La Comédie de la Mort (1838)/Choc de Cavaliers

La Comédie de la MortDesessart éditeur (p. 197-198).


CHOC DE CAVALIERS.


Hier il m’a semblé, sans doute j’étais ivre,
Voir sur l’arche d’un pont, un choc de cavaliers
Tout cuirassés de fer, tout imbriquée de cuivre
Et caparaçonnés de harnais singuliers.


Des dragons accroupis grommelaient sur leurs casques,
Des Méduses d’airain ouvraient leurs yeux hagards
Dans leurs grands boucliers, aux ornements fantasques,
Et des nœuds de serpents écaillaient leurs brassards.

Par moment, du rebord de l’arcade géante,
Un cavalier blessé, perdant son point d’appui ;
Un cheval effaré, tombait dans l’eau béante ;
Gueule de crocodile entr’ouverte sous lui.

C’était vous, mes désirs, c’était vous, mes pensées,
Qui cherchiez à forcer le passage du pont,
Et vos corps tout meurtris, sous leurs armes faussées,
Dorment ensevelis dans le gouffre profond.