La Cithare (Gille)/Le Satyre

La Cithare, Texte établi par Georges Barral Voir et modifier les données sur WikidataLibrairie Fischbacher (Collection des poètes français de l’étranger) (p. 177).

LE SATYRE


 
L’été rutile. Au fond de la vallée étroite
Un temple blanc s’élève entre les hêtres bruns ;
Dans les grêles bosquets traînent de lourds parfums.
Rien ne bouge ; au lointain, la mer d’azur miroite.

Les épis scintillants dressent leur tige droite,
Et, tandis qu’assaillis par les taons importuns,
Les bœufs lourds cherchent l’ombre à l’entour des nerpruns,
Çà et là, sur le roc, bondit la chèvre adroite.

Nul souffle harmonieux n’agite les roseaux.
Tout dort. L’air est brûlant ; couchée au bord des eaux,
Paresseuse et rieuse, une nymphe s’étire ;

Et, vêtu d’une peau de panthère ou de lynx,
Mollement appuyé contre un arbre, un satyre
Promène en souriant ses doigts sur la syrinx.