La Cithare, Texte établi par Georges Barral Voir et modifier les données sur WikidataLibrairie Fischbacher (Collection des poètes français de l’étranger) (p. 133-135).
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HELLAS


 
Ô terre de Pallas, terre auguste et sacrée,
Promontoires fameux, sommets couverts d’autels,
Salut ! salut, ô toi, bienheureuse contrée,
Séjour des Immortels !

Dans le ciel transparent, sur la blanche colline,
Tes temples vénérés appellent l’étranger
Près de la mer d’azur dont la fraîcheur saline
Embaume l’air léger.


C’est là que, rassemblé pour la cérémonie
Des mystères qu’il garde en son cœur frémissant,
Révérant les secrets, ton peuple communie
Avec Zeus tout puissant.

Partout des bois sacrés pleins de nobles statues,
Des offrandes, des jeux, le Temple et le Trésor,
Des dieux ornés de fleurs, des déesses vêtues
Du riche péplos d’or.

Par des banquets joyeux, par de nouvelles fêtes,
Tu célèbres alors le retour des Saisons,
Quand, pour orner l’autel et couronner nos têtes
Verdissent tes gazons.

Si le printemps renaît dans sa grâce éclatante,
Dionysos conduit tes chœurs au fond des bois,
Et le frémissement de la flûte stridente
Accompagne leurs voix.

Dans tes plaines, Hellas, encore inviolées,
La rose et le safran couvrent toujours le sol,
Et sous le lierre noir, dans tes fraîches vallées,
Chante le rossignol ;

 

Et le narcisse blanc, couronne des déesses,
Près de l’antre où la Nymphe heureuse et belle rit,
Aux caprices du vent, à ses molles caresses
Se balance et fleurit.

Les Muses aux beaux chants l’habitent, chère terre !
Rochers, forêts, vallons pleins de divinités,
Grottes vertes de mousse, où l’onde salutaire
Jaillit de tous côtés !

Et vous, ô peuple fier d’une antique richesse !
Descendants d’Erechthée, enfants chéris des dieux,
Dans ces calmes jardins vous cueillez la sagesse
Comme un fruit généreux.

Salut, Hellas ! Qu’aux eaux courantes du Céphise,
Aphrodite puisant sans cesse la fraîcheur,
En mêlant son haleine à celle de la brise
T’accorde sa faveur !