La Chronique de France, 1905/Chapitre IV

ALBERT LANIER Éditeur (p. 67-84).

iv

L’HEURE DANGEREUSE

Au Maroc les initiatives allemandes qui s’étaient calmées un moment et que le demi échec de la visite impériale avait apaisées s’étaient réveillées. Le comte de Tattenbach, ayant cheminé vers Fez au milieu des pompes accoutumées, y avait fait une entrée solennelle et s’y était installé en haut protecteur du sultan. Abdul Azis, enchanté de cette bonne fortune, s’était jeté dans ses bras lui donnant de fréquentes audiences et le consultant abondamment. Voulant donner jusqu’au bout à la France l’appui le plus loyal, l’Angleterre avait aussitôt annoncé l’envoi à Fez d’une mission chargée d’appuyer M. Saint-René Taillandier dans ses négociations avec le Mahkzen. Mais ce qui manquait c’était la présence, devant Tanger, d’une puissante escadre anglo-française. Le sultan savait à son tour, comme toute l’Europe le savait depuis la séance du 19 avril, que la France ne voulait point faire la guerre et ne se croyait même pas en état de la faire tandis que l’Allemagne, complètement préparée, ne s’inquiétait pas outre mesure d’en venir à une telle extrémité.

L’audace de M. de Tattenbach à Fez et celle du comte de Bulow à Berlin découlaient de cette conviction établie par la maladresse des parlementaires français et la même conviction enlevait leur portée aux actes de M. Saint-René Taillandier et de M. Delcassé. Ainsi se trouvait vérifiée une fois de plus la pittoresque parole du président Roosevelt que, pour parler efficacement de paix, rien ne vaut d’être muni d’un gros bâton. La tactique de M. de Tattenbach consistait à se montrer hautain vis-à-vis de la mission française tandis qu’il enguirlandait insidieusement le sultan et son gouvernement. D’autre part, il ne manquait pas d’adresser à Berlin des dépêches répétées dans lesquelles il chargeait M. Saint-René Taillandier de noirs méfaits et l’accusait au besoin d’avoir formulé d’insidieux ultimatums.

Vers la guerre.

À Berlin ces dépêches servaient à entretenir dans l’opinion une vertueuse indignation. C’est ainsi que le 22 mai le chancelier, écrivant à l’ambassadeur d’Allemagne à Paris, accusait la France de vouloir mettre le Maroc sous séquestre et interdire au sultan toutes relations avec les autres États. Le 27 mai enfin, à l’instigation de M. de Tattenbach, partait de Fez, avec le refus formel d’accepter les propositions françaises, l’appel à toutes les puissances signataires de la convention de 1880 en vue de la réunion d’une conférence internationale.

L’idée d’une conférence était naguère née à Berlin. Dès le 12 avril, dans la lettre circulaire dont nous avons parlé plus haut, le comte de Bulow l’avait énoncée et appuyée. Il était revenu à la charge dans une dépêche adressée, le 1er mai, au prince de Radolin. Maintenant l’idée était officiellement lancée par le principal intéressé. La chancellerie prépara aussitôt une circulaire destinée aux représentants de l’empire dans les divers pays pour les inviter à recommander l’adoption de la proposition chérifienne aux gouvernements près desquels ils étaient accrédités. Mais comme une grande bataille navale était imminente en Extrême-orient, on attendit d’en connaître les résultats. Quand la nouvelle arriva du désastre de Tsou Shima, il y eut un instant d’hésitation ; la Russie allait-elle s’avouer vaincue et une paix soudaine rétablir l’équilibre occidental au profit de la France ? L’empereur Guillaume avait des motifs de penser que, cette fois encore, le parti de la guerre l’emporterait à Pétersbourg. Du reste, l’affaire marocaine était trop engagée pour qu’on put décemment faire machine arrière. Il se décida donc pour une action outrancière et rapide. Ou bien la France céderait sur tous les points ou bien ce serait la guerre.

