La Défense du Libéralisme/Questions Sociales

L'édition artistique (p. 109-136).

QUESTIONS SOCIALES




Si je donne la première place, dans mes anticipations, aux Questions Sociales, c’est que celles-ci ont, par l’importance qu’elles ont prise, dominé l’Économie au XXe siècle.

Très souvent, dans son histoire, la France a été déchirée par des luttes religieuses qui mirent son unité en péril, et qui ont connu leur paroxysme avec la Saint-Barthélemy, la Révocation de l’Édit de Nantes, l’Affaire Dreyfus, pour s’apaiser avec la Séparation de l’Église et de l’État.

De nos jours, ces querelles byzantines ont cessé, mais nos professionnels de la politique, pour se conserver une clientèle, ont dû instaurer la « lutte des classes », qui ne nous a apporté que des misères et des deuils.

Depuis qu’il y a des hommes, et qui travaillent, il y a des employeurs et des employés dont les intérêts sont forcément différents, mais non nécessairement opposés. Il en est de même des rapports entre vendeurs et clients, dont les intérêts sont contraires, mais qui n’en conservent pas moins un caractère courtois, sinon amical.

Le malheur a voulu que la lutte des classes serve de tremplin à une nuée de professionnels pour qui le bonheur de l’ouvrier constituait le moindre des soucis, mais qui visaient, avant tout, à s’assurer son vote ou sa cotisation. Ils auraient pu se borner à guider, à conseiller, à appuyer des revendications raisonnables. Ils ont préféré recourir à la violence, susciter l’envie et la jalousie, fomenter la haine et lancer les « masses laborieuses », le poing fermé, à l’assaut d’un patronat peu préparé à recevoir le choc.

Ce faisant, ces trublions se mettaient en lumière, se paraient de succès faciles, accroissaient leur clientèle, sans se soucier des dégâts qu’ils causaient.

Je dois avouer que les patrons n’ont pas eu une attitude très vaillante. Ils se reposaient sur le Gouvernement pour faire respecter la loi, mais celle-ci était violée à chaque instant sous la pression des masses. On a souvent reproché aux patrons leur attitude passive et le manque de préparation de leur défense. En face des salariés bien groupés dans des Syndicats largement pourvus d’argent, ils ne pouvaient opposer que des Chambres Syndicales préoccupées avant tout de questions économiques et quelques Groupements dont la moindre qualité était l’homogénéité. Les salariés n’avaient qu’une revendication, la même pour tous : « gagner plus, travailler moins », tandis que les patrons étaient partagés entre deux désirs : donner satisfaction à leur personnel et défendre le pouvoir d’achat des masses en évitant la hausse des prix. Beaucoup prévoyaient la catastrophe, malgré la prospérité factice que procurait l’approche de la guerre, mais bien peu étaient disposés à faire campagne pour ouvrir les yeux du peuple, absorbés qu’ils étaient par la conduite souvent délicate de leurs affaires.

Les patrons auraient pu se défendre par la propagande, mais le « mur d’argent » ne disposait que de quelques maravédis en face des centaines de millions de la C. G. T. Et, pourtant, cette propagande était facile à faire, les arguments étaient nombreux, et le peuple de France qui, dans son immense majorité, est sérieux et travailleur, y aurait été sensible à coup sûr.

Comme il fallait s’y attendre, on a découvert, après la débâcle, que c’était le libéralisme, « ce pelé, ce galeux, d’où nous vient tout le mal », qui était le grand coupable.

C’était lui qui, par la concurrence acharnée qu’il impliquait, réduisait les salaires à des taux de misère.

C’était lui qui était responsable de ce qu’on a appelé les salaires « anormalement bas ».

Penchons-nous sur ce problème.

Les Salaires.

En principe, je reconnais qu’un salaire est toujours trop bas. Mais je n’y attache pas une grande importance. Le salaire n’est qu’un symbole. Ce qui compte, c’est sa comparaison avec le coût de la vie. Peu importe qu’un ouvrier gagne cent francs l’heure, si le kilog. de pain est à deux cents francs.

Ce qui est fondamental, c’est le pouvoir d’achat du salaire.

Pour pouvoir juger de l’influence du libéralisme, il faut pouvoir comparer les pouvoirs d’achat depuis sa création à nos jours.

Malheureusement, le pouvoir d’achat sous Louis XVI est difficile à évaluer. D’ailleurs, les patrons et les ouvriers de cette époque sont morts et ne se disputent plus. Aussi, me bornerai-je à comparer la situation de 1914 avec celle de 1936, dernière année du libéralisme, en ce qui concerne les salaires.

Pour être certain de ce que j’avance, je puise dans les livres de paie de Solex, et je constate les chiffres suivants :

En 1914, un manœuvre à Paris gagnait Fr. 0,50 l’heure. En 1936, il recevait Frs 6, », c’est-à-dire douze fois plus.

