La Chymie charitable et facile, en faveur des dames/04

Charitable & facile. 6153 QVATRIESME PARTIE. Des Mineraux & Metaux. AVANT-P R O P O´S. B IE, N que les Metaux, & Mineraux ſemblent eftre efloignez de l’homme, & que l’Efcriture Sainte ne faffe aucune mention de leur creation, neantmoins ils ne laiſſent pas de nous fournir des remedes tres-ſalutaires. Aujourd’huy la Medecine s’en ſert avec d’heureux fuccés. Il eſt neceffaire que leurs preparations ſoient exactement faites, dautant que ce font remedes violens ; bien que l’on ne les prenne qu’en petite quantité, & dans des maladies rebelles, & inveterées. Quand j’ay commencé ce Livre, je me fuis G v propoſée de ne point paſſer mes expe. riences. C’eſt pourquoy je ſupprime en cette Partie les operations ſur l’or, & ſur l’argent, ne connoiffant point leurs preparations, ny leurs utilitez en la Medecine. I’ay veu pluſieurs opera tions aufquelles on a donné le nom d’Or potable, de teinture d’or, d’hui le d’argent, que je n’ay pû comprendre ; ne me pouvant perſuader que des corps ſi parfaits & condenſez, fuffent liquefiables. Ce n’eſt pas que je condamne ces operations pour ne les pouvoir pas concevoir ; je ferois auſſi temeraire que les aveugles, qui affeureroient qu’il ne feroit point de Soleil, parce qu’ils ne le verroient pas. Pour les operations qui ſuivent, j’affeure qu’elles font veritables, & experimenτέες. Charitable & facile. ISS CHAPITRE PREMIER. Des Esprits. Du Fitriol. RENEZ cinq ou ſix livres de ViPR triol Romain, autrement dit Couperofe, & les mettez dans un pot de terre qui ne ſoit point verniſſé, & le poſez ſur le feu, & l’entourez de charbon, & le laiſſez juſqu’à ce que le Vitriól devienne rouge : vous le remuerez de temps en temps avec une Efpatule de fer. Le Vitriol calciné juſqu’à rougeur est appellé par les Chymiques Colcotar : prenez-le, & le pillez, & le mettez dans une Cornuë de terre de Beauvais cette terre refifte au feu. Qu’elle ne ſoit remplie pour le plus que de deux tiers ; adaptez un grand Recipient appellé Balon, & les luttez avec blanc d’œufs, chaux vive, & blanc d’Espagne : poſez voftre Cornuë ſur le fourneau, ou au coin d’une cheminée, G vj & la faites porter fur un tuillot, on maſ. ſe de terre, pour l’élever à proportion de voftre Recipient. Faites feupar degrez, & l’entretenez douze heures au feu du premier degré : & lors que vous verrez entrer des nuages dans voftre Recipient, augmentez voftre feu d’un degré, & le continuez pendant autres douze heures ; apres lesquelles vous augmenterez, & couvrirez voftre vaiſſeau de feu, & continuerez juſqu’à ce que vous ne voyez plus aucune fumée entrer dans voftre Recipient. Alors laiſſez refroidir vos vaiſſeaux un jour entier, moüillez le lut des vaiſſeaux pour les deffaire, & prenez l’eſprit diſtillé, & le rectifiez dans une Cornue de verre au feu de fable. La premiere liqueur qui viendra n’eſt que phlegme : lors qu’il montera de l’aigreur changez de Recipient, & augmentez le feu, & continuez jusqu’à ce qu’il ne diſtille plus rien. Laiſſez refroidir vos vaiſſeaux, & prenez l’eſprit, & le mettez dans une phiole pour vous en fervir à ſes uſages. Vous trouverez au fond de voftre Cornue une huile noire qui la Charitable & facile. 187 ſes facultez, comme il fera dit cy-apres. Lesfeces reſtées de votre premiere ditillation, feront bruflées pour en titer le ſel, avec le phlegme que vous avez cy-devant diſtillé, ou avec de l’eau commune un peu chaude. Ce ſel s’extraict comme celuy des Vegetaux. Les vertus de l’eſprit de Vitriol font grandes. Il est à remarquer qu’il ne ſe prend jamais ſeul, & que ſa doſe n’excede point trois à quatre gouttes, priſes dans quelque vehicule convenable au mal. If tempere les ardeurs des fiévres malignes & violentes, & conſomme la pourriture des humeurs dont elles font cauſées. Il purifie le fang, & penetre juſques dans les veines : Il eſt diuretique ; il tue les vers ; appliqué avec un plumaffeau il leve les chancres, & guerit les ulceres de la bouche. Il faut prendre garde qu’il ne touche autre partie que le mal, dautant qu’il corrode la chair ; ilblanchit les dents ſi on les. en frotte avec un petit drapeau : il aide extraire les teintures de toutes fortes de fleurs. וי " L’huile de Vitriol, reſtée oy-devant La Chymie 158 au fond de la Cornue, entre en la com poſition des emplaſtres pour les ulce res, chancres putrides & inveterez. Il eſt cauſtique, & leve les chairs mortes, L’on s’en ſert pour faire les cauteres potentiels. Le ſel eſt vomitif ; ſon effect eſt vio. lent on ne s’en doit ſervir que dans l’extremité. Il y a d’autres vomitifs qui operent avec plus de douceur. La doſe eſt depuis dix juſqu’à vingt grains, ſelon les forces du malade. CHAPITRE II. Du Nitre. De l’esprit de Nitre. RENEZ du Nitre, ou Salpetre dePRE puré & blanc, deux livres, & les mettez dans une Cornuë, & diſtillez au feu par degrez, comme vous avez fait cy-devant. De chaque livre vous tirerez douze onces d’eſprit ; ferrez-le dans une phiole de verre double, que les Charitable & facile. 159 deux tiers ſoient vuides, & la bouchez d’un bouchon de verre. Cet eſprit eſt difficile à garder. Les vertus de cet eſprit font d’inciſer, diſcuter, & refoudre les vapeurs, & humeurs malignes crües & tartarées, qui ſe trouvent dans le corps ; il dégage les obſtructions des vifceres, & dimi hue la chaleur contre nature ; excite les ſueurs. Son uſage principal eſt dans la colique, & les fièvres chaudes & malignes. La doſe eſt d’un demy ſcrupule. juſqu’à un ſcrupule, dans quelque cau convenable. Cristal mineral. E Cristal mineral eſt fort utile à la LECrital eſt fort ala medecine, & la maniere de le faire fort facile. Prenez un Creufer d’Allemagne, mettez dedans une livre de Salpetre, & le mettez fondre deſſus les charbons fous la cheminée, à chaleur mediocre. Lorsque la fuſion ſera faite, jettez dedans, en trois ou quatre diverſes fois deux onces de fleurs de Soufre, ou à leur defaut du Soufre pilé bien menu. Laiffez bouillir un quart La Chymie 160 d’heure, & oftez avec une Efpatule l’a jcume, ou craffequi fera deſſus. Il fau avoir un poëlon, ou baſſine bien nette. & bien chaude, toute preſte, dans la quelle vous verſerez ce qui fera dans voftre Greufet, & pancherez de cof & d’autre voftre baſſine, pour étendre voftre Criftal, & le rendre tranfpa rant. Lors qu’il fera froid, rompez-le par morceaux, & le ferrez dans une boëre