On risqua le tout pour le tout. La mission extraordinaire envoyée par le gouvernement de la République à Berlin pour le mariage du kronprinz fut reçue fraîchement. L’empereur attendit que les fêtes fussent passées pour témoigner au chef de la mission, le général de Lacroix, des égards particuliers insuffisants toutefois îl effacer le souvenir d’une réception officielle à peine convenable. Une habile campagne — préparée de longue date — fut menée à Paris par des agents sûrs auprès de nombreux parlementaires et journalistes français afin de répandre dans l’opinion la conviction que l’empereur froissé par les procédés incorrects de M. Delcassé — on négligeait de dire en quoi ils avaient été incorrects — se refuserait désormais à laisser son chancelier « causer » avec lui mais que, ce ministre disparu, la conciliation serait prompte et l’attitude de l’Allemagne très amicale. De Rome arriva une fausse nouvelle, le bruit d’un ultimamum que le ministre de France au Maroc aurait remis à Abdul Azis et dont la mise à exécution entraînerait aussitôt le passage des Vosges par l’armée allemande. Enfin le président de la République et le roi d’Espagne, alors à Paris, ayant été l’objet d’une tentative d’assassinat qui échoua heureusement, Guillaume ii félicita Alphonse xiii d’avoir échappé à ce péril et s’abstint de toute missive à M. Loubet. On était sans doute curieux à Berlin de voir comment la nation française prendrait cette injure faite à son chef ; l’incident passa inaperçu de la foule et le gouvernement ne le releva pas.

La démission de M. Delcassé.

L’opinion, du haut en bas, s’était affolée ou, pour mieux dire, s’était hypnotisée devant cette idée fixe que la personne de M. Delcassé était le seul obstacle à une solution pacifique du conflit. Sans raisonner sur la nature du conflit lui-même et sur les incohérences et les absurdités qu’il révélait de la part de l’Allemagne (à moins d’admettre par derrière les préoccupations marocaines une arrière-pensée européenne), tout le monde adopta ce point de vue simpliste. Rien n’égale la profondeur de naïveté dont les Français firent preuve en cette occasion — rien, sinon l’ampleur de la faute qu’ils commirent en permettant à un souverain étranger de s’ingérer en maître, aux yeux stupéfaits de l’univers, dans le détail de leurs affaires intérieures et dans le choix de leur personnel gouvernemental. Tous les « Fachodas » du monde, pour rappeler un incident trop fréquemment exploité par les partis d’opposition, ne sauraient approcher de la déchéance consentie ce jour-là.

Le premier coupable en ceci n’était autre que le président du conseil lui-même, M. Maurice Rouvier. Des dissentiments qui s’étaient élevés entre lui et le ministre des Affaires étrangères l’avaient entraîné à commettre quelques mois plus tôt cette énorme imprudence de laisser une sorte de négociation franco-allemande se nouer à l’insu de M. Delcassé. Simples conversations d’abord, puis échange de notes, le président du conseil français avait fini par se trouver en relations fréquentes avec les représentants du chancelier de l’empire allemand et ce dernier avait pu écrire le 22 mai au prince de Radolin qu’il se croyait « autorisé » à admettre que M. Rouvier « désapprouvait la politique marocaine de M. Delcassé ».

Le conseil des Ministres du 6 juin s’engagea ainsi dans de mauvaises conditions. On devait y examiner les termes d’un accord à conclure avec l’Angleterre, non point pour substituer une alliance générale à l’entente qui existait déjà mais, plus simplement, en vue de garantir les intérêts communs des deux nations pour le cas ou ils se trouveraient menacés par une aggression allemande. Le président du conseil déclara, dit-on, que « sa main sécherait plutôt que de signer un tel accord » et l’énergie de sa conviction entraîna la plupart de ses collègues. Intimement persuadé qu’une telle résolution exposait le pays aux plus grands dangers et qu’elle ne ferait que rendre plus arrogante l’attitude de l’Allemagne et plus inacceptables ses prétentions — sentant d’ailleurs qu’il ne pouvait plus compter, dans sa querelle avec le chef du cabinet, sur les sympathies des autres membres du conseil ni sur une intervention efficace du président de la République, M. Delcassé donna aussitôt sa démission ; les naïfs attendirent la détente.