Pour un très bon tourneur, les chiffres sont, pour les mêmes années, Fr. 0,90 et Frs 9, », coefficient 10.

Pendant ce même temps, le coût de la vie passait de 100 à 490, coefficient 4,9.

Ainsi donc, tandis que les salaires étaient au moins décuplés, le coût de la vie n’était que quintuplé, c’est-à-dire que le pouvoir d’achat du salaire, en vingt-deux ans, avait, en moyenne, doublé.

En 1914, l’ouvrier français vivait modestement, mais bien. Je n’en veux pour preuve que les centaines de milliers d’ouvriers étrangers qui envahissaient alors la France. Il faut croire qu’ils s’y trouvaient mieux que chez eux, alors qu’il était très rare de trouver un ouvrier français en Belgique, en Italie ou en Espagne.

En 1936, le pouvoir d’achat ayant doublé, l’ouvrier pouvait, soit vivre modestement comme en 1914 et mettre la moitié de son gain en réserve pour ses vieux jours, soit être moins prévoyant, mais améliorer considérablement son train de vie, ce qui se traduisait visiblement, par l’augmentation du nombre des autos, l’abondance de l’alimentation, la ruée aux spectacles et sur les plages, et les dépenses vestimentaires du peuple.

Mais les revendications entretenues par les agitateurs se faisaient toujours plus véhémentes, Spécialement dans la métallurgie et l’aviation où les ouvriers étaient, d’ailleurs, les mieux payés. Je me demande alors par quel sortilège Louis Renault a pu réunir 40.000 ouvriers à Billancourt, alors que rien ne les forçait à y venir. C’est probablement parce qu’ils y trouvaient un avantage.

Quant aux salaires anormalement bas, rien n’est plus facile que de les condamner, mais je ferai remarquer qu’il y a aussi des tâches anormalement faciles. Vendre des gants dans une boutique peut contenter une jeune fille vivant sans frais dans sa famille. Je suis heureux pour elle de voir son salaire augmenté, mais je crains que son emploi ne disparaisse, si le commerçant a de trop lourdes charges.

De toutes façons, le libéralisme n’a pas à être tenu pour responsable des bas salaires, puisque celui qui payait les salaires les plus élevés au monde était Henry Ford, champion du libéralisme, ce qui ne l’empêchait pas de vendre ses voitures aux plus bas prix du marché.

Que veut le travailleur ? D’abord une vie plus large pour lui et sa famille. Je suis entièrement d’accord, mais voyons les moyens. Le plus simple est l’élévation brutale des salaires. C’est attrayant, facile à expliquer et à comprendre. De là son succès auprès des orateurs de réunion publique, qui imposent au capital tous les frais de l’opération.

Mais le capital n’est lui-même que du travail accumulé et, s’il n’est pas rémunéré, il disparaîtra. Son incidence sur le prix de revient est, du reste, insignifiante par rapport à celle de la main-d’œuvre. Si l’on remonte à la source des frais généraux ou des matières premières, on constate que tout est travail de l’homme. On l’a bien vu en 1937 avec l’expérience Léon Blum, au cours de laquelle le prix de la vie montait plus vite que les salaires. Comme remède, on proposait l’échelle mobile, ainsi qu’elle existait dans l’Imprimerie, qui s’en trouvait bien, parce qu’elle était seule à l’appliquer. Généralisée, c’était l’apparition du « cycle infernal », où les salaires courent après les prix. Le grave danger de ces jongleries avec les salaires, c’est qu’elles laissent en dehors du circuit toute une classe de la population, fonctionnaires, retraités, pensionnés, femmes au foyer et enfants qui, ne bénéficiant pas d’une augmentation de leurs revenus, sont écrasés par l’élévation du prix de la vie.

M. E. Schueller, dans un livre plein d’enthousiasme généreux, La Révolution de l’Économie, propose un système qui a, au moins, le mérite de ne pas augmenter tout bêtement les salaires. Il n’élève ceux-ci qu’autant que la production croît. Si la production double, le travailleur voit sa paie doublée. Méthode séduisante puisque, dans le même temps, elle crée des richesses. C’est une idée qui rejoint le fameux travail « aux pièces », si en honneur sous le libéralisme et si combattu par la C. G. T. Mais M. Schueller l’améliore par la stabilisation autoritaire des prix afin d’éviter leur avilissement par la surproduction, qui mettrait les salaires en danger. Heu ! là, je deviens sceptique, car comment écouler une production croissante, sans la mettre à portée d’un plus grand nombre, comme le réalise le libéralisme, au moyen de l’abaissement du prix de vente. D’autre part, ce système ne peut être appliqué qu’à certains secteurs de l’Économie, la majorité des autres restant en dehors.

