La Cité de Dieu (Augustin)/Livre XII/Chapitre XXII
CHAPITRE XXII.
Cependant Dieu n’ignorait pas que l’homme devait pécher, et que, devenu mortel, il engendrerait des hommes qui se porteraient à de si grands excès que les bêtes privées de raison et qui ont été créées plusieurs à la fois vivraient plus sûrement et i)Ius Iranquilleinent entre elles que les hommes, qui devraient être d’autant plus unis, qu’ils viennent tous d’un seul ; car jamais les lions ni les dragons ne se sont fait la guerre comme les hommes[1].Mais Dieu prévoyait aussi que la multitude des fidèles serait appelée par sa grâce au bienfait de l’adoption, et qu’après la rémission de leurs péchés opérée par le Saint-Esprit, il les associerait aux anges pour jouir avec eux d’un repos éternel, après les avoir affranchis delà mort, leur dernière ennemie ; il savait combien ce serait chose préférable à cette multitude de fidèles de considérer qu’il a fait descendre tous les hommes d’un seul pour témoigner aux hommes combien l’union lui est agréable.
- ↑ Remarque souvent faite par les écrivains de l’antiquité. Comp. Phae, Eist. nat., lib. vn, cap. 1, et Sénèque, E pis t. ad Lucil., 103.