (s. l. n. d.) troupe à prendre l’Hôtel de Guénégaud, où toutes deux 1697, s. l. n. d.) sont réunies présentement. » Qui, toutes deux? Madame Molière et sa troupe ? Les remanieurs n’ont pas compris l’édition de 1688, qui disait avec raison les deux troupes. D’ailleurs, nous l’avons fait remarquer, les deux troupes (Hôtel de Bourgogne et Théâtre de Guénégaud) ne furent réunies rue Mazarine que d’août 1680 à avril 1689. Les remanieurs de 1690, de 1697 et le dernier n’étaient guère au courant des faits et gestes de la Comédie. L’auteur de la Coupe enchantée y était davantage.

P. 41, l. 29. « qu’il ne se souvient (1690) 1697, s. l. n. d.) qu’à peine qu’il en ait (1690, 1697) avoit (s. l. n. d.) été amoureux.» M. P. Lacroix attache à la variante de 1690 une importance qui nous échappe.

P. 48, l. 9. … « d’un prix fort médiocre.» Les éditions 1690, 1697 et s. l. n. d. ajoutent : « et se satisfit à sa volonté. »

P. 61. Portraits des Comédiennes de l'Hostel de Guénégaud. L’édition de 1688 est la seule qui les contienne. En effet, à partir du 18 avril 1689, la Comédie fut transférée rue des Fossés-Saint-Germain-des-Prés. Ces épigrammes, antérieures à la publication du libelle — elles ont paru en 1680 — n’ont point été signées. L’auteur de la Fameuse Comédienne les a reproduites, bien que trois des actrices qui en sont l’obiet eussent abandonné le Théâtre avant 1688, Mlle Debrie et Mme Dupin le 14 avril 1685, et MmeDauvilliers en août 1680.