Je ne vois pas très bien, en effet, comment on pourra intéresser sur la production les fonctionnaires, les artisans, les commerçants, les artistes, qui font déjà tout ce qu’ils peuvent. Pour les agriculteurs, qui ont le mépris de la comptabilité, comment rémunérer les travailleurs ? Il s’agit là d’au moins la moitié de la population qui sera évincée du système et qui devra se contenter d’un salaire fixe. Il se, créera ainsi une aristocratie des travailleurs, les uns étant avantagés sans que, bien souvent, ils l’aient mérité, par rapport à d’autres, pourtant très méritants. La nouvelle classe privilégiée, par sa puissance d’achat, fera monter les prix de ce qu’elle ne produit pas, tandis que la production « schuellerisée » s’écoulera difficilement. J’entends bien que les prix sont fixés impérieusement, mais je crains qu’il ne s’établisse deux marchés, l’un noir, en hausse, pour les produits qui manqueront, l’autre rose, en baisse, pour les produits en excès.

Beaucoup de bons esprits proposent de résoudre la question des salaires par la participation aux bénéfices. Ils parlent, bien entendu, des bénéfices des autres ; pour eux, il ne leur viendrait pas même à l’idée d’intéresser leur cuisinière sur les économies qu’elle peut réaliser sur ses achats.

C’est un système séduisant en théorie et qui a déjà reçu des réalisations intéressantes, notamment à l’Arbed, la puissante Société métallurgique luxembourgeoise.

Cependant, de nombreux problèmes restent à résoudre, comme celui de la participation aux pertes éventuelles et celui de la répartition suivant le mérite et l’ancienneté. Dans beaucoup de cas, l’intérêt que l’ouvrier y trouvera sera très mince et très décalé dans le temps. Enfin, l’objection primordiale, à mon sens, est que la participation aux bénéfices implique forcément la participation à la direction, car les bénéfices sont influencés directement par la gestion, à laquelle les intéressés exigeront d’avoir une part.

Or, vous ne trouverez pas un chef digne de ce nom qui admettra d’avoir à collaborer avec un Soviet. Du reste, la question sera résolue, les bénéfices seront tout répartis, car ils disparaîtront infailliblement.

Mais, alors, la question des salaires, comment la résoudrez-vous ? me dira-t-on.

D’une façon très simple : Par la prospérité des entreprises. Les salaires ont toujours suivi une courbe parallèle à celle de la fortune du pays. Je ne conçois pas de hauts salaires dans une Économie de misère, de même, je ne crains pas les bas salaires dans un pays riche car, alors, les besoins de main-d’œuvre sont tels qu’il est aisé à celle-ci de se faire payer.

J’aimerais beaucoup mieux encore résoudre le problème en stabilisant inexorablement les salaires, à égalité de rendement et de qualité de travail, bien entendu. Inéluctablement, le prix de la vie baissera alors, améliorant la condition de chacun qui, devenant un meilleur client, contribuera à créer un « cycle idéal » où la production monte en même temps que le prix de la vie baisse. Mais je ne me fais pas d’illusions, ma proposition n’a aucune chance d’être acceptée, car elle est moins séduisante pour le travailleur que la naïve augmentation des salaires si chère aux excitateurs.

Il est probable que la vérité se tient entre les deux par la combinaison d’une légère augmentation des salaires avec une diminution insensible, mais constante, du coût de la vie.

Cette politique a, en outre, l’avantage de favoriser l’exportation, c’est-à-dire, en retour, l’importation de nombreux produits dont le peuple bénéficie.

Si, dans le même temps, un dirigisme imbécile ne vient pas raréfier les produits, le coût de la vie s’abaisse à un niveau tel que le bonheur matériel de chacun est assuré.

Mais, pour cela, il faut que l’ouvrier comprenne que son sort est lié à celui du patron. Si Solex a toujours pu payer des salaires élevés, si Solex a pu, quinze ans avant la loi qui les rendait obligatoires, donner à ses collaborateurs des congés payés, mais au double tarif, c’est que c’est une affaire prospère. Aussi, je voudrais que les « masses laborieuses » soient persuadées que leur intérêt se confond avec celui de leurs employeurs, malgré les appels à la jalousie et à la haine qu’ils peuvent lire dans une certaine presse. Je voudrais que les salariés qui me font le plaisir de me lire soient de cœur avec moi quand j’exposerai les tribulations d’un patron, car ils doivent être assurés qu’en défendant les intérêts de leurs chefs, je défends aussi les leurs.

Mais je répète que rien ne sert de poursuivre la hausse des salaires si, en même temps, on n’augmente pas la production. Je répète que j’aimerais même mieux conserver les salaires au même niveau et, parallèlement, abaisser lentement le coût de la vie. Ce second système présente l’avantage énorme de ne pas léser les vieux travailleurs, qui pourraient ainsi jouir en paix de leurs économies, alors que l’augmentation du coût de la vie les a réduits à la misère.

En tout cas, ne comptons pas sur le dirigisme pour améliorer la situation des travailleurs alors que l’État, qui en est la synthèse parfaite, paie si mal ses employés.

