La Défense du Libéralisme/Adieu au lecteur

L'édition artistique (p. 287-288).

ADIEU AU LECTEUR




Il n’est pas d’usage que l’on prenne congé de son lecteur, mais comme je crains bien que, repris par le rythme de la vie, je n’aie plus l’occasion d’écrire un autre livre, je crois qu’il est naturel que j’adresse à ceux d’entre mes lecteurs, qui ont bien voulu me suivre jusqu’ici, quelques mots d’adieu.

Je les remercie de l’attention qu’ils ont pu me prêter au cours de développements dont j’ai peut-être diminué l’aridité en provoquant quelques sourires par mon style ou mes idées. J’ai certainement encouru de nombreux reproches de la part de mes adversaires. Je m’en excuse, en invoquant que je n’ai visé, dans ce livre, qu’un but d’intérêt général. Et si j’ai pu froisser quelques intérêts particuliers, je pense qu’ils ne sont rien en regard de ceux que j’ai défendus.

Mon plaidoyer en faveur du libéralisme est certainement incomplet, car j’ai voulu m’en tenir aux sujets que je connaissais bien. Il contient donc de nombreuses lacunes, mais je compte sur ceux qui m’approuvent pour les combler. Quant à mes contradicteurs, je pense qu’ils justifieront, par l’exposé complet de leur curriculum vitæ, qu’ils ont droit à participer à la discussion et que leur intérêt personnel n’est pas en jeu.

Je n’ai eu en vue, moi-même, que l’amélioration de la condition humaine, non pas à l’aide de théories nébuleuses, qui masquent l’ignorance des faits, mais par un simple retour au bon sens, que nos néo-organisateurs semblent vouloir délibérément ignorer.

Je n’ai préconisé que des solutions simples, faciles à appliquer, exemptes de contraintes et de brimades, et si, parfois, j’ai pu encourir le reproche d’une certaine véhémence, j’espère que chacun s’accordera pour me concéder au moins une circonstance atténuante : la bonne foi.

15 juillet 1942.
20 février 1944


FIN.