La Cité de Dieu (Augustin)/Livre XIII/Chapitre XXII

Texte établi par RaulxL. Guérin & Cie (Œuvres complètes de Saint Augustin, tome XIIIp. 279).

CHAPITRE XXII.

les corps des saints seront spirituels après la résurrection, mais d’une telle façon pourtant que la chair ne sera pas convertir en esprit.

Les corps des saints après la résurrection n’auront plus besoin d’aucun arbre pour les empêcher de mourir de vieillesse ou de maladie, ni d’autres aliments corporels pour les garantir de la faim ou de la soif, parce qu’ils seront revêtus d’une immortalité glorieuse, en sorte que si les élus mangent, ce sera parce qu’ils le voudront, et non par nécessité. C’est ainsi que nous voyons que les anges ont quelquefois mangé avec les hommes, non qu’ils en eussent besoin, mais par complaisance et-pour se proportionner à eux. Et il ne faut pas croire que les anges n’aient mangé qu’en apparence, quand les hommes les ont reçus chez eux sans les connaître et persuadés qu’ils mangeaient comme nous par besoin ; car ces mots de l’ange à Tobie : « Vous m’avez vu manger, mais vous ne l’avez vu « qu’avec vos yeux », signifient : Vous croyez que je mangeais comme vous par besoin. — Que si toutefois il est permis d’entendre ce passage autrement et d’adopter une autre opinion peut-être plus vraisemblable, au moins la foi nous oblige-t-elle de croire que Jésus-Christ, après la résurrection, a réellement mangé avec ses disciples, bien qu’il eût déjà une chair spirituelle. Ce n’est donc que le besoin, et non le pouvoir de boire et manger, qui sera ôté aux corps spirituels, et ils ne seront pas spirituels, parce qu’ils cesseront d’être corps-, mais parce qu’ils seront animés d’un esprit vivifiant.