La Liberté.

Un autre besoin inné du travailleur français est la liberté. L’ayant toujours eue, il n’en sentait pas les bienfaits, mais, quand il l’aura perdue, il la regrettera amèrement. Or, le libéralisme la lui assure entièrement. Le salarié est libre de travailler quand et où il lui plaît. Il peut changer de patron quand bon lui semble, il peut s’établir à son compte, s’il le veut, et rien ne l’empêche de réussir magnifiquement, comme j’en ai tant d’exemples sous les yeux.

Le dirigisme ne pourra que lui apporter une mutilation de cette liberté. En tous cas, sur ce chapitre, il n’y gagnera pas, à moins qu’on ne juge qu’il avait trop de liberté, qu’il en a mésusé et qu’il convient de la restreindre.

Pour ma part, je crois que presque tous ont maintenant compris que la liberté doit se limiter au point où elle risque de tourner en désordre. Mais alors il n’est, pour cela, besoin que d’arrêter les excitateurs professionnels, qui sont les seuls responsables de ces excès, sans aller jusqu’à annuler une des conquêtes de la Révolution de 1789, à laquelle l’ouvrier attache le plus de prix : la liberté.

La Sécurité.

Un autre besoin impérieux du travailleur est la sécurité de l’emploi. Il redoute, avec raison, de se voir privé de travail du jour au lendemain. Ce désir de stabilité est très louable, et il faut le satisfaire par tous les moyens. Mais, n’en déplaise aux trublions de meetings, l’intérêt de l’employeur à conserver son personnel est au moins aussi grand. Quand un ouvrier change d’usine, il est bien apte à accomplir un autre travail du jour au lendemain, mais, pour le patron, le résultat est déplorable. J’en discutais un jour avec André Citroën, qui se plaignait du peu de rendement de sa main-d’œuvre.

— Combien avez-vous de mutations ? lui demandai-je.

— Très peu, à peine 100 par jour, sur un effectif total de 12.000 hommes, me répondit-il.

Par un rapide calcul, je lui démontrai que le séjour moyen d’un ouvrier dans ses usines n’était que de quatre mois et demi, ce qui était désastreux. Immédiatement, des mesures furent prises pour stabiliser la main-d’œuvre. Et le rendement s’accrût aussitôt. Car le changement de personnel dans une fabrication est surtout nuisible pour la maison. Les machines souffrent énormément d’être conduites par des ouvriers nomades, qui ne s’intéressent pas à leur entretien ; les rebuts de fabrication se multiplient ; les cadres perdent un temps précieux à mettre au courant les nouveaux venus. Pour les employés, c’est encore pire : les mille détails d’une administration ne peuvent être assurés que par un personnel parfaitement stable. À titre d’indication, Solex, dont le rendement par mètre carré d’atelier ou de bureaux est difficile à battre, réalise une moyenne de neuf ans de présence pour les ouvriers et de quinze ans pour les employés.

Il est donc faux d’accuser les patrons, comme on l’a fait, de se désintéresser de la stabilité de leur personnel, alors qu’au contraire il est primordial pour eux de conserver toujours les mêmes éléments.

S’ils sont parfois réduits à d’ébaucher, c’est que le travail vient à manquer, et ce ne sera pas le dirigisme qui y remédiera, puisque le propre de l’Économie dirigée est d’éviter la surproduction, alors que beaucoup de patrons libéraux travaillent pour le stock afin de conserver leur personnel.

Mais il est un cas où, quoi qu’il arrive, le patron doit être maître de débaucher sans contrôle. C’est lorsque son autorité est en jeu. Car il n’est pas possible qu’une influence extérieure impose la présence d’un indésirable, qui ne pourrait que bafouer celui qui doit commander sans conteste. Le jour où charbonnier ne sera plus maître chez lui, il est à craindre que le charbon ne vienne à manquer.

Par contre, si je condamne toute contrainte dans le maintien en place du personnel, je ne saurais trop recommander aux employeurs d’être extrêmement prudents dans les fluctuations de leurs effectifs et, en tout cas, de prévenir les intéressés le plus longtemps possible à l’avance.

Le Chômage.

La question du débauchage m’amène naturellement à parler du chômage, qui en est la conséquence : le chômage est encore une de ces tartes à la crème qui font les délices des excitateurs qui, eux, ne chôment jamais.

Je suis assez de l’avis de celui qui disait : « En France, il n’y a pas de chômage, il n’y a que des chômeurs. » En fait, un ouvrier sérieux n’a jamais de peine à trouver du travail, mais il existera toujours une population flottante, composée de malades, mais aussi de paresseux et d’ivrognes, qui se fera inscrire sur les registres du chômage. Cette population sera d’autant plus nombreuse qu’on l’entretiendra par des primes. Lorsqu’un chômeur sait qu’il est subventionné, que son propriétaire ne peut lui réclamer son loyer, il n’est pas très incité à chercher du travail, pour peu qu’il ait quelques ressources ou qu’il se contente de « bricoler » à la maison.

