La Corée, indépendante, russe, ou japonaise/Partie II/Chapitre I


DEUXIÈME PARTIE

DESCRIPTION DE LA CORÉE



I

CHÉMOULPO



On a tout le loisir de prendre connaissance de Chémoulpo dans son ensemble avant de débarquer. Il est impossible aux cales profondes d’ancrer à moins de deux milles du littoral. Et quel ancrage !

VUE DE CHÉMOULPO.

La marée montante et descendante roule écumeuse et tumultueuse comme le Rhône et les gaves des Pyrénées, tendant les chaînes et secouant les bateaux qui baissent et relèvent longuement leurs proues et leurs poupes dans un véritable mouvement de galop sur place. La plage n’est pas d’aspect plus engageant que la mer. En avant, quatre îles, entre lesquelles, par des canaux envasés et sans profondeur, estuaire du Han-Yang, s’engouffre un flot boueux à l’aller, plus boueux au retour. La plus occidentale porte un village de pêcheurs. Son port n’assèche pas, et sans cesse de ce côté, oscillent comme une « piboulée » l’hiver, les mas trapus des jonques. Auprès, et séparée par un passage, à sec à mer basse et dangereux à mer haute, une île ronde, dont le gazon jauni par les embruns, et les lambruches rouillées, font valoir un « bacon » en cigare mi-partie blanc et noir. Il marque la hauteur de la marée, 25 pieds 9 pouces en temps ordinaire, 29 pieds 9 pouces en eaux vives et aux équinoxes,… sans parler des temps où le vent souffle du sud-est ou du sud-ouest. Entre lui et l’île suivante s’ouvre le principal bras du Han-Yang qui mène à Séoul. Il est jalonné par deux grands triangles de bois sur le sommet d’une île noire de pins, et charmante peut-être sans cet ornement hydrographique, repéré avec un troisième semblable sur le rivage de la ville. En descendant au sud, s’éloigne la file sporadique des îlots de l’archipel du Prince-Impérial, sans intérêt.

JONQUE CORÉENNE.

Au flux on a vite fait de filer entre le « bacon » et les deux triangles, et on se trouve, en moins d’une demi-heure, à terre. On voit tout de suite que la ligne des îles, en reculant la perspective, faussait en baie assez nettement circulaire, une ligne droite appuyée au nord et au sud sur deux promontoires rocheux qui approfondissent encore le paysage. Le premier, haut, escarpé, laisse à peine, au pied du jardin muré du consulat anglais, une chaussée de 10 mètres de large à laquelle on accède par une pente pavée pour des chèvres, qui forme le quai, l’appontement, en un mot le lien entre Chémoulpo et le reste de la terre. Là-dessus, va, vient la poussée lente, patiente des portefaix coréens, marchant comme des bœufs dont ils ont l’encolure massive et la force inconsciente, droit devant eux, bas leur front marqué, par un entrepreneur, de caractères noirs ou rouges. Ils sont tête nue, tantôt leurs longs cheveux noirs retroussés, vaille que vaille, et résumés sur le sommet du crâne en un paquet ficelé qui semble une andouillette ; tantôt les tempes ceintes d’un tortillon cornu de calicot qui paraît avoir été jadis blanc. Parfois, entre leur face rouge brique et la broussaille noire de leur chignon, une large bande toute blanche atteste l’habitude intermittente de porter un chapeau.

PORTEFAIX.

Leurs habits, invariablement d’une malpropreté sans date, ont été blancs comme ceux de tout bon Coréen. Du collet bâillant de leur veste, croisée et nouée, non boutonnée, sur la poitrine, montent, plus ou moins haut au-dessus de leur tête, le tuyau de jonc et le fourneau de métal blanc ou rouge d’une longue pipe qui ne quitte ce poste que pour insérer son bouquin métallique, allongé et mince, à tournure canulaire, entre les lèvres peu moustachues de son propriétaire. Elle est, comme le vêtement blanc, une caractéristique de ce peuple. Hommes, femmes, jeunes gens, enfants, ne se séparent jamais de cette amie des heures solitaires ou des rêveries.

