La Comtesse de Lesbos/Chapitre 5

CHAPITRE V.
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Le Bain de la Comtesse.


Me voici redevenue Mercédès, me dit la comtesse, dès que nous sommes seuls, disposez de moi à votre guise, mon cher Hercule ; je vous laisse le commandement jusqu’à demain matin ; demain, je reprendrai la direction de mes affaires et de mon cœur, sauf à vous rendre ce dernier en temps et lieu. Il pourra m’arriver d’être obligée de vous écarter de nos jeux, car je puis recevoir des visites, qui pourraient trouver mauvais d’avoir des témoins de votre sexe. Cependant, comme ces visites seront des visiteuses, vous n’aurez pas à être jaloux ; et si vous êtes bien sage, bien sage, il y a là, en face, dans la salle de bain, un petit judas, bien disposé, pour vous permettre d’attendre incognito et fort agréablement, l’heure du berger, qui ne manquera pas de sonner pour vous, si vous êtes bien obéissant. Là-dessus, je vous invite à entrer chez vous. » Disant ces mots, elle découvre le lit, me conviant à l’y suivre, et comme nous n’avions pas une longue toilette de nuit à faire, nous nous glissons aussitôt dans les draps.

Je l’ai donc à moi seul, les amies ne comptent pas, cette superbe comtesse, la merveille de l’Andalousie. Elle est mon bien, ma chose ; son corps adorable est à mon service, quel que soit l’usage que je veuille en faire ; je puis avoir toutes les fantaisies, je suis assuré de les satisfaire.

Après l’avoir servie à la paresseuse, je veux expérimenter une autre manière, qui me sourit assez, et qui mériterait plus justement le qualificatif de la précédente ; c’est quand la belle fait tout l’ouvrage, l’homme ne bougeant ni pied ni patte, étendu paresseusement sur le dos, portant sur son corps, un bien doux fardeau. Je dois donner à la mignonne toutes les explications nécessaires, car elle n’a pas la moindre notion de l’affaire. Quand elle est installée, je m’aperçois qu’il manque quelque chose, une glace au ciel du lit pour reproduire les mouvements de l’aimable cavalière. Je le lui dis ; le lendemain la glace était en place, et Dieu sait si nous l’étrennâmes. La mignonne, après avoir fait l’homme, me déclare qu’elle prenait tant de plaisir à m’humilier, qu’elle voulait toujours le faire ainsi, ce qui ne nous empêcha pas de nous endormir en chevrette, après une escarmouche ainsi menée.

Le matin, après le coup de l’étrier, je me disposais à quitter ma belle maîtresse, quand celle-ci, me retenant, me demanda si je ne voulais pas assister à son bain. Elle saute du lit, enfile des babouches, et m’entraîne vers la salle attenante. Une grande baignoire en argent, avec tous les accessoires du confort moderne le plus luxueux, servait chaque jour aux ablutions matinales de ce corps merveilleux, que les soubrettes épongeaient ensuite et massaient. Eh ! oui, je veux assister à son bain, et même le partager, si elle y consent. Elle le veut bien certes, pourquoi ne l’aurait-elle pas voulu ? Nous rentrons dans le lit. Au premier coup de sonnette, les soubrettes accourent, et après lui avoir souhaité le bonjour accoutumé, elles vont préparer le bain. On entend chanter les robinets, qui versent à gros bouillons l’eau chaude et l’eau froide. Tout nus, nous traversons la chambre, gagnant la salle de bains, et nous nous plongeons dans l’eau tiède, parfumée au benjoin, pendant que les soubrettes vont se mettre en tenue de circonstance et préparer le linge chaud, pour la sortie du bain. Une douce chaleur pénétrait nos corps, les disposant aux tendres épanchements ; mon priape cependant restait mollet, quoique doucement réchauffé. Mercédès, qui se colle à moi, le prend dans la main, caressant de l’autre les témoins, qui pendent au bas. Le gaillard enfle soudain, tandis que sous mon doigt, glissé dans la geôle, je sens grossir le petit bouton. Nous essayons de nous joindre, mais, malgré nos efforts réunis, je ne peux pas me glisser dans le repaire. Laissant ce jeu, nous nous amusons à parcourir tout notre corps, promenant les mains dans les plaines, faisant des haltes sur les monts, fouillant les cavités ; moi, bandant comme un capucin, elle toute énamourée. Nous sommes, enfin, pressés d’apaiser notre fringale d’amour. Les soubrettes accourent toutes nues, les pieds dans des mules ; elles se précipitent, nous tendent les peignoirs de toile bien chauds, dont elles nous enveloppent le corps, plaquant la toile à coups de plats de main. J’aide Mina, qui éponge la comtesse par devant, pendant que Lison la sèche par derrière ; et que Lola me rend toute seule le même office. C’est surtout aux appas rebondis que je donne mes soins, pressant la gorge d’une main, palpant les fesses de l’autre, m’égarant entre les cuisses, ou dans la raie, qui coupe en deux la mappemonde. Puis, quand la comtesse sort de son peignoir, livrant toute droite son corps nu aux soubrettes, qui l’essuient avec de fines serviettes, je veux aussi me rendre utile. Lola me court après, pour m’essuyer aussi. Tant que sa main se promène sur mes reins, sur mes fesses, sur mes cuisses, je sens une démangeaison sur tout le corps, qui se manifeste chez maître Jacques ; et quand Lola, pressant les rouleaux dans sa main gauche, prend l’engin dans l’autre main pour l’essuyer, il lui crache à la figure, sans crier gare, constellant ses joues de larmes brûlantes.