D’autre part, il y aura toujours des besoins saisonniers de main-d’œuvre et on ne peut pas espérer reclasser immédiatement les ouvriers en excès dans une industrie. D’où un certain flottant qui augmente le chômage visible, alors qu’en réalité il est extrêmement réduit.

Enfin, j’ai toujours entendu dire que l’agriculture, comme la Vénus de Milo, manquait de bras. Il est donc assez rassurant, pour le chômeur, qu’il y ait toujours un secteur d’activité qui réclame de la main-d’œuvre. Mais il faudrait d’abord commencer par retenir cette main-d’œuvre à la terre, ce que nous examinerons plus loin, au chapitre « Agriculture ».

Que pourra faire le dirigisme en face du chômage ? À mon avis, il ne pourra que l’augmenter par la concentration, la rationalisation qui, tout en brimant le consommateur, mettront sur le pavé un nombre considérable de travailleurs.

Le dirigisme pourra alors masquer le chômage par des entreprises étatiques, dont les « Chantiers nationaux » nous ont, naguère, donné le piteux spectacle.

Promotion du travailleur.

Une autre ambition non moins légitime du travailleur est de pouvoir s’élever. Je ne crois pas qu’il existe un pays où cette faculté soit plus répandue qu’en France. Par son instruction obligatoire, ses écoles spéciales, presque gratuites, ses bibliothèques, ses cours du soir, notre pays offre toutes facilités, à celui qui veut travailler, de s’élever et d’élever sa famille. Je connais, autour de moi, quantités d’exemples d’industriels, comme les frères Chausson, les Coatalen, les Robert Bosch, les Marius Berliet, les Georges Claude, les Maurice Houdaille, les Henri Perrot, les Schueller, les Charles Weiffenbach, et tant d’autres, qui ont débuté de façon très modeste et qui comptent aujourd’hui parmi les plus puissants. C’est un fait que le libéralisme peut mettre à son actif. Quant au dirigisme, je doute qu’il produise autre chose que des fonctionnaires trop nombreux et, par conséquent, mal payés.

Syndicats et Grèves.

Pour faire triompher ses revendications, le travailleur utilisait une voie : le Syndicat, et un moyen : la grève, qui sont spécifiquement des produits du libéralisme et qui contiennent, comme la langue d’Ésope, le meilleur et le pire. Je les mets dans le même paragraphe, car ils sont inséparables, la grève ne se concevant pas sans le Syndicat.

Je considère le Syndicat non seulement comme utile, mais indispensable, pour conseiller ses membres, les guider, recevoir leurs doléances, soutenir leur moral en leur donnant le sentiment qu’ils ne sont pas abandonnés. C’est dans l’affiliation à un Syndicat, pas forcément unique, que la dignité d’un salarié doit se trouver exaltée en tant que citoyen « libre et organisé ».

Mais, également, je suis fermement d’avis que le Syndicat doit se limiter à un rôle purement professionnel, d’où la politique doit être rigoureusement bannie. Ses dirigeants ne doivent avoir en vue que l’amélioration du sort de ses membres, et non la destruction d’une classe, ainsi qu’il était inscrit à l’article premier des Statuts de la C. G. T. Ils doivent être animés de l’esprit de collaboration avec les Syndicats patronaux, et non entretenir une atmosphère de suspicion, de jalousie et de haine.

Leur but doit être de construire, et non de détruire, leur moyen doit être la persuasion, et non la violence.

Aussi, ne puis-je que condamner sévèrement toute grève concertée sous la direction du Syndicat. Je n’ai jamais subi de grève chez Solex, sauf un jour, le 30 novembre 1938. Je n’ai jamais su quel en était le motif, pas plus que les ouvriers, d’ailleurs. C’était bien le type de la grève politique, imposée par un Syndicat irresponsable et en outre malfaisant, puisque nombre d’améliorations que nous voulions apporter au personnel sont restées en panne de ce fait, et la guerre est arrivée…

Est-ce à dire que le salarié, privé de son arme favorite, se trouverait sans défense devant un patronat sans entrailles ?

Pas le moins du monde, puisqu’il a toujours la ressource de quitter la place où il ne se plaît pas, pour une autre plus avantageuse, ou de changer de profession. Devant l’effritement de sa main-d’œuvre, le patron sera bien forcé d’améliorer les conditions faites à son personnel.

Mais, à aucun prix, la France ne doit revoir le spectacle affligeant de 1936, où des travailleurs, possédant pourtant un pouvoir d’achat double de celui de 1914, ont imposé à l’économie une épreuve mortelle par la puissance sans limite de leurs Syndicats.

Les Œuvres Sociales.

