La Cithare (Gille)/Le Vain Tombeau

La Cithare, Texte établi par Georges Barral Voir et modifier les données sur WikidataLibrairie Fischbacher (Collection des poètes français de l’étranger) (p. 195).
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LE VAIN TOMBEAU


 
Sur la mer Saronique à la blanche toison,
Au vent frais du matin qui l’irise et la moire,
Vers Samothrace et vers la terre vaste et noire
Je partis, confiant en la belle saison.

Mais, la nuit, un orage enflammant l’horizon,
— Tous les marins en ont conservé la mémoire, —
A chaviré ma nef, et, surpris par la Moire,
J’ai sombré dans les flots avec ma cargaison.

Je ne reverrai plus, en dépassant la rade,
Ton éclatante aigrette, ô Pallas Poliade,
Ni la Ville au beau nom, ni mon humble verger.

J’habite les palais sombres d’Hadès avide.
Mes os sont dispersés ; et ma mère, Étranger,
A, sur ce sable amer, construit un tombeau vide.