La Comtesse de Lesbos/Chapitre 4

CHAPITRE IV.
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L’Hôtel de l’Avenue de Messine, la chambre à coucher de la Comtesse.


La comtesse prit le premier train de Paris, je pris le suivant, obéissant au désir qu’elle m’avait manifesté de voyager isolément. Le soir de l’arrivée, à neuf heures, comme nous en étions convenus, je me rendis à l’hôtel de l’avenue de Messine. J’étais attendu, car la porte s’ouvrit au premier coup de sonnette, et Lison me montra le chemin. Nous montâmes par un large escalier au premier étage, et après avoir traversé plusieurs pièces, la soubrette s’arrêta, frappa d’une certaine façon, et, sans qu’elle eût fait un mouvement, la porte s’ouvrit, mue par un ressort. Nous étions dans la chambre à coucher de la comtesse, brillamment éclairée ; les murs étaient tendus de tapisseries des Gobelins, coupées par intervalles de grandes glaces en pied, qui montaient jusqu’aux lambris ; on marchait sur un tapis épais et moëlleux, qui étouffait le bruit des pas. Personne n’était dans la chambre, la soubrette avait disparu sans que je m’en aperçusse, et je me trouvai un moment seul. J’eus le loisir d’examiner la pièce. Un lit de milieu, majestueux et bas, incrusté d’ambre et d’or, occupait le centre ; dans un coin on voyait un lit de repos, très bas ; des fauteuils de toutes les formes, des chaises rembourrées, hautes, basses, des canapés, des poufs, des divans, tout de la même étoffe, couraient autour de la chambre ; au plafond des appareils de gymnastique, que je ne m’étonnai pas de voir là, des rideaux masquaient divers objets aux angles de l’appartement ; dans un coin, un piano à queue d’Erardt.

La comtesse, qui était entrée sans bruit, me surprit au milieu de mon inspection ; je la voyais s’avancer, réfléchie par une glace, le sourire sur les lèvres : je me retourne, et je lui saute au cou.

« Sancta Maria, que vous êtes donc brusque, mon ami, » s’écria-t-elle. « Ne vous semble-t-il pas que nous devions nous entendre un peu, avant de recommencer nos folies ? Je ne regrette rien de ce qui s’est passé entre nous ; mais je tiens à vous prévenir de mes volontés, pour que vous ne soyez pas surpris de mes caprices. Mon cher gentilhomme, je suis très capricieuse. Vous avez pu vous apercevoir que mes goûts ne sont pas ceux de tout le monde, ni les goûts communs à mon sexe. Jusqu’ici, après un essai peu engageant du mâle, je ne brûlais que pour mes pareilles. Vous êtes venu détruire un préjugé, et vous m’avez convaincue d’hérésie ; vous en aurez le bénéfice ; mais je ne suis pas pour cela guérie de mon péché mignon, et, bien que je sois à vous, à vous seul, des hommes s’entend, vous ne trouverez pas mauvais que je continue à satisfaire mes penchants féminins, sans jamais en montrer de ressentiment. À ces conditions, mon cher Hercule, car ce doit être votre nom, je serai pour vous Mercédès, la tendre Andalouse, sinon je redeviens, pour vous comme pour tout le monde, la froide comtesse de Lesbos. — Un long baiser fut ma réponse. « Vous embrassez aussi tendrement que mes colombes, mon ami ; et vous avez peut-être sur elles un léger avantage ; car si votre langue vous fait leur égal, vous avez, par ailleurs, un aimable suppléant, qui peut vous rendre leur supérieur. Maintenant, aux choses sérieuses. La vue de certains exercices a le don de me surexciter, vous avez pu vous en convaincre avant-hier, quand vous écorchiez cette pauvre Mina, car vous l’avez écorchée, la pauvre chatte. Ce soir, je veux vous offrir un séant, qui fera votre affaire, car je le crois tout disposé à se prêter à vos caprices, dont je resterai simple spectatrice. » — Je consens à tout ce qu’elle veut, et elle disparaît un moment.