Beaucoup de patrons, aux intentions généreuses, se sont efforcés de résoudre la question sociale par des œuvres d’assistance à leur personnel. Dans cet ordre d’idées, les remarquables institutions d’Édouand Michelin, à Clermont-Ferrand, de MM. Schneider, au Creusot, de l’Arbed, en Luxembourg, et de bien d’autres, doivent être citées comme modèles. Il y a là un exemple de ce que pourrait réaliser la collaboration des classes. Je suis d’autant mieux placé pour y applaudir que mes propres efforts sur ce terrain ont été très modestes. J’estime, en effet, que Paris offre de telles ressources que ces œuvres sociales font double emploi avec l’outillage général de la Cité. Il n’en est pas de même en province, où une grande usine isolée se doit de procurer à son personnel des avantages matériels et intellectuels, qui lui coûteront, du reste, fort cher.

Malheureusement, ces élans de philanthropie ont été constamment freinée par l’attitude des Syndicats, qui ont vu là une concurrence dangereuse à leur influence. Ils préféraient voir l’ouvrier dans une condition médiocre, espérant ainsi le tenir mieux en mains. De là ces attaques violentes contre ce qu’ils ont appelé le « paternalisme », en donnant à ce charmant vocable un sens péjoratif. Ces améliorations sociales, disent-ils, sont réalisées au détriment du salaire de l’ouvrier, qui est payé d’autant moins. C’est donc un dû, et il n’y a aucune reconnaissance à en devoir au patron. Décourageante attitude, qui explique pourquoi beaucoup de chefs d’entreprise se sont abstenus, comblant ainsi les désirs des Syndicats.

Quant à la prise en charge de ces réalisations par la Profession ou un Comité social, vagues entités morales, elle me paraît bien aléatoire quand on aura supprimé le puissant mobile qu’est l’amour-propre personnel du créateur de ces œuvres.

En réalité, les Œuvres Sociales, à part de très rares cas de concentration massive, comme le Creuset, Michelin ou Peugeot, n’ont rien à voir avec les Professions.

Elles doivent être toutes gérées par la Commune, le Département ou la Nation, qui n’ont pas à faire de distinction entre un clerc de notaire, un garçon épicier, ou un ouvrier de Renault. Que ce soit pour des stades, des piscines, des bibliothèques, des dispensaires, des hôpitaux, ou des jardins ouvriers, seules les Municipalités sont à même de connaître les besoins de leur population et de les satisfaire le mieux possible.

Les Coopératives d’Achat constituent une concurrence illicite au Commerce régulier. Elles étaient, du reste, en régression sensible à la veille de la guerre.

L’Organisation Professionnelle veut s’annexer ces manifestations d’assistance qui meublent magnifiquement un discours ou un article de journal. Mais, pour les Œuvres Sociales, comme pour le reste, d’ailleurs, je crains bien que l’O. P. en reste au stade velléitaire et qu’en définitive, « la montagne n’accouche d’une souris ».

Les Assurances Sociales.

Une des manifestations les plus néfastes du dirigisme est représentée par les Assurances Sociales. Alors que personne ne demandait rien, un certain nombre d’agitateurs parlementaires, pour se faire bien voir de leur clientèle, n’eurent pas de cesse qu’ils n’aient obtenu le vote de la loi sur les Assurances Sociales. Et le plus navrant fut que cette loi fut votée à l’unanimité, personne ne voulant être taxé d’avoir un cœur de pierre. Il était du reste difficile de prévoir quels seraient les lamentables résultats de cette organisation étatique.

En bref, les voici : 10.000 fonctionnaires grattent des montagnes de papier pour un résultat pratiquement nul. Sur 100 Assurés Sociaux interrogés pour savoir qui s’occupe d’eux quand ils sont malades, 2 seulement désignent les Assurances Sociales, 98 indiquent leur famille, l’Assistance Publique, les voisins, les Sœurs ou eux-mêmes. Qui paie les frais médicaux ? 40 créditent les Assurances Sociales, 30 les imputent à l’Assistance Publique, à leur famille, aux voisins, aux œuvres privées et 30 à eux-mêmes. Ce qui signifie que, si tous paient les cotisations, beaucoup renoncent à toucher les prestations par suite de la perte de temps et des complications qu’entraîne leur perception.

Pour la Retraite des Vieux, c’est pis encore. Pour pouvoir verser une retraite de Frs 4.000 à 1.500.000 Assurés Sociaux, il faudra élever la cotisation à 12 % du salaire. Si on l’étend à 3 millions d’ayants droit, il faudra prélever 16 % du salaire, c’est-à-dire qu’un ouvrier métallurgiste gagnant Frs 30.000, devra verser chaque année Frs 4.800.

En face de ces chiffres, il n’est pas étonnant que la plupart des Assurés Sociaux considèrent cette organisation étatique comme représentant un impôt supplémentaire dont ils ne reverront pratiquement rien.