L’ultimatum.

Ce fut un ultimatum qui vint. Le soir même de la démission de M. Delcassé avait été remise au quai d’Orsay la note officielle par laquelle l’Allemagne réclamait la réunion d’une conférence et le faisait en termes peu mesurés. Trois jours plus tard, le prince de Radolin de retour de Berlin ou il avait assisté au mariage du Kronprinz rapportait à M. Rouvier lequel exerçait alors l’intérim des Affaires étrangères, une menace formelle. « Nous tenons pour la conférence ; si elle n’a pas lieu, c’est le statu quo et il faut que vous sachiez que nous sommes derrière le Maroc ». Cette fois, les complaisances françaises s’arrêtèrent. Il n’était plus possible de céder sans savoir ou l’on allait et M. Rouvier réclama, avant de prendre une décision, de connaître la façon dont l’Allemagne envisageait le programme éventuel de la conférence. Le prince de Bulow (car pour mieux souligner l’ampleur de sa victoire Guillaume ii venait de décerner le titre de prince à son chancelier) répondit que toute discussion du programme devait être ajournée après que la France aurait accepté d’une manière formelle l’invitation à la conférence. Des autres puissances il ne pouvait être question car on savait dores et déjà que la plupart d’entre elles subordonneraient leur acceptation à celle de la France. Il y avait là un renouvellement de l’ultimatum précédent sous des formes légèrement adoucies toutefois et dues à ce qu’on venait d’apprendre en Europe que, contrairement à toutes les prévisions, Nicolas ii et Mutsu Hito avaient répondu dans un sens favorable à l’appel du président Roosevelt les invitant à ouvrir des négociations pour la paix. Mais ce n’était encore là qu’un bien vague espoir et le fait qu’aucun armistice n’intervenait entre les belligérants indiquait, de part et d’autre, un désir insuffisant de concorde et d’entente.

La revanche de M. Rouvier.

Les illusions du président du conseil s’évanouirent en quarante-huit heures. Avec l’acuité d’intelligence qui le caractérise, il comprit immédiatement l’état exact des choses et entreprit de réparer son erreur en sauvegardant de son mieux les intérêts dont il avait désormais la charge. Il n’avait pris d’abord le portefeuille des Affaires étrangères qu’à titre intérimaire. Il résolut de le garder et se choisit un remplaçant aux finances. Un échange officiel de notes commença entre les cabinets de Paris et de Berlin, le premier insistant pour obtenir des éclaircissements sur l’action de l’Allemagne à la conférence, le second réclamant de la France la promesse préalable de s’y rendre. À Berlin, le chancelier insistait auprès de M. Bihourd entremêlant curieusement les menaces et les promesses ; la résistance du gouvernement français, disait-il, constituait pour lui « une surprise et une déception » et il lui paraissait tout à fait indispensable de ne pas laisser traîner une question « mauvaise, très mauvaise » et de ne pas s’attarder sur un chemin « bordé de précipices et même d’abîmes ». Par contre, il laissait entrevoir une attitude « très satisfaisante » de la diplomatie impériale, une fois la conférence acceptée, et allait jusqu’à dire que si l’organisation qui serait tentée au Maroc par l’effort concerté des puissances échouait, la France pourrait alors « assumer le rôle qu’elle souhaite ». Paroles en l’air qui perdent de leur valeur si l’on tient compte de cette superficialité et de cette indolence que le précédent chancelier, le prince de Hohenlohe, considérait, dit-on, comme les défauts prédominants de M. de Bulow en qui il s’inquiétait de pressentir un successeur incapable de « donner au bon moment les conseils de sagesse nécessaires. »