Je me doutais qu’il s’agissait de Lola, dont les yeux avaient parlé si éloquemment. Bientôt le charmant quatuor entre, deux par deux, dans la chambre. Toutes sont en toilette de ville, corsage montant, gantées, prêtes à faire le tour du lac. Lola mène la comtesse, Lison conduit Mina. Chacune sert de camérière à l’autre, la déshabille, ne lui laissant que le pantalon et la chemise, les bas et leurs petits souliers pointus. Puis, c’est le tour des déshabilleuses de passer par les mains des autres, qui les mettent dans la même tenue, en leur rendant les mêmes soins. Sitôt qu’elles sont à l’unisson, Lola tire un rideau et découvre une échelle appliquée au mur, retenue en haut et en bas par deux barres de fer, qui les tiennent à une égale distance de la tapisserie, dans un plan vertical. Chacune retire sa chemise du pantalon, la roule autour de la ceinture, puis, Lola inaugurant le divertissement, s’accroche à l’échelle, et monte quelques degrés, sans bouger les mains, de façon que la croupe se bombant, écarte la fente du pantalon, se met à la fenêtre, exhibant une mappemonde veloutée, un peu foncée, qui force de plus en plus la fente, et fait éclater les coutures ; elle monte ainsi, faisant plusieurs stations, qui nous offrent les plus aimables points de vue ; et quand elle descend, son pantalon tout éclaté laisse voir toute la mappemonde, découvrant dans le plaisant mouvement des fesses entre les cuisses écartées, les lèvres roses entre-baillées de la grotte de Cythère dans un fouillis de poils noirs. Puis, au bas de l’échelle, les pieds et les mains au même barreau, elle étale la belle croupe dans son plein, se dandine, jouant des fesses, balançant ses globes. Quelle fête tantôt pour maître Jacques dans ces parages enchanteurs !

Puis c’est Lison qui s’accroche à l’échelle, encadrant dans la fente de la culotte sa belle lune blanche et rose, sous laquelle la gentille ouverture vermeille apparaît, entourée de frisons roux.

Mina, à son tour, nous présente, en montant à l’échelle, son blanc et gros derrière, et quand elle est au bas, la comtesse, qui attend son tour, lui applique deux gifles retentissantes, qui mettent des roses sur les lis immaculés de la blanche mappemonde.

Enfin, c’est le tour de la comtesse, dont la gorge bombe le haut de la chemise, crevant la fine toile de ses pointes roses, que rien ne soutient ; derrière, l’opulente mappemonde tend la toile du pantalon, qui moule ses belles formes. Elle se prend aux barreaux, monte trois échelons, laissant jaillir soudain deux globes blancs satinés, adorablement potelés, formant la plus belle chute de reins qu’on puisse rêver. Elle monte encore, montrant, quand elle est en haut, entre deux lèvres roses qui bâillent, le clitoris vermeil, développé comme je l’ai dit, sur le bord du sanctuaire, entouré d’une forêt de poils noirs. Que ne suis-je le maître de choisir ! Ce ne serait pas une autre croupe qui aurait l’étrenne de mes hommages ; mais son tour viendra certainement.

Le jeu de l’échelle est fini ; Lola, qui doit passer à l’entamine, et Lison, qui doit officier, sont mises toutes nues, ne gardant que leurs bas de soie rose et leurs petits souliers. Je me dévêts moi-même en un tour de main. Lison s’étend sur le lit de repos, couchée sur le dos ; Lola, qui tient mon superbe instrument dans la main, et qui est en contemplation devant son amplitude, sans paraître rien craindre pour son étroit réduit, le quitte à regret, sur un signe de la comtesse, grimpe sur le lit, enjambe Lison, lui met sa grotte sur les lèvres ; et quand elle a reçu l’accolade, elle relève ses belles fesses brunes, les écarte, et présente sa toute petite serrure à ma grosse clef. Avant de tenter l’effraction, je promène mes lèvres humides autour du pertuis, lubréfiant les bords, pendant que la comtesse en fait autant à mon gland, qu’elle a pris dans sa bouche ; puis, je conduis la quille droite et raide vers l’orifice. Lola, sentant que la cheville s’égare, la remet dans le chemin, et, écartant elle-même les bords, elle m’aide à faire entrer le maladroit, qui d’abord y met le nez, puis la tête, et tout le reste s’engouffre avec un bruit de chairs froissées ; la patiente étouffe un gémissement, mais elle se tait bien vite, redescend son chat sur les lèvres de Lison, se tient immobile, et ne bouge plus, se prêtant volontiers à l’affaire. Je manœuvre à mon aise, pendant que Lison poursuit par devant son aimable carrière. Je sens bientôt le canal se rétrécir, aspirant mon membre, qui y crache de plaisir, tandis que l’ardente Espagnole se tord dans de voluptueux transports.