Ses vertus font de lafcher de ventre doucement. Il el diuretique ; il rafraichit ; il ſert aux inflammations internes ; il eſt propre aux fluxions chaudes. On le fait diſſoudre dans les ptifannes purgatives, & rafraichiffantes. La doſe eſt d’une drachme juſqu’à deux : L’on le peut prendre en poudre, incorporé avec de la conferve de Rofe.

CHAPITRE III

Du Sel marin. De lfprit de Sel marin.

Errefprit fetirede deux manieres ; l’une par diſtillation, lautre par diſſolution, &c. defaillance. Pour tou tes les deux il faut decrepiter le ſel, comme il a eſté dit au Chapitre des Operations. Prenez voftre ſel decrepité, & le pilez bien menu : fi vous le voulez diſtiller meflez deux livres de ſel avec une livre de poudre de brique, on des fragmens du pot dans lequel vous l’aurez decrepité : mettez le tout dans une Cornue, & y adaptez un Recipient, dans lequel vous mettrez une livre d’eau Luttez & diſtillez comme vous avez fait l’espoir de Vitriol. Voftre operation eſtant faite, deluttez vos vaiſſeaux, & mettez ce qui fera dans le Recipient dans uneOncurbire de verre, & retirez l’eau que vous avez miſe cy 162 La Chymie devant par la diſtillation du Bain : & lors qu’il n’en montera plus rien, ceſſez l’eſprit demeurera au fond de la Cucur bite, que vous mettrez dans une phio. le de verre. Si vous voulez avoir de l’eſprit de ſel par refolution, vous met trez voftre ſel decrepité dans un facher de toile, que vous ſuſpendrez dans la cave, & mettrez deſſous un vaiſſeau pour recevoir la liqueur qui tombera par defaillance, que vous rectifierez dans la Cornue au feu de fable, & le dephlegmerez. Les facultez de cet eſprit font incomparables ; il ſurpaſſe en vertu tous les eſprits que l’on peut extraire du Mineral. Il diſſipe toutes les impurerez qui font dans le corps ; il preferve de corruption ; il fortifie l’eſtomac, & purifie le fang : il eſt fort utile aux vieilles perſonnes ; il renouvelle la chaleur natu relle. Il le faut prendre dans quelqué eau cordiale. Sa doſe eſt de trois à quatre gouttes : appliqué ſur les ulceres, il les guerit ; il blanchit les dents, & fortifie les gencives. Plufieurs Philofophes affeurent que ſon uſage eſt capable de regenerer l’homme.

CHAPITRE IV.

Du Soufre.

De l’eſprit de Soufre.

RENEZ une Campane de verre, deſquelles on ſe ſert pour couvrir les Melons ; ſuſpendez-là par ſon bouton ſous une cheminée : mettez deſſous une petite terrine, dans laquelle vous mettrez des os de Bœuf ſpongieux bruflez & emondezde leur couverture ; ils s’appellent Meche perpetuelle : rangez deſſus une livre de Soufre en Canon, auquel vous mettrez le feu avec un fer rouge, ou une chandelle allumée. Panchez la Campane d’un cofté pour donner cours à la liqueur qui ſe formera dedans, afin qu’elle tombe facilement dans un vale que vous mettrez deſſous. Cette operation ſe fait fans que l’Artifte ſoit obligé d’y eftre : il faut laiſſer brufler tout le Soufre auant que d’en remettre d’autre. Le temps 164 La Chymie humide eſt le plus propre à cette opera tion. D’une livre de Soufre, quandle temps eſt favorable, l’on peut tirer deux onces d’esprit. Cet eſprit a un nombre infini de fa cultez : Pris en eau de Cerfueil purifie lé fang. Il fait ſuer en eau de Chardon. benit : il mondifie le poulmon en eau d’Hyfope il guerit la fiévre quotidiene en eau de Rofiarin ; la fiévre tierce en eau de Centaurée ; la fiévre quarre en eau de Bugloffe. Il appaife la colique en eau de Camomille ; il defopile la ratte en eau de Caprès il fait vuider les eaux des hydropiques ; & les urines ſupprimées en eau de Perfil, ou de Rave ; incorporé avec Mithridat il diffipė la peſte. Sa doſe eſt de cinq gouttes juf ques à ſix. Il eſt propre aux ulceres de la bouche ; il blanchit les dents ; il ſert 2 extraire les teintures des Rofes & Violettes, comme l’eſprit de Vitriol. 1 Fleurs de Soufre. RENEZ une livre de Soufre, & le PE י rompez par morceaux, & le mettez dans un pot de terre, que vous pofcrez I touché ſur le cofté, ſur un fourneau, dé forte qu’il puiſſe entrer dans l’emboucheure d’un, poc àbeures ; auquel vous ferez un petit trou au cul. Luttez vos deux pots enſemble avec des blancs d’œufs, & du blanc d’Eſpagne : faites feu fous voftre pot du premier degré, & continuez juſques à ce qu’il ne forte plus de fumée par le petit trou que vous avez fait au por de beure : laiſſez refroidir, & deluttez, vous trouverez vos feurs ſublimées au haut du pot, que vous abattrez avec une plume, & les ferrerez dans un vaſe de verre.

Ces fleurs font amies du poulmon, & le garantiſſent de toutes les maladies qui proviennent de froid, & d’humidité. Elles font bonnes contre la courtehaleine. La doſe eſt d’un demy Scrupule juſqu’à un Scrupule, avec ſucre cuit. L’on en peut faire tablettes, qui auront le mefme effect.

Syrop de fleurs de Sonfre.