Le quatuor, à cette vue, éclate de rire ; Lola avec la mine d’une qui regrette que si bonne chose soit perdue. Cependant, la comtesse vient s’étendre sur la table du massage. Couchée sur les reins, elle offre ses charmes étalés ; et pendant que, glissé dans une robe de chambre, j’assiste au travail des masseuses, je contemple, avec ravissement, cette belle chair qui palpite, rougissant sous les mains qui la froissent. Celle-ci frictionne les cuisses, celle-là la gorge, l’autre les bras ; et quand le satin est rouge partout, la belle se retourne sur le ventre, présentant ses beaux reins satinés, ses opulents hémisphères, ses cuisses rondes et blanches. Je ne tiens plus en place, je me précipite vers la table, et pendant que les belles filles pelotent les reins, les cuisses, les jambes, je m’adresse aux fesses, qui rougissent vite sous ma vigoureuse friction ; je presse la chair, je frotte le satin, je passe la main dans la raie, et, m’inclinant vers le beau derrière, j’y dépose mille baisers brûlants, dont la douce sensation descend de mes lèvres à mon membre, lui communiquant une ardeur nouvelle, qui lui rend sa belle dimension. Le massage prend fin, j’aurais voulu qu’il durât tout le jour.

C’est mon tour de passer sous les mains des camérières. Je m’étends sur les reins ; maître Jacques, qui bandait déjà, se dresse, s’agite, fouette l’air, pendant que le quatuor, car la comtesse s’y est mise, me frotte rudement, amenant le sang à la peau ; puis, quand je veux me retourner, pour présenter mes reins au massage, Mercédès, ne voulant pas que maître Jacques s’abîme, vint lui servir de matelas ; je comprends ce qu’elle désire, aux regards de convoitise qu’elle jette sur mon priape quillé. Dès qu’elle est étendue, elle le prend dans sa main, lui fait place entre ses cuisses, et le dirige vers l’embouchure. Je me fais apporter un coussin, pour exhausser ses fesses, et quand elle me présente la grotte d’amour bien en face, j’y pousse l’engin, qui s’y engloutit tout entier. Pendant que je manœuvre, les filles de chambre poursuivent leur aimable besogne. Lola frictionne rudement mes fesses, elle les presse dans sa main, les pince, les étreint, les froisse ; elle se baisse pour les mordiller, les lécher, les embrasser ; puis, elle les cingle d’une main dure et sèche, qui redevient caressante, parcourant la raie, fouillant les chairs ; et quand elle sent que le moment approche, prenant mes deux fesses à pleines mains, elle les secoue vigoureusement, y imprime ses doigts et ses dents, pendant que, sous mon corps en feu, se tord la folle comtesse, dont le vagin contracté suce ma verge comme un chevreau le pis d’une bique.

Nous reprenons nos habits ; la comtesse me mène à la cloison, fait jouer un ressort, démasquant un judas, qui permet de voir dans la chambre à coucher. « Je vous ai préparé à accepter tous mes caprices, me dit-elle, vous ne tarderez pas à être mis à l’épreuve. J’attends ce soir une jeune dame riche et titrée, qui viendra le visage couvert d’un loup, ne voulant pas être reconnue. C’est une mignonne blonde potelée, fort jolie, que j’aime beaucoup, que je n’ai vue qu’à la dérobée dans l’intimité, et qui veut aujourd’hui prendre part à nos ensembles amoureux, sans se compromettre. Il suffit que je la connaisse, pour que vous soyez assuré qu’elle mérite qu’on l’aime. Vous pourrez vous en convaincre par ce que vous en verrez ; peut-être même, se démasquera-t-elle ; si nous sommes seules un moment, elle croira n’avoir pas à redouter des regards indiscrets. C’est ma passion du moment. J’ai des instruments, qui peuvent au besoin remplacer celui de l’homme par exemple ; ils n’ont jamais fait mon affaire jusqu’ici ; ils sont si parfaitement exécutés, qu’on pourrait très bien s’y méprendre quand ils sont en place ; ils ont les dimensions, la forme, la couleur des bijoux masculins, de tous les âges et de tous les poils. Il est probable que mon amie Agnès (c’est le nom que je lui donne, et que la mignonne mérite), voudra en tâter après nos ébats ; je l’y disposerai ; et si le cœur vous en dit, vous pourrez venir prendre la place de Lola, chargée de faire l’homme. Nous attacherons la machine à la soubrette en présence de la mignonne, afin qu’elle soit bien persuadée qu’elle a affaire à une verge factice. La soubrette, qui sera masquée, disparaîtra, et vous reviendrez à sa place, prendre mon Agnès, comme nous nous sommes endormis hier, de manière qu’elle ne puisse pas vous voir. »

Je remerciai l’aimable enchanteresse, et je pris congé, me promettant d’être en avance au rendez-vous.


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