Ils marchent lourdement, sans penser, sans voir, chaussés de gros socques en paille bien tressée, au risque de blesser les passants avec les deux supports pointus et prolongés de leur crochet, en triangle ouvert, de poutrelles équarries assemblées par des cordes d’écorce. Ils échafaudent dessus des charges à faire reculer n’importe quel « fort » de la Halle et leur robuste échine ne plie pas. Pour se reposer, ils s’accroupissent le long des montants, sans se dévêtir des bricoles, en adossant le faix à un mur ou un rocher.

Au milieu de cette foule à remous violents, épanchée, comme une éclusée, des entrepôts de la Douane, courent, piaillent, s’interpellent les coolies japonais qui font beaucoup moins de besogne, si beaucoup plus de bruit. La protection fraternelle qu’ils accordent à ces inférieurs en culture, pour les introduire dans la civilisation où ils les ont précédés, ne peut pas être acceptée sans arguments touchants… Du reste, jamais plus sot bétail n’a provoqué les coups et ne les a encaissés avec plus d’indifférence. J’ai vu ainsi un tout petit Japonais déblayer un sampan, chargé de nos bagages, au moment où il atterrissait, en gaulant, à grande volée, une bande d’énormes Coréens lancés à l’abordage, plutôt comme des pirates que comme des « facchini » Quelques-uns allèrent apprendre quelle sensation produit un bain. À quelque chose malheur est bon.

Ils ont tous les vices de l’esclave. Ils mettraient en pièces, en se le disputant, un objet dont le convoi leur vaudra 5 ou 10 sen : et leur abêtissement comme leur avidité sont d’un tel degré, qu’à destination, chacun des porteurs présentera triomphalement son morceau pour recevoir sa paie. Vrais figurants du cortège funèbre de « Monsieur Malbrough ». La seule logique capable de pénétrer dans leurs crânes épais a malheureusement pour uniques procédés l’intimidation, la menace et son effet immédiat. Devant cela seulement, leur friponnerie recule. Il serait imprudent de les laisser dans l’incertitude à cet égard, à moins qu’on ne tienne à savoir comment est traité le chien d’un nègre.

Quand on a sauvé de la bagarre sa personne et ses bagages, on suit, pour aller à la ville, un sentier tout aussi encombré. On a, à gauche, un gros rocher signalé par un « bacon » en triangle, dans le jardin du consul anglais, et à droite une plage vaseuse, tour à tour couverte et découverte, dont la crête est bordée d’un amoncellement continu de marchandises déchargées d’une armée de jonques échouées immédiatement auprès. Au moment de mon voyage, la Douane faisait corriger cette situation absolument intolérable depuis l’occupation japonaise. Du côté de la mer, un mur épais et un remblai devaient élargir de 20 mètres le dépôt des denrées : vers la terre, la section et le dérasement de la pointe extrême du rocher devaient donner une voie montante et une voie descendante, en même temps que les matériaux nécessaires au comblement d’un coin de mer.


La ville de Chémoulpo proprement dite consiste dans les Concessions chinoise, européenne et japonaise. Cette dernière est appelée « Jinsen » ou « Ninsen » par ses occupants ; les Célestes ont baptisé la leur « Jenchouan ». L’ensemble qu’elles forment s’étend du roc du Consulat anglais et de la Douane au promontoire occupé par les maisons de briques des religieuses de Saint-Vincent-de-Paul. Le cube rougeâtre de l’hôtel Daiboutsou, occupé toujours et monopolisé par le Service des Étapes, à côté, les bureaux de la « Nippon Yusen-Kaisha », marquent la démarcation entre le quartier chinois et les quartiers européen et japonais. Les maisons s’étagent en amphithéâtre le long du quai et de deux rues parallèles au rivage jusqu’à une colline assez raide, gravie par des escaliers à paliers fréquents, et dominée par la maison d’un négociant allemand, comme une ville rhénane par son burg. Les constructions chinoises et européennes sont en briques ou en planches horizontales, avec vérandas et colonnes, sur le modèle banal et inesthétique copié dans tout l’Extrême-Orient. Les Nankins, sans souci de l’élégance, ont mis leur façade sur la rue et tournent le dos à la mer. Cela donne une perspective d’arrière-cour malpropre, de débarras ou même de dépotoir, à l’arrivant qui longe la corniche sur laquelle sont juchées les bâtisses.