RENEZ demy feptier d’eau de vie. rectifiée une fois, du ſucre en poudre une demie livre, de fleurs de Son166 La Chymie fre une once mettez le tout dans une terrine, & y mettez le feu avec une al. lumette, & remuez l’eau, le ſucre & les fleurs avec une cuillere d’argent, que vous ferez tenir au bout d’un b₁ ton de peur de vous brufler, juſqu’i ce que l’eau de vie ne flambe plus. Filtrez ce fyrop, & le mettez dans une phiole. Il en faut prendre ſoir & matin une cuillerée : il eſt excellent pour le poulmon, pour les maux de gorge, & toux inveterée. Son uſage n’eſt point nuiſible à quelque maladie que ce ſoit. LE CHAPITRE V.. Del’huile des Philofophes. Es Philofophes s’attribuent, comme un avantage, la compoſition de cette huile. Elle fc fait en cette forte. Prenez des tuilles, ou briques fraichement faites, comme elles ſortent du fourneau ; reduifez-les en petits morceaux, gros comme des poix, & les faites rougir dans un Creufet : & lors qu’ils feront embraſez, jettez-les dans un pot à demy plein d’huile d’olive vierge, lequel vous couvrirez auſſi-toft : ous continuerez de faire comme def fus, juſques à ce que vous en ayez fuff fante quantité, & que l’huile les ſurnage. Laiffèz le tout imbiber huit jours, puis broyez & inettez dans une Corque, & diſtillez à feu de degrez, juſqu’à e qu’il ne forte plus de fumée. Si voftre huile n’eſt aſſez claire, vous la rectifieez dans la Cornue au feu de fable.

L’on attribue à cette huile quarante-quatre vertus fort confiderables ; & par veneration elle eſt appellée des Philofophes Huile benite. Elle conforte les nerfs, arrefte le tremblement de teſte, & des mains ; appaife la douleur des gouttes, & des jointures. Elle eſt ſouveraine aux affections des oreilles, provenantes de cauſe froide, comme ſurdité, oreilles coulantes, & bruit d’icelles. Elle guerit les playes, crevalfes, & fiſſures. Elle échauffe les membres refroidis par accident ; elle appaile les douleurs de la matrice, & de la goutte ſciatique ; elle échauffe & con forte la teſte, & le cerveau froid ; elle eſt ſouveraine contre la morſure de beftes veneneufes ; elle fortifie l’efto mac ; elle arrefte les larmes des yeur pleurans, & oke la rongeur d’iceux L’on en appliquefur toutes leſdites par ties : Si l’on en prend cinq ou ſix gout tes par la bouche dans de l’eau d’Hylo pe, elle fait revenit les mois, retardez Enfin il ſemble que cette huile ſoit univerſelle contre toutes fortes de maladies.

CHAPITRE VI.

Del Effence de Carabé, ou d’Ambre. Ay eſté en peine en quel regne je A devois mettre cette operation, quo que l’Ambre ſoit aſſez connu, dautant que les Auteurs en parlent diverſement, Les uns le mettent au rang des Gom mes, les autres au nombre des Mine raux, dautant qu’il ſe trouve meflé avec l’or. Pour moy je fuis de l’opinion de ceux reux qui le tiennent pour un Bitume, cauſe de l’odeur forte qu’il rend quand on le brufle. C’est ce qui m’oblige de le mettre au rang des Mineaux. Prenez de l’Ambre blanc, ou jaune, & le mettez dans une Cornue, remlic pour le plus à moitié : diſtillez à feu de fable ; & lors qu’il ne ſortira plus de fumée de la Cornue, ceſſez voſtre operation. S’il ſe trouve quelque eau avec l’eſſence, vous la feparerez parle vaiffean feparatoire.