M. Rouvier ne céda pas et bien lui en prit. Il avait maintenant toute la France derrière lui et se sentait pleinement d’accord avec le gros de l’opinion. Celle-ci, longtemps égarée, reprenait de jour en jour conscience de ses devoirs. L’on s’apercevait à Berlin que la France n’était ni aussi affaiblie à l’intérieur, ni aussi désorientée qu’on se l’était imaginé. Il était évident qu’on avait atteint le terme des concessions auxquelles elle se résoudrait et qu’en même temps aucune provocation de presse ou autre ne la ferait sortir de l’attitude calme et digne qu’elle avait adoptée et dont le monde entier lui savait gré. Une légère pointe d’insouciance venait même s’y mêler. Le rôle réparateur joué par M. Thomson au ministère de la Marine, le rétablissement dans l’armée d’un état d’esprit conforme à sa mission, tout cela et jusqu’à la dignité des discussions parlementaires au milieu desquelles s’élaborait le régime de la séparation des Églises et de l’État composait, avec la perspective prochaine des négociations de paix entre la Russie et le Japon, l’amorce d’une situation nouvelle en face de laquelle l’Allemagne allait se trouver. Son cas devenait médiocre et comme le lui disait le Times, ses procédés n’étaient pas destinés « à la rehausser dans l’estime du monde et à inspirer confiance en elle ». Elle céda donc sur cette question de l’entente préalable dont M. Bihourd avait fait connaître, ; la date du 25 juin, qu’elle « refusait catégoriquement » d’admettre la possibilité.

Les notes du 8 juillet.

L’heure dangereuse était passée ; Guillaume ii, disons-le pour l’honneur de son nom, n’avait pas su se décider à temps pour cette guerre à laquelle le poussait un parti puissant, peu nombreux peut-être mais très ardent et fort des considérations que nous avons exposées précédemment[1]. Quant à l’opinion allemande elle était un peu comme le célèbre soldat du chanteur Polin ; d’un bout à l’autre, elle n’y avait « rien compris ». Ne voulant point la guerre, elle s’était d’abord obstinément refusée à y croire. Les écarts d’une presse sans mesure l’ayant désorientée, elle commençait maintenant à devenir belliqueuse et à se persuader qu’il existait un complot secret tramé contre l’Allemagne par la perfide Angleterre avec le concours de la France.

Les notes qui furent échangées entre les gouvernements français et allemand le 8 juillet et qui furent portées le 10 juillet à la tribune du parlement français par M. Rouvier, marquèrent non point le rétablissement de relations cordiales mais la fin d’une des phases, et la plus aiguë, du conflit. La France acceptait l’idée de la conférence et l’Allemagne consentait à s’entendre préalablement avec elle et à reconnaître le caractère exceptionnel de sa situation au Maroc. Les textes étaient brefs et vagues tout à la fois. Il fallait de part et d’autre passablement de bonne volonté pour en faire sortir une entente durable. Ce résultat n’en fut pas moins salué — et il méritait de l’être — par les véritables amis de la paix comme l’aube de jours meilleurs.

Si l’empereur avait voulu se désister alors des projets compliqués et dangereux à travers lesquels il s’avançait en hésitant depuis trois mois, il le pouvait en toute sécurité. La victoire lui restait par le seul fait de la démission exigée par lui d’un ministre qui était demeuré au pouvoir près de sept années et y avait acquis un prestige et une autorité considérables. Sa seconde exigence concernant la réunion d’une conférence internationale, avait également reçu satisfaction. Il suffisait donc que le docteur Rosen, en arrivant à Paris pour s’y entendre avec M. Revoil chargé d’arrêter avec lui les bases des travaux de la future conférence, y apportât un rameau d’olivier. Tous les nuages se fussent alors dissipés et, aussi bien en France que dans le reste du monde, on aurait su gré à l’Allemagne de s’être réellement décidée en faveur de la paix.

La houle après la tempête.