La comtesse n’a rien perdu de ces détails. Lola se relève avec peine, mais ses yeux brillants disent le plaisir qu’elle a ressenti, et quand la comtesse, qui l’a accompagnée au cabinet de toilette revient, elle veut avoir son tour sur-le-champ. Lola l’a sans doute renseignée, et elle veut expérimenter la chose. Elle se dévêt, ainsi que Mina, et quand elles sont toutes nues, on descend le trapèze. Nous sommes en face d’une glace en pied, qui reflète le groupe. Mina, agenouillée devant la motte, va fouiller la grotte de Cythère, Lison, à gauche, va caresser la gorge, Lola, à droite, va faire la colombe sur les lèvres sensuelles, pendant que je manœuvrerai dans la voie détournée. J’ai bien en face dans la glace toute la scène sous les yeux. Pour percer plus facilement l’étroit récipient, j’humecte longuement l’entrée du pertuis, lardant l’intérieur, y glissant mon doigt pour préparer la voie. Lola, qui vient m’aider, me mouille le gland et la verge de sa langue humide et chaude ; je fais pencher la belle, que Lison soutient par devant, et, aidé par Lola qui élargit l’huis du bout des doigts, je fais glisser sans trop de peine la tête du priape, puis, peu à peu, la moitié de l’engin, m’arrêtant de crainte de déchirer les chairs. « Jusqu’au fond, » crie la comtesse. Enlaçant sa taille dans mes bras, je pousse d’un coup de rein vigoureux, sans secousse, mon engin, qui s’enfonce progressivement. La belle, qui a tout reçu sans une plainte, se relève, prend le trapèze, incline un peu le corps, et chacune ayant regagné sa place, nous commençons la manœuvre. Pendant que je besogne doucement, donnant la cadence par mon va-et-vient, je contemple dans la glace le gracieux tableau ; les appas nus des quatre beautés se détachent dans les postures les plus plaisantes. Mina, la tête enfoncée dans la superbe motte noire, qui lui met un diadème noir sur ses blonds cheveux, montre son gros derrière blanc, épanoui, la raie large, partageant en deux hémisphères bien égaux, la superbe mappemonde. Lison, penchée en avant, présente de profil son beau cul blanc et rose, les fesses renflées, pendant que ses lèvres voltigent d’un sein à l’autre, y laissant des ronds roses quand elle les quitte. Lola, toute droite, qui ne montre qu’une grosse fesse au teint rosé, les lèvres plantées sur les lèvres de sa bien aimée maîtresse, semble prête elle-même à se pâmer, par le seul attrait du plaisir qu’elle prend à pigeonner ce joli bec rose. Mais déjà la comtesse qui jouit, serre dans son étui mon engin qui s’arrête net, écrasé, ne pouvant faire un mouvement. Peu à peu, les parois s’élargissent, je puis continuer mon doux manège, car la mignonne, qui n’a pas lâché la barre d’appui, s’écriait : « Encore ! Encore ! » Je vais plus à l’aise dans l’étui desserré, de nouveau en cadence, secondé par les ardentes ouvrières, qui semblent affolées d’amour. Bientôt, la gaîne se resserrant encore, m’annonce que la belle va recommencer à jouir. Arc-bouté à la taille, je joue vigoureusement des reins, je me démène comme un enragé, et je lance la mitraille brûlante, qui jaillit en filets minces, prolongeant mon extase, en même temps que la chère comtesse, lâchant la barre cette fois, pousse des cris de rage amoureuse, que Lola arrête sur ses lèvres, y buvant la volupté et se pâmant aussi.

Après les ablutions nécessaires, la comtesse congédie les soubrettes, à l’exception de Lison, qui est de service, et qui prépare tout pour le coucher, avant de nous tirer la révérence.


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