Cette huile, on eſſence, eſt fort utile. Elle guerit l’apoplexie, trois gouttes priſes dans une cuillerée de vin, ou d’eau ſucrée. Elle provoque l’urine, & fait vuider le fable en eau de Perfil, ou de Fenouil. Elle eſt bonne pour le mal caduc, & pour les ſuffocations de matrice, & convulſions, en eau de Sauge : appliquée au dehors, elle guerit les paralytiques, les playes & ulceres, & fait ſortir les eſquilles. Elle conforte l’eſtomac, & arrefte le dévoyement, ſi l’on en frotte leſdites parties. 168 La Chymic CHAPITRE VII. Du Corail. De la Teinture de Corail. RENEZ du Corail du plus rouge, PRET Pacle reduifez en petites parties, & les mettez en un Matras : verſez deſſus du jus de Citron filtré, qu’il ſurnage de quatre doigts : bouchez voftre vaiſſeau, & le mettez en digeſtion au Bain, & l’y laiſſez juſques à ce que vous voyez voftre liqueur devenir rouge. Alors vous la feparerez par inclination, & remettrez d’autre ſuc de Citron deſſus voftre Corail reſté, & mettrez en digeſtion comme vous avez fait, & continuerez jusqu’à ce que voftre ſuc ne tire plus de teinture. Prenez toutes les teintures ; ſur chaque livre d’icelle vous mettrez deux livres de ſucre, & ferez cuire juſques à confiftence de fyrop. ள் 1. Cette teinture eſt excellente pour trefter toutes fortes d’hemorrhogie, ant par haur que par bas. Elle fortific eſtomac, purifie le fang, arrefte la dy- enterie, & le vomiſſement. Elle em- pefche la profuſion des mois. Elle eſt ſalutaire, & ne peut faire que bien à quelque maladie que ce ſoir. Elle exci- le doucement le dormir. Elle doit eftre bardée curieuſement dans une phiole bien bouchée. La doſe cft d’une demic once juſqu’à une once. L’on y peut donner un vehicule convenable au mal pour lequel on la prend. REB

Magiftere de Corail.

