La Cigale et la Fourmi (Hippolyte Raynal)/3
Scène III
FLAGEOLIN, manœuvrant avec un accordéon comme avec un soufflet, et le front chargé d’une immense couronne de coquelicots et de bluets, Il chante et saute.
Décochons,
Décochons,
Décochons,
Décochons,
Décochons nos traits acérés !
Sourira,
Sourira,
Sourira
Qui voudra.
Les mortels au plaisir sont dévots sur la terre,
Sont dévots,
Sont dévots,
Sont dévots,
Sont dévots :
Ses autels dans les cœurs sont partout révérés.
REBECCA, se bouchant les oreilles.
Ah ! le maudit braillard ! Voulez-vous bien vous taire,
Sans nous venir chanter, au moment des travaux,
Des cochons, des souris, et des rats et des veaux !
Qui diable eût aperçu ma tante en ce lieu sombre ?
Quand on vient du grand jour, on ne voit pas à l’ombre ;
Et, d’ailleurs, en vacance il faut bien rire un peu !
Ouf ! j’ai faim, soif et chaud…
Vos pareils ont souvent quelque chose qui cloche ;
Il en doit être ainsi quand on n’a pas de soin.
À midi j’ai sonné.
(À part) On aurait cru cent chats pendus après la cloche.
J’étais sûre pourtant de ne vous point avoir :
Les gens prompts au plaisir sont tardifs au devoir.
Tan-tante, la raison avec la barbe pousse…
En attendant cela, déjeûnez sous le pouce.