Mais la situation resta instable. On était convenu de part et d’autre — et certes la chose était logique — que M. de Tattenbach et M. Saint-René Taillandier seraient invités à se tenir désormais sur la réserve et à s’abstenir, dans leurs rapports avec le Makhzen, d’agir pour le compte exclusif de leur pays respectif. Les négociations directes d’ailleurs n’avaient plus d’objet du moment qu’une conférence internationale devait se réunir prochainement. Mais soit que M. de Tattenbach n’eût pas reçu à cet égard d’instructions similaires à celles qu’avait reçues M. Saint-René Taillandier, soit qu’il eût été invité sous main à n’en tenir qu’un compte relatif, le ministre allemand ne s’inspira nullement d’un esprit nouveau et l’on apprit bientôt qu’il négociait un emprunt consenti au Sultan par des financiers allemands et qu’il allait obtenir pour une maison allemande la concession des travaux du port de Tanger. La protestation de la France fut ferme et modérée en même temps ; la réponse de la diplomatie allemande tortueuse et incorrecte. Au lieu de désavouer le zèle de son agent, le cabinet de Berlin ergota pendant plusieurs semaines, alléguant qu’il s’agissait de concessions antérieures au présent conflit — ce qui était faux — et que l’emprunt n’était qu’une « avance personnelle » faite au Sultan, ce qui n’avait point de sens car, en pareil cas, il n’y a pas de distinction à établir entre une avance et un emprunt. La France finit toutefois par se contenter de cette singulière réponse et de la promesse qu’on n’irait pas plus loin ; elle donnait ainsi une nouvelle preuve de ses sentiments pacifiques. Plus tard surgit l’incident Bou Mzian, l’arrestation et la détention illégales d’un algérien et le refus du Sultan d’accorder, après que cette détention eut pris fin, les réparations indispensables. Dans cette crise, M. Rouvier se montra d’une fermeté qui porta des fruits immédiats. Il indiqua aux cabinets de Berlin, de Londres et de Madrid que si la France n’obtenait pas satisfaction, elle pourrait être amenée à occuper certains points du territoire marocain, notamment Oudjda. Le gouvernement allemand ayant tenté des représentations à Paris, celles-ci furent écartées purement et simplement ; devant l’énergique attitude de la France appuyée d’ailleurs par l’unanimité de l’opinion étrangère, le comte de Tattenbach reçut l’ordre d’insister pour qu’Abdul Azis cédât sans retard aux injonctions françaises.

Entre temps, les négociations de Karlstadt et de Porstmouth s’étaient ouvertes. La crise Scandinave semblait être en passe de s’envenimer tandis qu’au contraire le drame d’Extrême-orient paraissait proche de sa conclusion. Guillaume ii se montra tout à fait désorienté par ces événements. Il fit ou laissa lancer l’idée de la fermeture de la Baltique, fit ou laissa parler de la candidature possible d’un de ses fils au futur trône de Norvège et enfin organisa cette mystérieuse et romantique entrevue de Bjorkö, au cours de laquelle il eut avec Nicolas ii, en mer, à minuit, un entretien dont sans doute aucun des deux souverains ne révélera jamais la substance. À la même heure, M. Witte, plénipotentiaire russe, s’entretenait à Paris avec le président de la République et les membres du gouvernement avant de s’embarquer pour l’Amérique.

On sait avec quelle crânerie l’Angleterre répondit au projet de fermeture de la Baltique en envoyant sa flotte y manœuvrer et avec quel enthousiasme sans précédent elle accueillit d’autre part la visite de l’escadre française dont l’arrivée dans la rivière de Southampton établit péremptoirement que la marine de la République restait, par sa valeur professionnelle, l’une des premières du monde. Est-il besoin de rappeler enfin les exigences japonaises, le refus de la Russie de s’y soumettre et, au moment où tout le monde s’attendait à apprendre le rupture des négociations, le coup de théâtre d’une paix inespérée, condition secrète mise par la prudente sagesse d’Édouard vii au renouvellement et à l’extension de l’alliance anglo-japonaise.

Cette série d’événements sensationnels n’arrêtait en Allemagne ni les armements intensifs ni les articles acrimonieux et tendancieux. Après avoir été lent à admettre l’hypothèse de la guerre possible, il semblait maintenant que Guillaume ii eût peine à accepter la perspective de la paix assurée.

  1. Voir le chapitre i.