EDVISEZ du Corail en poudre ſubtile, & le mettez dans une phiole de verre, verſez’deſſus du vi- naigre diſtillé, qui ſurnage la poudre de trois doigts : mettez en digeſtion au Bain cinq ou ſix heures à petite cha- leur. La digeſtion eſtant faite, verſez par inclination voftre vinaigre, & en remettez d’autre, & faites digerer, & continuez cette operation jusques à ce que le Corailfoir tout diſſout, Prenez toutes ces diſſolutions, & les filtrez, & Hij La Chymie 170 en reſervez une part pour vous en fer. vir comme il fera dit cy-apres dans l’autre vous verſerez goutte à goutte ſuffiſante quantité d’huile de Tartre faite par defaillance, le Corail ſe pr cipitera au fond, à maniere de chaur blanche. Laiffez repoſer le tout demie heure, puis verſez par inclination l vinaigre, & l’huile de Tartre qui fera deſſus, lavez & dulcorez cette chaur avec quelque eau cordiale, & la faites fecher doucement. De cette mefme maniere ſe fait le magiftere des Perles. Les vertus de ce magiftere font de conforter, & provoquer les ſueurs ; & il a les mefmes facultez que la teinture. La döfe eſt depuis dix grains jufquesi vingt, dans quelque liqueur, ou dans de la conferve de Rofc. Sel de Corail.’AITES evaporer la liqueur que vous FAITES avez cy-devant gardée juſques à ſiccité, & le ſel ſe trouvera au fond ; lequel vous ferez diſſoudre & deffecher pluſieurs fois dans quelque cau cordiale, pour ofter l’acrimonie du vinaigre. Charitable facile. 171 " Ce ſel a les mefmes facultez que la einture & magiftere. La doſe eſt de quinze à vingt grains dans un boüillon, bu autre vehicule. CHAPITRE VIII. De l’Antimoine. Du Crocus d’Antimoine. L en tant Es Philofophes ont tourné l’Anti. * moine en tant de façons, que l’on pourrroit efcrire pluſieurs volumes de fleurs operations:je me retrancheray à trois ou quatre, dont les effects font affeurez, & experimentez. Prenez de l’Antimoine, & du Salpetre, partie égale; pulverifez-les chacun à part, puis les meflez enſemble, & en mettez une cuillerée dans un mortier de fonte fur les charbons ardans. Vous y mettrez le feu avec un charbon, puis vous couvrirez le mortier avec la pelle du feu : Et lors que l’ebulition fera paſſée, remucz avec une verge defer, & remetH iij ". La Chymie 1172 tez une autre cuillerée, & recouvrez comme deſſus, & continuez juſqu’àce que vous ayez mis toutes vos poudres. Et lors que la matiere fera rougeaftre vous ofterez le mortier de deſſus le feu, & la laverez & dulcorerez cinq ou ſix fois avec de l’eau commune : à la der niere fois vous y mettrez deux cuille. rées d’eau de Canelle. Vous filtrerez par le papier gris, & ferez fecher la poudre dans un vaiſſeau de verre à chaIcur douce. .1 Cette poudre eſt appellée Saffrand cauſe de la couleur. Elle a la vertu de faire vomir doucement : elle guerit les fiévres longues, & rebelles ; elle purge par les urines, & ſueurs ; quelquefois par les felles. La doſe eſt de huit à quinze grains, infuſez du ſoir au matin dans un verre de vin blanc. Il faut prendre feulement le vin, & laiſſer la poudre. C’eſt ce qui s’appelle Vin Emetique. Il ſe fait une poudre Emerique avec l’Antimoine, le Mercure ſublimé, &le Vitriol ; laquelle eſt plus violente que celle-cy. . Charitable & facile. 