Les maisons japonaises ont l’air de joujoux, de boîtes à mouches. Leurs meurs sont en planches verticales ; leurs devantures, très surbaissées, sont encombrées de petits tréteaux portant des éventaires et des étalages. Au fond, sur une estrade couverte de nattes blanches (tatami), s’accroupit la famille, en rond sur ses talons, les mains tendues vers les charbons cendreux d’un shibashi, brasero. Pas de mitoyenneté ; toujours un manchon d’air, petit ou grand, entre voisins, avec quelques ouvertures étroites ou carrées grillées de bambous clayonnés. Sur la rue, à l’unique étage, une véranda très basse, ouvrant dans les chambres par des claires-voies de bois léger recouvertes de papier blanc et glissant sur des coulisses parallèles.

Au delà des maisons des Missionnaires et des Sœurs, la ville coréenne « In-Chioun » ou « In-Choun ». Vue de loin, elle semble un champ couvert de tas de foin épandu pour sécher. Les toitures de paille blanchâtre, serrée par un roseau large de cordelettes de même matière, ont la courbure polygonale d’une écaille de tortue. Serrées l’une contre l’autre, leur moutonnement régulier, leur similitude, complètent, pour chaque côté de rue ou de ruelle, la physionomie d’un andain.

Murs de boue ou d’adobes, délabrés, effrités au bas par les coups de pied, zébrés de lézardes oblitérées par des paillassons en lambeaux ; accotés, juste le long des portes d’entrée, des petits édicules que nous reléguons derrière des arbres, au fond des jardins. Du bas au haut, une colonne noire, grasse, monte d’une ouverture qui semble une gueule de four. C’est le poêle coréen, prolongé comme une soupente, sous toutes les pièces ou « camps » de chaque maison. On y enfonce des paquets de broussailles coupées sur les collines, et flamme et fumée, de leur combustion lente, chauffent l’intérieur et salissent le dehors.

Il n’est pas de maison japonaise qui n’ait son chat et aucun de ces chats n’a de queue. Les Coréens détestent le chat et le tuent, quand ils peuvent, comme un ennemi du serpent ! Par contre ils ont tous des chiens, et il n’est maison coréenne dont la porte d’entrée n’ait un trou pour les allées et venues de « toutous » poltrons, braillards, à fourrure de lou-lous, et très laids.

Commerce de Chémoulpo. — Chinois, Japonais, Coréens, sont tous marchands de quelque chose et se font une concurrence acharnée. La proximité de Séoul, les séjours des bateaux de guerre ou de commerce, les mouvements des troupes prêtées par le gouvernement japonais au roi indépendant de la Corée indépendante, pour combattre les « Tong-ak-ou-to » et ses ennemis « généralement quelconques », expliquent le développement de la ville et de son commerce. Sans parler du transit, celui-ci s’exerce à demeure sur le riz, les pâtisseries, les poissons frais et secs, les navets conservés ou salés, les haricots, le tabac, les cigarettes, les allumettes en bois, le papier, les verroteries, les conserves alimentaires de bœuf. Le Coréen a le grand avantage de moindres frais généraux. Il trafique dans la première pièce de sa tanière, sans papier aux murs, sans parquet, pendant ses denrées à des chevilles de bois et des ficelles, sans souci de l’étalage qui les ferait valoir. Le loyer ne le force pas à majorer les prix. Tandis que le Japonais et l’Européen ont à compter avec leurs propriétaires, résidents anciens ou spéculateurs ayant habilement saisi l’occasion d’un bon placement. Les loyers mensuels de 40 piastres (plus de 100 francs) pour une maisonnette, sont rares ! Heureux qui en est assuré par un bail de quelque durée ! De sorte que les prix ont plus que doublé à Chémoulpo.