Et tout cela dans le but de remplacer une magnifique institution libérale, les Sociétés de Secours Mutuels, dont le Statut avait été fixé par la loi du 1er avril 1898. Ces Sociétés, purement privées, renforçaient l’esprit de famille et de cohésion entre leurs cotisants. Un Conseil de gérance, composé de membres connus, honnêtes et estimés, savait prendre à cœur les intérêts de la Société. Extrêmement décentralisée, l’organisation était moins parperassière, le contrôle était automatiquement assuré par les cotisants qui se connaissaient, l’esprit mutualiste suscitant des dévouements inconnus des Assurés Sociaux.

Quant aux avantages matériels, la comparaison des prestations sortirait du cadre de cette étude, mais elle est largement à l’avantage des Sociétés de Secours Mutuels. Pour ne citer qu’un cas, une retraite de Frs. 4.000 à 60 ans, constituée par une S. S. M., exige un versement annuel de Frs. 500 pendant 40 ans, tandis que la même retraite aux Assurances Sociales correspond à une annuité de Frs. 800.

Il est lamentable de voir les travailleurs embrigadés de force dans une organisation qui ne leur laisse aucun libre arbitre, qui tend à briser leur initiative, et qui leur interdit de réaliser patiemment le rêve commun à beaucoup d’entre eux : la modeste maison entourée d’un lopin de terre, qu’ils pourraient construire avec l’équivalent de leurs cotisations, complété par leur travail personnel ou l’investissement de leurs économies.

Au risque de mettre sur le pavé dix mille braves fonctionnaires, qui se caseront, du reste, facilement ailleurs, je préconise la liquidation totale des Assurances Sociales et leur remplacement par le développement de la Mutualité des Assurances privées, infiniment plus souples et plus efficientes.

Les Allocations familliales.

Les Allocations Familiales sont d’une origine purement libérale. Les employeurs, soucieux de favoriser les pères de famille, avaient institué des primes versées à chaque naissance et pour chaque enfant. Il n’y avait aucune complication, aucune paperasserie, et le salarié appréciait cet avantage qui lui était accordé par de bonnes maisons. Mais cela ne pouvait durer ainsi. Le dirigisme devait venir faire son dégât. S’appropriant le bénéfice moral de l’opération, il décréta que les Allocations Familiales seraient obligatoires et qu’elles seraient couvertes par une taxe sur les salaires, que l’employeur paierait à une Caisse de Compensation, laquelle serait chargée de distribuer les allocations. L’employeur était ainsi frustré du bénéfice moral de payer lui-même les primes. (Il est vrai qu’en compensation on l’a chargé de percevoir les impôts). Mais, fait plus grave, le rendement du système était amoindri. Solex, par exemple, qui avait institué chez lui les Allocations Familiales dix ans avant la loi, payait des primes de 20 % plus élevées, tout en déboursant 20 % de moins qu’avec le système dirigiste. On objectera à cela que les patrons auraient eu intérêt à n’embaucher que des ouvriers sans enfants. Cela n’est pas exact, car le père de famille est toujours plus sérieux, et, d’autre part, rien m’empêchait le législateur de se borner à fixer, par rapport au nombre d’ouvriers, un pourcentage minimum d’enfants et la prime de base, de manière à pouvoir alimenter une caisse de péréquation. Il aurait ainsi économisé beaucoup de temps et de papier, au bénéfice des deux parties. On parle beaucoup « social » dans les milieux dirigistes. Il faudrait également parler un peu « psychologie », qui améliore le premier terme. Rien ne serait, du reste, plus aisé que de revenir au paiement des allocations directement par l’employeur.

La Corporation.

Il est impossible d’étudier les questions sociales sans parler de la Corporation. Ce mot magique a suscité bien des espoirs dans l’esprit de ceux qui se satisfont uniquement de manifestations verbales. J’ai voulu approfondir le sujet, et j’ai lu à peu près tous les ouvrages sur le Corporatisme parus depuis l’armistice. Tâche ingrate, qui m’a demandé beaucoup de temps, et dont je n’ai retiré qu’une magistrale impression de confusion. Aucun auteur n’est d’accord sur la définition du terme « Corporation ». Les uns l’acceptent comme un postulat, ce qui les dispense d’explications. D’autres y voient la réunion de tous les membres d’une même profession, sans pour cela définir la profession. Un fabricant de pneumatiques appartiendra-t-il à la Corporation du Caoutchouc, comme l’y invite sa fabrication ? Il s’y retrouvera avec les fabricants de tapis, de tuyaux de pipe, de talonnettes, qui utilisent le même matériau, mais qui n’ont fichtre pas les mêmes débouchés. Ou bien sera-t-il rattaché à la Corporation de l’Automobile, dans laquelle il a tous ses intérêts commerciaux ? La Corporation comprendra-t-elle les patrons et leurs ouvriers ? Rien ne l’indique, à telle enseigne que la Corporation paysanne, dont on parle tant, ne paraît qu’un démarquage des Syndicats Agricoles dont on aurait changé les têtes, tandis que les ouvriers ne paraissent y jouer aucun rôle.