173 Antimoine Diaphoretique. PRE RENEZ Antimoine & Salpetre, partie égale ; reduifez-les en poudre, & les mettez dans un Creufet, que vous couvrirez d’un autre Creufet percé par le cul. Luttez-les enſemble, & quand le lut fera ſec mettez-les au milieu des charbons ardans ; il ſe fera un combát qui fera bruit comme à l’operation precedente. Au bout de trois heu res tirez vos Creufets, & prenez votre matiere, & la reduifez en poudre, & lạ meflezi avec autant de Salperre comme vousy en avez mis au precedent ; mettez le tout dans les Creufers luttez, & mettez au feu ardant dix-huit ou vingt heures, & juſques à ce que la matiere ſoit tres-blanche. Alors vous la pilerez, laverez, filtrerez trois ou quatre fois pour ofter l’acrimonie du Salpetre. Il ſaur que la derniere cau dans laquelle vous la laverez ſoit quelque eau cordiale, comme Rofe, Canelle, Anis, ou Fenoüil. > Cette poudre eſt ſudorifique ; elle purge par les urines, & par les ſueurs. Hiiij 174 La Chymie La doſe eſt de dix à quinze grains dans de la conferve de Rofe, ou moële de pommes cuites. • Huile, ou Syrop d’Antimoine. PRENEZ de l’Antimoine pulverifé à difcretion ; mettez-le dans un Creufet ſur le feu, & l’y laiſſez cinq ou ſix heures, & le remuez toufiours avec une verge de fer, juſqu’à ce que l’Antimoine ait acquis une couleur grifaftre. Oftez le Creufet, & le laiſſez refroidir : prenez la maſſe que vous reduirez en poudre, & meflerez avec partie égale de ſucre fin. Mettez le tout dans une Cornue, & diſtillez au feu de roue julqu’à ce qu’il ne monte plus rien. Cette huile purge doucement par les felles, & ſans violence : douze gouttes juſques à vingt miſes dans l’infuſion d’un gros de Senné, guerit les fiévres quartes & tierces. Il en faut prendre trois fois quand les fiévres font rebelles, & laiſſer un jour ou deux d’intervalle, ſelon la force du malade, & l’effect qu’aura fait le remede precedent. Charitable & facile. 175 Teinture d’Antimoine. ILLEZ de l’Antimoine en poudre Pimpalpable, & la metez poure un grand vaiſſeau de terre, qui ne ſoit point verniſſé, & qui puiſſe ſouffrir le feu : mettez-le ſur un fourneau, ou rechaut, & faites un feu moderé. Remuez ſans ceſſe la poudre avec une vergette de fer, juſqu’à ce que le ſoufre d’Antimoine ſoit entierement conſommé : ce que vous connoiftrezlors qu’il ne rendra plus de fumée, & de flamme bleüe. Il faut pour faire cette operation pour le moins deux fois vingt-quatre heures, & ſe donner de garde de la fumée, parce qu’elle eſt fort nuiſible. Lorsque la poudre ferodeffechée de la forte, mettez-là dans un Matras, & verſez de l’eſprit de vin deſſus, qu’il ſurnage de quatre doigts ; bouchez bien le vaiſſeau, & le mettez en digeſtion au Bain-Marie, juſques à ce qu’il devienne rouge : Verfez l’eſprit teint par inclination, & en remettez d’autre ; & faites digerer comme au precedent, & continuez juſqu’à ce que l’eſprit ne ſe Hv

La Chymie 176 colore plus. Prenez toutes les teintures, & les mettez dans une Cucurbite, & retirez voftre eſprit par la diſtillation du Bain, & la teinture demeurera au fond ; ſur laquelle vous mettrez de l’cau de Canelle, que vous meflerez avec ladite teinture : puis retirez ladite eau par la diſtillation du Bain, juſqu’à ce que ladite teinture demeure en confi. ftence de miel. Vous la mettrez dans une phiole bien bouchée : elle merite d’eftre conſervée. Cette teinture eſt un remede univerſel. Elle eſt pour toutes fortes de maladies. Eile purifie le fang, renouvelle les forces, reſtaure la nature, entretient l’humidité radicale, conferve la ſanté, guerit toutes fortes de fiévres, appaife les douleurs de la goutte, & purge doucement par les felles, ſueurs, & urines. La doſe eſt depuis ſix gouttes juſqu’à douze, dans un vehicule approprié au mal. Il eſt bon d’en prendre par precaution deux fois l’année, au Prin. temps, & à l’Automne.