Une maison française, succursale d’une maison bien connue de Changhaï, vendait là des vins, eaux-de-vie, denrées alimentaires, pharmaceutiques, et était la Providence des Européens adressés par leur destin contraire à Séoul ou à bord d’un croiseur en rade. Elle aurait pu vendre d’autres choses encore : bimbeloterie, article de Paris, tissus de coton, drogues de teinturerie, tous articles très supérieurs chez nous aux contrefaçons allemandes ou japonaises. Mais il aurait fallu apprendre aux fournisseurs de la métropole à consulter le goût et les besoins de la clientèle exotique et surtout, au lieu d’adresser seulement des prospectus, à envoyer des échantillons sans y joindre la facture, et à établir des prix dont l’élévation n’épouvante pas l’acheteur, et ne le rejette pas vers le cheep-and-nasty dont ses ressources lui interdisent de s’écarter. Il y aurait également de très bonnes affaires à engager pour une compagnie de navigation qui viendrait concurrencer la « Nippon-Yusen-Kaisha » qui use léoninement du monopole qu’elle a su saisir.

Il faudrait de petits vapeurs de deux types : l’un pour le voyage de la rivière de Chémoulpo à Ryong-Sang, port de Séoul, l’autre pour le cabotage maritime entre les îles de l’archipel et tout le long de la côte.

Ce dernier service, avec des bateaux capables de recevoir de 100 à 200 passagers et de 300 à 400 tonnes, aurait en abondance des biches de mer, des ailerons de requin blancs et noirs, des poissons dits « maws », le caviar rouge, fait avec leurs œufs, dont les Chinois sont très friands et achètent d’énormes quantités, des haricots jaunes ou blancs, du riz, du blé.

Le premier devrait avoir des fonds plats, en aluminium, à cause des atterrissages fréquents sur les bancs du Ilan-yang, et cacher son hélice. Un tirant d’eau de 2 pieds 6, une vitesse de 10 nœuds suffiraient pour remonter le fleuve. Il n’y a qu’un seul passage dangereux ; c’est un rapide étroit où l’on ne peut passer que de jour. Une jauge de 100 tonnes et l’emplacement pour 200 passagers, suffiraient à rémunérer un voyage quotidien aller et retour, durant six heures à chaque parcours. Des chaloupes à vapeur pourraient encore aller chercher plus haut que Séoul, car le cours d’eau est navigable, hommes et marchandises. — La Corée n’est ce qu’elle est que faute de moyens de communication, et le seul aspect de la route de Séoul suggère l’existence d’une fonction latente, virtuelle, qui n’attend qu’un organe pour prouver sa puissance réelle.

Les Japonais le savent si bien qu’ils veulent à tout prix construire un railway. Ce serait un moyen d’être en Corée ce que sont les Anglais en Égypte, en sauvant les apparences : mais, en même temps, ce serait une bonne affaire… une très bonne affaire…

L’ancien syndicat français avait conçu autrefois un projet analogue. On a pu voir à Singapour un bateau construit expressément pour le trafic sur le Han-yang… Il y est peut-être encore.

Un service de ce genre amènerait par une nouvelle veine, du sang à la grande artère des Messageries, si elle le voulait, ou plutôt si ses agents en Extrême-Orient le voulaient.

Le fort de Chémoulpo. — Outre le club, qui est un café quelconque, on me fit visiter les monuments de Chémoulpo : le fort coréen destiné à barrer l’entrée du Han-yang, et la Monnaie royale.

Ce fort est sur un petit cap, au fond d’une anse, au nord de la ville. C’est un carré long, fait de blocs de granit de grand appareil, recouvert de dalles de même matière, supportant un matelas de un mètre de terre. Du côté de l’intérieur, quatre portes de bois peu ferrées, closent quatre chambres hautes de 2 mètres à peine, profondes d’autant, habitées par quatre des canons les plus singuliers que j’aie vus, plus singuliers encore que ceux des remparts de certaines villes chinoises. Simples tuyaux de bronze, tout verts, ils ont été si mal moulés que leur dos porte une raie saillante, comme s’ils avaient été faits de deux morceaux soudés. Une inscription coréenne les date : an 425, trentième jour du septième mois, ce qui prouve qu’ils n’ont pas été fondus en Corée. Pour affût, un lourd châssis de bois blanc, tout neuf, posé sans roues sur le sol ; en arrière, et tout contre, une borne épaisse en granit pour arrêter le recul et la fuite du canon hors de sa gaine. Ces engins menaçaient la mer par un long canal carré et une gargouille creusée dans la terre du glacis. On avait pris des mesures contre l’ennemi… Cependant, les artilleurs ont peut-être mieux fait de ne pas être à leurs pièces quand il a paru.