Pour se faire une idée de ce que pourraient être les Corporations, il est nécessaire de se reporter aux dernières connues en France, celles supprimées par Turgot.

La question sociale y était radicalement résolue. Les compagnons et les valets n’avaient que le droit de se taire. Ils ne pouvaient quitter leur travail sans l’autorisation de leurs maîtres. Quant à passer maîtres eux-mêmes, il n’y fallait pas songer, tant cela exigeait d’argent et de protections. L’accès à la maîtrise était réservé aux seuls fils de maîtres, sauf exceptions rarissimes. C’était bien là le patronat de « droit divin ». Quant aux maîtres, ils étaient surtout préoccupés de se défendre contre la concurrence, en fermant leur Corporation et en faisant des procès aux voisines.

Les rois protégeaient les Corporations et leur assuraient des privilèges, parce qu’elles constituaient pour eux un excellent moyen de percevoir l’impôt par des taxes très lourdes et par la vente des maîtrises. Au Maroc, un rôle identique était rempli par les Juifs, qui s’enrichissaient aux dépens des goyims. Ceux-ci protestaient auprès du Pacha, qui dépouillait les Juifs, lesquels, une fois la recette assurée, étaient soigneusement remis dans le circuit par le Pacha, soucieux de la bonne marche de ses finances.

Mais, de nos jours, la France a réalisé un admirable système fiscal qui, pour « éponger » le contribuable, n’a certes pas besoin de recourir a ces méthodes désuètes.

Il est vrai que les anciennes Corporations peuvent s’enorgueillir de l’héritage d’art qu’elles nous ont laissé. Mais il s’agissait là de productions artisanales, qui ne dépassaient pas le cadre du bâtiment, de l’ameublement et de l’orfèvrerie. Quand il s’agira d’appliquer le Corporatisme aux entreprises modernes, si complexes et si enchevêtrées, on se heurtera à des difficultés inextricables. Il est assez curieux de constater que les mêmes hommes qui ont accusé le libéralisme d’avoir fait son temps, et d’être dépassé par le machinisme, nous proposent pour le remplacer un système datant de Louis XI.

Il est vrai qu’en gens prudents, ils se gardent bien de donner des précisions sur le fonctionnement d’une Corporation moderne. René-Charles-Humbert, colonel marquis de la Tour du Pin Chambly de la Charce — un grand nom — est leur chef d’école. Il est mort à 90 ans, ce qui prouve que l’étude de l’économie politique est favorable à la santé. Je souhaiterais que ses disciples, réunis en un Concile, arrivent à expliciter sa pensée et à fixer une doctrine concrète, qui ne se réduise pas à des considérations philosophiques.

Pour l’instant, nous assistons à la création des Familles Professionnelles, ce qui ne fait de mal à personne, et ce qui a l’énorme avantage de me permettre d’appeler « mon cousin » un collègue auquel je veux marquer ma sympathie.

Que feront ces Familles Professionnelles à l’égard des questions sociales ? C’est l’énigme de demain.

Les Coopératives.

Avant de terminer les questions d’organisation du travail, il est indispensable de dire un mot des Coopératives de production. Du point de vue social, j’estime que c’est une excellente formule qu’il faut encourager. Le travailleur a le sentiment qu’il n’est plus un salarié, qu’il est une fraction de patron et qu’il est intéressé aux bénéfices. Malheureusement, le champ d’application de ce système est très limité. Pour qu’il ait une chance de succès, il faut que l’élément main-d’œuvre soit prépondérant et que le métier soit relativement simple. Mon Grand-Père, qui avait mis en Coopératives ses tailleries de diamants, avait vu juste. Elles ont très bien réussi, parce que l’habileté de la main-d’œuvre est l’élément primordial, tandis que la partie commerciale est réduite, le travail étant fait à façon pour un petit nombre de clients.

Pour des industries plus complexes, de graves problèmes se posent pour le commandement, le partage des bénéfices suivant l’emploi, les droits de succession, etc. Au bout d’un certain temps, ces Coopératives deviennent de véritables Sociétés Anonymes, dans lesquelles les actionnaires sont les travailleurs.

Mais le libéralisme, qui a créé les Coopératives, est assez souple pour en prévoir toutes les modalités de fonctionnement, tandis que je crains que le dirigisme ne porte un coup sérieux à ces associations qui ne peuvent s’épanouir que dans la liberté.


J’en ai fini avec les Questions Sociales, après les avoir à peine effleurées, car il faudrait des volumes pour épuiser… ou embrouiller le sujet. J’ai essayé de dégager des idées nettes et, surtout, celle que le libéralisme, qu’on a chargé de tant de péchés, ne s’est pas trop mal tiré de sa lourde tâche. Si nous lui faisons toujours confiance, c’est encore lui qui ramènera la prospérité dans les foyers et la paix dans les âmes.