2 Charitable & facile. 177 CHAPITRE IX. Du Fer on Mars. Du Crocus de Mars. t’L eſt un nombre infini de manieres d’extraire le ſel, ou faffran de Mars, dont la plufpart font longues & penibles. En voicy une fort facile. Prenez de la limaille d’acier bien nette, & la mettez dans un grand plat de fayance : fi vous le voulez faire aſtringent, verſez du vinaigre diſtillé deſſus : ſi c’eſt de l’aperitif, vous ne mettrez que de l’eau commune. Expofez voftre vaiſſeau au ſoleil, & le remuez cinq ou ſix fois le jour. Er lors que voftre liqueur fera rouge, verſez-la par inclination dans un vaiſſeau toute trouble & remettez d’autre vinaigre, ou eau, deſſus la li maille, & remettez au ſoleil comme deſſus, & continuez juſques à ce que vous ayez ce que vous ſouhaitez de teinture. Prenez toutes vos teintures, > H vj La Chymie 178 & les mettez dans un vaiſſeau, & les laiſſez repoſer une nuict, le faffran de. meurera au fond. Verfez par inclina. tion ce qui fera deſſus : ſi c’eſt de l’a ftringent que vous voulez faire, faites. le reverberer au fourneau entre deux Creufets cinq ou ſix heures. Pour l’a. peritif, il suffit de le fecher doucement. Les vertus du Crocus aſtringent font de reſſerrer, & de fecher ; c’eſt pourquoy l’on s’en ſert à la dyſenterie, & lienterie, & autres maladies ſemblables. Les vertus de l’aperitif font d’attenuer, & d’ouvrir les obſtructions. L’on en fait prendre pour les pafles couleurs, & pour faire venir les purgations. Autre Crocus de Mars aperitif. RENEZ de la limaille d’acier, & PR Soufre pilé, partie égale, mettez-le dans un Creufet ſur les charbons ardans, & remuez ſans ceſſe avec une Efpatule de fer juſqu’à ce que tout le Soufre ſoit bruflé, & qu’il ne rende plus de flamme. Alors mettez de nouvean Soufre, & remuez comme vous Charitable & facile. 179 vez fait ; & reiterez deux, trois, ou quatre fois cette operation, juſqu’à ce voftre limaille devienne en poudre, & ſe froiſſe fous les doigts. Ce qui eſtant fait, vous la pilerez, & ferrerez dans une phiole de verre. que Ce Crocus eſt aperitif : il eſt bon pour les maladies epatiques, & eſt du nombre des remedes diuretiques. Vitriol de Mars. METTEZ de la limaille d’acier dans un Matras, verſez deſſus de l’eau aguifée d’eſprit de Soufre, ou de Vitriol, tant qu’elle ſoit aigrette : mettez voftre Matras en digeſtion ſur les cendres chaudes vingt-quatre heures ; feparez par inclination l’eau, & en remettez d’autre, & faites comme deſſus, & continuez juſqu’à ce que l’eau que vous mettrez ſoit auſſi aigre comme quand vous l’y avez miſe. Prenez toutes vos eaux impregnées, & en faites evaporer les trois parts ſur le feu dans une terrine, & mettez la partic reſtante à la cave : il ſe formera dès criſtaux de couleur de Vitriol, que vous leverez avec 180 La Chymie une cuilliere d’argent’, & les ferrerez dans une phiole de verre. Faites evapo. rer les trois parts de l’eau reſtante, mettez à la cave, & continuez juſqu’à ce qu’il ne ſe forme plus de criſtaux. Ce Vitriol eſt un specifique pour toutes obſtructions, tant epatiques que pleniques. Il guerit la jauniſſe. Sa doſe eſt d’une drachme juſqu’à deux dans un beüillon, ou dans de la conferve de Roſes. CHAPITRE X. Du Cuivre ou Venus. Du Vitriol de Venus. PRENE