La Monnaie coréenne. — La Monnaie est une usine neuve avec palissades noires, murs de briques jointées de plâtre, haute cheminée, faîtières et fronton en terre cuite, dans le plus pur style néo-goujat. Elle est dissimulée dans un vallon en arrière de la colline qui domine Chémoulpo, et invisible de la mer.

Une centaine d’ouvriers et contremaîtres, Coréens et Chinois, y travaillent sous les ordres d’un directeur japonais. On y voyait encore un grand balancier à frapper les piastres et près de lui, sur une planche, les coins nécessaires ; mais le tout recouvert d’une épaisse couche de poussière. On a reconnu qu’importer les rondelles d’argent pour les estamper ensuite, aurait élevé trop le prix de revient, et on a décidé de procéder à cette opération au Japon, à Osaka. Ici on ne frappe que le cuivre. Dans un petit atelier, dix machines, copies japonaises de modèles européens, montent et descendent sans cesse, entre deux colonnettes, le pilon, timbré du poinçon. Il marque les découpages rouges amenés sous lui d’un tuyau par déclanchement, et refoulés par un second dans un canal. Ce Pactole de pauvre inonde un baquet dont les reflets fauves font loucher le malheureux qui l’alimente. La mécanique est défectueuse, car devant nous, plusieurs empreintes furent grossièrement manquées et on nous refusa de les acheter avec des pièces neuves d’égale valeur que nous avions par hasard. Le moteur seul est authentiquement une machine allemande, géométriquement établie. On n’a pas pu faire autrement. Mais, à côté, la contre-façon reprend ses droits avec des limes marquées Narranted pour warranted, des ciseaux certifiés inproved stel, pour improved steel etc., etc.

SÉOUL. — ANCIENNE MONNAIE CORÉENNE.

Cette Monnaie coréenne a vraiment joué de malheur. Établie initialement à Séoul, dans un terrain contigu à la maison de M. Lefèvre, qui gérait par intérim, en 1893, le commissariat de France, elle est abandonnée là avec sa cheminée polygonale et ses hangars inutilisés où une partie du matériel reste encore. Combien de temps fonctionnera-t-elle à Chémoulpo ?

Aux termes de la loi nouvelle, les Coréens se servent de quatre pièces :

2 en argent :

1 de 5 yang (dollar ou piastre) valant 500 cash ;

1 de 1 yang (20 sen japonais) valant 100 cash ;

1 en nickel de tou-ton-o-foun valant 5 cash ;

1 en cuivre de han-foun valant 1 cash.

Le cash est la même chose que le foun. Le mot foun seul figure ; cash reste usité dans la langue, mais c’est une monnaie dont on désire faire perdre l’usage et le nom.

La limite des monnayages a été ainsi fixée pour cinq ans à courir :

5 millions de pièces de 5 yang ;

10 millions de pièces de 1 yang ;

17 millions et demi de pièces de tou-ton-o-foun ;

17 millions et demi de pièces de han-foun.

Ces changements ne troublent guère les Coréens. Ils continuent à compter en cash, à n’avoir pas souvent le change d’un dollar, et surtout à savoir très bien ajouter au dollar, quand il baisse, la quantité de sen nécessaire pour parfaire la quantité de cash à laquelle ils sont accoutumés.

Le dieu « dollar » compte autant d’adorateurs parmi eux que dans tout l’Extrême-Orient. Seulement, leurs procédés pour le trapper sont moins perfectionnés qu’ailleurs et plus faciles à éluder.

Après avoir vu et appris tout cela et constaté que Chémoulpo est bien en effet, comme ce nom l’indique, une berge de rivière couverte de magasins (Chémoulpo), et ne mérite pas du tout d’être appelé le lieu des courants bienveillants (In Chioun ou In Choun), il ne restait plus qu’à gagner Séoul.