RENEZ du cuivre calciné ; il s’en trouve chez les Efpiciers ; il s’appelle as uftum : reduifez-le en poudre, & le mettez dans un Matras : verſez def fus de l’eau, qu’elle ſurnage de trois doigts : mettez le vaiſſeau en digeſtion au feu de cendre, & l’y laiſſez juſques à ce que l’eau devienne bleue, & Charitable & facile. 181 qu’elle ait acquis un petit gouft acide & vitriolé. Verfez la liqueur par inclination, & remettez de l’eau ſur les feces, & continuez juſques à ce que voftre matiere ne teigne plus. Prenez toutes vos eaux teintes, & les filtrez, & les mettez dans une terrine ſur le feu, & faites evaporer l’eau juſqu’à ce qu’il le forme une petite pelicule au deſſus. Alors mettez le vaiſſeau à la cave, les criſtaux tomberont au fond, que vous feparerez d’avec l’eau, & les mettrez dans un verre un peu large, & les laiſſerez fecher à l’ombre ; puis vous les garderez dans une phiole de verre bien bouchée. Ce Vitriol eſt ſingulier pour le mal des yeux où il n’y a point d’inflammation. Il le faut diſſoudre dans de l’eau de Rofe, ou de Plantain, 182 La Chymie CHAPITRE XI. Du Plomb, ou Saturne. Du Sel, on Sucre de Saturne. ſe SANS ſe donner la peine de calciner

le Plomb, qui eſt une operation longue & penible, l’on en trouve facilement chez les Efpiciers, & s’appelle Minium. Vous en prendrez à difcre. tion & le mettrez dans un Matras. Verfez par-deſſus du vinaigre diſtillé, qu’il ſurnage de trois ou quatre doigts : mettez le vaiſſeau en digeſtion au Bain à douce chaleur, & l’y laiſſez juſqu’ce que le vinaigre ait acquis une douceur. Alors verſez-le par inclination, & remettez d’autre vinaigre, & faites digerer, & continuez juſques à ce que le vinaigre ne tire aucune douceur : prenez tout voſtre vinaigre adoucy, & le filtrez. Si vous voulez faire le magiftere de Saturne, vous referverez une part dudit vinaigre, & ferez evapores Charitable & facile. 183 l’autre juſques à ſiccité, à chaleur douce, ou ferez diſſoudre ce qui reſtera dans le vaiſſeau dans de l’eau commune ; puis filtrerez & deffecherez comme au precedent, & reïtererez cette operation cinq ou ſix fois, & vous aurez un ſel, ou ſucre fort doux. Il a la vertu de rafraichir ; il eſt bon pour les inflammations, tant interieures qu’exterieures, pris le poids de cinq Jou ſix gouttes dans de l’eau. Rofe, ou de l’eau de Plantain. Il eſt bon appliqué fur les braflures, pour les rafraichir, mellé avec huile de Tartre, fait par defaillance ; il guerit les ulceres, & ofte les taches rouges qui viennent au vifadiffout dans de l’eau de fraiſe ; il ofte les inflammations & rougeurs des yeux, ſi on les en lave ſoir & matin ; il guerit les dartres diſſout dans du vinaigre., & appliqué deſſus. ge Magiftere de Saturne. POVR faire le magiftere de Saturne Pov vous prendrez l’autre part de la liqueur que vous avez cy-devant refervée : verſez deflus goutte à goutte de 184 La Chymie l’huile de Tartre faite par defaillance, autant qu’il en ſuffira ; la matiere blan che ſe precipitera au fond, que vous laiſſerez repoſer une heure ou deux : Vous verſerez par inclination le vinaigre, & l’huile de Tartre qui feront def fus ; lavez, filtrez, dulcorez, & deffechez la maſſe à chaleur temperée, & ferrez ce magiftere dans un vaſe de verre. Ce magiftere a les mefmes vertus que le ſel de Saturne : il eſt convenable aux inflammations internes & externes ; il entre en la compoſition de quelques emplaſtres. La doſe eſt d’un demy ſcrupule à un ſcrupule, diſſout dans quelque cau convenable. Huile de Saturne. I vous voulez avoir de l’huile de SaSt comme deſſus ſur une afficte de fayence, & la mettez à la cave un peu panchante, un vaiſſeau deſſous. Ce ſucreſt diſſoudra en forme d’huile, & tombera par defaillance. Son uſage eſt ſingulier aux eryfipeles, inflammations & ulceres : il mondifie les playes, & les adoucir.